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entretiens
En visite à Eléphant Paname, avec Fanny Fiat

04 septembre 2012 : Fanny Fiat présente son nouveau centre artistique à Paris


Le 14 septembre prochain s'ouvrira, dans le quartier de la Madeleine, à Paris, Eléphant Paname, lieu que l'on pourrait qualifier de "centre artistique pluri-disciplinaire". Il sera consacré en grande partie à la danse et aux arts plastiques ; un restaurant viendra compléter l'ensemble d'ici à quelque temps. A l'origine de cette aventure ambitieuse, Fanny et Laurent Fiat. Laurent est artiste peintre, et sa soeur, Fanny, ancienne danseuse du ballet de l'Opéra de Paris. Fanny Fiat a quitté la compagnie nationale en 2009, et va à présent mener de front une carrière de chef d'entreprise et d'artiste chorégraphique, puisqu'elle continuera de se produire sur scène en qualité de soliste dans la troupe de Julien Lestel, à Marseille. Fanny Fiat a bien voulu répondre à nos questions, tout en nous guidant à travers le chantier d'Eléphant Paname, où les ouvriers s'affairent aux ultimes finitions, pour que tout soit prêt pour l'inauguration, désormais très proche.






I. Réminiscences de l'Opéra de Paris


Qu’est-ce qui vous a conduit à quitter prématurément l’Opéra de Paris?


Pas mal de choses. Je suis déjà assez curieuse de nature et j’avais envie de voir ce qui se faisait à l’extérieur de l’Opéra. J’avais trente ans et l’impression de stagner. J’étais sujet, je dansais énormément de choses, donc ce n’est pas du tout le fait de ne pas danser suffisamment qui m’a poussée à partir. J’avais une envie de liberté, et du coup, j’ai pris un an de congés sans solde. Je me suis alors aperçue qu'il n’y avait pas beaucoup de studios de danse à Paris. L’idée est venue assez vite d’essayer de faire quelque chose pour la danse à Paris.

fanny fiat


Quand vous avez quitté l’Opéra de Paris, vous aviez quand même une idée en tête?

C’était déjà dans un coin de ma tête. Ce n’était pas encore tout à fait concret, mais il y avait déjà un projet de salle de danse, un projet en tout cas de faire quelque chose pour la danse. En partant, je me suis davantage penchée sur la chose et ça s’est concrétisé rapidement.


Votre idée, ce n’était pas par exemple d’aller danser dans une autre compagnie?

J’avais envie de continuer à danser, mais j’avais aussi besoin de faire un break, pour savoir où j’en étais, pour savoir ce dont j’avais vraiment envie. Tout s’est fait un peu en même temps, les rencontres, le projet, redanser ailleurs...

éléphant paname


Votre décision de quitter l’Opéra, vous y pensiez depuis longtemps ou cela s’est fait sur un coup de tête?


Ah non, je n’ai pas du tout pris ma décision sur un coup de tête, ce n’est pas du tout dans mon tempérament! Je suis quelqu’un d’assez réfléchi, je n’ai pas décidé de m’en aller du jour au lendemain! C’était quelque chose qui était déjà à l’état latent, car j’avais l’impression d’avoir dit tout ce que j’avais à dire à l’Opéra et j’avais besoin de dire autre chose ailleurs.


Comment avez-vous vécu les premiers mois qui ont suivi votre départ de l’Opéra de Paris? Avez-vous eu le sentiment d’abandonner quelque chose?

Non, on n’a pas du tout l’impression d’avoir abandonné quelque chose, on a l’impression d’avoir changé de vie, ce qui n’est pas du tout pareil. Je n’ai d'ailleurs pas abandonné quelque chose. Tout ce que j’ai appris à l’Opéra, je n’aurais pas pu l’apprendre ailleurs. C’est une maison magnifique, ça restera ma maison, les rôles que j’ai dansés, ce sont des choses extraordinaires, et je ne renie absolument rien de ce que j’ai vécu. J’avais juste un besoin de liberté je pense, qui est très difficile à satisfaire dans une maison comme l’Opéra, qui est quand même une grosse machine. Après, ça dépend des caractères, mais je n’ai pas eu l’impression «d’abandonner» l’Opéra.

éléphant paname



Il n’y a pas des gens qui vous ont supplié de revenir?

…Non!


Lorsque vous êtes partie de l’Opéra, aviez-vous l’intention de mettre un terme définitif à votre carrière de danseuse? Avez-vous par exemple songé à devenir professeur?

