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entretiens
Aurélia Bellet, "Bailarina Principal" à la Compañía Nacional de Danza (Madrid)

25 février 2014 : Aurélia Bellet, de Paris à Madrid


Entrée au corps de ballet de l'Opéra National de Paris en 1997, Aurélia Bellet, qui vient de se faire remarquer pour sa prestation dans le rôle principal de La Belle au bois dormant, est à un tournant majeur de sa carrière : José Martinez lui a en effet offert un poste de Bailarina Principal ("Soliste principale") à la Compañía Nacional de Danza, à Madrid. Pour Dansomanie, Aurélia Bellet a accepté de retracer les grandes étapes de sa vie de danseuse et d'expliquer les ciconstances et les motivations de son départ pour l'Espagne.





Aurélia Bellet, comment êtes-vous venue à la danse?

Mes parents ne sont pas dans le milieu artistique. A l’âge de six ans, j’ai suivi quelques cours d’initiation à la danse aux USA, dans le New Jersey, où nous résidions, car mon père, ingénieur, travaillait pour une société américaine. Ça n’a duré que six mois, car après, nous avons déménagé. C’est pour moi un souvenir très vague.

Ma famille et moi, nous sommes ensuite rentrés en France, j’avais sept ans, et ce n’est qu’à dix ans que ma mère m’a ré-inscrite à un cours de danse. Nous habitions à Croissy-sur-Seine, et j’allais au cours une fois par semaine, après l’école. Ça me plaisait, mais à cette époque, je n’avais jamais vu un ballet, je n’avais pas entendu parler de l’Opéra de Paris. C’est lors du spectacle de fin d’année que la directrice, Simone Courthéoux, ancienne Première danseuse à l’Opéra, s’est adressée à ma mère, pour lui dire qu’elle me trouvait très douée et que j’avais un physique propice à devenir «petit rat». Ça a fait très plaisir à ma maman. Elle m’a montré, d’abord dans des livres, ce qu’était le métier de danseuse, l’Opéra de Paris, son école de danse. J’ai aussi regardé quelques films documentaires, et très vite, je me suis dit que c’était ma voie, que je voulais entrer à l’Opéra. Evidemment, il y a une part d’inconscience car quand on est enfant, on ne se rend pas vraiment compte de tout ce que cela implique, mais ça me faisait rêver.


Aviez-vous déjà à l’esprit que si vous postuliez à l’Ecole de l’Opéra de Paris, c’était pour faire de la danse votre métier?

Oui, absolument, même si à ce moment, on est encore très jeune et qu’on ne sait pas forcément dans quoi on s’aventure. En tant qu’enfant, j’étais fascinée par les tutus, les diadèmes, et je m’imaginais sur scène comme une princesse! Mais on ne réalise pas forcément le travail à accomplir pour en arriver là. Je suis passée très vite à cinq cours de danse par semaine – j’avais dix ans, ce qui est déjà «âgé» en la matière, et je me suis présentée à l’audition pour entrer à l’Ecole de danse de l’Opéra. L’Ecole de l’Opéra me fascinait, je l’idolâtrais avant même d’y rentrer. C’était un rêve de petite fille. Mais ça été un dur parcours du combattant! J’ai tenté trois fois le concours pour y rentrer. La première fois, malheureusement, il me manquait deux ou trois centimètres par rapport à la taille minimum requise, et on m’a immédiatement rendue à ma mère, sans même regarder le reste… On m’a fait comprendre qu’aucune exception n’était possible.


C’était Claude Bessy qui faisait passer les auditions?

Oui, mais c’était Mme Bienvenu [infirmière de l’école de danse, ndlr] qui, avant toute chose, pesait et mesurait les candidates. En fait, je n’ai même pas été présentée à Claude Bessy! Mais quand j’ai vu l’école, j’ai tout de suite su que c’était là que je voulais aller. C’était tellement différent des autres établissements que je connaissais, on sentait le caractère élitiste, exceptionnel, du lieu, ça m’a tout de suite saisie.


Vous aviez des amies, des camarades qui étaient déjà à l’Ecole de danse de l’Opéra ?

