|




|

 |
|
|
Ballet du Capitole de
Toulouse
23
octobre 2016 : Le
Corsaire (Kader Belarbi) au Théâtre
du Capitole (reprise)
Ramiro Gómez
Samón (Le Corsaire), Minoru Kaneko (Le Sultan)
Le Corsaire
signé Belarbi est devenu en peu de temps un must du Ballet
du
Capitole. Ce ballet en deux grands actes, très
demandé
à l’occasion des tournées,
présenté
même en Chine, a été aussi
diffusé à
la télévision et commercialisé en DVD.
Il
était donc judicieux de le proposer à nouveau
à
son public toulousain, trois ans après sa
création. Le
public, ancien ou nouveau, s’est d’ailleurs
pressé
en nombre au Théâtre du Capitole pour cette
reprise, y
compris dans les places à visibilité
réduite des
balcons de côté. Succès
mérité
puisqu’il est vrai qu’en reprenant les
ingrédients
du grand ballet académique, Kader Belarbi a remis le genre
au
goût du jour en le travaillant avec soin dans toutes ses
dimensions.
Scilla
Cattafesta (La Favorite)
Ramiro Gómez Samón (Le Corsaire), Natalia de
Froberville (La Belle Esclave)
Inspirée
des ballets de Mazilier, puis de Petipa, lointainement extraite du
poème de Lord Byron, l’histoire d’amour
mêlée d’aventure a
été
réorganisée pour la rendre plus
cohérente,
centrée autour du couple principal. Achetée au
riche
marchand par le sultan pour agrémenter son harem, la belle
esclave retrouvera le corsaire grâce aux manigances de la
favorite du sultan. Mais les multiples rebondissements nous conduiront
vers un dénouement en forme de point
d’interrogation,
où l’avenir des amoureux semble rien moins
qu’assuré. Sur cet argument, Kader Belarbi
s’est
surtout attaché à recréer sur
scène les
images d’un Orient fantasmé, tel qu’on a
pu
l’imaginer durant tout le 19ème siècle,
propice
à l’irruption d’intermèdes
exotiques.
Janissaires, péris, odalisques, esclaves, almées,
derviche, c’est un tableau somptueux et coloré qui
se
déploie sous nos yeux. Dans un décor
dépouillé, d'un blanc lumineux, léger
comme du
papier, dont les éléments (le pouf du sultan, la
grotte
des corsaires) ressemblent à de l’origami,
même la
scène onirique (le rêve du corsaire), puis la
scène
à grand spectacle (la tempête et le naufrage
astucieusement suggérés), ne sont pas
oubliées.
Ramiro
Gómez Samón (le Corsaire), Natalia de Froberville
(la Belle Esclave)
La
partition (originellement d’Adolphe Adam) a
été
considérablement retravaillée par David
Coleman,
ajoutant une musique par-ci, retranchant ou
déplaçant une
danse par-là, et surtout unifiant le tout par une
orchestration
moins clinquante qu’elle a pu le devenir sous les doigts
d’arrangeurs peu délicats. D’ailleurs
l’orchestre du Capitole séduit dans la fosse par
son
homogénéité sans faille, contribuant
par là
au prestige de la réalisation d’ensemble.
La chorégraphie fait largement appel à la
technique
académique, parsemée par intervalles de notations
modernistes. On reconnaît la patte de Kader Belarbi dans les
danses d’ensembles, notamment chez les bondissants compagnons
du
corsaire, fortement dessinés. Laure Muret a
également
contribué à la chorégraphie, faisant
flotter le
souvenir des bayadères indiennes parmi les péris.
Les
danseurs du Capitole font preuve d’un parfait unisson.

Ramiro
Gómez Samón (le Corsaire)
Les parties les plus exigeantes individuellement sont
dévolues
aux deux rôles principaux, dont les pas de deux
très bien
construits rythment les différentes étapes de la
narration. A cette occasion, deux danseurs nouveaux à
Toulouse
font leurs preuves dans un grand rôle. Ramiro
Gómez
Samón, déjà admiré la
saison
dernière dans Paquita,
incarne un corsaire juvénile et amoureux, moins
héroïque que l’idéal Davit
Galstyan, le
titulaire habituel du rôle. Attentif à sa
partenaire
(notamment dans un porté flambeau magnifique de
facilité), expressif des épaules et des bras, il
déploie de superbes lignes, qui font merveille dans les
grands
jetés, et rajoute des tours à profusion.
Voilà une
recrue de choix pour la compagnie.
Ramiro
Gómez Samón (Le Corsaire), Natalia de Froberville
(La Belle Esclave)
Natalia
de Froberville fait pour sa part ses débuts sur la
scène
du Capitole. C’est une danseuse au charme certain, fine comme
une
liane, dont la souplesse et
l’élasticité la
prédisposent aux rôles évanescents. On
la
rêve en Sylphide, qu’elle n’a pourtant
jamais
abordée semble-t-il. Un peu sur la réserve
à son
apparition en esclave parmi la foule, elle s’affirme vite
dans
d’ensorcelants développés qui dessinent
l’espace. Ses fouettés du grand pas de deux final
éblouissent.
Si le jeune Minoru Kaneko manque par trop de poids et de
caractérisation dans le rôle du puissant sultan,
il fait
preuve de vaillance dans sa difficile variation. Parmi les autres
rôles solistes, remarquons l’énergique
Philippe
Solano en farouche compère, et les ondoyantes demi-solistes
Juliette Thélin et Julie Loria.
Jean-Marc
Jacquin © 2013, Dansomanie
Le
contenu des articles publiés sur www.dansomanie.net et
www.forum-dansomanie.net est la propriété
exclusive de
Dansomanie et de ses rédacteurs respectifs.Toute
reproduction
intégrale ou partielle non autrorisée par
Dansomanie
ou ne relevant pas des exceptions prévues par la loi (droit
de
citation
notamment dans le cadre de revues de presse, copie à usage
privé), par
quelque procédé que ce soit, constituerait une
contrefaçon sanctionnée
par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la
propriété
intellectuelle.

Minoru Kaneko (Le Sultan),
Natalia de Froberville (La Belle Esclave)
Le Corsaire
Musique
: Adolphe Adam, Jules Massenet, Anton Arenski
Edouard Lalo, Jean Sibelius, David Coleman
Conseillère
musicale : Elena Rassadkina Bonnay
Chorégraphie
et mise en scène : Kader Belarbi
Assistante
chorégraphe : Laure Muret
Décors
: Sylvie Olivé, Camille Ansquer
Costumes
: Olivier Bériot
Lumières
: Marion Hewlett
Le Sultan – Minoru Kaneko
Le Corsaire – Ramiro Gómez
Samón
Le Compère – Philippe Solano
La Belle Esclave – Natalia Huet de Froberville
Les deux Esclaves – Julie Loria, Juliette
Thélin
La Favorite – Scilla Cattafesta
Un riche marchand – Denis Cala Valdes
Ballet du Capitole
de Toulouse
Orchestre national du Capitole de Toulouse, dir. David Coleman
Dimanche
23 octobre 2016,
Théâtre du Capitole, Toulouse
|
|
|