Guillaume Côté (Ballet National du Canada) - De Siegfried à Nijinski
01 septembre 2017
: Guillaume Côté, étoile canadienne de la Danse
Si
Guillaume Côté est encore assez peu connu du public
français - il fera ses débuts dans l'hexagone le 3
octobre 2017 au Théâtre des Champs-Élysées
-, il est
depuis longtemps une véritable star du ballet au Canada, tout en
menant une carrière de soliste international. Outre son poste de
Principal au Ballet National du Canada, à Toronto, il dirige le
réputé festival de Saint-Sauveur, au Québec, ce
qui fait de lui l'un des animateurs les plus en vue de la vie
chorégraphique dans la Belle province. A l'occasion de sa venue
à Paris, où il interprètera le rôle-titre de Nijinsky,
de John Neumier, Guillaume Côté a accepté
d'évoquer pour Dansomanie sa carrière, et d'expliquer
comment il s'est préparé à incarner à la
scène le personnage du célèbre danseur des Ballets
russes. Qu'il en soit remercié.
Guillaume Côté (Vaslav Nijinski)
Le
Ballet national du Canada se produit peu en Europe. Que représente
cette tournée à Paris pour la compagnie et pour vous en
particulier?
Pour moi, c'est vraiment un moment important dans ma carrière. Étant
Québecois et ayant de la famille en France, je suis très content de
pouvoir finalement me produire en France. Ce sera ma première fois!
J'ai dansé dans beaucoup d'endroits en tant que guest, mais
je n'ai jamais eu la chance de venir en France. Et en plus, c'est
avec le rôle de Nijinski! Pour le Ballet national, c'est une
tournée très importante. Les tournées sont de plus en plus
difficiles à monter et pouvoir présenter l'un des chefs d’œuvre
de John Neumeier à Paris est une opportunité incroyable pour toute
la compagnie.
Revenons,
si vous le voulez bien, à votre carrière de danseur. Comment la
danse est-elle entrée dans votre vie?
J'ai grandi dans le nord du Québec, dans un petit village. Mes
parents ne dansaient pas, ils étaient dans l'administration et ils
avaient décidé d'apporter la culture dans la région, qui est assez
industrielle. Ils voulaient au départ plutôt monter une école de
théâtre, mais ils n'avaient pas de connexion avec le théâtre. Ils
avaient une amie à l'université de Montréal qui étudiait la
danse classique. Ils lui ont demandé de venir chez nous, au Lac
Saint-Jean, et ils ont ouvert une petite école de danse. Mon père
vient d'une famille de treize enfants, et du côté de ma mère, ils
sont onze enfants. Cela faisait donc beaucoup de cousins et de
cousines qui pouvaient soutenir mes parents et l'école. C'est comme
ça que j'ai commencé à danser. Ma sœur dansait déjà, ça a été
ensuite mon tour. Je suis tombé dedans quand j'étais petit dans un
sens. J'avais de bons professeurs. Ensuite, j'ai auditionné et été
accepté à l'école du Ballet national du Canada. J'ai alors quitté
la petite région du Lac Saint-Jean pour Toronto. J'avais dix ans.
Vous
avez suivi toute votre formation à l'école du Ballet national?
Oui, j'y ai suivi toute ma formation. J'ai également fait deux
stages d'été à l'école du ballet de Hambourg et un stage à la
School of American Ballet, l'école du New York City Ballet.
A
l'école du Ballet national du Canada, regarde-t-on davantage vers
les États-Unis ou vers l'Europe?
Je pense qu'on regarde plus vers l'Europe que vers les États-Unis,
mais la façon de former les jeunes est davantage américaine, en ce
sens qu'elle est plus axée sur la «diversité». La
tendance aux États-Unis, c'est d'exposer les enfants à différents
styles de danse : on leur fait faire un peu de danse
contemporaine, ils ont un peu de Balanchine, un peu de Cecchetti...