Absolument aucune! Après avoir passé quelques petits concours pour m’entraîner, je me suis re-présentée à l’Opéra l’année suivante. Le premier jour, la toise, la balance, les épreuves physiques, tout s’est bien passé. Le lendemain, cours de danse – sans miroir - , panique complète : ça allait beaucoup trop vite pour moi, je n’avais manifestement pas le niveau. Grosse déception, car, en plus, j’avais atteint la limite d’âge – douze ans -, et normalement, je ne pouvais plus tenter le concours une fois de plus. Mais j’ai malgré tout eu une chance incroyable, car l’Opéra de Paris a décidé – je crois que ça n’est plus arrivé depuis – de relever exceptionnellement la limite d’âge à 13 ans pour la session suivante. J’ai alors pris les choses en main sérieusement. Je me suis dit que je ne pouvais plus me contenter d’une école de banlieue pour me préparer, j’ai réussi à entrer au CNR de Paris, en horaires aménagés : école le matin, danse l’après midi! 


Cela se passait rue de Madrid?

En fait, le bâtiment de la rue de Madrid était à l’époque en travaux, et les cours de danse avaient lieu Salle Pleyel. Mais là, au CNR, le rythme de travail changeait radicalement de ce que j’avais connu à Croissy, et on se rapprochait de ce qui se pratiquait à l’Opéra. J’ai aussi eu la chance de rencontrer Janine Guiton [professeur à l’école de danse de l’Opéra de Paris, ndlr], qui m’a donné des cours particuliers le week-end, dans un studio situé à Chatou. C’est grâce à elle que j’ai réussi à rattraper, en un an, le niveau, et à être admise à Nanterre. Elle me filmait, on travaillait ensuite sur les vidéos ; ça a payé.


Vos parents, qui n’avaient aucun lien avec le milieu de la danse, n’ont pas été effrayés par votre choix?

Au contraire! Ils étaient de la génération qui a connu L’Age heureux à la télévision, ils avaient beaucoup de respect pour cet art. On en parlait d’ailleurs sans doute davantage qu’aujourd’hui. La danse était plus populaire, un plus grand nombre de petites filles rêvaient d’être danseuse. Je me souviens qu’il y avait dans les mille candidates à l’audition pour entrer à l’Ecole de danse, aujourd’hui, c’est beaucoup moins, quelques centaines peut-être.


Les cours étaient très différents au CNR et à l'Ecole de danse?


Le niveau des danseuses n'était pas le même, mais les cours étaient bien. Ce qui était différent et qui changeait énormément pour moi, c’est qu’au conservatoire, je me sentais légère et je prenais plaisir, alors que quand je suis entrée à l’Opéra, c’était pour moi du très sérieux et donc stressant, donc pas forcément plaisant. Je garde un souvenir des classes de l’Opéra oppressant, j’étais très impressionnée par les filles de ma génération comme Alice Renavand et Séverine Westermann. Elles avaient incarné l’Ecole de l’Opéra bien avant moi. Elles étaient les plus belles danseuses de ma classe, je les admirais.


Vous avez été assez rapidement repérée par Claude Bessy. Vous avez eu des rôles dans les spectacles de l'Ecole de danse?

Oui, en première division - je ne suis entrée élève qu en troisième division. J’ai dansé Dessin pour sixWestern symphony (2ème mouvement).


Est-ce qu’en tant que petite fille, vous aviez assisté à des spectacles de ballet, est-ce que vos parents vous emmenaient parfois à l’Opéra?

J’étais allée une fois aux «portes ouvertes» [ancienne dénomination des «démonstrations», ndlr] de l’Ecole de danse ; je me souviens aussi d’une représentation de La Bayadère, où j’ai vu Laurent Hilaire, Elisabeth Platel et Isabelle Guérin, c’était la grande époque!


C’était encore au Palais Garnier?

Oui, à Garnier. Mais donc, en fait, je n’avais vu que très peu de spectacles de danse.



Est-ce qu'il y avait des danseuses (ou des danseurs!) qui vous faisaient rêver, auxquels vous aviez envie de ressembler?

Marie-Claude Pietragalla, j’aimais sa forte personnalité, Elisabeth Platel, Isabelle Guérin, Monique Loudières, beaucoup en fait. J’ai eu cette chance de les voir toutes sur scène, elle n’étaient pas encore parties.


Quels ont été vos camarades de promotion à l’Ecole de danse?

Séverine Westermann, Alice Renavand, Christelle Granier étaient dans la même classe que moi. Chez les garçons, il y avait Stéphane Bullion, Julien Meyzindi, Jean-Philippe Dury…


Vous avez tous intégré le corps de ballet en même temps?

Oui, sauf Christelle Granier, qui est entrée un peu après les autres je crois, mais ça fait déjà un bout de temps, c’était en 1997! J’espère que mes souvenirs sont bons.


Vous êtes entrée au corps de ballet du premier coup, sans passer par la case «surnuméraire» ?


