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entretiens
Friedemann Vogel : premiers pas dans Roland Petit au TCE

10 janvier 2017 : Friedemann Vogel (Ballet de Stuttgart) danse la Chauve-Souris au TCE


Avant les représentations du 14 et du 15 janvier, où il dansera le rôle de Johan aux côtés de Rebecca Bianchi, Friedemann Vogel a reçu la presse en petit comité dans sa loge du Théâtre des Champs-Élysées, pour évoquer ses premiers pas dans un ballet de Roland Petit. Compte-rendu de ses propos.


Friedemann Vogel au maquillage


Mes débuts dans La Chauve-Souris sont très récents, ils datent du 31 décembre 2016 à l’Opéra de Rome. C’était non seulement la première fois que je dansais La Chauve-Souris, mais aussi la première fois que je dansais un ouvrage de Roland Petit. C’est quelque chose que j’espérais faire depuis longtemps, mais je n’en ai jamais eu l’opportunité. Et notamment, je n’ai jamais eu la possibilité de travailler avec Roland Petit lui-même. Ce sont des rôles qu’il faut pouvoir travailler longtemps, il faut vraiment les intégrer. S’il y a un ballet de Roland Petit que je rêve de danser, c’est Le Jeune-homme et la Mort. Pour La Chauve-Souris, j’ai répété avec Luigi Bonino pendant trois semaines, tous les jours.

Je suis issu d’une famille de musiciens. J’ai trois frères qui sont dans la musique, et donc, Strauss, cela me parle. Et c’est quelque chose qui fait partie de la culture allemande.

La Chauve-Souris ne présente pas de difficultés techniques particulières. Ce qui est compliqué dans ce ballet, ce sont les interactions entre les personnages. Il faut que tout soit parfaitement coordonné. Et il y a des moments-clés à côté desquels il ne faut pas passer, comme le grand Pas de deux final.

Par le passé, j’ai travaillé avec le Ballet de l’Opéra de Rome, et ce, avant-même qu’Eleonora Abbagnato en soit la directrice. En 2006, nous avions fait La Belle au bois dormant aux Arènes de Vérone. L’été dernier, Eleonora m’a appelé pour me demander de participer à  une soirée en hommage à Rudolf Nouréev aux Thermes de Caracalla.  C’est à l’issue de ce spectacle qu’elle m’a proposé La Chauve-souris. Par ailleurs, nous nous étions déjà croisés lors de divers galas.

Fridemann VogelFriedemann Vogel dans La Chauve-Souris (rôle de Johan)

Mon intégration au sein du ballet de l’Opéra de Rome s’est bien passée. J’ai l’habitude de beaucoup voyager et de travailler avec des compagnies très différentes. Au bout d’un ou deux jours seulement, je m’y sentais déjà «comme à la maison».  Je suis tout le temps confronté à des écoles, des styles très variés, donc ce n’est pas vraiment un problème pour moi de passer d’une compagnie à l’autre. Ma formation a, elle aussi, été assez hétérogène. J’ai d’abord appris la danse à la John Cranko Schule de Stuttgart, puis je suis allé à Monte-Carlo, à l’Académie Princesse Grace, pour travailler avec Marika Besobrasova.

En fait, ce qui est vraiment dur, c’est de passer sans transition d’un ballet contemporain ou néo-classique à un ouvrage tel que Le Lac des cygnes. Un Lac des cygnes, c’est très fatigant sur le coup, mais le lendemain, on a récupéré. En revanche, avec des ballets narratifs néo-classiques comme Roméo et Juliette de Cranko, ou La Dame aux Camélias, de Neumeier, la fatigue se fait vraiment sentir le lendemain. Et nerveusement, c’est épuisant. Avec un Lac des cygnes, il y a la fatigue physique, mais il n’y a pas cette sensation d’être littéralement «vidé». Le plus dur reste pour moi Roméo et Juliette. Même après le premier acte, les vingt minutes de pause ne suffisent pas et on n’a pas réellement le temps de se remettre avant le commencement de l’acte II.

Y a-t-il des liens, des points communs entre John Cranko – que, évidemment, j’ai beaucoup dansé à Stuttgart -  et Roland Petit qui, comme lui, est un chorégraphe néoclassique? Non, pas vraiment, notamment au niveau du jeu théâtral, qui est très différent. De toute façon, quand on interprète une œuvre, chaque jour est un nouveau jour.  On ne peut pas «dupliquer» un spectacle. Chaque représentation est différente de la précédente. Chaque fois que le rideau se lève, il faut faire quelque chose de nouveau, de spontané. Le plus important, c’est le ressenti avec la partenaire. Il faut que le public sente que c’est «vrai», et que les solistes sont «portés» par toute la troupe et le public.  En répétition, même s’il s’agit d’une répétition avec l’orchestre, les costumes, le maquillage, c’est très différent d’un spectacle réel, avec mille ou deux milles personnes dans la salle. Là, on se sent vraiment  pousser des ailes. Il y a certaines partenaires avec lesquelles cela «marche» particulièrement bien, et avec lesquelles je me sens en osmose. Par exemple, Alicia Amatrian, à Stuttgart. Avec elle, nous ressentons les mêmes choses, sans avoir besoin de les exprimer par des mots. Nous avons l’impression de faire le même voyage. C’est également le cas lorsque je danse avec Polina Semionova.

Paris, c’est aussi un peu ma maison. J’ai beaucoup d’amis au Ballet de l’Opéra de Paris, et j’ai pris le cours avec eux, au Palais Garnier, en octobre dernier.

Mon prochain défi? Le Boléro, de Maurice Béjart, à Stuttgart.



Propos recueillis par Romain Feist

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Entretien réalisé le 10 janvier 2017 - Friedemann Vogel © 2017, Dansomanie


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