|
Medhi Angot, danseur - globe-trotter
25 novembre 2013 : Medhi Angot pose ses valises au Ballet de Nice-Méditerranée
Issu
de l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris, Medhi Angot n'a pas
craint à dix-sept ans, d'affronter le vaste monde. Après
un passage à l'English National Ballet, il s'est envolé
pour les antipodes, un contrat d'engagement au Royal New Zealand Ballet
dans ses valises. Après dix années d'itinérance,
Medhi Angot, fort d'une solide expérience de son
métier, «rentre au pays» et entame une nouvelle carrière au Ballet de Nice, où Eric Vu-An vient de le recruter.
Vous
vous êtes fait connaître du grand public dès
l’Ecole de danse grâce au documentaire de
Jérôme Laperrousaz A l’Ecole des étoiles,
où l’on vous voyait triste de n’être pas
engagé dans le corps de ballet de l’Opéra de Paris.
Comment ça s’est passé pour vous ensuite, comment
avez-vous surmonté cet «échec» - qui
n’a pas été vraiment un échec, puisque vous
êtes allé à l’English National Ballet? Quand
on est élève à l’Ecole de danse, est-on
préparé à faire carrière ailleurs
qu’à l’Opéra de Paris?
Quand
on a été pendant sept ans à l’Ecole de
danse, avec l’espoir d’intégrer le ballet de
l’Opéra de paris, alors forcément, quand vous ne
voyez pas votre nom sur la feuille, je pense que pour un jeune
adolescent de dix-sept ans, c’est un peu comme si votre monde
s’écroulait. Donc, oui, ça a été
assez dur, ça a été même très dur,
les premières années. Mais avec le temps, on s’y
fait…
On vous en reparle souvent de ce film? Comment voyez-vous les choses aujourd’hui, avec le recul?
Pas
vraiment, ça arrive de temps en temps qu’on m’en
parle, mais c’est assez rare. Oui, ça m’arrive
qu’on me dise «ah oui, c’est vous qui pleuriez dans
le documentaire de Laperrousaz…», ça a dû
arriver quelquefois, mais on ne me parle pas de ça non plus
toutes les semaines!
Pour
quitter le domaine de l’anecdote, qu’est-ce qui vous a
décidé à apprendre la danse classique et à
devenir un danseur professionnel? Y avait-il des gens dans votre
famille, parmi vos amis, qui étaient déjà dans le
métier de la danse?
Non,
pas du tout. D’après ce que m’ont dit mes parents,
dès mon plus jeune âge, je bougeais beaucoup et
j’aimais beaucoup «danser» à la maison.
J’ai le souvenir d’avoir demandé un jour à
suivre un cours de danse. Au départ, mon père
n’était pas trop d’accord. Mais c’est vrai que
je n’arrêtais pas de demander. On m’avait inscrit
à un cours de judo, comme mon frère aîné.
Dans le même bâtiment, il y avait également une
école de danse, et, quand mes parents venaient me
récupérer après le cours de judo, je
n’étais jamais dans la salle de judo, je traînais
toujours dans la salle de danse. Au bout d’un moment, je crois
que mes parents se sont dit que plutôt que de payer des cours de
judo où je n’allais pas, autant m’inscrire au cours
de danse. Voilà comment les choses ont commencé, dans une
petite école bretonne. Mais vraiment, je n’avais personne
dans ma famille qui avait fait de la danse ou qui était dans le
milieu artistique.
C’est
votre professeur en Bretagne qui vous a conseillé de vous
présenter à l’Ecole de danse de
l’Opéra de Paris?
Oui,
voilà. J’ai fait trois ans dans cette école,
j’ai passé quelques concours régionaux de danse, et
après avoir obtenu plusieurs prix, mon professeur m’a dit
que pour moi, la prochaine étape serait de me présenter
à l’examen d’entrée de l’Ecole de danse
de l’Opéra de Paris. Et puis voilà, ça
s’est fait naturellement, j’ai envoyé mon dossier,
et j’ai été pris.