On fait aussi de la chorégraphie, on a des cours d'anatomie,
d'histoire de la danse, etc... Je ne dirais pas que la formation à
Toronto est plus complète – parce que je ne pense pas que ce soit
plus complet parce que c'est plus diversifié -, mais en tout cas,
c'est une formation plus diversifiée, au sens où l'on nous donne
les bases d'un peu tout. Moi, par exemple, j'ai eu un prof très très
russe, qui m'a vraiment enseigné tous les éléments-clés de la
technique classique, mais j'ai aussi eu des professeurs qui étaient
plus Balanchine, des professeurs anglais de style Cecchetti... En
France, en Russie, en Angleterre, les élèves sont formés dans un
style bien spécifique du début à la fin de leurs études. Au
Canada, cette spécialisation manque un peu, mais a contrario, il y a
cette diversité. C'est à l'image du pays. Ce que j'ai apprécié
dans l'enseignement canadien, c'est que quand j'ai fait le stage
d'été du New York City Ballet, je n'avais certes pas une maîtrise
parfaite de Balanchine, mais j'avais quand même une bonne idée de
ce que c'était, je savais à quoi m'attendre en termes de
musicalité, de façon de bouger. De même, la formation russe m'a
donné la bonne technique, la bonne approche, le côté «carré»
qui va bien avec les ballets... Je pense que c'est une bonne école
de ce côté-là et elle a quand même produit de bons exemples :
Jason Reilly, qui a fait une belle carrière au ballet de Stuttgart,
Nehemiah Kish, qui était au Royal Ballet, Aaron Watkin [directeur du
ballet de Dresde, ndlr.]..., juste pour donner quelques noms de gens
diplômés de l'école du Ballet national.

Guillaume Côté (Vaslav Nijinski)
Avez-vous
eu des maîtres qui vous ont plus particulièrement marqué?
Oui, Sergiu Stefanschi [diplômé de l'Académie Vaganova, ancien
condisciple de Noureev, ndlr.]. Il était à la fois très russe et
très old school. Il prenait les meilleurs garçons, les plus
talentueux, dans sa classe et sa formation était très rigoureuse.
J'ai passé trois ans dans sa classe et tous ses élèves sont
devenus danseurs principaux dans des compagnies à travers le monde.
Il m'a beaucoup marqué dans son travail. Il travaillait aussi
beaucoup le jeu, l'incarnation des personnages, parce qu'on faisait
beaucoup de répertoire avec lui. Je crois qu'il y a une obsession en
ce moment avec les acrobaties, avec la technique. Aujourd'hui, les
jeunes sont obsédés par ça. Ça commençait déjà avec notre
génération. Et avant ça, il y a eu Barychnikov, qui n'était pas
comme ça, mais qui a apporté ces éléments de fireworsks
[pyrotechnie, ndlr.] dans la danse. Et les gens ne voulaient plus
voir que des pirouettes... Ce qui est bien, c'est que notre
professeur nous a gardés un peu loin de tout ça, il ne pensait pas
qu'à nous faire faire des choses incroyables, il travaillait aussi
les détails, le style, la finesse, pour nous éviter de tomber dans
le vulgaire.
Y
a-t-il des danseurs que vous admiriez quand vous étiez élève?
Oui, il y avait plusieurs grands danseurs quand j'étais à l'école
du Ballet national que je regardais danser. Il y avait bien sûr
Vladimir Malakhov, mais aussi Robert Tewsley, qui était un danseur
magique, un danseur parfait dans certains rôles, notamment dans le
répertoire de Kenneth MacMillan. C'était un danseur très beau à
voir, d'une grande subtilité, d'une grande profondeur sur scène. Il
faisait «beaucoup avec pas beaucoup». On avait aussi
Rex Harrington, qui brillait plus particulièrement dans le
partenariat, dans les pas de deux, notamment dans Onéguine,
où il était incroyable. J'ai pu voir avec eux la compagnie à son
plus haut niveau. Il y avait également Margaret Illman... On avait
beaucoup de guest artists qui venaient au Ballet national
quand j'étais à l'école. J'ai aussi eu l'opportunité de voir
beaucoup danser Karen Kain durant ses dernières saisons.
Vous
avez ensuite intégré le Ballet national. Avez-vous eu une
progression rapide?
Quand j'ai intégré la compagnie, Reid Anderson venait de partir. Il
m'avait offert un poste au ballet de Stuttgart, mais à ce moment-là,
pour des raisons personnelles, je voulais rester à Toronto. La
direction du ballet est revenue alors à James Kudelka et je suis
resté avec lui comme directeur. Plusieurs stars, comme Robert
Tewsley, Vladimir Malakhov, ainsi que d'autres garçons sont partis
avec Reid Anderson à Stuttgart. Il y avait donc un gros trou du côté
des principaux masculins. Je suis arrivé au bon moment. Je suis
devenu principal à l'âge de vingt ans et j'ai dansé tous les rôles
principaux très vite, dès l'âge de dix-huit-dix-neuf ans. Cette
situation m'a ensuite donné beaucoup de temps pour faire du
guesting. J'avais un agent, qui s’appelait Marco Borelli,
qui a aussi été celui de Roberto Bolle pendant plusieurs années.
