Dansomanie : Prix de Lausanne 2008 : sélections (3)
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Prix de Lausanne 2008 : sélections du 02 février

 

 

Samedi 02 février 2008 : sélections (3)

 

 

Candidats admis en finale :

 

Filles :

10 - Grete Sofie Nybakken - 15/9 - Norvège
Variation classique: Coppélia, variation de Swanilda (Léo Delibes - Arthur Saint-Léon)
Variation Neumeier: A Cinderella Story (Serge Prokofiev - John Neumeier)

26 - Yang Chae Eun - 16/5 - Corée
Variation classique: La Bayadère, 1ère Ombre (Léon Minkus - Marius Petipa)
Variation Neumeier: Vaslaw (J.S. Bach - John Neumeier)

31 - Marcella de Paiva - 16/8 - Brésil
Variation classique: Coppélia, variation de Swanilda (Léo Delibes - Alicia Alonso)
Variation Neumeier: Bach Suite II (J.S. Bach - John Neumeier)

33 - Lili Felméry - 16/10 - Hongrie
Variation classique: Coppélia, variation de Swanilda (Léo Delibes - Arthur Saint-Léon)
Variation Neumeier: Nocturnes (Frédéric Chopin - John Neumeier)

60 - Charlotte O'Donnell-Barber - 17/4 - Australie
Variation classique: Giselle (Adolphe Adam - Maina Gielgud)
Variation Neumeier: A Cinderella Story (Serge Prokofiev - John Neumeier)

64 - Akane Takada - 17/9 - Japon
Variation classique: Giselle (Adolphe Adam - Hiromi Takahashi)
Variation Neumeier: Nocturnes (Frédéric Chopin - John Neumeier)

65 - Jessica Lee Fyfe - 17/9 - Australie
Variation classique: Raymonda, Tableau du Rêve (Alexandre Glazunov - Marius Petipa)
Variation Neumeier: Nocturnes (Frédéric Chopin - John Neumeier)

67 - Kristy Lee Corea - 18/3 - Australie
Variation classique: Don Quichotte, variation de Kitri (Léon Minkus - Rudolf Noureev)
Variation Neumeier: Bach Suite II (J.S. Bach - John Neumeier)

70 - Gozde Ozgur - 18/5 - Turquie
Variation classique: Don Quichotte, variation de Kitri (Léon Minkus - Patrice Bart)
Variation Neumeier: Bach Suite II (J.S. Bach - John Neumeier)

72 - Nancy Osbaldeston - 18/7 - Grande-Bretagne
Variation classique: Don Quichotte, variation de Kitri (Léon Minkus - Marius Petipa)
Variation Neumeier: Bach Suite II (J.S. Bach - John Neumeier)

Garçons :

41 - Marcelino Libao Jr - 15/4 - Philippines
Variation classique: Le Lac des cygnes (Piotr Tchaïkovsky - Marius Petipa)
Variation Neumeier: Yondering (Stephen Foster - John Neumeier)

44 - Renan Cerdeiro - 15/8 - Brésil
Variation classique: Coppélia, variation de Frantz (Léo Delibes - Arthur Saint-Léon)
Variation Neumeier: Wrong Note Rag (Leonard Bernstein - John Neumeier)

45 - Aleix Martinez - 15/8 - Espagne
Variation classique: Fête des Fleurs à Genzano (Edward Helsted - Aruguste Bournonville)
Variation Neumeier: Spring and Fall (Antonin Dvorak - John Neumeier)

47 - Paul Russell - 16/1 - Australie
Variation classique: Le Lac des cygnes (Piotr Tchaïkovsky - Marius Petipa)
Variation Neumeier: Spring and Fall (Antonin Dvorak - John Neumeier)

49 - Dylan Tedaldi - 16/10 - USA
Variation classique: Giselle, Vendangeurs (Adolphe Adam - Marius Petipa
Variation Neumeier: Nijinsky (Dimitri Chostakovitch - John Neumeier)