Oui, j’ai eu cette chance! J’étais très impressionnée de rentrer dans la compagnie. Et tellement heureuse. Les deux premières années ont été très agréables parce que je dansais beaucoup de galas. Et Elisabeth Platel, ma petite mère, s’est beaucoup occupée de moi, elle me faisait travailler les galas.


Avez-vous immédiatement été distribuée sur des spectacles, ou vous êtes vous cantonnée à des remplacements dans le corps de ballet?

J’ai joué les remplaçantes un certain temps. Je crois que c’est au bout de six mois que je suis allée pour la première fois sur scène. Le travail était difficile, notre répétitrice était Aleth Francillon, et elle n’était pas du genre à plaisanter. Si on se trompait, si on ne connaissait pas bien nos partitions, ça se passait mal pour nous... A l’Ecole de danse, on est habitués à ce qu’on nous mâche le travail, à ce qu’on nous donne le temps de bien préparer les spectacles. Au corps de ballet, il faut se débrouiller soi-même, et si un jour, on est appelée pour un remplacement, il faut y aller, prête ou pas prête. J’ai également participé à des galas, à l’extérieur. Ceux des sœurs Gruber [organisatrices de spectacles de danse, ndlr] et aussi ceux montés à l’époque par Elisabeth Platel et Nicolas Le Riche.


Comment cela se passe de se retrouver ainsi dans le monde du travail, à un âge où d’autres sont encore au collège ou au lycée?

Ce n’est pas facile, c’est vrai, mais pour moi, c’était aussi une fierté. A dix-sept ans, j’étais heureuse de pouvoir me dire que j’avais un métier que j’aime, que j’étais indépendante, que je gagnais ma vie, que je payais mes impôts…


Quel est votre premier souvenir sur scène?

Mon premier souvenir n’était pas forcément très bon, c’était dans la «Valse fantastique», de Raymonda. J’ai dû remplacer au pied levé Mélanie Hurel, qui était de petite taille et qui dansait devant, dans le corps de ballet. Moi, je ne m’étais préparée que dans l’éventualité de remplacer l’une des grandes, à l’arrière. Grosse erreur! En plus, j’ai dû enfiler son tutu, qui était beaucoup trop petit pour moi. Dans la panique des premiers instants, quand l’habilleuse me l’a donné, au moment d’entrer sur scène, je ne m’en n’étais pas vraiment rendue compte, mais après, je ne pouvais absolument plus respirer, tellement il me serrait, et je crois que ma prestation a été un vrai carnage…


Vous êtes rapidement passée coryphée, je crois? Dès le premier concours?


Je suis montée lors de mon deuxième concours. A la veille du premier concours, peut-être à cause du stress, j’avais été malade toute la nuit et j’avais dû faire venir un médecin en urgence. Le lendemain matin, quand je suis arrivée au théâtre, toutes mes camarades étaient déjà là, maquillées, coiffées, échauffées, prêtes pour les épreuves. Moi, je débarquais, je m’en souviens encore, j’ai enfilé mon collant et je suis allée me chauffer toute seule au foyer [foyer de la danse situé à l’arrière-scène, ndlr]. Je n’étais évidemment pas vraiment prête et je me suis littéralement jetée sur scène. Ça a été un peu chaotique, mais vu mon état, je ne m’en suis pas trop mal sortie quand même. L’année suivante, j’ai été promue grâce à une variation que j’aimais beaucoup, la scène de la «Vision», au premier acte de Raymonda. Là, ce fut un très bon souvenir, et j’étais heureuse, car ce n’est pas si facile de sortir rapidement de la classe des quadrilles.


Raymonda vous a un peu poursuivie tout au long de votre carrière, puisque c’est avec le rôle de Henriette que vous avez rencontré le succès, non?


En fait, il s’agissait là aussi d’un remplacement, et j’ai dû apprendre le rôle en dix jours. J’étais heureuse de pouvoir le danser, mais j’aurais aimé pouvoir présenter un travail plus soigné encore.


Vous sentez-vous attirée par un type de répertoire en particulier? Classique? Contemporain?


J’aime les deux, classique et contemporain sont complémentaires. Pour moi, le classique est plus difficile, mais quand on parvient à surmonter la difficulté, on en éprouve une grande satisfaction. En revanche, dans le contemporain, je me sens moins sous pression, moins stressée. J’ai davantage le trac quand je dois danser un ballet classique. Il y a vraiment une grosse différence.


On vous a remarquée plusieurs fois dans des ballets de Forsythe. Est ce que vous avez une affinité particulière avec ce chorégraphe, avez-vous travaillé directement avec lui?

