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07
août
2009 : à la rencontre de Viktoria Tereshkina
Viktoria
Tereshkina dans le rôle d'Odette (Le Lac des cygnes)
A
Londres, à l’occasion de la tournée
d’été du Mariinsky, Viktoria Tereshkina
est sans
doute la ballerine qui suscite le plus d’attentes tant du
côté du public amateur que des critiques
autorisés.
«Prima Ballerina» depuis 2008 du
Théâtre
Mariinsky, dont elle a rejoint la troupe en 2001, elle compte
déjà à son répertoire un
nombre non
négligeable de rôles, très
diversifiés de
surcroît, tant dans le répertoire classique,
néo-classique que contemporain, faisant fi de la
sacro-sainte
tradition de l’emploi, encore perpétuée
dans la
compagnie, avec une noblesse incontestable, par Uliana Lopatkina.
Odette-Odile depuis plusieurs saisons, elle est
régulièrement Kitri, Raymonda, Aurore, Nikiya,
Medora,
Myrtha, Mekhmene-Banu… et maintenant, de manière
plus
inattendue, Juliette. Elle est enfin l’une des
interprètes
privilégiées des ballets de Balanchine inscrits
au
répertoire du Mariinsky, comme des créations plus
actuelles d’Alexeï Ratmansky.
Virtuose à la technique éblouissante,
à même
de séduire jusqu’aux puristes les plus
forcenés,
Viktoria Tereshkina s’inscrit pleinement dans la tradition de
ce
théâtre légendaire, en incarnant
à merveille
l’élégance et le raffinement
aristocratiques de son
école. Dans une compagnie à la politique parfois
déconcertante, où les codes de la culture
populaire
tentent ici ou là d’émerger, non sans
quelques
heurts, au travers d’une nouvelle
génération
d’artistes, elle est indéniablement la ballerine
qui
rassure et réjouit le cœur des balletomanes.
Curieux
mélange de tradition et de modernité, sa danse
conjugue
la rigueur académique et une aisance
déconcertante, et
presque désinvolte, qui lui fait transformer la
scène en
un véritable terrain de jeu personnel. Propulsée
très jeune sur le devant de la scène, sa force de
caractère et son intelligence aiguë - des
qualités
que l’on retrouve dans toutes ses prestations
scéniques
– lui ont toutefois permis d’évoluer, de
s’affirmer avec éclat sur le plan dramatique et de
se
dégager d’une image par trop encombrante et
réductrice de parfaite technicienne à la
silhouette
idéale. Son Cygne incandescent, aux lignes pures et
à la
passion troublante, en est probablement aujourd’hui la plus
belle
preuve.
Quelques jours après avoir dansé Juliette, un
rôle
dans lequel elle a fait ses débuts en juin dernier, et
à
la veille d’interpréter Odette-Odile, le
rôle-fétiche qui l’a
révélée en
tant que soliste, Viktoria Tereshkina accepte, malgré un
programme serré, de répondre à nos
questions, avec
cette discrète disponibilité qui font les vraies
étoiles, et évoque un parcours
déjà riche
en expériences. Avec sérieux et
amusement…
Comment
avez-vous découvert la danse?
A l’âge de quatre ans, mes parents m’ont
inscrite à un cours de gymnastique artistique1.
Au début, je n’aimais pas du tout ça.
Je voyais les
autres enfants s’amuser dans les cours de
récréation, alors que moi, je devais
m’entraîner tous les jours, pratiquer tous ces
exercices,
ces étirements… J’étais
à la fois la
plus jeune, la plus petite, et la dernière
classée dans
les concours. (rires) Par la suite, j’ai changé
d’entraîneur ; ce dernier pensait que
j’avais un
potentiel : un an plus tard, j’étais la meilleure
au
classement. C’est là que j’ai
commencé
à m’intéresser à la
discipline et à
prendre goût au succès. J’ai vraiment
compris
pourquoi je devais m’entraîner et le plaisir est
venu avec.
