|




|

 |
|
|
Montpellier Danse 2015
04 juillet 2015 : Flamenco - Pinacendá (Farruquito) à l'Opéra Berlioz de Montpellier
Farruquito dans Pinacendá
Farruquito,
ou l’art de frapper dans les mains en tapant du pied! Farruquito
et ses compagnons ont réussi l’impossible :
réchauffer le glacial – et de surcroit climatisé,
Opéra Berlioz en présentant leur spectacle
«Pinacendá» créé quelques mois plus
tôt au Teatro de la Maestranza dans le cadre de la Biennale de
Flamenco de Séville, ville d’origine et de
résidence des artistes. «Pinacendá» signifie
Andalousie en dialecte gitan et c’est bien à travers le
berceau du flamenco que Farruquito nous a fait voyager hier soir
grâce aux différents tableaux présentés.
Le spectacle débute avec une longue
marche vers une table où sont posés divers objets.
Farruquito y allume une bougie, récite une prière et fait
un signe de croix : on remarque d’emblée
l’importance de la culture gitane pour les artistes du soir. La
foi, mais également la communauté, la famille –
l’héritage familial étant des plus importants dans
la culture flamenca, ou le voyage seront tour à tour
représentés lors du spectacle.
Si Farruquito commence timidement en esquissant quelques pas de danse,
il ne tarde pas à faire démonstration de sa technique
affutée et de sa vélocité, emportant quelques
«olé!» et les applaudissements des milles
spectateurs, rapidement conquis et enthousiastes. Au fil des
scènes, il fait tour à tour preuve d’une danse
fougueuse, expressive, toujours élégante et très
sensuelle associée à une présence
magnétique. En dansant, il parait entrer dans un état de
transe intérieure. Nul ne doute alors de l’importance et
du caractère résolument sacré de l’art
qu’il partage. Les lumières tamisées font oublier
l’Opéra Berlioz au spectateur, et lui donnent
l’illusion d’un spectacle intimiste au fond d’une
taverne andalouse.
Farruquito dans Pinacendá
Mais,
au-delà de la performance dansée, il ne faut pas laisser
de côté la très belle prestation des artistes
accompagnant le danseur : quatre chanteurs, deux guitaristes, un
flûtiste, un violoniste et un percussionniste – tous
solistes internationaux à leurs heures perdues. La
représentation n’est en effet pas qu’un simple
spectacle chorégraphique. Cela forme un tout partagé
entre la musique, le chant et la danse. Cette franche
complicité entre tous les artistes s’illustre parfaitement
lors du deuxième tableau. L’éclat voilé des
lumières laisse entrevoir une table ronde autour de laquelle
musiciens et chanteurs se réunissent peu à peu. Un
chanteur donne le La bientôt suivi par un guitariste, puis une
des chanteuses prend le relais avant que chacun ne se mette à
jouer. Bref, c’est un joyeux bazard savamment organisé qui
prend vie sous nos yeux et que Farruquito ne tarde pas à
rejoindre sur la table directement, non sans rappeler le
célèbre Boléro
de Béjart. L’ambiance devient électrique, les
chanteurs battent le rythme en tapant sur la table, les musiciens
encouragent le danseur virtuose de «vamos !» et de
«olés!» sonores.
Des intermèdes musicaux chantés, tantôt
passionnés tantôt nostalgiques, permettent de passer
d’un tableau à un autre, de voyager au travers des
différentes provinces andalouses, sans temps mort. La grande
camaraderie et le respect mutuel entre Farruquito et ses
accompagnateurs saute aux yeux. Le danseur est bel et bien la
véritable star de la soirée, malgré lui.
L'humilité est de mise chez Farruquito qui ne cherche jamais
à se mettre en avant et invite souvent ses chanteurs et
musiciens à ses côtés lorsqu’il danse,
esquissant même quelques pas avec eux. Chacun des musiciens et
des chanteurs aura ainsi droit un morceau seul au centre de la
scène. Son grand père lui disait «tu danses,
c’est le chemin». Hier soir, sa danse a été
le chemin des honneurs : la salle de l’Opéra de
Berlioz était, fait assez rare à Montpellier pour
être souligné, debout pour acclamer Farruquito et ses
compagnons.
Emilie Padilla © 2015, Dansomanie
Le
contenu des articles publiés sur www.dansomanie.net et
www.forum-dansomanie.net est la propriété exclusive de
Dansomanie et de ses rédacteurs respectifs.Toute reproduction
intégrale ou partielle non autrorisée par Dansomanie
ou ne relevant pas des exceptions prévues par la loi (droit de
citation
notamment dans le cadre de revues de presse, copie à usage
privé), par
quelque procédé que ce soit, constituerait une
contrefaçon sanctionnée
par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la
propriété
intellectuelle.
Pinacendá
Musique : musique traditionnelle andalouse (Flamenco)
Chorégraphie : Juan Manuel Fernández Montoya, dit Farruquito
Avec : Juan Manuel Fernández Montoya, dit Farruquito (danse)
Román Vicenti, Paul Vicenti (guitare)
Anna Vizzaraga dite "La Mari", Encarnatión Anillo, José Manuel Doya dit "Zambullo"
Antonio Zúñiga dit "Antonio Villar (chant)
Juan Fernández Gálvez dit "Juan Parrilla" (flûte)
Antonio Moreno dit "Polito" (percussions)
Thomas Potiron (violon)
Samedi 4 juillet 2015, Opéra Berlioz / Le Corum, Montpellier
|
|
|