80 - Irlan Silva - 17/5 - Brésil
Variation classique: Le Corsaire (Adolphe Adam - Joseph Mazilier)
Variation Neumeier: Nijinsky (Dimitri Chostakovitch - John Neumeier)

81 - Ricardo Santos - 17/5 - Brésil
Variation classique: Le Corsaire (Adolphe Adam - Joseph Mazilier)
Variation Neumeier: Spring and Fall (Antonin Dvorak - John Neumeier)

82 - Balazs Majoros - 17/6 - Hongrie
Variation classique: Le Corsaire (Adolphe Adam)
Variation Neumeier: Vaslaw (J.S. Bach - John Neumeier)

84 - Kyle Davis - 17/9 - USA
Variation classique: Giselle, variation d'Albrecht (Adolphe Adam - Mikhaïl Barychnikov)
Variation Neumeier: Spring and Fall (Antonin Dvorak - John Neumeier)

88 - Joakim Adeberg - 18/4 - Suède
Variation classique: La Belle au bois dormant, variation du Prince Désiré (Piotr Tchaïkovsky - Marius Petipa)
Variation Neumeier: Nijinsky (Dimitri Chostakovitch - John Neumeier)

90 - Rodrigo Hermesneyer - 18/6 - Brésil
Variation classique: La Sylphide (Herman Lovenskjold - Auguste Bournonville)
Variation Neumeier: Yondering (Stephen Foster - John Neumeier)

 

Commentaire :



Le jour de gloire est arrivé...

Journée-marathon que cette journée de sélections qui a vu passer sur la scène du Palais de Beaulieu les 74 candidats du Prix de Lausanne dans leurs deux variations. Le nouveau règlement de la compétition, incontestablement favorable aux jeunes danseurs, ayant supprimé les épreuves qualificatives qui permettaient à un nombre restreint de candidats de concourir le samedi pour la demi-finale, le jury et le public ont ainsi pu assister en ce samedi aux prestations de tous les danseurs sélectionnés pour l’édition 2008. 74 x 2…, moins une candidate indisposée (17 - Kim Hee Sun – Corée) qui n’a malheureusement pu présenter que sa variation classique. Le couperet est tombé, pour le plus grand nombre, comme auparavant – avec un jour de décalage - le soir, après les épreuves, mais tous, y compris les plus modestes ou les plus anonymes, ont eu ce jour-là le privilège et le plaisir de monter sur scène et de danser devant le public. Celui-ci a, pendant tout ce temps, (parfois) dû subir des Ombres en série ou des Spring and Fall dont il ne voyait pas le bout, mais il serait toutefois bien mal venu de se plaindre quand la finale du dimanche passe si vite à côté…

Disons-le tout net, et d’emblée, puisque nous avons vu en ce jour toutes les prestations de tous les candidats sur scène, cette édition 2008 n’aura pas laissé apparaître, au regard de cette sélection, une personnalité écrasante dont on pourrait affirmer aujourd’hui, sans prendre beaucoup de risques, qu’elle a dominé le concours sur tous les plans. Le Prix 2007 – on s’en souvient avec une certaine nostalgie - avait couronné, outre un certain nombre de candidats que l’évidence appelait à être récompensés, la miraculeuse Sae-Eun Park qui possédait à la fois le physique gracile et puissant, la virtuosité technique, la sensibilité artistique, la maturité scénique, sans oublier ce petit côté spectaculaire qui fait aussi la saveur et l’intérêt d’un concours. Cette année, nous avons certes eu la possibilité d’admirer beaucoup de très bons, voire d’excellents danseurs, sans parler de personnalités déjà bien affirmées - notamment chez les garçons -, mais aucun dont on serait amené à se dire spontanément qu’il est le nouveau Sergeï Polunin ou le futur Steve McRae… Sélection - et palmarès - en demi-teinte donc, mais dont on souhaite malgré tout faire ressurgir ici même quelques moments d’intensité que notre mémoire a jugé bon de conserver…


