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Montpellier Danse 2015
08 juillet 2015 : BiT (Maguy Marin) à l'Opéra-Comédie de Montpellier
BiT (chor. Maguy Marin)
Pour expliquer sa IXe Symphonie, Béjart, avec qui Maguy Marin a collaboré trois ans, aimait paraphraser l’«Ode
à la joie» de Beethoven en disant que «tous les
hommes sont frères». C’est également
ainsi que l’on pourrait résumer BiT :
tous les hommes sont des frères, avec ce que cette relation
suppose de fraternité, d’amour, parfois de violence et de
déchéance. Deux ans après avoir
présenté May B,
Maguy Marin revient au festival Montpellier Danse pour y
présenter une nouvelle pièce d’une heure,
créée en août 2014 au Théâtre Garonne
de Toulouse.
Au début de la représentation, les très faibles
éclairages ne laissent entrevoir que les éléments
de décors, six planches de bois pentues disposées en arc
de cercle face au public. Entre ces éléments de
décor apparaissent les six danseurs. Parmi eux, les spectateurs
reconnaitront Maguy Marin, remplaçant elle-même
l’une de ses danseuses, souffrante. Lentement, les artistes
gagnent le plateau déambulant entre les éléments
du décor, formant une joyeuse farandole dont les pas
évoquent étrangement un sirtaki. Etrangement, car la
musique électronique de Charlie Aubry n’a rien de grec.
Les pas de cette farandole, qui auraient mérité
d’être répétés moins longtemps, seront
repris tout au long du ballet, véritable leitmotiv.
A ces airs de sirtaki, dont la vitesse d’exécution
s'accélère peu à peu, s’ajoutent
d’autres ébauches de danses traditionnelles, dont quelques
pas de sévillane parsemés de ci de là. Mais,
c’est toujours en farandole que les danseurs reprennent leur
progression sur le plateau, soudés et main dans la main, donnant
toujours au spectateur cette image de fraternité et de
collectivité.
Petit à petit, la cavalcade atteint le décor. Si ce
dernier pouvait dans un premier temps apparaitre comme un obstacle
à la progression des danseurs, de par la raideur de sa pente, il
s’avère finalement être un obstacle que le groupe,
toujours bien soudé, dépasse facilement.
L’utilisation du décor s’avère
intéressante, bien que ce premier tableau comporte quelques
longueurs.
BiT (chor. Maguy Marin)
En
guise de transition entre ce premier tableau et celui qui suivra, la
chorégraphe choisit de faire glisser ses danseurs quasi nus sur
l’une des pentes, permettant un joli rendu visuel de corps
entrelacés glissant lentement jusqu’à atteindre le
plateau. Si le premier tableau montrait l’idée de
collectivité entre les artistes, et plus
généralement entre les hommes, celui-ci sera plutôt
l’occasion de dévoiler l’autre facette, beaucoup
plus sombre, que cette relation peut également supposer. En
effet, le cheminement sur le plan incliné symbolise en quelque
sorte une descente aux enfers, preuve en est la brutale
scène de viol collectif qui suit, et qui met le spectateur
mal à l’aise. Vient ensuite un duo de danseurs
évoluant au sol. Cette lutte d’hommes-animaux, cruelle et
bestiale, est un appel à la mort. La voilà
d’ailleurs qui arrive, représentée par le
clergé qui entoure un corps resté sans vie dans un coin
du plateau. Les danseurs, habillés en moines, s’agitent
autour de la dépouille par des mouvements
déstructurés avant de s’acharner dessus. Là
encore, la violence et la cruauté de cette scène
provoquent. Au parterre, quelques spectateurs quitteront
d’ailleurs la salle.
BiT (chor. Maguy Marin)
Et puis, la vie reprend son cours. La joyeuse farandole revient peu
à peu, répétant inlassablement les mêmes
pas, dans un rythme de plus en plus soutenu. Car BiT
(de l’anglais beat, la mesure) c’est aussi et avant tout un
travail portant sur le rythme. Et l’accélération de
ce rythme rend l’exécution des pas de plus en plus
compliquée. Si compliquée d’ailleurs que chacun des
danseurs, après avoir frénétiquement monté
la pente une dernière fois, finit par se jeter dans le vide.
Dans BiT, Maguy Marin nous livre une sacrée ode à la vie, nous rappelant que la mort est jamais si loin.
Emilie Padilla © 2015, Dansomanie
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Bit
Musique : Charly Aubry
Chorégraphie : Maguy Marin, Mayalen Otondo
Décors et scénographie : Louise Gros, Laura Pignon
Costumes : Nelly Geyres, Raphaël Lo Bello
Lumières : Alexandre Béneteaud
Avec : Ulises Alvarez, Kaïs Chouibi, Laura Frigato, Daphné Koutsafti
Cathy Polo, Ennio Sammarco (danse)
Léa Dupuy, Fanny Martin, Sandrine Passarius (figuration)
Musique électronique
Mercredi 8 juillet 2015, Opéra-Comédie, Montpellier
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