De vingt à trente ans, j'ai beaucoup dansé à l'étranger, à
Berlin, à la Scala, à l'ABT, à l'English National Ballet, au Royal
Ballet... J'ai aussi fait tout le circuit des galas. J'ai quand même
pu faire une belle carrière de danseur international, même en
restant à Toronto, ce qui était bien. Mais depuis que Karen Kain a
pris la direction, il y a à peu près dix ans de cela, il y a une
grosse différence. On voit que la compagnie monte, qu'elle est plus
tournée vers l'international, comme le montre la venue à Paris.
Karen Kain a aussi beaucoup ouvert le répertoire. Il y a des choses
qui sont arrivées au bon moment dans ma carrière. J'étais en début
de trentaine et sont entrés au répertoire le Nijinsky de
Neumeier, Winter's Tale de Christopher Wheeldon, Roméo et
Juliette d'Alexeï Ratmansky, qui a été créé pour moi. Tout
ça m'a donné un nouveau souffle. Là, je peux dire que la compagnie
va très bien et je suis très fier de me dire que le Ballet national
vit un beau moment dans son histoire.

Guillaume Côté
Quels
sont les rôles que vous considérez comme importants dans votre
carrière?
L'un des rôles qui m'a le plus marqué, c'est d'abord celui du
prince Siegfried dans Le Lac des cygnes. Je l'ai dansé quand
j'avais dix-huit ans, je sortais de l'école et cela représentait
quand même une montagne! C'était la version de James Kudelka,
qui était assez récente et difficile pour nous. C'était mon
premier grand rôle. Un autre rôle qui m'a vraiment marqué, c'est
le Prince dans La Belle au bois dormant de Rudolf Noureev. Mon
grand rêve était de travailler avec Manuel Legris. J'avais vu
Manuel à l'Opéra quand j'étais encore étudiant, je l'avais même
rencontré, je regardais ses vidéos sans cesse. J'ai dit ça à
Karen Kain, qui a beaucoup dansé à l'Opéra, et elle m'a répondu :
«Écoute, je vais l'appeler et on voit s'il y a des
possibilités d'aller travailler avec lui». Il a accepté très
généreusement. Il m'a dit de venir à Paris. Pourtant, il était
très occupé à ce moment-là! J'ai loué un appartement à
Paris et j'ai travaillé pendant trois semaines avec lui à l'Opéra
de Paris avant ma première de La Belle. C'est un des rôles
qui m'a marqué le plus, parce que, justement, j'ai pu travailler avec Manuel
Legris. C'est aussi un rôle que j'ai
beaucoup dansé. Je l'ai dansé à la Scala de Milan, à Covent
Garden, toujours avec la Scala. J'ai aussi travaillé avec de bons
chorégraphes contemporains, comme Crystal Pite, John Neumeier... Il
est certain qu'avec John, le rôle qui m'a le plus marqué, c'est
celui de Nijinsky, qui est arrivé en 2013 au Ballet national. Cela a
été un turning point dans ma carrière. C'est un rôle que
j'ai travaillé pendant des mois et des mois, je me suis plongé dans
le personnage, dans l'histoire, dans le style de danse de John et du
ballet de Hambourg. On est allés danser plusieurs spectacles à
Hambourg avec mon épouse, Heather Ogden, qui était à l'époque ma
Romola. On a aussi dansé Nijinsky avec la compagnie en
tournée à San Francisco. C'était une très belle expérience. Un
autre rôle qui est cher à mon cœur, c'est celui de Roméo dans le
Roméo et Juliette d'Alexei Ratmansky, que nous avons créé
au Ballet national avec Elena Lobsanova. Alexeï sait comment monter
de gros ballets, et travailler avec lui sur une création est quelque
chose de marquant. On l'a dansé ensuite partout, à Londres, à
Washington, à Los Angeles...
Parlons
un peu de Nijinsky. Était-ce
la première fois que vous abordiez le répertoire de Neumeier?
Non, vraiment pas! Quand
j'étais encore élève à l'école du Ballet national, John Neumeier
était venu créer Yondering [en
1996, ndlr.], qui est un ballet pour les écoles. J'étais très
jeune, j'avais douze ans et il a créé le rôle de «Molly
Boy» sur moi. On a travaillé facilement un mois rien qu'avec
lui sur ce ballet, on n'allait plus à l'école. C'était une super
belle expérience! Et je suis tombé en amour avec John, avec
cette création... Ensuite, sous James Kudelka, on n'a pas travaillé
avec lui, mais sitôt que Karen est arrivée comme directrice, on a
fait La Mouette. J'ai
aussi dansé à Hambourg, notamment un ballet qui s'appelle Préludes.