Variations classiques/Neumeier - Filles 15-16 ans

Dès 10h et des poussières (le jury n’étant pas d’une ponctualité suisse…), les plus jeunes ouvraient le bal - si je puis dire - avec les variations classiques. Les variations extraites de Coppélia et de La Bayadère ont été, d'évidence, les plus appréciées auprès des candidates de 15-16 ans, que l’on a vu défiler en grand nombre dans les costumes, variés et plus ou moins heureux parfois, de Swanilda ou des Ombres. La plupart de ces jeunes danseuses ont montré qu'elles dominaient - pour certaines avec maestria - toutes les difficultés techniques de ces variations, et ce sont bien sûr d’autres qualités - le style, la musicalité, la personnalité scénique - qui permettaient de les distinguer. La Coréenne Kim Jae Min (5), d’une grande maturité pour ses 15 ans, était ainsi la première candidate de cette matinée à impressionner véritablement, grâce à une variation de Swanilda extraite de Coppélia superbement exécutée, malgré un enregistrement au piano calamiteux de la partition de Léo Delibes. Cette jeune fille était par ailleurs la seule candidate à avoir choisi la variation de Neumeier, Préludes CV, interprétée avec beaucoup d’élégance, de classe et de sensualité. Une autre Coréenne, Sim Hyunhee (15), s’est appropriée à merveille le style requis dans les Ombres de La Bayadère, dont elle interprétait la 3ème variation ; à cette réussite dans une variation choisie fréquemment par les candidates s'ajoutait une très belle prestation dans Requiem de Neumeier qui mérite aussi d'être signalée. Yang Chae Eun (26) – une Coréenne à nouveau ! - déjà remarquée à l’occasion de l’atelier d’expression artistique, a imposé elle aussi sa personnalité, son brio et son style à l’occasion de sa prestation scénique dans la 1ère Ombre de La Bayadère et dans Vaslaw. Parmi les Françaises, si Marie Varlet (1) est apparue encore bien verte et surtout assez raide au niveau du dos et des bras, Vanessa Dirven (11), élève chez Rosella Hightower, a été la vraie bonne surprise française de ce Prix 2008 : vive et fluide dans la 2ème Ombre de La Bayadère, elle a su montrer une belle expressivité dans Nocturnes de Neumeier. Peut-être pas de quoi atteindre la finale de Lausanne, mais en tout cas, la candidate française la plus intéressante et prometteuse de ce crû 2008, très inégal il est vrai. Toujours parmi les filles de 15-16 ans, l’Américaine Lilit Hogtanian (8), sélectionnée à Lausanne grâce à une récompense obtenue au Youth America Grand Prix, restera comme l’une des personnalités les plus mémorables vues cette année, bien qu’elle ait été malheureusement oubliée des sélections pour la finale. Sa prestation dans la variation extraite du Pas de deux des Vendangeurs n’était peut-être pas à la hauteur de ce qu’elle avait pu montrer en studio à l’occasion de l’atelier d’expression artistique, mais l’expressivité et le lyrisme admirables dont elle a fait preuve dans Nocturnes la distinguaient à l’évidence de tant d’autres candidates ayant choisi cette même variation. Pour terminer le tour d’horizon des plus jeunes candidates, on mentionnera encore les noms de la Japonaise Kana Minegishi (31), particulièrement vive et expressive, aussi bien en Swanilda que dans Requiem, et ceux de deux futures finalistes, Marcella de Paiva (30) et Lili Felméry (33). La Brésilienne Marcella de Paiva n’a certes pas la technique et le style impeccables de nombre de candidates coréennes, notamment au niveau des bras et du dos, mais elle possède la personnalité, le charme et l’enthousiasme qui savent emporter l’adhésion dans un concours de ce type : sa Swanilda, pleine de vie, nous racontait vraiment une histoire et dans Bach Suite II, une variation de Neumeier finalement assez virtuose, elle a fait preuve de la vivacité et de l’énergie requises. Dotée d’un physique idéal de ballerine classique – d’un profil parfait de lauréate aussi -, la Hongroise Lili Felméry s'est montrée quant à elle irréprochable, et d’une rare élégance, dans Nocturnes, ainsi que dans Coppélia, où son naturel très noble, loin de la danse de demi-caractère qui caractérise la variation de Swanilda, la mettait pourtant quelque peu à contre-emploi.


