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Claire Teisseyre, danseuse au Ballet de Bordeaux
20 mars 2014 : Claire Teisseyre, de Lausanne à Bordeaux
Claire
Teisseyre, dont nous avions fait la connaissance au Prix de Lausanne
2011, a intégré le Ballet de Bordeaux peu après le
concours, et effectue à présent sa troisième
saison consécutive dans la compagnie dirigée par Charles
Jude. Après deux années en tant que surnuméraire,
elle a été titularisée à la rentrée
2013, et se voit ainsi consacrée membre à part
entière de la troupe. Claire Teisseyre, qui se produira le
samedi 22 mars 2014 lors d'iun gala à Chartres, où elle
interprétera une pièce de François Mauduit, a
accepté, pour Dansomanie, de faire le point sur ses
premières années de vie professionnelle.
Quelles nouvelles depuis le Prix de Lausanne 2011? Comment êtes-vous arrivée au Ballet de Bordeaux?
Je
dirais que les choses se sont accélérées
après le prix de Lausanne! Pas beaucoup de répit,
puisqu’il y avait le Tanzolymp de Berlin quelques semaines
après. J’ai vu beaucoup de choses, des danseurs de
nombreuses nationalités, leur travail… J’ai
vraiment découvert le professionnalisme déjà
présent chez eux alors que nous étions encore dans un
petit cocon au Conservatoire! Je pense que ces deux concours ont
permis une certaine prise de conscience…Si je voulais faire de
la danse mon métier, je ne pouvais pas attendre tranquillement
que les choses se passent. Je souhaitais être engagée
assez tôt dans une compagnie pour «pratiquer»,
apprendre et progresser. C’était le moment, je pense, de
passer des auditions et de tenter ma chance, à Bordeaux notamment.
Comment s’est
passé votre recrutement? C’est vous qui avez
postulé ou vous a-t-on sollicitée pour passer une
audition?
J’ai tout simplement passé l’audition début
avril 2011. Je n’avais rencontré personne
là-bas. J’ai donc comme tout le monde envoyé ma
candidature, passé le concours d’admission et
obtenu des contrats de supplémentaire pendant deux ans avant
d’être titularisée à la rentrée 2013.
Connaissiez-vous
déjà le Grand Théâtre de Bordeaux et la
compagnie de ballet, ou cela a-t-il été une
découverte pour vous?
Je
n’étais jamais allée à Bordeaux, et
étudiant à Paris au CNSMDP, je n’avais pas eu
l’occasion de voir la compagnie. Mais j’en avais bien
sûr entendu parler et j'avais lu des articles à ce sujet
dans des revues de danse.
Aviez-vous eu d’autres propositions? Quelles sont les raisons de votre choix?
Lausanne est un concours offrant beaucoup de bourses pour des
écoles. Je pense l’avoir fait un peu tard. J'étais en 4ème année du CNSMDP, il me
restait encore un an avant les auditions, je ne pensais pas que changer
d’école pour une année m’apporterait
beaucoup. J’ai été approchée par la Central
School of London et le NDT. J’aime beaucoup le répertoire
de Jiří Kylián, mais je souhaitais l’aborder en
complément des grands ballets classiques et non exclusivement.
Envisageant de faire de la danse mon métier, j'ai appris qu'il y
avait une audition à Bordeaux et me suis
présentée. Je
n’ai pas souhaité faire d’autres auditions par la
suite. En effet, le répertoire, très classique et large, me
plaisait énormément. Charles Jude a remonté les
grands
ballets du répertoire avec ses propres chorégraphies, il
y a
aussi beaucoup de Lifar, Balanchine... La compagnie a également
un beau répertoire contemporain et régulièrement
des créations (dont Pneuma
de Carolyn Carlson en ce moment). De plus, en intégrant la
compagnie en tant que supplémentaire, j’ai
découvert un travail qui m’a vraiment plu : il y a une
très bonne émulation entre les danseurs (beaucoup
tournent, sautent, lèvent les jambes, ont de beaux
pieds…! Et on a envie de tout faire!). L’ambiance est
aussi propice à la progression, nous ne sommes pas laissés
de côté sous prétexte que nous sommes
supplémentaires ou corps de ballet, au contraire. S’ils
voient que nous avons la volonté d’avancer et de
travailler, ils nous poussent. C’est un échange que
j’apprécie.
Quelle
a été votre première expérience de la
scène à Bordeaux? Comment cela s’est-il
passé?
