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26
décembre
2009 : Casse-noisette
Le Festival hivernal du
Festspielhaus de Baden-Baden a comme fonction principale de remplir les
hôtels et restaurants de la ville d'eaux à une
époque où les fêtes les
vident de leurs curistes. Offrir un Casse-Noisette
par la troupe du Mariinsky, dans cette perspective, est certainement
une bonne stratégie, encore que les places vides
constatées cette année
peuvent laisser quelque peu dubitatif.
Dans cette perspective, on se sent quelque peu importun à
relever
les défauts de l'antique version Vainonen que le Mariinsky
continue à
proposer en tournée en complément de la version
censément plus moderne
de Mikhail Chemiakin. Cette version, qui n'est dansée
à
Saint-Pétersbourg que par les élèves
de
l'Académie Vaganova, est en
tournée confiée à la troupe adulte, ce
qui n'est
pas gênant pour les
solistes principaux, mais tourne vite au ridicule pour le corps de
ballet, notamment au premier acte ; le personnage facétieux
de
Franz,
en particulier, devient dans ces conditions impossible,
malgré
Polina Rassadina dont on avait pu admirer le talent la veille - Yana
Selina
en Luisa hérite d'une tâche moins lourde, mais on
aurait
peine à dire
que ce rôle mette vraiment en valeur ses éminentes
qualités.
Située après un premier entracte bien superflu,
la scène des
flocons est pratiquement le premier morceau de danse que le spectateur
affamé peut enfin déguster : plus d'une heure
après le début de la
représentation, on se retrouve tout surpris de
découvrir, outre la
beauté d'un des passages les moins contestables de la
version Vainonen,
l'excellence du corps de ballet du Mariinsky, bien plus convaincant ici
que la veille sous forme de Cygnes. Le duo formé par
Ekaterina Kondaurova et Alexandra Iosifidi
ne dégage certes pas de synergies particulières,
mais la vivacité des
deux danseuses, leurs qualités individuelles, dans un style
Mariinsky
particulièrement affirmé, fait paraître
particulièrement court ce
moment de grâce - avant l'entracte suivant.
Les
Flocons
Ces qualités collectives, on les retrouve notamment dans les
danses
de caractère qui occupent une bonne partie du 2e acte
(devenu
ici le
3e) : en les prenant au plus strict premier degré, en les
jouant
en
rose sur fond rose, cette version permet aux danseurs de se livrer sans
complexe au jeu de la danse pour la danse, dont les
interprètes
de la
danse espagnole, Ji Yeon Ryu et Karen Ioanissian,
sortent vainqueurs : certes, c'est sans doute cette danse qui est la
plus réussie, par exemple en comparaison d'une danse
orientale
certes
moins torturée que le conte arabe mis en scène
par Rudolf
Noureev, mais
qui peine à occuper la longue plage de musique qui lui est
confiée. L'engagement des danseurs est toutefois
appréciable.
Le premier acte, lui aussi, avait donné l'occasion de voir
nombre
de petits rôles solistes, à vrai dire en
général peu dansés : le plus
remarquable est certainement le vétéran Andrei
Yakovlev
qui campe un Drosselmeier très présent, qui
convainc enfin de l'utilité
d'un personnage souvent sacrifié. Mais il faut aussi citer,
au sein des
trois poupées, la performance d'Alexei Timofeyev,
dans un rôle qui est plus de la gymnastique que de la danse :
il
réussit à tirer ce public des lendemains de
Noël de sa torpeur, ce qui
n'est pas une mince affaire.
La
Danse chinoise
Le couple principal a longtemps été incertain :
la titulaire
prévue, Ekaterina Osmolkina, étant
blessée, ce fut d'abord Alina Somova
qui a été envisagée pour la remplacer
; finalement, c'est Anastasia et Denis Matvienko
qui se sont partagés l'affiche : un partenariat en quelque
sorte
naturel, malgré la différence des grades
(Anastasia n'étant "que"
première soliste). La motivation n'est sans doute pas
suffisante ici
pour une représentation d'anthologie, mais on aurait bien du
mal à
trouver ici des défauts majeurs dans les prestations des
deux danseurs
: le lyrisme est là dans les adages tout comme la
virtuosité dans les
variations qui la réclament. Il est inutile sans doute de
revenir sur
un partenariat aussi éprouvé, qui n'apporte pas
beaucoup de surprises
mais offre le luxe d'une absolue sécurité pour le
spectateur : il ne
reste plus qu'à souhaiter voir ce beau couple au plus vite
dans un
ballet leur offrant des défis artistiques un peu plus
ambitieux.
Dominique Adrian ©
2009,
Dansomanie
Casse-noisette
Musique
: Piotr Ilitch Tchaïkovsky
Chorégraphie
: Vassily Vainonen
Scénographie : Simon
Virsaladzé
M.
Stahlbaum – Piotr Stasiunas
Mme Stahlbaum – Anastasia Vassilieva
Drosselmeier – Andreï Yakovlev
(2ème du nom)
La Grand-mère – Nadezhda Demakova
Le Grand-père – Alexander Kulikov
La Nourrice – Svetlana Khrebtova
Deux couples élégants : Daria Vasnetsova, Ksenia
Dubrovina, Islom Baimuradov, Konstantin Zverev
Franz – Polina Rassadina
Louise – Yana Selina
Macha – Anastasia Matvienko
Casse-noisette / Le Prince – Denis Matvienko
Le Bouffon – Fedor Murashov
La Poupée – Yulia Kasenkova
Le Nègre – Alexeï Timofeev
Le Roi des Souris – Soslan Kulaev
Deux Flocons – Ekaterina Kondaurova,
Alexandra Iosifidi
Danse Espagnole – Ryu Ji Yeon, Karen Ioanissian
Danse Orientale – Elena Bazhenova, Anastasia
Vassilieva, Irina Prokofieva, Svetlana Khrebtova, Natalia Dzevulskaya
Danse Chinoise – Evgenia
Emelianova, Fedor Murashov
Trepak (Danse Russe) – Alisa Sokolova, Islom Baimuradov
Pas de trois – Elena Evseeva, Yana Selina,
Alexeï Timofeev
Orchestre du Mariinsky
Direction musicale : Valery
Ovsianikov
Samedi 26 décembre
2009, 18h00, Festspielhaus,
Baden-Baden
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