Variations classiques/Neumeier - Garçons 15-16 ans

Nettement moins nombreux étaient encore une fois les garçons, et d’autant plus marquants peut-être…Le plus jeune d’entre eux, 15 ans et 4 mois, le Philippin Marcelino Libao Jr (41), vêtu d’un étrange costume orangé de Robin des Bois peu adapté à la situation, a ainsi ébloui d’entrée par son enthousiasme, sa précision et sa puissance techniques dans la variation de Siegfried, extraite du Lac des cygnes. Excellent dans Yondering, où il a fait preuve d’un naturel bienvenu, on pressentait que celui-là avait déjà en poche son passeport pour la finale... Le Brésilien Renan Cerdeiro (44) a pour sa part révélé de grosses insuffisances techniques dans la variation de Frantz de Coppélia (un festival de pieds flex et de genoux cagneux, en plus d'un brio absent), accompagnée par une bande-son qui semblait avoir pris l’eau au cours du voyage jusqu’à Lausanne, mais il s'est très heureusement distingué grâce au très jazzy – et très "cliché" - Wrong Note Rag, qui lui a permis de briller et de manifester ses indéniables qualités scéniques. Un vrai "performer" sans aucun doute. Pourtant, on n’a pas été plus convaincu que cela… Comme, à une autre échelle, par l’Espagnol Aleix Martinez (45), le futur lauréat. Dans Fête des Fleurs à Genzano, il a montré une impeccable technique et des sauts magnifiques, mais le frisson n’était pas là, et à aucun moment… Probablement - mais sans qu'on en ait été personnellement touchée - s’est-il révélé davantage dans Spring and Fall, dont le style, lyrique mais sans afféteries, semblait convenir à merveille à ce danseur dont il faut tout de même reconnaître la grande maturité artistique, alors qu’il n'a que 15 ans et demi. L’Australien Paul Russell (47), issu de l'Alegria Dance Studios (où a été formé Steve McRae) nous a finalement séduit davantage dans cette variation pourtant vite ennuyeuse… Par ailleurs, on saluera l’élégance et la précision - assez rares chez ces jeunes garçons qui brillent souvent par d’autres qualités -, que ce même danseur a montrées dans la variation de Siegfried, quand bien même sa technique manquait encore un peu d’ampleur dans les sissonnes assemblés ou le manège de grands jetés. Beaucoup de ballon et une batterie très soignée se remarquaient également chez le Japonais Yuya Omaki qui avait choisi la variation de Colas (version Gorsky) extraite de La Fille mal gardée. C’est toutefois l’Americain Dylan Tedaldi, de la Boston Ballet School, qui apparaissait, à l’occasion de cette matinée, comme le candidat le plus apte à s’imposer et le plus équilibré à la fois sur la variation classique – celle du Pas de deux des Vendangeurs de Giselle - et sur la variation contemporaine – celle de Nijinsky – où il a fait preuve d’une force et d’une puissance véritablement sidérantes pour un garçon aussi jeune.


