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Académie Princesse Grace, Monaco : «Pas d'adieux / Danses hongroises»
23 juin
2018 : Gala de fin d'études de l'Académie Princesse Grace de Monaco

En ce samedi 23 juin, l’Académie Princesse Grace
présente, dans la salle Garnier de l'Opéra de Monte-Carlo, son
traditionnel gala de fin d’année. En un peu plus d'une heure de danse,
les élèves offrent au public monégasque un spectacle qui va droit au
but, sans manières ni bavardages superfétatoires. Composé de deux
parties, enchaînées sans pause, il donne à voir et à admirer la force
des individualités qui composent l'école, mais aussi l'excellence de son
collectif.
Le premier volet, intitulé «Pas d'adieux», est dédié aux diplômés 2018
et, en filigrane, à Marius Petipa, dont on fête cette année le
bicentenaire de la naissance. Une chorégraphie de Bournonville est venue
se glisser dans le programme des variations, mais qu'importe, c'est
l'intention qui compte. Rompant, pour la circonstance, avec l'éclectisme
stylistique qui préside d'ordinaire aux galas de l'Académie, chaque
élève se produit dans une variation du répertoire classique, qui confère
à l'ensemble un petit côté «finale du Prix de Lausanne» (et le
vainqueur du Prix de Lausanne de cette année, Shale Wagman, on l'a
d'ailleurs sur scène...). La démonstration est un peu rapide pour se
faire une idée nuancée des talents de tous ces jeunes danseurs, mais
elle permet à tout le moins de mettre en avant leurs qualités
«d'école» prédominantes, emblématisées par le choix de la variation.
Dans cette promotion, on aura ainsi particulièrement apprécié celle qui
ouvrait le bal, en l'occurrence Yuria Isaka, une petite Japonaise au
visage radieux et à la présence flamboyante, dont la virtuosité – et la
vivacité - trouvent à s'exprimer idéalement dans la variation de Kitri.
Yuria Isaka rejoindra à la rentrée le Staatsballet de Berlin, qu'on se
le dise! De son côté, Yongseo Ko, qui a choisi la variation de l’Étoile
de Paquita, séduit par une
danse d'une grande propreté, à la fois altière et raffinée, qui rappelle
un peu le souvenir de la finaliste du Prix de Lausanne Minji Nam, qui
ne participait pas (blessure?) au spectacle de l'Académie. Mais la
palette de cette danseuse est sans aucun doute bien plus large
puisqu'elle a trouvé un engagement auprès du ballet de Norvège.
A côté
de ces Asiatiques aux exceptionnelles qualités techniques (on peut
ajouter Yuka Matsumoto, dotée d'un bon saut dans la variation de la
Demoiselle d'Honneur), l'Académie permet aussi à des danseuses moins
purement virtuoses de s'exprimer, comme on le constate avec l'Américaine
Natatia Warzabluk, qui montre une belle sensibilité dans le solo de
Nikiya, curieusement coupé de sa partie allegro – le final au panier. Ce
sont les deux élèves «stars» de la promotion – ceux que l'on
appréhende comme tels en tout cas –, les plus mûrs et/ou les plus
complets, qui sont chargés de conclure cette première partie. Il y a là
d'une part, Ivana Bueno Garces, une danseuse à la personnalité déjà bien
affirmée, qui déploie expressivité et sensualité dans la variation d'Esmeralda,
et d'autre part, Shale Wagman - que l'on ne présente plus - un danseur
aux possibilités physiques et techniques exceptionnelles. Sa prestation
dans la variation de Basilio, qu'il avait aussi dansée lors du Prix de
Lausanne, montre qu'il a gagné en rigueur et en précision depuis. Nul
doute que ce sont là deux belles recrues pour l'English National Ballet,
qui les accueillera la saison prochaine.