Mes parents m’ont cependant prévenue que la
carrière de gymnaste était courte et
qu’à 16
ans, tout était terminé. Ils m’ont
alors
proposé d’essayer la danse. Pourtant, au
même
moment, je remportais des succès dans les
compétitions de
gymnastique, et je n’avais pas vraiment envie
d’arrêter. Mais comme toutes les petites filles
destinées à embrasser une carrière
professionnelle, j’ai commencé à 10 ans
l’apprentissage de la danse. Tout cela se passait dans la
ville
de Krasnoïarsk, en Sibérie, où je suis
née.
Comment vous
êtes-vous retrouvée alors à
étudier à Saint-Pétersbourg?
En fait, un « festival de ballet », comme on dit,
était organisé à
Saint-Pétersbourg2,
et mon école de danse de Krasnoïarsk m’a
envoyée à cette occasion dans cette ville. Le
directeur
de l’Académie de Ballet Russe3,
Igor Dmitrievich Belsky4
, m’a remarquée et m’a
proposée de poursuivre
mes études à Saint-Pétersbourg.
J’avais
alors 16 ans. Je suis restée trois ans à
l’Académie, puis j’ai
été
engagée au Théâtre Mariinsky. Cinq
années
à Krasnoïarsk, trois années à
Saint-Pétersbourg, en tout huit années
d’étude.
Quels
souvenirs
gardez-vous de votre arrivée à
Saint-Pétersbourg
et, parallèlement, de l’Académie?
Tout d’abord, c’était une vie
complètement
différente de celle que j’avais à
Krasnoïarsk
: c’était comme une vie d’adulte. A
présent,
je vivais seule sans mes parents et dans un internat. Vous savez bien
comment sont les enfants dès qu’ils sont sans
leurs
parents… Au début, c’était
très
difficile, et petit à petit, j’ai senti que je
devenais
une adulte… Je pouvais dépenser
l’argent pour
satisfaire mes propres besoins, mais bon…, mes parents
m’envoyaient de l’argent pour que je le
dépense en
nourriture, et moi, j’achetais du chocolat et des
vêtements… (rires) C’est une
façon de
grandir…
Concernant l’Académie, j’ai eu la chance
de me
retrouver dans la classe de Marina Vassilieva5. Mes camarades ne
m’aimaient pas beaucoup, car elle m’avait
repérée et placée devant, au milieu,
et elle
n’en démordait pas. Au bout d’un an,
j’ai
réussi quand même à me faire de vraies
amies.
Viktoria
Tereshkina dans le rôle d'Odile (Le Lac des cygnes)
Lorsque
vous avez rejoint le Ballet du Théâtre Mariinsky,
avez-vous été immédiatement
distribuée en
tant que soliste?
Non. Comme toutes mes autres camarades engagées au
Mariinsky, je
me suis retrouvée membre du corps de ballet.
J’étais un cygne parmi d’autres cygnes,
une ombre
parmi d’autres ombres. J’étais
l’une des ces
32 filles, et je m’en souviens avec terreur, car
c’est un
travail très, très difficile que celui que
l’on
mène au sein du corps de ballet. Mais je ne regrette pas du
tout
d’avoir fait du corps de ballet et d’être
passée par cette école. Cela dit, bien
qu’étant membre du corps de ballet, on me donnait
à
faire des variations, des pas de trois…, et c’est
lors de
ma deuxième saison au Mariinsky que j’ai
été
distribuée dans le rôle d’Odette-Odile,
mon premier
grand rôle. Je dansais effectivement Le Lac des cygnes,
mais le lendemain, je me retrouvais à nouveau à
évoluer au milieu du corps de ballet.
C’était une
période très dure : il me fallait danser un soir
en tant
que soliste et le lendemain en tant que corps de ballet.
Pouvez-vous
évoquer
le travail spécifique que vous menez avec votre professeur -
votre « coach » comme on dit d’ordinaire
- au sein du
théâtre? Ce lien de maître à
élève reste très mystérieux
aux yeux des
Occidentaux…
Je travaille avec Lubov Olimpievna Kunakova6. Dans mon cas,
c’était une décision de la direction.