Variations classiques/Neumeier - Filles 17-18 ans

L’après-midi - un après-midi déjà bien entamé à vrai dire lorsque les épreuves ont repris - c’était le tour des 17-18 ans de prendre le relais. On connaissait déjà un certain nombre de candidats, et notamment les jeunes filles, pour avoir vu ces dernières répéter leur variation classique avec Monique Loudières. Dans ce groupe, les Coréennes, si souveraines chez les plus jeunes, étaient bien rares (y en avait-il seulement une ?...), et laissaient la place à des Japonaises, assez moyennes dans l’ensemble, en-dehors d’Akane Takada (64) et, dans une moindre mesure, de Reina Sawai (63), et surtout à des Australiennes, dont les qualités ont pu être signalées et louées précédemment. Comme nous avons tous l’esprit façonné par des clichés, avouons que les danseuses australiennes n’étaient, jusque-là, ni revêtues d’une aura spéciale ni ne brillaient d’un éclat particulier dans cet espèce d’univers idéal que notre imaginaire a pu se forger au fil des ans… L’Australie, c’est loin d’abord, et lorsqu’on y pense, ce n’est pas forcément pour la danse… Bien sûr, il y a Leanne Benjamin ou Steve McRae, mais ils règnent désormais au Royal Ballet… Trêve de bêtises et de raccourcis, on ne peut pas dire, au regard de l’édition 2007 du Prix de Lausanne, que les candidates australiennes aient jamais vraiment menacé d’ébranler l’ordre asiatique… Cette année, il semble pourtant que tout ait changé dans le recrutement, et la poignée de jeunes filles sélectionnées par le Prix de Lausanne et venues des Antipodes a pu révéler, dans des emplois très différents, d'évidentes futures personnalités de soliste. On peut ainsi mentionner Charlotte O’Donnell-Barber (60), dotée d’une belle puissance scénique et de beaucoup de tempérament, qui se sont avérés plus convaincants toutefois dans Giselle que dans Neumeier. Dans un style tout autre, Jessica Lee Fyfe (65), danseuse très élégante et d’une plus grande maturité, a fait montre d’un lyrisme remarquable dans le Tableau du Rêve de Raymonda et d’une superbe expressivité dans Nocturnes. Kristy Lee Corea (67) enfin, à l’occasion de sa variation classique, a littéralement surgi sur scène, dans son flamboyant tutu rouge, telle un feu d’artifice, pour apparaître comme la candidate la plus impressionnante sur un plan scénique : explosive, pleine de charme et d’énergie, sa Kitri n’a pu laisser le public de marbre. Si ce Prix a révélé une "star", avec ses minauderies et ses effets scéniques un peu faciles aussi peut-être – mais après tout, elle est jeune, et un concours reste un concours… - , c’est bien elle… Ses qualités de virtuosité étaient par ailleurs visibles dans Bach Suite II, une variation de Neumeier à laquelle elle a imprimé une présence et une personnalité lumineuses. De manière amusante, deux autres candidates, l’Anglaise Nancy Osbaldeston (72) et la Turque Gozde Ozgur (70), - dont les tempéraments scéniques très affirmés les distinguaient incontestablement elles aussi -, ont choisi et la variation de Kitri comme variation classique et Bach Suite II comme variation Neumeier. Si Nancy Osbaldeston a impressionné par son saut et son brio, elle manquait tout de même singulièrement de distinction et de retenue dans sa façon d’évoluer… Trop, c’est trop ! Gozde Ozgur en revanche, possédait toutes les qualités et les nuances qui manquaient à la candidate anglaise – élégance teintée de vivacité, sensualité sereine, charme piquant sans ostentation - et a obtenu un succès mérité auprès du public, même s’il est vrai que le fait d’étudier à Zürich a aussi contribué à sa popularité. Oubliée, comme tant d’autres, d’une finale et d’un palmarès qui a paru laisser parfois un peu trop la place à la subjectivité d’un jury, la Lituanienne Kristina Gudziunaite (73) méritait pourtant, à défaut de figurer au dernier tour, d’être mentionnée quelque part. Très classique, très académique, très russe, oui certes… Irréprochable dans une variation de La Belle au bois dormant exécutée avec le style et le raffinement appropriés, possédant de surcroît ce sens de la scène unique si caractéristique des ballerines russes et si fascinant pour le spectateur, son expressivité et son sens dramatique ont également fait merveille dans un Nocturnes mémorable. Au chapitre des candidates françaises enfin, Camille de Bellefon (57), dans ce groupe, n’a pas démérité, que ce soit dans La Belle ou dans Nocturnes, où son naturel et sa fraîcheur conjugués à un travail expressif qu’on sentait très personnel l’ont révélée apte à émouvoir le public.


