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Rebecca King, danseuse au Miami City Ballet
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04 juillet 2011 : Rebecca King, danseuse-blogueuse au Miami City Ballet
Rebecca
King est danseuse au Miami City Ballet depuis 2008. En marge de ses
activités chorégraphiques, elle s'investit beaucoup, à
l'image de la compagnie dont elle est membre, dans les réseaux
sociaux. Dans l'interview qui suit, elle nous en dit un peu plus sur le Miami City Ballet et sur
la tournée parisienne programmée en ce début
d'été 2011.

En quelques mots, pouvez-vous nous dire comment vous êtes devenue membre du Miami City Ballet?
Je suis née et j'ai grandi dans la région de l’East
Bay, au nord de la Californie, tout près de San Francisco.
Lorsque j'étais enfant, la danse était ma principale
activité extra-scolaire. J'avais une passion pour l'art, et cette
passion ne s'est jamais tarie. J'ai été formée au Contra Costa Ballet,
à Walnut Creek, en Californie. Mes professeurs y ont
été Richard Cammack, ex-directeur de l'Ecole du San
Francisco Ballet, et Zola Dishong, ancienne danseuse de l'American
Ballet Theatre et du San Francisco Ballet. Ma dernière
année de lycée, je l'ai passée à la Rock
School de Philadelphie, avant de rejoindre, en 2006, Miami et
l'école du Miami City Ballet. J'ai été ensuite
engagée au Miami City Ballet en tant que stagiaire durant la
saison 2007-2008, et j'ai été titularisée en tant
que danseuse du corps de ballet en 2008.
Pour
la plupart d'entre nous, Miami évoque davantage les plages et
les cocotiers que la danse classique. Le ballet est il
apprécié du public à Miami? Et
comment un artiste chorégraphique évolue-t-il dans un tel
environnement?
Miami a vraiment une réputation très particulière
: les plages, les bikinis, un climat tropical, et une activité
nocturne intense. Mais les autochtones savent bien qu'il y a aussi une
vie culturelle dans le Sud de la Floride. Bien que les arts n'aient pas
une importance aussi grande ici que dans une ville comme New York, nous
sommes très impliqués auprès de la population
locale. Ces dernières années, la compagnie a
déployé d’importants efforts pour toucher un public
plus jeune. Elle a notamment recruté de nouveaux danseurs
professionnels, eux aussi très jeunes, dans l’espoir de
faire des spectacles de ballet un but de sortie très
«tendance» en fin de semaine.
Que représente précisément le Miami City Ballet
dans le paysage américain de la danse classique, par exemple par
rapport à l'American Ballet Theatre, le New York City Ballet ou
le San Francicso Ballet?
Le
Miami City Ballet est essentiellement une compagnie balanchinienne. La
plupart des membres de la troupe ont reçu une formation à
la technique Balanchine et ont une véritable passion pour
les chorégraphies de Balanchine.
Quel rôle joue Edward Villela dans la transmission du répertoire balanchinien?
Je dirais que nous avons
un
style de danse très particulier, défini par notre
directeur, Edward Villela. M. Villela donne le cours aux danseurs de la
compagnie tous les matins et il instille des concepts très
spécifiques dans notre manière de danser. La chose la
plus importante, c'est le «timing», la précision
musicale. Les chorégraphies de Balanchine sont
réputées pour leur très grande
musicalité, et M. Villela insiste pour que nous soyons
fidèles à la vision du chorégraphe. Il encourage
la rapidité de mouvement il veut aussi que chaque
mouvement soit défini de manière aiguisée et
précise. Par ailleurs, notre compagnie aime à danser
«grand». En chorégraphiant d'amples mouvements
permettant aux interprètes d'occuper tout l'espace de la
scène,
Balanchine avait compris que leur danse conserverait pour la
postérité des caractéristiques très
particulières.
A
votre avis, qu'est-ce que le Miami City Ballet apporte de
différent dans la manière de danser Balanchine et Robbins?
Pour moi, la qualité la plus importante que le Miami City Ballet
apporte à ces ballets célèbres dans le monde
entier, c'est la personnalité des danseurs. Nous avons une
douzaine de solistes de poids dans cette compagnie, et ça
ressort toujours lors du spectacle sur scène. Il y a une force
particulière qui traverse la scène durant les
représentations, et c'est extrêmement contagieux. Je suis
sûre que cette énergie, ce caractère propre
à la compagnie, seront plus perceptibles que jamais à
Paris.
Il semble
qu'il y ait un certain nombre de danseurs cubains dans la compagnie, ou
tout au moins d'origine latino-américaine, est-ce que cela
influence le style de la compagnie?
En effet, nous avons beaucoup de danseurs originaires d'Amérique
latine dans la compagnie. J'ai le sentiment qu'ils apportent quelque
chose de très particulier dans la compagnie. Ils ont vraiment un
style différent de celui des danseurs formés à
Balanchine, mais ils apprennent très vite et s'adaptent bien
à la technique de Miami. La réunion de ces
différents types de danseurs, c'est aussi ce qui contribue
à rendre la compagnie si particulière.
Est-ce
la première fois que vous et/ou votre compagnie venez en France
ou plus généralement en Europe? Comment se
prépare-t-on pour une telle tournée?