C’était dans quelle école, en Bretagne?
C’était à Lamballe, dans les Côtes
d’Armor, une toute petite école de danse, je ne me
souviens même pas qu’elle ait eu un nom spécifique.
Mon professeur était Mme Bieber.
Une fois arrivé à l’Ecole de danse de
l’Opéra de Paris, vous aviez quand même
été repéré assez rapidement par Claude
Bessy, qui vous avait donné, dans Jeu de cartes,
le ballet de Janine Charrat, l’un des rôles principaux,
celui du Joker. Quels sont les souvenirs que vous avez gardés de
l’Ecole, étaient-ils bons?
Oui,
très bons. Mais c’est vrai que c’est un peu
paradoxal au vu du résultat du concours d’entrée au
corps de ballet, mes sept années à l’Ecole de danse
se sont très bien passées. J’ai vraiment eu la
chance de travailler avec de très bons professeurs. Claude Bessy
m’a énormément aidé, elle m’a beaucoup
apporté en m’offrant donc le rôle du Joker dans Jeu de cartes, et également le rôle d’Alain dans La Fille mal gardée.
Elle m’a toujours soutenu, et j’estime être
très chanceux d’avoir eu Claude Bessy comme directrice.
Avez-vous revu Claude Bessy après avoir quitté l’Ecole de danse? Elle suit un peu votre carrière?
Je l’ai revue quelquefois, lorsque j’étais de
passage en France. J’essayais d’en profiter pour
faire une petite visite à l’Ecole de danse. Après,
quand Elisabeth Platel a pris la relève, en tant que directrice,
je n’ai plus eu l’occasion de revoir Mlle Bessy. Mais
à présent, comme je me suis réinstallé en
France, j’espère que je pourrai à nouveau entrer en
contact avec elle et aller la saluer.
Qu’est-ce
qui vous a amené, après avoir été
refusé à l’Opéra de Paris, à postuler
à l’English National Ballet, à Londres?
En fait, comme j’avais échoué au concours interne
[réservé aux élèves de l’Ecole de
danse de l’Opéra, ndlr], j’ai tenté, comme on
fait dans un tel cas, le concours externe juste après. Cette
année-là, le jury n’a pas réussi à
établir un classement et a décidé de refaire un
concours à la rentrée, en septembre.
Cela m’obligeait à attendre tout l’été
avant de passer des auditions. C’est vrai que je voulais tout
faire pour rentrer à l’Opéra. Mais si je patientais
jusqu’en septembre, la plupart des autres compagnies auraient
déjà terminé leur recrutement. J’ai donc
écrit à diverses compagnies pour solliciter une audition
et l’English National Ballet a été l’une des
premières à me répondre favorablement. Je suis
donc allé à Londres faire un cours, une «audition
privée», comme ils appellent cela là-bas. A
l’issue de ce cours, Matz Skoog, qui dirigeait à
l’époque l’English National Ballet, m’a
immédiatement proposé un contrat.
Vous aviez donc 17 ans lorsque vous avez intégré
l’English National Ballet. Comment, alors qu’à cet
âge, de nombreux jeunes gens sont encore au lycée,
parvient-on à s’adapter à une vie professionnelle
à l’étranger, dans un pays qu’on ne
connaît pas forcément?