Le directeur
de l’époque, Makhar Vaziev, ne m’a rien
demandé du tout et il ne lui a rien demandé non
plus
à ce sujet. Il m’a dit simplement : «Je
veux que tu
travailles avec ce professeur pour préparer Le Lac des cygnes».
Moi, je ne savais pas pourquoi on m’avait donné ce
rôle et dans un premier temps, je me suis dit que Madame
Kunakova
ne m’aimait pas… Plus tard, elle m’a
demandé
au nom de quoi je pouvais penser une telle chose… Et puis
voilà maintenant sept ans que nous travaillons ensemble!
Vous savez, trouver un professeur, son
professeur, celui qui vous convient, c’est quelque chose de
très compliqué… C’est en
quelque sorte comme
rencontrer sa deuxième moitié dans la vie.
D’ailleurs, lorsque la collaboration est impossible entre les
deux parties, certains danseurs sont amenés à
changer de
professeur, et ils peuvent le faire plusieurs fois
jusqu’à
ce qu’ils trouvent le bon, c’est-à-dire
celui qui
est fait pour eux. Nous, nous avons eu beaucoup de chance, car tout a
d’emblée très bien
fonctionné entre nous. Sa
principale qualité est qu’elle n’exerce
pas de
pression sur moi. Elle me laisse la liberté
d’essayer des
choses par moi-même et de faire ainsi qu’il me
plaît.
Je pense que c’est la raison pour laquelle notre
collaboration
est fructueuse. Si elle me disait : «Non, c’est
ainsi et
pas autrement qu’il faut que tu fasses les choses»,
alors
il est évident qu’il n’y aurait aucun
résultat.
C’est
une seconde mère pour vous?
Je ne pourrais pas l’appeler une seconde maman, mais
c’est
une personne proche, oui, sans aucun doute… Ce qui est
vraiment
très curieux, c’est que je ne suis jamais
allée
chez elle, et pourtant nous sommes très proches
l’une de
l’autre.
Vous
travaillez ensemble l’aspect technique ou plutôt la
dimension artistique des rôles?
En fait, – je touche du bois! -, je pense que la gymnastique
m’a permis d’acquérir une bonne
coordination et de
fait, je n’ai pas véritablement de
problèmes avec
la technique. Il y a toutefois de petites difficultés ou de
petits détails que nous travaillons ensemble, comme par
exemple
les poses, ou encore les pas de liaison…, et bien
sûr, les
bras. A mon sens, les bras sont mon plus gros point faible, et
c’est la raison pour laquelle nous travaillons surtout
là-dessus.
Aviez-vous
des danseuses
favorites durant votre enfance ou, plus tard, des modèles
qui
vous servent encore de référence?
En fait, je n’ai jamais eu d’idoles, de
personnalités à qui je voulais absolument
ressembler.
Pour des raisons que j’ignore, on me comparait à
Galina
Ulanova. Je dirais simplement que j’ai aimé un
grand
nombre de ballerines et que j’ai essayé
d’emprunter
à chacune un petit quelque chose pour moi-même.

Viktoria
Tereshkina dans le rôle de Nikiya (La Bayadère)
Quels sont
les rôles que vous chérissez le plus dans votre
répertoire?
Cette question, on me la pose toujours!… (rires) Comme je
l’ai déjà dit, je suis
quelqu’un de
très avide, et en ce sens, je dirais que je les aime tous.
Cependant, il y a un pas de deux que je préfère
aux
autres : c’est le Pas
de deux classique, sur la musique d’Auber7.
Dans ce pas, je me sens vraiment comme un poisson dans l’eau.