En ce qui me concerne, ce sera ma première tournée
à l'étranger avec la compagnie. La dernière fois
que la troupe est venue en Europe, c'était en 2000, pour une
tournée en Italie. Le nombre de spectacles que nous allons
donner à Paris est du jamais vu pour nous : trois semaines,
dix-sept représentations, quatorze œuvres
différentes. Les ballets que nous allons donner au
Châtelet sont soit des ouvrages pour
l’interprétation desquels nous sommes spécialement
réputés, soit des piliers de notre répertoire.
C’était assurément un gros défi que de
réunir toutes ces pièces, mais ça en valait
vraiment la peine. Cela aura été l'occasion de travailler
plus d'une douzaine de merveilleux ballets en même temps, alors
que d’ordinaire nous ne répétons pas plus de trois
ballets simultanément lorsque nous préparons les
saisons à Miami. Ce sera une expérience formidable pour
nous.
Square dance (chor. George Balanchine)
Qu'attendez-vous plus particulièrement de cette tournée?
J'en attends beaucoup de choses. Je suis avide de participer à
cet événement capital dans l'histoire de notre compagnie.
Je n'arrive pas à imaginer un meilleur groupe de personnes avec
lequel partager une telle expérience. Je ne connais pas du tout
Paris, et je suis aussi très impatiente de visiter la ville.
Comme nous restons un certain temps, nous allons vraiment pouvoir nous
sentir parisiens.
Le
répertoire de cette tournée est exclusivement tourné vers les
chorégraphes américains. Quel est votre ballet préféré et quel est
celui que vous recommanderiez à un néophyte?
Parmi
les quatorze ballets que nous amenons à Paris, j'ai en effet quelques
favoris. Le ballet que je préfère, de ceux dans lesquels je danse,
c'est Ballet Impérial de
George Balanchine. J'en aime tout simplement la chorégraphie. J'aime
aussi le fait qu'il y ait beaucoup à danser pour le corps de ballet.
J'ai pu danser ce ballet il y a quelques années avec la compagnie,
et j'ai l'impression que je ne m'en lasserai jamais. Néanmoins, je dois
dire que mon Balanchine préféré, c'est quand même Symphonie en Trois Mouvements. Stravinsky en a écrit la musique et Balanchine a conçu l'assemblage de
pas le plus parfait qui soit pour accompagner les notes. Ce ballet
tient incontestablement une place à part dans mon cœur. A ne pas
manquer non plus, Square Dance. La distribution y est remarquable. En
fait, cet ouvrage a été filmé pour la télévision américaine à la
demande de la Fondation Balanchine. Et si vous cherchez quelque chose
de plus contemporain, il ne faut rater sous aucun prétexte In The Upper Room,
de Twyla Tharp. J'ai vu ce ballet un nombre de fois incalculable, et
j’en ai toujours des frissons. Il est exubérant, il déborde d’énergie,
bref, il est exceptionnellement excitant.
Symphonie en trois mouvements (chor. George Balanchine)
Quels sont les danseurs et les chorégraphes que vous admirez particulièrement?
Il y a tellement de danseurs que j'admire dans cette compagnie. Ils
travaillent tous très dur, avec un dévouement formidable.
Nous avons des gens remarquables, qui vont, j'en suis sûre,
enthousiasmer le public parisien. Mais je n’ai pas de
préférence pour un danseur en particulier. Ceux que
j’apprécie le plus, ce sont, comme dit, ceux de ma
compagnie. Et comme je les connais personnellement, je peux
apprécier leurs qualités d’autant mieux. Le
chorégraphe que j'admire le plus, bien sûr, c'est
Balanchine. Plus ses œuvres me sont familières, plus je
suis sidérée par son génie. Je me dis souvent que
le public ne doit pas être capable d’en prendre toute la
mesure
s’il ne connaît pas ses ballets d’une manière
aussi intime que nous. Ses chorégraphies paraissent si
naturelles qu'on ne pourrait imaginer d'autres pas sur la même
partition.
Pourquoi vous investissez-vous autant dans les réseaux sociaux?
Mon investissement dans les réseaux sociaux est quelque chose de
récent. Il y a environ un an, j'ai lancé mon blog, Tendus Under A Palm Tree.
Je trouve en fait que les réseaux sociaux sont le meilleur moyen
pour m'exprimer. Plus ça va, plus je suis épatée
par les possibilités qu'ils offrent : entrer en contact avec des
amateurs de ballet, des élèves d'écoles de danse,
des professionnels de la danse, ainsi que d'autres blogueurs.
Très récemment, j'ai vraiment apprécié de
pouvoir entrer en contact avec des gens à Paris qui attendent
avec impatience la tournée de notre compagnie. Je suis tout
excitée de pouvoir utiliser Twitter pour tenir les fans
américains au courant des tribulations du Miami City Ballet lors
de cette tournée.
Qu'allez-vous faire durant votre temps libre à Paris?
Une grande partie de mon temps libre à Paris sera
consacrée à blogger. J'écrirai sur mon blog, mais
aussi pour un blog culturel de Miami à qui je dois envoyer des
compte-rendus (http://www.artburstmiami.com/). Je mettrai aussi
en boîte des vidéos pour le vidéoblog de Pointe
Magazine (http://www.pointemagazine.com/). Pour ce qui est des visites,
je n'ai pas encore de plan défini. Je vais prendre les choses au
jour le jour et vivre en Parisienne. Beaucoup de danseurs connaissent
déjà Paris et les lieux à voir. J'espère
simplement profiter le maximum de la Ville des Lumières durant
ces trois semaines.
Rebecca King - Propos recueillis par B. Jarrasse
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Entretien
réalisé le 4 juillet 2011 - Rebecca King © 2011,
Dansomanie
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