Prix de Lausanne 2017 : Claudia Dean, professeur accompagnateur (Australie)
02 février 2017 : Claudia Dean, professeur et coach (Claudia Dean Coaching)
Candidate du Prix de Lausanne en 2009 (elle avait d'ailleurs eu les honneurs du vidéoblog cette année-là), Claudia Dean avait rejoint peu après,
grâce au Networking Forum, l'école du Royal Ballet, puis les rangs de la
compagnie londonienne. Très vite, elle y avait obtenu quelques rôles de soliste. En
2014, elle décide pourtant de tout arrêter et de retourner chez elle, en
Australie. Claudia n'a toutefois pas complètement coupé les ponts avec
la danse, puisque nous l'avons retrouvée à Lausanne cette année en tant
que «coach» de l'une des candidates, Heidi Freeman.
Quelles sont les raisons de votre présence à Lausanne?
Je suis là pour soutenir l'une de mes élèves, Heidi Freeman.
J'ai ma propre école en Australie à présent, où je « coache » des
danseurs qui viennent de tous les coins du pays. Heidi est originaire de
Melbourne et elle est venue à Brisbane, où se trouve mon école. Je la
suis maintenant depuis deux ans. Le Prix de Lausanne représente une
nouvelle étape pour elle.
Quels souvenirs gardez-vous de votre participation au Prix de Lausanne?
Tout n'est pas très clair dans ma tête, parce que j'étais vraiment très
jeune. Je sais que je ne l'avais pas vraiment ressenti comme une
compétition. C'était une véritable expérience, et à tous points de vue :
rencontrer les professeurs, éprouver la scène avec la pente... Ce sont
des souvenirs très positifs. Je me souviens aussi que j'étais un peu
nerveuse. Je venais d'avoir seize ans et tout me paraissait un peu
surréaliste. Mais j'avais tout apprécié. C'est grâce à cette compétition
que j'ai pu intégrer l'école du Royal Ballet. Ce n'est pas Gailene
Stock qui m'avait invitée, car elle participait à une autre compétition à
ce moment-là, mais elle avait quelqu'un à Lausanne pour représenter
l'école, David Peden, qui était à l'époque professeur en deuxième année.
Je me souviens très bien de l'offre qu'il m'avait faite. Il m'avait dit
qu'il voulait d'abord en parler avec Gailene. J'ai rencontré Gailene
dans une compétition deux mois plus tard et là, elle m'a invitée
officiellement. C'est là que tout a commencé. Je n'étais pas allée en
finale, c'est vrai, et j'étais un peu déçue alors. Mais finalement, j'ai
eu mieux, puisque j'ai pu participer au Networking Forum. C'était un
honneur de rencontrer tous ces directeurs. J'ai eu neuf offres
différentes et j'ai vraiment pu choisir où je voulais aller, en
l'occurrence à l'école du Royal Ballet, qui était mon rêve.
Pourquoi avez-vous quitté le Royal Ballet?
J'ai passé deux ans et demi à l'école, trois ans et demi dans la
compagnie. J'ai vécu à Londres près de six ans. Londres est vraiment un
de mes endroits favoris dans le monde, mais c'est très loin de chez moi.
Et il y a eu un moment où j'ai eu envie de retrouver ma famille. Je
n'avais plus la même passion pour la danse, je ne ressentais plus le
même plaisir. J'ai décidé qu'il était temps d'arrêter et de passer à
autre chose.
Vous aviez pourtant eu des rôles de soliste?
J'ai dansé quelques rôles de soliste et d'étoile. Certains soirs, je
dansais des rôles principaux et le lendemain, je me retrouvais dans le
corps de ballet. C'était vraiment génial d'expérimenter les deux, de
passer de l'un à l'autre, mais c'était très difficile physiquement. Je
me souviens d'une période où je répétais cinq ballets différents en même
temps. Il y avait un tel travail de mémorisation... Le ballet demande
une dévotion totale. Et si vous n'avez plus cette dévotion totale, il
faut faire autre chose.
Vous n'avez aucun regret?
Non, pas du tout. C'est difficile à croire, parce que le Royal Ballet
est une des meilleures compagnies de balet du monde. C'est une compagnie
qui offre par ailleurs un confort incroyable à ses danseurs. J'avais
mis la compagnie sur un piédestal, mais je n'étais pas heureuse. Je
voulais être heureuse, avoir une vie normale, ce qu'est ma vie
d'aujourd'hui. La transition, c'était pour moi d'inspirer à mon tour des
danseurs en les aidant à réaliser leurs rêves. J'adore ce que je fais
maintenant tous les jours. J'y trouve énormément de joie.
Il
n'était donc pas question pour vous de rentrer en Australie pour
éventuellement danser dans une autre compagnie?
Non. J'en avais simplement assez des spectacles. Je ne voulais pas
continuer la danse. Si j'avais voulu continuer, cela aurait été facile
pour moi de trouver une compagnie en Australie. J'ai eu d'autres offres
quand j'ai décidé de quitter le Royal Ballet. Dès le lendemain, j'ai
reçu des offres. Mais je ne voulais rien de tout ça. Je voulais vraiment
mener une vie normale, retrouver ma famille. J'ai trouvé ma voie dans
l'enseignement, le coaching. Je n'ai pas ouvert mon école immédiatement
après mon départ. Tout cela a pris du temps. J'ai commencé par
travailler dans l'immobilier, car toute ma famille est dans
l'immobilier. J'ai ouvert ma propre boîte. Un peu plus tard, mon ancien
professeur de danse m'a demandé de donner des cours durant un stage
d'été. J'étais libre pendant une semaine et j'ai accepté. J'étais très
nerveuse pour mon premier cours ! J'ai repris mon travail une semaine
après, mais j'ai repensé à tous ces jeunes danseurs, à leurs attentes.
Je me suis rendue compte que mon opinion comptait pour eux et leur
famille : savoir s'ils devaient considérer la danse comme un loisir,
s'ils pouvaient envisager une carrière professionnelle...
Vous avez toujours l'air d'une ballerine. Vous prenez la classe tous les jours?
Dans mon travail de coach, je suis amenée à bouger tout le temps dans le
studio. Je suis plus en forme aujourd'hui que lorsque j'étais danseuse
en fait. Je donne dix à douze heures de cours privés tous les jours, de
sept heures du matin à sept heures du soir. C'est plus fatiguant que la
danse en fait. (rires)
Vous avez gardé des contacts avec le Royal Ballet?
Oui, bien sûr. J'ai revu à Lausanne Kevin O'Hare avec grand plaisir, ainsi que de nombreux autres professeurs.
Claudia Dean - Propos recueillis par Bénédicte Jarrasse
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Heidi Freeman (dossard n° 105) et son professeur, Claudia Dean