Je
l’aime tellement… Mais j’aime aussi
danser Le Corsaire,
Le Lac des
cygnes… Peut-être
apprécié-je un tout petit peu moins La Belle au bois dormant,
mais de manière générale, je
chéris tous
mes rôles. J’aime aussi beaucoup Balanchine,
particulièrement ses chorégraphies qui utilisent
la
musique de Tchaïkovsky, c’est vraiment divin. Encore
une
fois, j’ai eu beaucoup de chance, car lorsque
j’étais en dernière année
à
l’Académie de Ballet Russe, on m’a dit :
«Ton
répertoire, c’est Kitri, Gamzatti,
Myrtha…, tous
ces rôles héroïques qui
requièrent de la
puissance», mais au théâtre,
on a
découvert autre chose en moi, et je danse aussi bien La Belle au bois dormant
que Roméo et
Juliette ou Le
Lac des cygnes,
des ballets dont je n’aurais même pas
osé
rêver quand j’étais encore à
l’école. J’ai eu de la chance de pouvoir
accéder à un répertoire aussi
varié.
Et vous avez
encore des rêves?
Oui, j’ai un rêve qui n’a pas pu encore
se
réaliser. La saison dernière, ça a
failli se
faire, mais comme toujours, quelque chose est arrivé au
dernier
moment… Ce rêve, c’est Giselle…
Pour
Juliette, qui n’est pas un personnage auquel on vous associe
naturellement, c’était un rêve aussi?
Je ne voulais pas faire Juliette. C’est le directeur actuel,
Yuri
Fateev, qui m’a proposé de le faire en
Amérique et
je lui ai répondu que ce n’était pas un
ballet pour
moi. Mais il ne m’a pas écoutée et
m’a
simplement programmée dessus. En préparant le
rôle,
je me suis mis peu à peu à
l’apprécier, et
Madame Kunakova a même trouvé surprenant que je
n’ai
pas souhaité le faire plus tôt. Oui,
j’ai vraiment
eu beaucoup de chance pour ce qui est des rôles, car le
Mariinsky
a tout de même un répertoire d’une
grande richesse.
En-dehors du
répertoire classique, y a-t-il des chorégraphes
d’aujourd’hui avec lesquels vous aimeriez
travailler?
Parmi les chorégraphes modernes,
j’apprécie
particulièrement Alexeï Ratmansky, qui a
joué un
rôle important dans ma carrière. Lorsque
j’ai
été engagée au
Théâtre Mariinsky et
que ma carrière a démarré, il
était
là pour monter sa Cendrillon.
Il m’a donné le rôle de Khudyshka,
l’une des
deux sœurs de Cendrillon, alors que je
n’étais dans
la compagnie que depuis une saison. Plusieurs années
après, il est revenu dans notre théâtre
pour
chorégraphier Le
Petit Cheval Bossu, dans lequel
j’interprète le rôle de la
Tsar-Demoiselle.
A l’étranger, j’aime Jiri Kylian et plus
particulièrement son ballet Petite Mort.
C’est mon rêve de voir ce ballet au
répertoire de
notre théâtre. J’en ai même
parlé au
directeur, mais pour l’instant, il n’y figure
pas…
Qu’en
est-il de vos partenaires à la scène?
Privilégiez-vous certains danseurs comme partenaires?
En fait, nous avons de très bons partenaires ici. Ma
mère
est toujours contente lorsque j’ai un partenaire de grande
taille! J’ai eu en particulier une merveilleuse
expérience
avec Roberto Bolle dans Apollon
Musagète ; j’ai également
eu la chance d’interpréter Le Lac des cygnes
aux côtés d’un soliste de
l’American Ballet
Theatre, Angel Corella. Ce spectacle, c’était
quelque
chose d’incroyable… Je m’en souviens
parce
qu’il y avait comme de
l’électricité entre
nous. Personne n’a d’ailleurs
prêté attention
à sa petite taille. Je n’oublierai jamais cette
représentation… Angel a un surnom :
«Monsieur 220
volts», et cette énergie
«espagnole»
s’est transmise entre nous.
Quelle est
pour vous, qui
êtes depuis peu «danseuse principale», la
différence entre une «prima ballerina»
et une simple
soliste, qui est aussi amenée à danser souvent
les
mêmes rôles que les étoiles de la
compagnie?
