C’est en regroupant l’ensemble de ses forces que le l’Opéra National de Bordeaux a choisi de clore cette saison au Grand Théâtre. Danseurs, instrumentistes et choristes, soutenus par les solistes de la Royal Academy of Music, se sont réunis pour une nouvelle reprise du Messie de Mauricio Wainrot. C’est sur le célèbre oratorio homonyme de G.F. Haendel que le chorégraphe argentin a composé un grand ballet choral à l’esthétique néoclassique en demi-pointes.

L’œuvre chorégraphique reprend des extraits du célèbre oratorio pour se concentrer sur les deux premières parties qui illustrent principalement la nativité, la Passion du Christ et la Résurrection. Cependant, bien que la partition haendelienne soit guidée par une ligne narrative forte, Mauricio Wainrot avoue que son intention part rarement d’une idée ou d’une narration. Elle part d’un sentiment qu’il cherche à développer. 

Le Messie (chor. Mauricio Wainrot)

C’est sur une scène illuminée par des blancs et des bleus messianiques des plus évocateurs que les danseurs sont élevés par une atmosphère céleste. La danse du Messie a trait au mystique. Elle se construit autour d’un langage chorégraphique qui retranscrit une profonde spiritualité humaine par une réalité physique. Les lignes sont épurées et le caractère baroque de l’œuvre ne se retrouve pas dans l’ornementation excessive mais dans une expressivité corporelle riche. Car, sans mimer la musique, chaque expression souligne la solennité de la partition vocale. Chaque placement met en relief les harmoniques de l’orchestration. La gestion de l’espace par Mauricio Wainrot est minutieuse. Elle se fait sur plusieurs plans distincts de sorte à occuper la totalité de la profondeur disponible jusqu’à une astucieuse ligne de bancs qui évoque, en fond de scène, un horizon survolé. Là encore, l’espace est au service du sentiment.

Hasard bienheureux ou subtilité de la programmation, Le Messie de Mauricio Wainrot est présenté au Grand Théâtre quelques jours après le ballet Mass B dansé par la Compagnie Fêtes Galantes. En restant dans des veines très distinctes, les intentions de ces deux ballets restent proches. Cette proximité est des plus intéressantes. Elle relève la variété de la création chorégraphique et la multitude d’approches qui peuvent rendre compte d’une même volonté. C’est en choisissant l’énergie et la joie que Mauricio Wainrot a exprimé sa vision de l’espérance.