Enseigner, non. J’ai fait une petite pause en ce qui concerne la danse, je pense que c’est indispensable de savoir où l'on en est avec le corps et la tête, mais je n’ai jamais eu l’idée d’abandonner la scène. La scène, c’est une drogue, il y a un moment où il faut être en scène. C’est notre métier, notre passion. Je me suis dit que je pourrais mener la danse et le projet en parallèle, que ce serait très bien, et c'est aussi à ce moment-là que j’ai retrouvé Gilles [Porte] et Julien [Lestel]. Je pense que c’était le bon moment.

éléphant paname


Vous aviez songé à une compagnie de danse en particulier?


Non non, je quittais une grosse compagnie, je ne pouvais pas me remettre dans une grosse compagnie hiérarchisée, ça, c’était évident.


Qu’est ce qui vous a conduit chez Julien Lestel, qui compte, outre lui-même, plusieurs anciens danseurs de l’Opéra de Paris dans sa troupe?

[sourires] Ben justement, il y avait une belle histoire d’amitié qui nous réunissait. C'était un peu des retrouvailles. J’avais vu ce qu’il faisait et son style de danse me plaisait énormément, ce néoclassicisme que j’adore, où tout est dans l’émotion. Moi, c’est vraiment ce que j’avais envie d’exprimer. On s’est retrouvés à Marseille. Il avait le projet d’une nouvelle création et il m’a demandé si je voulais y participer. J’ai dit oui, et maintenant il y a beaucoup de nouveaux projets qui arrivent et on va continuer à travailler ensemble. En plus d’une belle aventure de danse, c’est aussi une belle aventure d’amitié. Dans la compagnie, on est quand même quatre anciens danseurs de l’Opéra de Paris, Julien, Gilles, Nicolas Noël et moi. C’est assez sympa.


Vous aviez des liens particuliers avec Marseille, ou c’est le hasard qui vous a amenée là- bas?

Mon père est Marseillais, et une partie de ma famille est originaire du Midi. Donc oui, mon frère et moi, on a toujours eu un coup de cœur pour le Sud. On y est un peu chez nous.


éléphant paname


Et lorsqu'Eléphant Paname sera ouvert, Julien Lestel et sa compagnie viendront-ils travailler à Paris?

Oui, bien sûr, et moi j’irai aussi à Marseille, d’autant que nous avons quelques beaux projets de créations dans les cartons.


Avez-vous totalement coupé les ponts avec l’Opéra de Paris après votre départ?

Ça dépend de ce que vous entendez par «couper les ponts». J’ai gardé des contacts, et ma meilleure amie travaille toujours à l’Opéra. Je n’ai pas complètement coupé les ponts avec l’Opéra, donc.


Pour un danseur, être un ancien de l’Opéra de Paris, c’est un atout ou un frein pour faire carrière ailleurs ? N’est-on pas trop tributaire d’une «étiquette»?

C’est un atout évidemment. C’est le rêve de tout danseur professionnel que d’être engagé à l’Opéra de Paris. Cela nous donne une formation et une carte de visite exceptionnelles. Pour moi en tout cas, ça a été un atout, sans aucun doute.

éléphant paname


En quittant l’Opéra de Paris, avez-vous laissé derrière vous quelques regrets, des rôles que vous auriez aimé danser et dans lesquels vous n’avez pas eu l’occasion de vous produire?

Oui, bien sûr. C’est normal, je pense que tous les danseurs ont deux ou trois rôles qu’ils auraient voulu faire et qu’il n’ont pas faits. D’abord, il y a Kitri, que j’aurais aimé danser en entier – pas seulement un remplacement au pied levé dans le troisième acte de Don Quichotte. Je sais ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire, je connais mes limites, mais Kitri, ça je suis sûre que c'était dans mes cordes. Il y a aussi Myrtha, dans Giselle, que j’aurais adoré danser.




éléphant paname



II. Eléphant Paname


Qu’est-ce qui a été à l’origine d’Eléphant Paname? Et pourquoi ce nom étrange?

L’origine du nom ? Mon frère, qui a monté ce projet avec moi, pourrait mieux vous répondre… [arrivée de Laurent Fiat]. C’est parce que le lieu où nous nous sommes installés date de l’époque de Napoléon III. Il y a eu, à ce moment-là, de nombreux projets architecturaux un peu fantasmagoriques qui s’appuyaient sur le thème de l’«éléphant». Il y a eu par exemple l’Eléphant de la Bastille [en fait, une idée née sous le règne de Napoléon Ier, ndlr], c’était un animal emblématique du Second Empire. On a aussi trouvé le nom amusant, un peu décalé. Ensuite il y a «Paname», qui désigne Paris, car les colons de retour à Paris avaient mis à la mode le Panama, le fameux chapeau de paille, qui était devenu si populaire dans la capitale que son nom s’est identifié à elle [le «Panama» a en fait été promu par les ouvriers équatoriens employés au creusement du canal éponyme, et son usage s’est massivement répandu à Paris au tout début du XXème siècle, ndlr]. Et nous avons repris l’éléphant pour le logo de notre établissement, ainsi que pour l’affiche de notre première exposition [un éléphant en tutu, ndlr].