Le second volet du gala laisse une large place au collectif. Sur le
modèle du programme de l'an dernier, bâti autour des fameuses Études
de Carl Czerny réorchestrées par Knudage Riisager, les professeurs de
l'Académie ont concocté un acte complet de cinquante minutes, composé de
tableaux empruntant à différents styles chorégraphiques, sur les Danses Hongroises
de Johannes Brahms. Virtuosité, sensualité et fougue au parfum
exotique, tous les éléments sont là pour «inviter à la danse» et
séduire le spectateur. Parmi les chorégraphes conviés à la fête, on
retrouve une poignée de noms familiers, attachés à l'Académie ou aux
Ballets de Monte-Carlo – Eugenio Buratti, Jeroen Verbruggen, Sara
Lourenço, Michel Rahn... -, un chorégraphe «installé», figurant au
répertoire de nombreuses compagnies – Marco Goecke -, mais aussi, cette
année, le nom d'une toute jeune diplômée, YongSeo Ko, qui ouvre
d'ailleurs cette deuxième partie de fort belle manière dans une
chorégraphie «de plage» pleine d'humour, de charme et de dynamisme
(YongSeo Ko signe aussi une autre pièce, un duo, dans lequel on retrouve
sa patte légère et décalée).
A cette composition sympathique et
juvénile succèdent un pas de
caractère espagnol, signé Grigory Chicherin, maître de ballet réputé
venu du Mariinski, et une pièce pour trois couples, dans un style
néo-balanchinien, de Michel Rahn, professeur à l'Académie, également
responsable des ensembles finaux, qui nous offrent le feu d'artifice
attendu. Se voulant en phase avec le monde du ballet, l'Académie
Princesse Grace revendique, pour ses élèves, la versatilité stylistique
et, de fait, une place importante est accordée, entre les deux, au
registre contemporain. C'est là que certaines chorégraphies, par trop
répétitives, peuvent laisser davantage sur la réserve. Gestuelle
expressionniste, mouvements extrêmes et contorsions, tout cela est peut-être un reflet de la
création d'aujourd'hui, mais n'est pas toujours du meilleur effet sur
des corps adolescents, qui manquent souvent de nuances. Dans ces
différents tableaux, le duo chorégraphié par Francesco Nappa, servi par
le talent de Mackenzie Brown et Shale Wagman, n'en est pas moins
saisissant dans la manière qu'il a de dessiner des corps, mi-humains
mi-végétaux, en perpétuelle métamorphose.
Bénédicte Jarrasse © 2018, Dansomanie
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Première partie - «Pas d'adieux»
Don Quichotte, variation de Kitri
Musique: Ludwig Minkus
Chorégraphie : d'après Marius Petipas
Avec : Yuria Isaka
Don Quichotte, variation de la Demoiselle d'honneur
Musique: Ludwig Minkus
Chorégraphie : d'après Marius Petipas
Avec : Yuka Matsumoto
La Sylphide, variation de James
Musique: Herman Løvenskiold
Chorégraphie : August Bournonville
Avec : Martino Semenzato
La Bayadère, variation de Nikiya
Musique: Ludwig Minkus
Chorégraphie : d'après Marius Petipas
Avec : Natatia Warzabluk
Paquita, variation de l'Etoile
Musique: Ludwig Minkus
Chorégraphie : d'après Marius Petipas
Avec : YoungSeo Ko
Esmeralda, variation d'Esmeralda
Musique: Riccardo Drigo
Chorégraphie : d'après Marius Petipas
Avec : Ivana Bueno Garces
Don Quichotte, variation de Basilio
Musique: Ludwig Minkus
Chorégraphie : d'après Marius Petipas
Avec : Shale Wagman
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Deuxième
partie - «Danses Hongroises»
Danses hongroises
Musique : Johannes Brahms
Chorégraphie
:
YoungSeo Ko (danse n°6)
Grigory Chicherin (danse n°7)
Michel Rahn (danse n°16)
Marco Goecke (danse n°1)
Eugenio Buratti (danse n°7)
Jeroen Verbruggen (danses n°11, 14)
Francesco Nappa (danses n°20, 17, 4)
Eugenio Buratti (danse n°3)
YoungSeo Ko (danse n°9)
Sara Lourenco (danse n°5)
Eugenio Buratti (danse n°13)
Michel Rahn (danses n°19, 15, 21, 10)
Elèves de l'Académie Princesse Grace, Monaco
Musique enregistrée
Nicole Curau, violon solo
Samedi 23 juin 2018, Opéra Garnier, Monte-Carlo
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