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critiques et comptes rendus
Ballet de l'Opéra National de Bordeaux

29 septembre 2017 : La Vie parisienne (J. Offenbach) au Grand Théâtre de Bordeaux


La Vie parisienne


Cette année, la LGV met la capitale à seulement deux heures de Bordeaux. Dans le cadre de la saison culturelle «Paysages Bordeaux 2017» et du festival «Gare à l’Opéra», l’Opéra National de Bordeaux a choisi de programmer La Vie Parisienne pour célébrer ce rapprochement. On pourrait parler de la superbe Gabrielle d’Anne-Catherine Gillet, de l’humour de la mise en scène de Vincent Huguet, ou encore vanter la direction de Marc Minkowski, mais c’est ici la place du ballet qui nous intéresse, car le chorégraphe Kader Attou a été convié à la fête pour inclure la compagnie de danse bordelaise à la scénographie. Le défi est audacieux et l’on se réjouit d’avance de voir une scène dansante et bouillonnante de vie.

Les danseurs entrent en scène dès l’ouverture. Jeans, baskets, blousons. Les costumes de Clémence Pernoud se font discrets tant ils se fondent dans notre quotidien. La danse est insouciance et pulsations. Le vocabulaire est principalement classique, mais se veut également urbain et actuel. C’est la jeunesse des terrasses que semble présenter Kader Attou, avec son dynamisme et sa variété. La musique d’Offenbach est si dansante que l’on voudrait avoir tout au long du spectacle cette présence du ballet, mais la scène est rendue aux chanteurs jusqu’à l’entracte. C’est seulement à ce moment-là que les danseurs reviennent et invitent le public à sortir pour les retrouver à l’extérieur.

La Vie parisienne

Le parvis de la Place de la Comédie se transforme alors en scène de spectacle pour six minutes de danse hybride, sur un enregistrement mixant du dubstep, des leitmotivs de La Vie Parisienne et les bruits de la ville. La chorégraphie est syncopée. Elle emprunte au locking et prend de timides airs hip-hop, tout en se reposant sur un néoclassicisme bien mieux maîtrisé par la compagnie. Cette incursion du spectacle dans la ville veut connecter les Bordelais à la «vie parisienne». Qu'apporte-t-elle cependant au spectacle? D’autres initiatives hors les murs se sont avérées plus pertinentes pour ouvrir les portes de l’opéra. Cette intervention se fait sans transition et est déconnectée de la trame narrative. Plus que surprenante, elle est confuse. Une illustration de la vie parisienne contemporaine? On peine à y croire. Elle manifeste finalement une volonté de liaison qui manque manifestement de... liant.

La Vie parisienne
La Vie parisienne

La danse s’éclipse ensuite et ne revient que pour le final. Celui-ci se déroule dans un cadre offrant une ingénieuse reproduction des toits du Palais Garnier, que l’on doit au remarquable travail de la décoratrice Aurélie Maestre. Toujours en baskets, mais cette fois vêtus de tutus de willis, les danseurs imitent des mouvements de
Giselle. Offenbach voulait faire une satire de la société, on croirait là à une satire du ballet. La chorégraphie est un pur divertissement et la voltige de Diane Le Floch vient répondre à la traditionnelle effervescence du public lors du final d’une opérette. Malgré tout, les danseurs ne déméritent pas et assurent leur rôle en présentant un ensemble décent. Mais pourquoi choisir un grand nom de la chorégraphie française pour un travail aussi en retrait de l’œuvre?

Le spectacle lyrique, sa mise en scène, sont assurément une réussite. On ne peut pas en dire autant de l’intégration de la danse dans la scénographie. Les contraintes techniques sont assurément fortes et lorsque le plateau est rempli de chanteurs, acteurs et choristes, il est difficile pour les danseurs de trouver leur place. Néanmoins, il n'est nul besoin de grands ensembles chorégraphiés. La danse a suffisamment à apporter en termes d’expression et de narration qu’il est dommage de l’utiliser uniquement en faire-valoir de la scène lyrique. Cette soirée a de quoi ravir les lyricomanes, mais laisse à l'amateur de danse un goût amer, celui des siècles passés où le rôle du ballet se limitait à l’animation des intermèdes.



Fabien Soulié © 2017, Dansomanie




La Vie parisienne
La Vie parisienne



La Vie parisienne
Musique :
Jacques Offenbach
Mise en scène : Vincent Huguet
Chorégraphie : Kader Attou
Décors : Aurélie Maestre
Costumes : Clémence Pernoud
Lumières : Bertrand Couderc


Gabrielle – Anne-Catherine Gillet
Frick / Prosper – Jean-Paul Fouchecourt
Le Baron – Marc Barrard
Métella
 – Marie-Adeline Henry
Raoul de Gardefeu – Philippe Talbot
Bobinet  – Enguerrand de Hys
Le Brésilien – Rodolphe Briand
La Baronne  – Aude Extrémo
Pauline  – Harmonie Deschamps
Urbain / Joseph / Alphonse  – Aubert Fenoy
Léonie  – Marie-Thérèse Keller
Louise  – Adriana Bignani-Lesca
Clara – Rira Kim
Gontran – Luc Default

Ballet de l'Opéra National de Bordeaux
Chœur de l'Opéra National de Bordeaux, dir. Salvatore Caputo
Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine, dir. Marc Minkowski

vendredi 29 septembre 2017, 20h00,  Grand Théâtre de Bordeaux


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