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Dwight Rhoden, danseur, chorégraphe, directeur de compagnie
06 octobre 2017 : Dwight Rhoden présente The Great Gatsby (Paris, Folies-Bergère)
Dwight Rhoden a fait ses premières armes en Ohio, à Dayton, non loin des rives du Lac Erié. Mais
sa carrière de danseur a réllement pris son essor
lorsqu'il fut engagé en 1986 dans la célèbre
compagnie d'Alvin Ailey, l'American Dance Theater, établie
à New York. Il la quittera huit ans plus tard en compagnie d'une
autre star de la danse noire américaine, Desmond Richardson,
pour fonder sa propre troupe, Complexions,
avec laquelle il se lance
dans la chorégraphie. Et c'est en tant que chorégraphe
qu'il vient présenter pour la première fois à
Paris, au Théâtre des Folies-Bergère, une
adaptation
personnelle du célèbre roman de Francis Scott Fitzgerald,
The Great Gatsby (Gatsby le Magnifique),
du 16 au 18 octobre 2017. Le rôle principal sera confié
à rien moins que Denis Matvienko, la star ukrainienne du
Mariinsky, à Saint-Pétersbourg.
I. Qui suis-je?
J’étais danseur. Mais j’ai commencé tard,
à dix-huit ans seulement. Auparavant, je participais à
des «concours» de danse [«dance contests»,
sortes de compétitions d’amateurs, courantes dans le
domaine des danses de salon, ndlr] hebdomadaires. Pour ces concours,
j’ai commencé à créer, en dilettante, de
petites chorégraphies.
Une amie, qui était danseuse classique, a trouvé que ce que
je faisais était intéressant, et m’a conseillé
d’aller prendre des cours professionnels. J’ai
commencé par apprendre la danse à Dayton, ma ville
natale, dans l’Ohio. Cela a marché, et, en 1986,
j’ai intégré la compagnie d’Alvin Ailey,
à New York. J’y suis resté jusqu’en 1994.
J’ai commencé par de la «modern dance», car il
y avait, à Dayton, une petite compagnie, la Dayton Contemporary
Dance Company [fondée en 1968 et qui existe toujours, ndlr], qui
était spécialisée dans ce répertoire. Mais
j’ai toute de suite pris des cours de danse classique en
parallèle.
Quand j’ai quitté l’Alvin Ailey American Dance
Theater, j’ai fondé ma propre troupe, Complexions, avec
Desmond Richardson [également ancien danseur d’Alvin
Ailey, ndlr]. Complexions existe toujours, elle va avoir vingt-quatre
ans! C’est là que j’ai obtenu mes premiers
succès en tant que chorégraphe.
II. The Great Gatsby
The Great Gatsby,
c’est indéniablement un ballet. Il y a des emprunts au
musical [music-hall], mais c’est un véritable ballet
narratif, avec un argument, et une structure classique qui mêle
corps de ballet et solistes.
C’est le producteur ukrainien Alexandr Polevie qui m’a
proposé le sujet. On avait déjà fait un spectacle
avec Complexions à Kiev. Il l’avait beaucoup aimé,
et il cherchait un nouvel ouvrage pour le danseur Denis Matvienko.
J’ai trouvé que The Great Gatsby était uine belle
histoire, un peu intemporelle, même si elle est censée se
dérouler dans les années 1920. J’ai voulu
l’extirper un peu de son cadre chronologique originel, pour lui
donner une portée plus générale et la relier au
monde actuel, avec son obsession du succès et de la richesse.
J’ai consigné tout cela sur le papier, et cela m’a
servi de base pour le livret. Je connaissais le roman de Scott
Fitzgerald, bien sûr, et je l’ai relu pour voir comment on
pourrait en tirer un ballet. J’ai aussi vu le film de Baz
Luhrmann, avec Leonardo DiCaprio, mais cela n’a pas
été pour moi une source d’inspiration directe. Pour
mon ballet, j’ai vraiment voulu partir du roman. Mon principal
objectif a été d’intensifier la relation entre
Gatsby et Meyer [Wolfshiem], c’est la clé de ma version de
l’ouvrage. Meyer représente la face noire, underground,
criminelle de Gatsby.
J’espère que le public pourra comprendre l’histoire
simplement en regardant le ballet. Peut-être que les
Français qui ont vu le film seront aussi tentés de venir
voir mon spectacle. C’est un spectacle dynamique, enlevé,
qui mêle histoire d’amour et tragédie.
En fait, la plupart de mes ballets font appel à un langage
très classique. C’est aussi le cas de Gatsby. C’est
pour cela que ça n’a finalement pas été
compliqué de travailler avec un danseur à la formation
académique, comme Denis Matvienko. Je voulais faire quelque
chose qui lui permette de s’exprimer, d’autant qu’il
était très motivé et demandeur. Donc Gatsby, ce
n’est pas vraiment de la danse contemporaine. C’est
difficile de mettre une étiquette dessus, mais s’il le
faut vraiment, je dirais que c’est un ballet
néo-classique.
En ce qui concerne le dispositif scénique, les lumières
ont été conçues par Michael Korsch, mon
éclairagiste habituel aux USA. Pour les costumes, il y a eu
énormément d’échanges avec leur concepteur,
Dmitry Paradizov. Leur dessin a beaucoup évolué au fil
des discussions. Je voulais quelque chose qui soit influencé par
les «Twenties», mais sans que ce soit non plus des
reproductions exactes de costumes des années vingt.
C’est également le producteur, Alexandr Polevie, qui
m’a proposé Konstantin Maladze comme compositeur. Il a
écrit la partition en suivant le livret que je lui ai fourni,
mais il y a eu une collaboration très étroite entre lui
et moi. Je lui demandais ici ou là des modifications, je voulais
quelque chose de plus énergique dans certains passages. Je lis
moi-même un tout petit peu la musique…
Paradoxalement, ce spectacle au sujet très américain
n’a jamais été présenté aux USA pour
le moment. Il a été entièrement financé par
ses producteurs ukrainiens Alexandr et Alexey Polevie. Il a
été créé à Kiev, puis en
tournée en Europe, ainsi qu’au Mariinsky, où il a eu un
beau succès. Mais je suis certain que The Great Gatsby sera un jour ou l’autre aussi donné aux Etats-Unis. C’est juste une question de temps..
Dwight Rhoden - Propos recueillis et traduits de l'anglais par
Romain Feist
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Entretien
réalisé le 06 octobre 2017 - Dwight Rhoden © 2017,
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