Je ne connaissais pas du tout Forsythe avant d’arriver à l’Opéra. Mais j’ai eu la chance, sur une seconde distribution d’Approximate sonata (la première était assurée par Clairemarie Osta), d’être choisie pour remplacer Dorothée Gilbert, blessée. C’est là que j’ai compris que j’avais davantage de facilités dans ce répertoire-là.


Lors du concours de promotion 2012, vous aviez fait forte impression en présentant Bhakti III de Maurice Béjart. On avait davantage le sentiment d’assister à un spectacle qu’à un exercice académique, non?

En fait, les deux derniers concours, j’ai voulu les aborder en me faisait plaisir, surtout pour ce qui était de la variation libre. Je n’avais jamais dansé de Béjart, mais j’ai pu travailler Bhakti III avec Delphine Moussin. Pour que ça marche, il faut vraiment danser ça de manière «animale», et pas du tout avec l’état d’esprit de quelqu’un qui passe un concours. En tout cas ça a été une très belle expérience, même si je n’ai pas été promue.


Est-ce qu’il y a des rôles ou des ouvrages que vous aimeriez danser, à l’avenir?

Oui, bien sûr. En général, j’aime les rôles où l’on raconte une histoire, j’aime la théâtralité, les personnages forts. Mais ce que j’aimerais par-dessus tout, c’est de refaire du Kylián. Doux mensonges avait été pour moi une vraie révélation, un très grand moment d’émotion sur scène, vraiment unique. On se retrouve comme dans une bulle, coupé de l’extérieur. On est complètement absorbé par la musique, par la poésie de la pièce. J’aimerais aussi pouvoir interpréter Giselle – j’avais déjà fait Myrtha à Washington, lors d’une tournée aux USA.


Début janvier 2014, vous avez dansé La Belle au bois dormant. C’était votre premier grand rôle dans un ballet en trois actes. Comment les choses se sont-elles passées? Aviez-vous demandé à Brigitte Lefèvre de vous distribuer sur ce spectacle?

Non, je n’ai rien sollicité. Après les représentations de Signes, en juillet 2013, Brigitte Lefèvre, alors que j’étais déjà en vacances depuis deux jours, m’a appelée pour me dire qu’elle voulait me mettre comme remplaçante sur le rôle d’Aurore et qu’elle me tiendrait informée de la suite des événements. J’ai finalement eu une représentation et  ça a été une très grande expérience, sans doute le moment le plus fort de ma carrière à ce jour. Il y a le décor magnifique, le prestige lié aux spectacles de l’Opéra de Paris, on a du mal à réaliser qu’on est au centre de tout cela.


Vous n’aviez pas eu la date la plus facile, en fin de série, juste après les représentations de Svetlana Zakharova, non?

C’est exact, mais en même temps, j’étais moins stressée, car je savais depuis trois semaines déjà que j’étais prise chez José Martinez, à la Compañía Nacional de Danza. Ça m’avait déjà enlevé un poids, et j’ai pris ce rôle comme une vraie chance, tardive certes, mais une chance tout de même. Je voulais prendre du plaisir, être dans le personnage, même s’il faut vaincre la difficulté et la tension du premier acte. Ce n’était pas facile, car je n’ai eu aucune répétition avec l’orchestre et le corps de ballet. On découvre tout cela le soir du spectacle. Avec le trac en plus, ça fait beaucoup de choses à gérer! Heureusement, une fois l’Adage à la rose terminé, j’étais plus détendue, et j’ai pu mieux entrer dans le personnage d’Aurore. On se sent vraiment soulagée quand les arabesques penchées de l’Adage sont passées. En plus, la musique de l’Adage à la rose est très impressionnante, elle fait monter le stress. Par ailleurs, on n’a pas beaucoup de répétitions en studio avec les quatre princes, ça fait donc beaucoup de paramètres à contrôler : le corps de ballet, les princes, la musique!


Vous avez pu exprimer un avis quant au choix de votre partenaire (Vincent Chaillet)?

Non, c’est Brigitte Lefèvre qui a décidé des couples. C’est toujours ainsi que cela se passe.


Qu’est-ce qui vous a décidée à partir à la Compañía Nacional de Danza au moment précis où l’Opéra de Paris vous offrait enfin un rôle de première importance?