éléphant paname


Pourquoi vous êtes-vous lancée dans un pareil projet plutôt que dans une voie plus «naturelle», moins risquée pour une ancienne danseuse, comme l’enseignement par exemple?

Parce qu’il faut être un peu fou dans la vie, il faut un peu de folie si l'on veut faire des choses extraordinaires… En fait, à l’origine, il y avait deux projets séparés, le mien, qui était de monter un studio de danse, et celui de mon frère [artiste peintre, ndlr.]. Il voulait ouvrir une galerie, mais pas une galerie d’art ordinaire, quelque chose de plus original et de plus convivial, qui pouvait inclure un café par exemple. Un jour, il est venu me voir et m’a demandé s’il ne serait pas envisageable de faire la chose ensemble, les arts plastiques et la danse étant tout à fait complémentaires. Ça a un peu changé la donne, car cela demandait tout de suite des locaux beaucoup plus spacieux. Déjà, pour des studios de danse, il faut de la place, on ne peut pas se contenter de quelque chose de minuscule, alors avec la galerie d’art en plus, l’opération est devenue beaucoup plus ambitieuse. On est partis à la recherche d’un lieu pour accueillir ce projet, on a visité divers bâtiments qui nous plaisaient plus ou moins, et quand nous sommes tombés sur cet hôtel particulier, ça a été le coup de cœur immédiat. On s’est projetés tout de suite dans l’endroit. C’est effectivement quelque chose d’ambitieux, quelque chose d’un peu fou, mais ça fait du bien.

éléphant paname


Et le concept du projet a encore évolué avec le temps?


Oui, c’est comme un bébé, comme une grossesse. Ne serait-ce qu’à cause du lieu et de ce que nous y avons découvert [des boiseries et des peintures anciennes, ndlr], ça a demandé un travail de restauration beaucoup plus important que ce que nous avions imaginé.


Souhaitiez-vous délibérément un bâtiment à caractère historique, situé près de l’Opéra?

Non, pas du tout, c’est le hasard. Une agence immobilière nous l’a fait visiter et ça nous a plu. Nous, ce qu’on cherchait, c’était surtout une surface disponible suffisamment grande, mais on n’avait pas d’idée préconçue sur le style de bâtiment ou le quartier.

éléphant paname


Est-ce qu’en montant ce projet, vous visiez un public particulier? Avez-vous par exemple réalisé des études de marché?

Non, on voulait toucher tous les gens qui aiment l’art, qui ont besoin d’un lieu où se retrouver. On voulait une «maison», où les artistes et le public pourraient se rencontrer et se sentir chez eux . On voulait aussi que tout les arts puissent s’y mélanger. Ca nous permet aussi de nous différencier par rapport à des structures existantes, comme le Centre du Marais, qui sont dédiées exclusivement à la danse. Une partie conséquente de notre activité sera la programmation d’expositions, très variées : photo, peinture, sculpture, etc.. Le calendrier est déjà à peu près fixé jusqu’en 2014. Côté danse, il y aura des cours à l’année, mais les studios pourront aussi être loués à l’heure ou à la journée. Des spectacles sont prévus, notamment avec la compagnie Europa Danse. Il y aura des concerts. Les lieux pourront aussi être «privatisés» [i.e. loués en bloc, ndlr.] pour des événements particuliers. Il y aura enfin le restaurant, dont nous espérons qu’il sera un peu la «plaque tournante» d’Eléphant Paname, et qu'il permettra aux artistes et aux spectateurs de faire connaissance.


Justement, pour ce qui est des expositions, c’est vous-même qui avez établi la programmation? Y aura-t-il toujours un lien avec la danse?

Non, pas du tout. Les expositions, ce sera d’ailleurs plutôt le domaine réservé de mon frère, sauf si elles ont un rapport direct avec la danse, comme celle consacrée à Noëlla Pontois, début 2013.

noëlla pontois


Le choix de Noëlla Pontois revêt-il une signification particulière pour vous?

Elle a été mon maître, mon professeur à l’Opéra, c’est quelqu’un qui a eu une carrière extraordinaire, et je trouve qu’on ne parle pas assez d'elle. On pourra voir des photos, des films, des costumes, des affiches, des lettres, des coiffes, des costumes et divers objets personnels qui n’ont jamais été montrés jusqu’à présent. De plus, l’exposition fera l’objet d’un véritable travail de «mise en scène», nous ne nous contenterons pas d’accrocher des images sur un mur.