Variations classiques/Neumeier - Garçons 17-18 ans

Chez les garçons de 17-18 ans, c’était concours de Corsaire à tous les étages - pour six candidats sur treize tout de même ! -, contrairement à l’an dernier où l’on y avait plus ou moins miraculeusement échappé… Que vaut en effet cette variation tellement rebattue, si l’interprète ne s’y révèle pas proprement sidérant ! Au petit jeu de la virtuosité et de la bravoure – et n’est-ce pas là ce qu’on attend toujours, peu ou prou, d’un concours ? - le successeur de Polunin (Lausanne 2006), à défaut du nouvel Acosta, n’était manifestement pas convié à Lausanne cette année. Il faudra encore l’attendre un peu… Le Brésilien Irlan Silva (80), sans être techniquement parfait ni particulièrement impressionnant, s’est toutefois révélé le candidat plus brillant dans cette variation, grâce à une belle élévation, un superbe manège final (avec de très beaux écarts) et surtout une présence magnétique. Le même Irlan Silva a également offert une prestation très réussie et très applaudie dans Nijinsky, pour laquelle il a eu moins recours, comme Dylan Tedaldi, à la force athlétique et à la puissance – ce ne sont pas là ses qualités principales – qu’à la souplesse féline qui caractérise son physique. De manière plus générale, les garçons de ce groupe, dont on ne peut nier les fortes personnalités qui le composaient, se sont illustrés bien davantage dans la variation Neumeier que dans la variation classique. Ainsi, le Brésilien Ricardo Santos (81) a montré une danse d’une très belle fluidité – un peu trop "show-off" et narcissique à mon goût - dans Spring and Fall, après un Corsaire aux insuffisances techniques évidentes. Le Hongrois Balasz Majoros (82) a quant à lui présenté un Corsaire correct, mais sans génie, et s’est distingué surtout grâce à sa belle prestation dans Vaslaw. Ce déséquilibre classique/contemporain était encore plus vrai chez le Suédois Joakim Adeberg (88), très raide dans la variation du Prince Désiré de La Belle au bois dormant, mais d’une âpreté et d’une force bienvenues dans Nijinsky. Plus satisfaisantes – car plus équilibrées – sont apparues les prestations de l’Américain Kyle Davis (84), élégant, précis dans la variation d’Albrecht et magnifique dans Spring and Fall, et celle du Japonais Yoshimasa Yamaguchi (91), d’une légèreté remarquable en James et intéressant dans le contre-emploi que devait constituer pour lui Wrong Note Rag.


Rodrigo Hermesmeyer... Enfin!

Signe que l’art apprend la patience et enseigne à ne jamais désespérer, il aura fallu attendre l’avant-dernier nom de la liste de ces sélections pour percevoir chez un candidat cette mystérieuse qualité spirituelle – cette évidence de la danse et cette pureté classique conjuguées et résumées en un seul être - qu’un James Hay ou une Sae-Eun Park pouvaient porter en eux l’an dernier, et pour ressentir enfin l’émoi et le frisson d’enthousiasme que nous cherchons tous et que nul autre candidat, fille ou garçon, n’aura su vraiment nous procurer cette année. Rodrigo Hermesmeyer, tel est le nom improbable de ce phénomène, ou plutôt de ce non-phénomène brésilien de 18 ans, qui a encore l’air d’un enfant. Il n’est ni beau ni photogénique, mais là où les uns séduisent par leur seule présence scénique, là où les autres alignent des pas, avec élégance, avec virtuosité, ou avec fougue, Rodrigo, avec son kilt bien trop court, danse tout simplement, comme s'il s'agissait là d'un enjeu vital, et il est bouleversant. Après des dizaines de candidats valeureux, il révèle, dans une variation de James miraculeuse, ce qu’est véritablement la joie de danser, et Yondering devient avec lui seul un véritable poème dont la naïveté, au lieu d’ennuyer, charme par la passion et l'émotion qui y sont investies. Aucun doute à présent, s’il n’en reste qu’un, ce sera celui-là…

 

 

Album photo :

 

Samedi 2 février : variations classiques, filles et garçons 15/16 ans

  

 

 

 
 

Samedi 2 février : variations Neumeier, filles et garçons 15/16 ans