Puis il y a eu Nijinsky.
Maintenant, on est en train de monter son nouveau ballet, Anna
Karénine.

Guillaume Côté (Vaslav Nijinski)
Comment vous êtes-vous préparé au rôle de Nijinski?
D'abord, quand le ballet est arrivé au Ballet national, on savait
déjà tous que c'était un chef d’œuvre. C'est toujours difficile
de s'approprier un chef d’œuvre d'une autre compagnie, qui a été
créé spécialement pour cette compagnie. On ne peut pas prétendre
non plus qu'on est le ballet de Hambourg. Eux le dansent depuis des
années et ça leur va vraiment comme un gant. Le rôle de Nijinsky a
été dansé par les frères Bubenicek, par Sasha Riabko... Tous ces
gens-là, ce sont mes héros. Je voulais donc approcher ce rôle à
ma façon à moi, d'une manière différente. Je sais que John adore
cette manière de travailler.
J'ai lu les Carnets
de Nijinski, je me suis plongé dans les photos, j'ai regardé les
captations existantes, je suis allé voir l'exposition sur les
Ballets russes à Monaco, j'ai vu le musée Nijinski de John dans sa
maison... J'ai fait tout ce que je pouvais. Mais une fois qu'on a
réuni toute cette information-là, il y a le ballet et le
chorégraphe. Le plus important a quand même été le travail avec
John. Il y a un personnage à monter et comme un acteur a un script,
nous les danseurs, nous avons les pas et la production. J'ai regardé
la production huit fois, je pense. J'ai étudié tous les détails.
J'ai regardé les captations des frères Bubenicek qui, pour moi,
sont incroyables, vraiment intouchables. J'ai pris des petites idées
de chacun et essayé d'arranger ça avec ma personnalité, tout en
essayant de refléter celle de Nijinski. Ce qu'il y a de bien avec ce
personnage, c'est qu'on ne sait pas exactement comment il était,
comme personne et comme artiste. On a beaucoup d'informations sur
lui, mais toujours des informations indirectes, à la troisième
personne. A chaque fois, c'est la vision d'un écrivain sur Nijinski.
Et moi, il me fallait entrer dans la vision que John a de lui.
Son
ballet est plus un portrait de Nijinski qu'une biographie de
Nijinski. Mon travail a été de comprendre le portrait qu'il en fait
et de chercher à refléter la sensibilité du personnage. Nijinski
s'est retrouvé incapable de vivre, de danser, et il est devenu fou,
car il était trop sensible au monde et à toutes les horreurs qui se
passaient autour de lui à son époque. Le
premier acte est composé de petites vignettes qui décrivent des
moments-clés, comme la rencontre avec Diaghilev, la rencontre avec
Romola sur le bateau, ou encore son dernier spectacle public à la
Suvretta House
[un
hôtel en Suisse, ndlr.]. C'était un spectacle assez conceptuel,
dont Nijinski disait qu'il avait voulu y décrire la guerre et y
montrer son mariage avec Dieu. C'était comme un adieu à la danse et
à sa santé mentale. John commence par cet épisode et fait ensuite
un flash-back sur les éléments-clés de sa vie. Dans le deuxième
acte, on entre dans son subconscient, dans sa folie. C'est sur la
musique de Chostakovitch, qui est la plus belle au monde, mais aussi
la plus difficile à chorégraphier. Le tableau de la Révolution
russe avec les soldats est sublime. Il dépeint aussi la belle
relation de Nijinski avec Romola, la façon dont elle a pris soin de
lui pendant les deux guerres. Mais il faut bien comprendre que John
n'essaye pas de raconter une histoire, il s'agit plus de peindre un
personnage.
C'est
vraiment bouleversant de danser ce ballet. A la fin du spectacle, tu
sens vraiment le personnage en toi, tu shake.
Ça ne m'était jamais arrivé de danser un rôle comme ça. On a
besoin d'une bonne heure pour redescendre.
Guillaume Côté (Vaslav Nijinski) et Heather Ogden (Romola Nijinska)
Les partenariats du ballet sont-ils fixes?