Je
venais de passer un bac littéraire, et à l’Ecole de
danse, c’était ma dernière année, en tant
qu’élève de première division. Alors,
comment s’adapte-t-on? Eh bien, on n’a pas trop le choix,
vous savez. Quand on est dans une telle situation, soit on
renonce et on passe à autre chose – mais ça veut
dire aussi sacrifier tout le travail consenti au cours des
années de formation à l’Ecole de danse -, soit on
admet qu’il n’y a pas que l’Opéra de Paris
dans la vie, et on fait preuve de détermination. Si on veut
faire carrière dans la danse, eh bien, il faut y aller. Ca
n’a pas été facile pour moi mais il y a un moment
où il faut avoir le courage de faire son sac et de monter dans
le train ou dans l’avion. Pour moi, Londres, c’était
la possibilité de danser, d’avoir un avenir, même si
ce n’était pas évident au départ, à
cause de mon âge, de la nécessaire adaptation à la
langue… J’aurais regretté de sacrifier tout ce que
j’avais appris à l’Ecole de danse, sous
prétexte que je n’avais pas été pris
à l’Opéra de Paris. Et je ne suis pas le seul dans
ce cas. Il y a beaucoup d’autres danseurs qui, après avoir
échoué au concours, ont trouvé du travail à
l’étranger
Quels sont les souvenirs les plus marquants que vous gardez de votre passage à l’English National Ballet?
Ce
qui m’avait immédiatement impressionné,
c’était le grand nombre de spectacles que nous devions
assurer. A l’approche de Noël, on donnait
généralement Casse-Noisette ou La Belle au bois dormant,
et il arrivait qu’on ait jusqu’à huit, voire dix
représentations dans une même semaine, et ça, sur
une période de près d’un mois. C’est quand
même assez «intense»! Mais ça m’a aussi
laissé beaucoup de bons souvenirs. Au bout d’un an,
j’ai eu la chance d’être remplaçant sur des
rôles de soliste, comme le Pas de deux du Corsaire , ou Mercutio, dans Roméo et Juliette.
Pour un jeune de mon âge c’était quand même
une chance assez incroyable, et cela d’autant plus si on compare
avec l’Opéra de Paris, où ceux qui viennent
d’entrer dans la compagnie ne mettent pas un pied en scène
ou presque au cours des premières années. Ensuite, quand
j’ai eu un peu plus d’expérience, j’ai
été distribué dans La Fête des fleurs à Genzano, dans l’Oiseau bleu (La Belle au bois dormant), dans le Pas de deux des vendangeurs, de Giselle…
J’ai eu plusieurs fois l’occasion de danser avec Maria
Kochetkova, qui est aujourd’hui soliste au San Francisco Ballet.
J’en suis très fier, quand on voit la carrière
qu’elle a eue par la suite, ce furent vraiment des moments forts
de mon séjour à l’ENB.
En
2008 vous avez pris la décision – radicale – de
partir pour la Nouvelle-Zélande. Pourquoi avoir choisi de vous
installer aussi loin?
Ça
faisait cinq ans que j’étais à l’English
National Ballet. A la direction, Matz Skoog avait été
remplacé entre temps par Wayne Eagling, dont les idées
artistiques correspondaient moins à ce que je recherchais. Je
voulais donc changer de compagnie, et il se trouve qu’un
maître de ballet de l’ENB – qui était
d’origine australienne – venait d’être
engagé au Royal New Zealand Ballet. Il m’a dit que si
j’avais envie d’aller à Wellington, il me suffisait
d’envoyer mon curriculum vitae et une vidéo au directeur
d’alors, Gary Harris, et qu’on me répondrait
rapidement. C’est ce qui s’est passé. Le directeur
m’a fait savoir qu’il était intéressé,
et m’a promis, si j’acceptais de signer un contrat avec le
Royal New Zealand Ballet, que je danserai Basilio, dans Don Quichotte,
en début de saison. J’allais avoir tout juste vingt-trois
ans, j’ai eu envie de tenter le coup. La Nouvelle-Zélande,
c’est loin, mais c’est un très beau pays, et comme
j’avais de toutes façons déjà quitté
la France pour aller à Londres, alors tant qu’à
faire… Je me suis dit que l’Europe ou la Nouvelle
Zélande, ça ne ferait pas une si grosse
différence. Et être distribué en Basilio dès
mon arrivée à Wellington, c’est une
opportunité que je ne pouvais pas manquer.