En fait, je voulais continuer sur cette bonne lancée. Je venais de faire Aurore, auparavant j’ai dansé des rôles d’Etoile ou de Première danseuse dans Doux mensonges (Kylián), dans Diamants (Balanchine)… Quand José Martinez m’a proposé de m’engager en tant que soliste à Madrid, je me suis dit que c’était le moment ou jamais. Je ne me voyais pas retourner dans le corps de ballet et faire Onéguine


José Martinez vous avait déjà choisie pour incarner la Ballerine lors de la création des Enfants du paradis. Vous le connaissez bien? Qu’est ce qui vous a attirée chez lui, ses qualités humaines, sa façon de travailler?

Evidemment, je connaissais José Martinez, mais ni plus ni moins que n’importe quelle autre danseuse de l’Opéra de Paris. Nous n’avions pas d’affinités particulières, hormis le fait que c’est lui, effectivement, qui m’a donné mon premier rôle de soliste «classique» dans Les Enfants du paradis. Certes, il y avait eu Raymonda, mais il s’agissait d’un remplacement, tandis que là, j’avais vraiment été choisie d’emblée. Mais José Martinez est une personne que j’admire aussi bien humainement qu’artistiquement, et il y a une vraie entente quand nous travaillons ensemble.


Qu’attendez-vous maintenant de cette nouvelle étape de votre carrière, et réciproquement, qu’attend José Martinez de vous? Vous a-t-il déjà parlé des rôles qu’il entendait vous confier?

Oui, bien sûr. Dès qu’il m’a proposé de venir à la CND, il m’avait déjà annoncé qu’il voulait que je danse Allegro Brillante et In The Middle, Somewhat Elevated. Le reste devait être défini ultérieurement. Maintenant, je sais que je vais aussi faire Who cares?, le Pas de deux de Giselle, Delibes Suite, le troisième acte de Raymonda et Sonata, une création de José Martinez, un peu dans la même veine que le ballet de Robert Macaire dans Les Enfants du paradis.


Vous avez déjà été en Espagne pour y rencontrer les danseurs de la CND? Avez-vous des connaissances là-bas?

Je ne connaissais personne à la CND, hormis Jean-Philippe Dury, mais qui est parti. Mais je viens déjà de passer cinq semaines à Madrid pour répéter Allegro Brillante avec les gens du Balanchine Trust, et In The Middle avec Agnes Noltenius, de la Forsythe Company.


Vous avez commencé à apprendre l’espagnol?

Je vais m’y mettre dès la semaine prochaine, promis! Là, je viens de m’offrir quelques jours de vacances, car tout s’est enchaîné de manière très serrée depuis La Belle au bois dormant, et je n’ai même pas eu un week-end de libre.


Votre contrat à la CND court jusqu’à quand?

Jusqu’à la fin juin 2014, pour l’instant.


Vous avez déjà prévu de rentrer à l’Opéra de Paris?


Rien n’est encore fixé définitivement. Tout est possible.


L’Opéra de Paris justement va connaître un changement de directeur à la fin de la saison. Connaissez-vous déjà Benjamin Millepied, l’avez-vous rencontré, avez vous dansé certaines des chorégraphies qu’il a montées ici?

Oui, j’avais déjà travaillé avec lui juste avant qu’il ne crée Amoveo. Audric Bezard, Marc Moreau et moi-même avions été invités à New York pour quinze jours de «workshop» avec Benjamin Millepied. Pour moi, sa culture américaine, son énergie, seront certainement profitables à l’Opéra. Je suis quelqu’un de positif, on verra ce que l’avenir nous réserve, mais j’ai vraiment confiance.


Même si pour vous ce n’est pas encore d’actualité, avez-vous déjà songé à ce que vous ferez le jour où vous arrêterez la danse? Etes vous tentée par la chorégraphie, l’enseignement?

La chorégraphie, je ne m’en sens pas vraiment la force, je ne crois pas que j’aurai le courage de me retrouver devant une feuille blanche et de devoir construire quelque chose en partant de rien. Si vraiment je me lançais dans un projet chorégraphique, ce serait en duo, au moins pour une première fois. Mais en l’état actuel des choses, je n’en ressens pas l’envie. Par ailleurs, je pense que j’aimerais davantage poursuivre ma carrière professionnelle en tant que répétitrice, plutôt que comme professeur de danse. Mais ce sont des questions que je n’ai pas encore tranchées. Je me dis aussi que c’est une chance de pouvoir, à quarante-deux ans, repartir sur tout autre chose, d’entamer une nouvelle vie. Je me laisserai porter par le temps, par les opportunités qui pourront se présenter le moment venu.





Aurélia Bellet - Propos recueillis et retranscrits par Romain Feist



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Photo : Incidence Chorégraphique / Bruno Bouché

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Entretien réalisé le 25 février 2014 - Aurélia Bellet © 2014, Dansomanie


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