Pour moi, qui suis maintenant parvenue tout en haut de la
hiérarchie du théâtre, le statut de
«ballerine»8 représente
une très grande responsabilité. Quand vous
êtes
soliste, on peut vous pardonner certaines fautes, mais quand vous avez
le statut de «prima ballerina», vous devenez
l’image
du théâtre et vous n’avez donc pas droit
à
l’erreur. Bien sûr, nous sommes tous des
êtres
humains, mais pourtant, parfois, je voudrais faire certaines choses,
comme par exemple aller me détendre à la piscine,
et je
ne le fais pas, parce que le lendemain, j’ai une
représentation, je dois l’assumer et
être digne du
niveau artistique du Théâtre Mariinsky, et oui,
c’est difficile… Pour le reste, dans la vie
ordinaire, je
paie mon loyer, je fais mes courses et des tas d’autres
choses de
ce type… (rires)
Est-il plus
difficile de danser lors des tournées ou sur la
scène du Mariinsky?
Danser sur la scène du Théâtre
Mariinsky,
c’est ce qui est le plus difficile, et à mes yeux,
c’est ce qui importe le plus. Mais pour ce qui est des
tournées à l’étranger, je
dirais qu’il
y a deux théâtres – ou deux endroits
– que
nous considérons comme importants : le
théâtre de
Covent Garden à Londres et l’Opéra de
Paris. Les
tournées à Londres ou à Paris sont
exigeantes,
elles représentent pour nous une sorte de défi,
parce que
seuls les meilleurs danseurs sont autorisés à se
produire
sur ces scènes et que ce sont aussi les
théâtres
qui possèdent en Occident le meilleur répertoire.
Les
autres pays sont d’une importance moindre, mais cependant, je
considère toutes les tournées que nous effectuons
avec le
même sérieux, et quel que soit le lieu
où je danse,
il est hors de question que je me relâche et que je fuis mes
responsabilités9.
J’ai en particulier un souvenir merveilleux d’une
tournée à Covent Garden, la dernière
fois que nous
y sommes venus. Nous y avons dansé La Bayadère,
et lors de la dernière représentation,
après
l’acte des Ombres, la scène était
entièrement recouverte de fleurs.
C’était vraiment
très agréable, car cela n’arrive jamais
à la
maison : à Saint-Pétersbourg, on vient nous
offrir des
fleurs, mais elles ne sont pas répandues comme ça
sur la
scène.
_____________________
1 Le père
de Viktoria Tereshkina
est professeur de gymnastique. Il a notamment été
entraîneur de l’équipe de Russie.
2 Viktoria Tereshkina dit toujours
«Pétersbourg», et non
«Saint-Pétersbourg» ou
«Piter», comme
l’appellent notamment les gens de sa
génération. Ce
n’est pas sa ville d’origine, elle y est
arrivée
seulement à l’âge de 16 ans.
3 L’Académie de
Ballet Russe est aussi appelée couramment
Académie Vaganova.
4 Igor Belsky (1925-1999) : danseur,
chorégraphe et directeur de théâtre
russe.
Né le 28 mars 1925 à
Léningrad, Igor Belsky
a été soliste du Théâtre
Kirov de 1943
à 1963, et plus spécialement danseur de
caractère
de la compagnie. Il crée notamment des rôles dans Shurale (1950) et Spartacus
(1956), deux ballets de Léonid Jakobson. Pour le Kirov, dont
il
est directeur artistique de 1973 à 1977, il
chorégraphie
des ballets comme Le
Rivage de l’Espoir (1959), Symphonie Léningrad
(1961), Icare
(1974) ; pour le Théâtre Maly de
Léningrad, qu’il dirige de 1962 à 1973,
il remonte Le Petit
cheval bossu, Le
Lac des cygnes, Casse-noisette,
et crée la XIème
Symphonie (1966) sur la musique de Chostakovich, et Gadfly (1967) sur
celle de Tchernov. Il remonte également Le Corsaire
pour le Théâtre Bolchoï et le
Théâtre
Stanislavsky. Il est directeur de l’Académie de
Ballet
Russe à partir de 1992. Il décède le 3
juillet
1999. Une biographie est publiée dès
l’année suivante (Larisa Abyzova, Igor Belsky : The Symphony of Life, Vaganova
Academy,
2000, 400 pages avec illustations). Altinaï Asylmuratova lui
succède à la direction de
l’Académie de
Ballet Russe.