Est-ce
que les conditions de vie et de travail en Nouvelle Zélande
étaient très différentes de ce que vous
connaissiez en Europe? Comment vous-êtes vous adapté?
Non,
ça s’est passé sans difficulté.
Déjà, la langue ne posait plus problème,
puisqu’il s’agissait de l’anglais et que
j’étais devenu bilingue. La compagnie a été
très accueillante, en plus. Evidemment, il y a eu quelques
changements, par exemple dans les horaires de travail,
l’organisation des tournées… mais pour le reste,
c’était à peu près pareil qu’à
Londres. La transition n’a pas été trop dure. Le
plus difficile, c’était l’éloignement, le
décalage horaire important, mais sinon, ça s’est
fait en douceur.
Sur
un plan très pratique – et cela peut intéresser de
jeunes danseurs qui envisagent de faire carrière à
l’étranger -, comment un globe-trotter comme vous
gère-t-il les questions de logement, de contrats – qui
varient en fonction des législations locales – etc?
Avez-vous recours aux services d’un agent ou prenez-vous tout en
main personnellement?
Non.
Je n’ai pas d’agent, j’ai tout fait moi-même.
Je pense qu’il est important d’être maître de
sa propre vie. Déjà à Londres ça
s’est passé comme ça. Quand j’ai
débarqué en Angleterre, j’ai commencé par
louer un chambre dans la maison d’un ami, dont on connaissait la
famille. Après, grâce aux relations que j’ai pu me
faire avec les gens de la compagnie, j’ai pu trouver mon propre
appartement. Pour la Nouvelle Zélande, comme
c’était loin et que j’avais auditionné sans
me déplacer, en envoyant seulement une vidéo, la
compagnie m’a payé un logement durant les deux
premières semaines de mon séjour. Ça m’a
laissé le temps de trouver un toit. Et les contrats sont de
toutes manières très variables selon les compagnies et
l’emploi que vous allez y occuper (corps de ballet ou soliste).
Qu’avez-vous
trouvé en arrivant au Royal New Zealand Ballet ? Comment se
situe son niveau par rapport aux principales compagnies
européennes? Est-ce que le répertoire y est semblable ou
au contraire très différent?
Le
répertoire est assez différent si on le compare avec
celui de l’Opéra de Paris ou du Royal Ballet de Londres,
marqués respectivement par les chorégraphies de Noureev
et d’Ashton. Au Royal New Zealand Ballet, il n’y a pas de
chorégraphe prédominant, on danse aussi bien du David
Dawson que du Forsythe ou du Balanchine. Le répertoire est
varié, ce qui est agréable pour un danseur. Le niveau de
la compagnie, lui, s’est à mon avis beaucoup
amélioré au cours des trois-quatre dernières
années et est aujourd’hui très bon. Des danseurs
venus de tous horizons ont été recrutés, et je
pense qu’ils avaient chacun beaucoup de choses à apporter
à la troupe. La tournée que nous avions faite
à Londres en 2011 a remporté un grand succès, et
les critiques avaient été très favorables.
L’arrivée
récente d’Ethan Stiefel à la direction du Royal New
Zealand Ballet a-t-elle changé la donne pour vous?
Depuis
qu’il a pris la direction de la compagnie, dix danseurs sont
partis. Sur un effectif de trente-quatre artistes, ça fait
beaucoup… Après, chacun se forgera sa propre opinion. Il
est vrai qu’il y a des directeurs qui conviennent à tel
type de danseur, et pas à tel autre. Je ne peux pas vous en dire
davantage.
Le Royal New Zealand Ballet a récemment enregistré Giselle,
diffusé au cinéma dans l’hémisphère
sud. Vous aviez participé à cette production?
Oui.
Le film a été réalisé par un
Néo-Zélandais, Toa Fraser. La chorégraphie a
été révisée par Ethan Stiefel et Johan
Kobborg. Elle trace une sorte de parallèle entre
l’histoire de Giselle et Albrecht telle qu’elle se passe
sur scène, et telle qu’ils la vivraient aujourd’hui.
