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critiques et comptes rendus
XVII Festival International de Ballet du Mariinsky

08 avril 2017 : Joyaux (G. Balanchine) au  Mariinsky


Rubis


Tout comme le Bolchoï, le Mariinsky possède Joyaux à son répertoire - depuis 1999 déjà. Cette chorégraphie célèbre, dont la troisième partie constitue, aux dires de son auteur, un hommage à l'école impériale russe (future école Vaganova), dont Mr. B était lui-même issu.

Repris dans le cadre du XVIIème Festival du Mariinsky, Joyaux valait, en ce 8 avril 2017, surtout par l'exceptionnelle prestation de Sofia Ivanova-Skoblikova. Si nous avions déjà eu l'occasion de souligner les mérites de cette magnifique artiste dans les rôles secondaires de Paquita, la veille au soir, c'est elle qui occupait le devant de la scène dans Rubis. Une vraie bombe, pacifique heureusement celle là. Vive, pleine de tempérament, elle s'est donnée toute entière, avec autant d'énergie que d'humour. Déhanchés aguicheurs, œillades langoureuses - sans jamais outrepasser les limites du bon goût - et surtout, technique impeccable, jamais prise en défaut. Du très très beau travail. Et ce qui ne gâtait rien, la jeune star du Mariinsky était fort bien entourée par Alexandre Serguéïev - dont on avait pu, il y a quelques jours, admirer la virtuosité en Mercutio - et de Ekaterina Ivannikova, dans le rôle de la «grande» - elle l'est, tant par la taille que par le talent. Bref, un trio qui a littéralement «cassé la baraque», alliant le «peps» américain à l'élégance russe.

La soirée avait d'ailleurs plutôt bien commencée, avec, en guise de mise en bouche, Émeraudes, où brilla surtout la paire Anastasia Lukina / Fuad Mamedov. Dans le second couple, Anastasia Kolegova a confirmé la bonne impression qu'elle nous avait laissé dans Paquita, mais Roman Belyakov son partenaire, sans être mauvais, loin s'en faut, n'avait pas la même assurance que M. Mamedov. Dans le Pas de trois, on retrouvait avec plaisir Laura Fernandez, une jeune Suissesse formée à l'école Vaganova, et dont nous avions fait la connaissance au Prix de Lausanne. Sa comparse, Valeria Martynyuk, une danseuse chevronnée du Mariinsky, possède une très belle technique, notamment des jambes, mais son tempérament extraverti la destinait peut-être davantage à Rubis, tandis que le style un peu plus retenu, légèrement compassé, de Laura Fernandez convenait davantage à l'allégorie de l'école française qu'est Émeraudes. Les deux jeunes femmes étaient bien accompagnés par Evegueny Konovalov, partenaire discret et attentionné.

Après leurs prestations discutables dans Paquita, on appréhendait un peu l'apparition de Ekaterina Chebykina et de Xander Parish dans Diamants, pièce de virtuosité pure s'il en est. Ironiquement, la troisième partie de Joyaux, qui comme nous l'indiquions plus haut, est un hommage à l'école impériale russe de ballet, a été confié à un couple de danseurs dont aucun des deux n'est issu (E. Chebykina vient de Kiev, et Xander Parish de la Royal Ballet School de Londres). Les choses ne se sont heureusement pas aussi mal passées qu'on pouvait le craindre, et Xander Parish s'est sorti avec un certain panache des 
«tours de force» attendus du public, notamment les fameux tours à la seconde dans le scherzo, exécutés avec une grande propreté et dans un axe parfait, ainsi que le manège de grand jetés, très fougueux.

Le couple manque toutefois d'alchimie et de ce brio qu'on attend chez Balanchine. Xander Parish donne toujours l'impression d'être trop appliqué, trop soucieux de bien faire - à ce niveau, la technique ne devrait plus être source d'angoisse apparente - et, surtout, semble presque intimidé par sa partenaire.

En tout état de cause, le vrai héros de Diamants fut l'excellent corps de ballet du Mariinsky, à qui le chorégraphe a confié l'essentiel du travail.

En ce qui concerne l'orchestre, le meilleur moment fut Émeraudes. La musique de Fauré, qui ne demande qu'à sombrer dans le mièvre et le sirupeux, a été interprétée avec délicatesse et bon goût par Gavriel Heine. Le Capriccio pour piano et orchestre de Stravinsky (Rubis était lui un peu brouillon et velléitaire, tandis que la Troisième symphonie de Tchaïkovsky - amputée de son premier mouvement - était satisfaisante, mais manquait un peu de brio. L'Andante elegiaco était pris dans un tempo très lent, ce qui ne facilitait pas la tâche à Ekaterina Chebykina et Xander Parish, mais peut-être sont-ils eux-mêmes responsables de ce choix, le chef d'orchestre ne faisant que se plier aux demandes des danseurs.



Romain Feist © 2017, Dansomanie



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Joyaux - Diamants
Diamants



Joyaux
Musique : Gabriel Fauré, Igor Stravinsky, Piotr Ilitch Tchaïkovski
Chorégraphie
:  George Balanchine, remontée par Karin von Aroldingen, Sarah Leland
Elyse Borne et Sean Lavery

Décors : Peter Harvey
Costumes :
Karinska, re-créés par Holly Hines
Lumières : Ronald Bates, adaptées pour le Mariinski II par Andrei Ponizovsky

I - Emeraudes
Avec :
Anastasia Lukina, Fuad Mamedov
Anastasia Kolegova, Roman Belyakov
Valeria Martynyuk, Laura Fernandez Evguéni Konovalov

II - Rubis
Avec :
Sofia Ivanova-Skoblikova, Alexander Serguéïv
Yekaterina Ivannikova
Andreï Arseniev, Yaroslav Baibordin, Nikita Lyashchenko, Vassili Tkachenko

III - Diamants
Avec :
Yekaterina Chebykina, Xander Parish
Diana Smirnova, Victoria Krasnokutskaya, Anastasia Nikitina, Shamala Guseinova
Yaroslav Pushkov, Andreï Soloviev, Vitali Amelishko, Alexander Beloborodov



Ballet du Mariinsky
Piano solo : Lyudmila Sveshnikova
Orchestre du Mariinsky, dir. Gavriel Heine

Samedi 08 avril 2017,  Mariinsky II


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