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critiques et comptes rendus
Compagnie «Hors-série»

18 octobre 2017 : Immerstadje, de Hamid Ben Mahi, à Saint-Médard-en-Jalles


Immerstadje, chor. Hamid Ben Mahi

Créé en septembre dernier au CCN de La Rochelle, Immerstadje s'invite dans la programmation du Festival International des Arts de Bordeaux Métropole, avant d'être donné en tournée à travers la France. Les deux représentations données au Carré de Saint-Médard-en-Jalles ont d'ores et déjà permis à la compagnie «Hors-série» de retrouver son public, qui connaît bien le danseur/chorégraphe Hamid Ben Mahi en raison de son implication dans la vie culturelle bordelaise.

La pièce qu’il présente intrigue par son nom : Immerstadje. Ce mot abstrait a été créé par le chorégraphe pour nous immerger dans un monde imaginaire, une bulle onirique, où les rêves de chacun se font réalité. Immerstadje, c’est aussi l’union de deux mots : «immer» qui signifie «toujours» en allemand et «stad», «ville» en néerlandais. «Toujours la ville». C’est dans ses souvenirs de jeunesse, empreints de culture urbaine et populaire, qu’Hamid Ben Mahi est allé puiser son inspiration. On pense aux aventures collectives d’un soir d’Halloween ou encore aux Goonies se lançant dans une partie de Jumanji [jeu de société inspiré du film éponyme du réalisateur américain Joe Johnston, ndlr] . Quand les années sources de la culture hip-hop rencontrent les chimères de l’enfance, l’éventail des possibles parait s'ouvrir à l'infini.


Immerstadje
Immerstadje, chor. Hamid Ben Mahi

L’entrée en scène des protagonistes en roller quad s'apparente à un voyage nostalgique. Les cinq danseurs évoluent dans une atmosphère hypnotique. Tout est travaillé pour fausser les repères des spectateurs afin qu’ils s’abandonnent et plongent sans retenue dans ce monde fantastique. Ce tableau liminaire installe certes l’univers de la pièce, mais ne convainc pas totalement en raison d’une chorégraphie un peu rudimentaire. Bien que maîtrisant les techniques élémentaires du roller - un «crasy legs» bien rythmé en atteste -, les danseurs ne soutiennent pascependant la comparaison avec des patineurs confirmés. Les équilibres sont parfois vacillants et la glisse s’en trouve moins aisée. Mais une fois la terre ferme retrouvée, il en va tout autrement, et la fluidité devient alors le maître-mot de la danse qui s'offre au spectateur.

Immerstadje
Immerstadje, chor. Hamid Ben Mahi

Hamid Ben Mahi compose sa pièce comme une poésie du corps. Son vocabulaire chorégraphique se fonde sur la technique du hip-hop, mais avc une touche plus contemporaine. La gestuelle est parfois sinueuse, parfois sèche, mais toujours très mobile. En fait, Immerstadje résulte avant tout de la rencontre de cinq artistes. Danseurs, acteurs, chorégraphes, ils ont tous déjà un long parcours, très varié, qui leur a donné une identité propre et marquée. Chacun insuffle à l'œuvre sa singularité, ce qui n’est en rien une entrave à la complicité et à l'envie de danser ensemble.


Immerstadje
Immerstadje, chor. Hamid Ben Mahi

Métissage de styles, la pièce mixe aussi les genres et flirte parfois avec le «nouveau cirque». La rêverie se compose de tableaux semblables à des numéros pour lesquels de nombreux accessoires sont utilisés : des roller quad évidemment, mais aussi une jante de vélo, réminiscence du cerceau des jeux de l'enfance, ou encore un ballon, prétextes à des mouvements de jonglage-contact ou à des percussions corporelles. Les idées foisonnent et visent au spectacle total. Une attention particulière est portée à la lumière, à la vidéo et à la musique. Souvent répétitifs et minimalistes, ils soulignent néamoins le propos du chorégraphe. Les costumes de Philippe Guillotel - qui a bénéficié de l'expertise des ateliers de l’Opéra National de Bordeaux - contribuent aussi à créer cet irréel urbain, avec, par exemple, un pull à quatre manches se nouant autour de la taille ou des vestes amples, entre capes ethoodies.

Cette soirée, très créative, s'adresse à un public sensiblement plus large que celui des habitués de l’Opéra. Elle est aussi une invitation au partage, qui s'acheve dans une ambiance festive : à la fin du spectacle, la scène s'ouvre aux spectateurs désireux d’exprimer leur envie de danser.Avec Immerstadje, la compagnie «Hors série» démontre que la recherche et l’expérimentation chorégraphiques peuvent mener à une œuvre qui parle à tous.

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Fabien Soulié © 2017, Dansomanie




Immerstadje
Immerstadje, chor. Hamid Ben Mahi



Immerstadje
Chorégraphie : Hamid Ben Mahi
Conception et réalisation vidéo : Christophe Waksmann
Réalisation sonore et arrangements : Sébastien Lamy
Costumes et accessoires : Philippe Guillotel
Lumières : Antoine Auger

Avec : Hamid Ben Mahi, Frédéric Faula, Tony Mikimi, Elsa Morineaux, Sabine Samba



Compagnie «Hors-Série»
Musique enregistrée

Mercredi 18 octobre 2017, 19h00, Carré-Colonnes, Saint-Médard-en-Jalles


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