C’était un projet très intéressant,
capté lors de deux représentations «live»
à Auckland, en présence du public, puis quelques
scènes ont été refaites, notamment pour les gros
plans. Il y a quelques mois, nous avons été
invités à la première projection, à
Wellington. Dans le film, je danse le Pas de deux des vendangeurs.
Est-ce qu’on a une chance de le voir en France un jour?
Je
pense que oui. Le film vient d’être présenté
au festival de Toronto, au Canada, et il devrait être sur les
écrans en France à partir de janvier 2014. Une sortie en
DVD est également prévue très prochainement [le 4
décembre 2013, ndlr].
Comment avez-vous pris la décision de rentrer en France et de postuler au Ballet de Nice?
Je
commençais à me sentir un peu éloigné.
Aujourd’hui, je vais sur mes vingt-huit ans [Medhi Angot est
né le 27 septembre 1985, ndlr], je ne suis plus un adolescent,
j’ai mûri, j’ai une vie privée à
côté de ma vie professionnelle. Je voulais aussi me
rapprocher de ma famille, de mes amis, et cela faisait tout juste dix
ans que j’étais parti à l’étranger.
Pour moi, c’était juste le bon moment de rentrer.
J’ai contacté le ballet de Nice, j’ai passé
une audition juste avant les vacances d’été.
Connaissiez-vous déjà Eric Vu An personnellement?
Non,
je connaissais bien sûr le danseur, mais pas à titre
personnel. Mais, étrangement, Eric Vu An est l’un des
premiers danseurs masculins que j’ai vu à
l’œuvre, à la télévision.
C’était dans le documentaire Les Enfants de la
danse. Il dansait une variation de La Bayadère.
C’était au studio Lifar [au Palais Garnier, ndlr], il
avait un costume bleu, je m’en souviens comme si
c’était hier. C’était fascinant, sa technique
était éblouissante. J’avais peut-être sept ou
huit ans, c’était juste avant que j’entre à
l’Ecole de Danse de l’Opéra.
Et
maintenant, au Ballet de Nice, qu’est-ce qu’Eric Vu An
attend de vous et qu’est-ce que vous attendez de lui?
Espérez-vous certains rôles en particulier?
Découvrir un nouveau répertoire?
Ce
qu’il attend de moi, c’est à lui de vous le dire! En
ce qui me concerne, je ne sais pas si le terme d’
«attentes» est le plus approprié.
J’espère surtout qu’Eric Vu An va pouvoir nous
transmettre son savoir, son expérience. C’est vrai
qu’il a derrière lui une carrière assez
époustouflante. Je viens d’arriver au Ballet Nice
Méditerranée, et déjà, j’ai
l’impression d’avoir appris des choses nouvelles. Tous les
matins, il est à la barre, avec les danseurs de la compagnie.
C’est quelque chose que je trouve admirable et que je respecte.
Comme il est présent au cours, il offre son aide, il nous donne
des corrections. Je trouve cela très bien, et c’est
particulièrement vrai pour de jeunes danseurs qui,
lorsqu’ils font leurs débuts professionnels, ont souvent
l’impression d’être livrés à
eux-mêmes. Mais c’est très bien aussi pour des
artistes plus âgés, comme moi. On n’a jamais fini
d’apprendre, de progresser, et les conseils sont toujours les
bienvenus. C’est vraiment un point très positif pour moi.
Est-ce
qu’il y a certains rôles, certains types de rôle ou
certains chorégraphes que vous auriez spécialement envie
d’aborder?