J’ai
eu la chance d’être appelée plus tôt que
prévu à Bordeaux, avant la fin de ma quatrième
année, en juin 2011, pour Giselle,
de Charles Jude. Je crois que
je n’ai jamais autant apprécié ce ballet
qu’après l’avoir répété!
J’étais remplaçante, mais on m’a
également laissé ma chance à l’occasion
d’un tour de rôle. J’ai donc pu danser les
Vendangeurs et les Wilis, et je m’en souviens très bien :
heureuse de mon panier de raisin pour les vendanges et
m’empêchant de sourire béatement dans les Willis
tellement j’étais contente!
Comment
se déroule votre carrière au Ballet de Bordeaux? Y-a-t-il
un système de progression hiérarchique et/ou à
l’ancienneté, comme à l’Opéra de Paris?
Il y a effectivement des grades : Corps de ballet, Soliste, Premier danseur et Etoile. Je suis Corps de ballet.
Vous a-t-on confié des rôles de soliste ou de demi-soliste?
J’ai
eu la chance de danser les Fées et les Pierres précieuses
dans La Belle au bois dormant de Charles Jude en décembre
2012. Et le bonheur immense de pouvoir travailler Juliette comme
remplaçante, dans Roméo et Juliette (de Charles Jude
également), en décembre dernier!
Quels sont ceux qui vous attireraient le plus?
Tous! Je plaisante... Mais je ne sais jamais : chaque fois que je vois un
bout de répertoire, j’ai envie de danser! Je pense
qu’en mûrissant, j’affectionne de plus en plus les
rôles avec une dimension artistique importante. Les ballets de
grande technique me plaisent également : c’est brillant,
difficile et j’aime beaucoup, cependant, quand on ajoute à
cela l’évolution d’un personnage, ses peurs, ses
faiblesses, sa force…je pense que l’on a beaucoup plus
à donner et que c’est d’autant plus
intéressant. C’est un moyen de se livrer
entièrement, de s’exprimer… Sinon, j’aime
aussi infiniment le répertoire de Serge Lifar : de par la
beauté des lignes qu’il a trouvées dans ses
chorégraphies, leur difficulté, leur
élégance, leur tempérament….
Comment s’organise la journée d’une danseuse au Ballet de Bordeaux (cours, répétitions)?
Nous avons tous les jours 1h30 de classe, 30 minutes de pause, puis 5h
de répétitions. Il y a un planning et en fonction
de ce que l’on danse, nous avons plus ou moins de temps de
répétitions durant ces 5h. En période de
représentations, nous avons moins d’heures de
répétitions pour nous laisser le temps de nous
préparer au spectacle du soir.
Quels sont vos professeurs au Ballet?
C’est Eric Quilleré, le maître de ballet, qui nous
donne la classe et nous fait répéter. De temps en temps,
il arrive que Charles Jude nous donne la classe ou que ce soit des
professeurs invités. Cela nous permet de découvrir
différents styles et différentes techniques selon les
nationalités…
Avez-vous
le temps et les moyens de profiter de la vie culturelle à
Bordeaux et en Aquitaine, en dehors de votre travail dans la compagnie?
Allez-vous voir d’autres spectacles de ballet?
L’Opéra de Bordeaux est une grande structure, et nous
avons la chance d’avoir des places pour les opéras, les
concerts au grand auditorium…De plus, Bordeaux est une ville
très agréable où il fait bon vivre. J’avoue
n’avoir pas eu beaucoup de temps encore cette année et
n’ai pas beaucoup bougé de Bordeaux. Mais je vais
régulièrement voir les ballets lorsqu’ils
passent au cinéma à Bordeaux, le Bolchoï notamment!
Sinon sur Internet. On trouve tout maintenant!
Pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet de la pièce que
vous allez présenter à Chartres, le 22 mars prochain?
Je danserai un solo de François Mauduit sur le Nocturne op.55 No.1 de Chopin.
Avez-vous d’autres projets en tête, déjà?
Je viens juste d’avoir 21 ans, donc j’avoue que pour le moment je veux danser, progresser et évoluer.
Avez-vous conservé des contacts avec des danseurs rencontrés lors du Prix de Lausanne?
Oui,
maintenant les réseaux sociaux permettent beaucoup de choses.
C’est amusant de pouvoir suivre l’évolution des uns
et des autres dans le monde entier. Nous faisons tous notre petit
chemin!
Claire Teisseyre - Propos recueillis et retranscrits par Romain Feist
Interviews vidéo de Claire Teisseyre au Prix de Lausanne 2011
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Entretien
réalisé par Internet le 20 mars 2014 - Claire Teisseyre © 2014,
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