Pour la tournée, on a toujours les mêmes partenaires. Au Canada, je
danse avec deux Romola, mais l'une des deux de ne sera pas à Paris
[Guillaume Côté danse avec Heather Ogden à Paris, ndlr.]. John est
assez sensible à l'alchimie entre les gens et on essaye donc de
garder les distributions. Je pense à une scène en particulier, où
il faut que ça marche entre Nijinski, Romola et le Faune. C'est un
peu la malaise dans la danse aujourd'hui. On change les cartes un peu
trop facilement. Un spectacle, s'il a une bonne combinaison de
personnes, peut être vraiment magique, et inversement, ces mêmes
personnes, avec d'autres, pourront apparaître comme déboussolées
et ça ne marchera pas.
Au-delà de cette tournée à Paris, quels sont les spectacles que
vous attendez avec le plus d'intérêt cette saison?
Je suis très content de reprendre
le rôle de Leontes dans Winter's Tale
de Christopher Wheeldon, qui est un très beau ballet. J'ai vraiment
hâte aussi de retrouver La Belle
de Rudolf, ainsi qu'un ballet de Crystal Pite, Emergence,
qui a été créé pour nous – c'est le premier ballet qu'elle a
créé pour une compagnie classique. Dans cette pièce, elle a
chorégraphié un gros pas de deux pour Heather [Ogden] et moi.
J'adore travailler avec Crystal. Je suis aussi chorégraphe attitré
au Ballet national et je travaille avec Robert Lepage. On monte à la
fin de l'année une coproduction autour du cinéaste Norman Mac
Laren, dans laquelle je vais aussi danser.
Finalement, vous avez une préférence pour un style ou un
répertoire de danse?
En vieillissant, je me dis que le ballet classique devient de plus en
plus beau en un sens. J'ai l'impression que je le comprends de plus
en plus. Je l'apprécie beaucoup plus que quand j'étais plus jeune.
D'un autre côté, c'est de plus en plus difficile de rester en forme
pour le danser. Tout le monde n'est pas comme Laurent Hilaire ou
Manuel Legris qui ont pu danser jusqu'à quarante ans au plus haut
niveau. C'est sûr que le travail pour le ballet classique devient
plus difficile, mais c'est magique de pouvoir continuer à le faire.
Le néo-classique, notamment le travail avec John, c'est un peu plus
organique. J'aime beaucoup jouer, entrer dans des personnages, dans
des choses complexes, et John nous propose toujours des personnages
complexes. Après, tout le monde n'a pas sa sensibilité. J'adore
aussi travailler avec certains chorégraphes contemporains. Je dirais
que chaque chose a son «plus». J'adore tous ces styles,
qui correspondent aussi à des moments différents de ma carrière.
Je ne peux plus me limiter à un seul aujourd'hui, c'est une question
d'équilibre, mais sachant qu'il me reste encore trois ou quatre ans
à danser les rôles classiques à un haut niveau [Guillaume Côté a
36 ans, ndlr], j'essaye d'apprécier cela le plus possible, car je
sais que ça ne durera pas. En ce moment, je danse Le Lac des
cygnes à Amsterdam, il s'agit du Lac de Derek Deane, qui
est super intéressant, et oui, ça me plaît toujours autant de
danser ces rôles.
Vous pensez à l'après?
Je veux continuer le travail néo-classique aussi longtemps que
possible, aussi longtemps que mon corps me le permettra. Je veux
aussi continuer à chorégraphier et à monter des spectacles.
J'adore le jeu, le théâtre, j'ai suivi moi-même des classes
d'acting, des formations théâtrales, y compris à
l'université. J'aimerais donc approfondir mes recherches dans la
danse théâtrale, travailler aussi sur la manière de montrer la
danse on line. Mais pour le moment, je suis très content de
pouvoir être encore 100% dévoué à ma carrière.
Propos recueillis par Bénédicte Jarrasse
Guillaume Côté dansera Nijinsky,
de John Neumeier, au Théâtre des Champs-Elysées,
à Paris, les 3, 4, 6, et 7 octobre 2017 à 19h30, le 8
octobre à 16h00
Le
contenu des articles publiés sur www.dansomanie.net et
www.forum-dansomanie.net est la propriété
exclusive de
Dansomanie et de ses rédacteurs respectifs.Toute
reproduction
intégrale ou partielle non autrorisée par
Dansomanie
ou ne relevant pas des exceptions prévues par la loi (droit
de
citation
notamment dans le cadre de revues de presse, copie à usage
privé), par
quelque procédé que ce soit, constituerait une
contrefaçon sanctionnée
par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la
propriété
intellectuelle.
Guillaume Côté (Vaslav Nijinski)