Je
suis très attiré par les rôles qui
m’émeuvent lorsque je danse. Je pense à Albrecht ou
à Roméo. Même si j’ai une petite
préférence pour les rôles classiques, quand on
travaille avec des chorégraphes comme William Forsythe ou Wayne
McGregor, le corps est poussé à l’extrême
– tout en utilisant une base classique -, j’aime beaucoup
cela aussi. Après une journée de travail comme cela, on a
des sensations physiques assez incroyables. C’est difficile
à expliquer, je pense qu’il faut vraiment l’avoir
expérimenté pour le comprendre, mais cela
m’apporte énormément de choses.
En
arrivant à Nice, avez-vous retrouvé d’anciens
camarades de l’Ecole de danse de l’Opéra? Aviez-vous
gardé des contacts?
Mes
deux meilleurs amis étaient Vincent Chaillet et Alexandre
Labrot, qui sont tous deux à l’Opéra de Paris, et
avec qui j’ai toujours maintenu le contact. Ici, à Nice,
j’ai retrouvé Claire Bevalet, qui est elle aussi
passée par le ballet de l’Opéra de Paris, Guillaume
Ferran, Marie-Astrid Casinelli, Gaëla Pujol…
Donc à Nice vous vous sentez un peu chez vous?
Oui
et non. En dix ans, il s’est passé tant de choses…
Quand j’ai quitté la France, j’étais encore,
on peut le dire, un gamin, et cela fait une impression très
étrange de me retrouver avec tous ces gens que j’ai connus
à l’Ecole de danse. Mais la compagnie, encore une fois, a
été très accueillante, et je me suis senti
à l’aise dès le premier jour, tant avec mes
collègues qu’avec le maître de ballet et avec Eric
Vu An. Dans ce sens, je me sens «à la maison»,
c’est vrai.
Avez-vous
une idée des œuvres et des rôles dans lesquels vous
serez distribués, au moins pour l’avenir le plus
immédiat?
Je viens d’arriver dans la compagnie, et pour le moment, on m’a confié le rôle titre dans Marco Polo
[chorégraphie de Luciano Cannito, ndlr] pour deux
représentations scolaires à l’Opéra de Nice.
Le reste, l’avenir nous le dira.
Vous
venez à Nice avec dans l’idée qu’il
s’agit d’une étape de plus dans votre parcours
professionnel, où est-ce l’endroit où vous
souhaitez vous fixer de manière sinon définitive, du
moins durable?
J’aimerais
beaucoup m’installer sur la Côte d’Azur, et en tant
que Français, revenir au pays après toutes ces
années, c’est un peu comme «boucler la
boucle». C’est important aussi de pouvoir danser pour tous
les gens que je n’ai pas vus depuis dix ans, et dans
l’absolu, je voudrais vraiment pouvoir rester ici, travailler
avec Eric Vu An, et continuer a apprendre auprès de lui.
J’ai hâte de pouvoir danser à nouveau en France,
après tout ce temps. Je pense que mon premier spectacle à
Nice sera assez émouvant pour moi.
Avez-vous aussi une vie «en-dehors de la danse»? Quelles sont vos passions en-dehors du ballet?
Heureusement
que j’ai une vie en-dehors de la danse! Comme tout le monde,
j’aime bien aller au cinéma, faire du shopping, et aussi
chanter : je suis un fan de karaoké! Mais avant tout, passer de
bons moments avec mes amis et ma famille.
Medhi Angot - Propos recueillis et retranscrits par Romain Feist
Le
contenu des articles publiés sur www.dansomanie.net et
www.forum-dansomanie.net est la propriété exclusive de
Dansomanie et de ses rédacteurs respectifs.Toute reproduction
intégrale ou partielle non autrorisée par Dansomanie
ou ne relevant pas des exceptions prévues par la loi (droit de
citation
notamment dans le cadre de revues de presse, copie à usage
privé), par
quelque procédé que ce soit, constituerait une
contrefaçon sanctionnée
par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la
propriété
intellectuelle.
Entretien
réalisé par téléphone le 22 octobre 2013 - Medhi Angot © 2013,
Dansomanie
|
|