5 Marina Alexandrovna Vassilieva : Diplômée de l’Académie Vaganova (1957).
Elle rejoint le Théâtre Kirov où elle
interprète durant 22 ans tout le répertoire classique :
le Papillon dans Carnaval de Fokine, la Fée Diamant, la Fée Canari, la Fée de l'Insouciance et le Petit Chaperon Rouge dans La Belle au bois dormant, le Pas de trois et la danse des Petits Cygnes dans Le Lac des cygnes, le trio des Ombres dans La Bayadère, le trio des Odalisques dans Le Corsaire, les variations et le Grand pas de Raymonda, la variation de l’acte IV et Amour dans Don Quichotte, ainsi que divers petits rôles dans La Fontaine de Bakhchissaraï, La Fleur de Pierre, La Légende de l'amour, La Création du Monde, ou Sadko.
A partir de 1977, elle enseigne à l’Académie
Vaganova. Elle en devient l’un des professeurs les plus
renommés et les plus actifs dans la formation des
élèves et des futurs enseignants et le rayonnement
international de la méthode russe dite «Vaganova».
Parmi ses très nombreuses élèves, on compte
notamment Yulia Makhalina (1985), Viktoria Tereshkina (2001), Evgenia
Obraztsova (2002), Olesia Novikova (2002).
6 Lubov Alimpievna Kunakova : née à Ijevsk en 1951. Diplômée de l’Ecole de Perm (1970).
Elle participe au Concours International de Ballet de Moscou en 1969 et
est lauréate du Concours International de Ballet de Varna en
1972 (1er Prix).
Encore étudiante, elle participe aux spectacles du Ballet de
Perm, dans lesquels elle interprète les rôles de la
Fée des Lilas, de la Fée Diamant (La Belle au bois dormant), de la Reine des Dryades (Don Quichotte) et d’Odette-Odile (Le Lac des cygnes). De 1970 à 1974, elle y danse en tant que soliste principale. Son répertoire inclut des rôles dans Coppélia (Swanilda), Don Quichotte (Kitri), La Belle au bois dormant (la Fée des Lilas, Aurore), Le Lac des cygnes (Odette-Odile), Giselle (Myrtha), Les Trois mousquetaires (Milady), Casse-noisette (Macha), le Grand pas de Paquita (Soliste), Le Mandarin merveilleux (la Jeune Fille).
De 1974 à 1992, elle est soliste du Théâtre
Mariinsky. Elle y interprète entre autres Myrtha, Giselle,
Zarema (La Fontaine de Bakhchissaraï), la Fée des Lilas, Aurore, Kitri, Mekhmene Banu (La Légende de l'amour), Diane (Esmeralda), Gamzatti, Nikiya, Odette-Odile, la Sylphide, Tora (La Fée des Montagnes Rondsky, chor. O. Vinogradov).
De 1997 à 2000, elle est professeur à
l’Académie Vaganova. Elle est à présent
professeur-répétiteur au Théâtre Mariinsky.
Artiste du Peuple d’URSS (1983).
7 Appelé en France Grand Pas classique.
Viktoria Tereshkina a remporté en 2006 la
médaille
d’or du Prix «Arabesque»
(Concours
International de Ballet de Perm) en le dansant.
8 Au Théâtre
Mariinsky, le titre de
«ballerine» («premier» pour les
hommes) –
le plus haut de la hiérarchie - est
l’équivalent de
celui d’ «étoile» ou de
«principal(e)».
9 Viktoria Tereshkina utilise un
terme
«khaltura» qui fait référence
à un
travail alimentaire uniquement destiné à gagner
de
l’argent et sans notion de responsabilité (quelque
chose
comme le «cacheton»), par opposition à
«kultura», le travail réellement
artistique, celui
qu’elle peut produire dans son théâtre.
Propos recueillis par B.
Jarrasse ©
2009,
Dansomanie
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