Pour cela, allez-vous travailler en collaboration avec des scénographes?

Oui, nous allons nous entourer de professionnels. On ne peut pas tout faire tout seul.


A ce propos, comment avez-vous fait lorsque vous vous êtes retrouvée face à des tâches d’ordre technique, administratif, commercial, auxquelles on n’est pas forcément préparée quand on est danseuse?

On s’entoure de gens efficaces! Chacun d’entre nous a un domaine de compétences précis, et nous avons constitué une sorte de petite famille au sein d’Eléphant Paname. Moi et mon frère réalisons une bonne partie du travail, mais il a fallu engager du personnel. Il n’est pas possible de gérer une structure de cette taille à deux.

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Et comment avez vous réuni les financements nécessaires à une entreprise d’une telle ampleur?

On a commencé par faire le tour des gens de la famille susceptibles d’investir dans l’affaire, et nous avons aussi sollicité des banques. Aussi curieux que cela puisse paraître en cette période de crise, les banquiers nous ont suivis, ils ont cru au projet et l’ont appuyé. D’ailleurs, avant que nous en fassions l’acquisition, ce bâtiment abritait… une banque ! Et au XIXème siècle, il avait appartenu au Prince Soltykoff, qui détenait une prestigieuse collection d’art médiéval [la collection de Pierre Soltykoff fut vendue aux enchères à l’hôtel Drouot en 1861 et acquise, pour l’essentiel, par le marchand britannique John Webb, pour le compte du Victoria & Albert Museum – il portait à ce moment le nom de South Kensington Museum  -, à Londres, où elle se trouve toujours à l’heure actuelle, ndlr.]. Maintenant, l’art revient en ce lieu, ce qui est assez inhabituel : d’ordinaire, ce sont plutôt les banques qui prennent la place des lieux consacrés à l’art, et pas l’inverse!

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Le plafond de l'ancienne salle des guichets de la banque, voûte autoportante en briques de verre


Quand on est une danseuse, comment assume-t-on les risques inhérents à une création d’entreprise, est-ce que l’on dort tranquille chaque nuit?

C’est comme quand je monte en scène, je ressens de l’angoisse, et je ne dors pas de la nuit, mais c’est du bon stress, c’est ce qui me motive, j’aime prendre des risques. J’ai pris un risque en quittant l’Opéra de Paris, j’ai pris un autre risque en montant cette affaire avec mon frère, mais c’est cela qui nous plait.


Et le concept du restaurant, qui sera intégré au projet? S’agit-il de promouvoir une gastronomie adaptée aux besoins nutritifs des danseurs, ou de manière plus générale aux sportifs?

Absolument pas! De toute façon, les danseurs mangent de tout, comme n’importe qui, pourvu que ce soit bon et équilibré. Et d’ailleurs moi, je suis gourmande! Pour nous, le restaurant était indispensable, pour que les gens puissent se donner rendez-vous, rester dans le lieu après les spectacles ou les expositions, pour en discuter, pour y croiser les artistes – danseurs ou non -, pour y boire du bon vin. Question prix, nous entendons nous positionner dans le «haut de gamme accessible», mais je ne peux encore vous donner de fourchette tarifaire, cela reste pour le moment confidentiel – secret des affaires! Mais vous pourrez faire un vrai repas gastronomique en déboursant une somme raisonnable.

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Tout cela vous laisse-t-il encore un peu de temps pour vous consacrer à des activités purement artistiques?

Oui, absolument.


Et les cours de danse? Seront-ils ouverts au grand public? Quelles seront les disciplines enseignées?


Oui, les cours seront ouverts à tout public. Il y aura du classique, du jazz, contemporain, du hip-hop, du tango…

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Les barres volantes, d'un modèle spécialement conçu par Fanny Fiat, qui peuvent s'adapter aux enfants et aux adultes, et qui permettent d'éviter une fixation au mur dommageable à la partie historique du bâtiment.


Y aura-t-il des systèmes d’abonnements? Quels seront les prix des cours?

Cela ne dépend pas de moi. Les conditions tarifaires seront librement fixées par les professeurs, qui loueront les studios. De ce point de vue, notre fonctionnement sera identique à celui du Centre du Marais. Mais je n’enseignerai pas moi-même. Cela ne me tente pas du tout, je ne me sens pas faite pour ça.



Fanny Fiat - Propos recueillis par Romain Feist


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Fanny et Laurent Fiat



Entretien réalisé le 27 août 2012 - Fanny Fiat © 2012, Dansomanie


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