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critiques et comptes rendus
Ballet du Capitole de Toulouse

24 juin 2015 : Eh bien dansez, maintenant! (Johan Inger, Mauro Bigonzetti)


Eh bien dansez maintenant
Le Ballet du Capitole de Toulouse dans Cantata (chor. Mauro Bigonzetti)


Depuis sa prise de fonction à la tête du Ballet du Capitole, Kader Belarbi n’a de cesse de multiplier les initiatives les plus diverses autour des spectacles. On connaissait les différents rendez-vous au foyer du théâtre du Capitole, comme les «Carnets de danse», où plusieurs danseurs de la compagnie toulousaine présentent des extraits commentés des ballets en préparation, ou bien les lectures musicales, autour de grands textes lus par un comédien et accompagnés par l’excellent pianiste du ballet Raúl Rodríguez Bey. Se perpétuent aussi les indispensables démonstrations dans les quartiers, à destination d’un jeune public scolaire.

Kader Belarbi a également institué le cycle de projections «Danse à la Cinémathèque», où des films parfois rares sont projetés à la Cinémathèque de Toulouse en écho avec la programmation (en ce mois de juin Le Bal d’Ettore Scola), ou bien encore le rendez-vous annuel «Osons danser», qui lui tient particulièrement à cœur, et qui se propose d’inciter les amateurs de tous niveaux à sauter le pas. Pour que «la danse ne soit pas qu'une vitrine vers laquelle on n'ose s'approcher».


Cantata
Beatrice Carbone dans Cantata (chor. Mauro Bigonzetti)

En une sorte de mini-fête de la danse, le dernier spectacle de la saison s’entremêle avec un cours «participatif», où le public est invité à tenter l’expérience de la barre, et aussi une répétition publique et gratuite. Quant à la toute dernière représentation avant la pause estivale, elle est suivie d’un bal napolitain ouvert à tous sur l’esplanade de la Halle aux Grains. Dans un contexte général de menaces budgétaires, on ne saurait trop louer toutes ces démarches qui visent à incorporer encore davantage la compagnie de danse dans le tissu culturel de la ville. Car à l’heure des arbitrages, n’est-il pas vrai que c’est le public qui fera pencher la balance ?

Cantata
Tabatha Rumeur et Julie Charlet dans Cantata (chor. Mauro Bigonzetti)

Aux premières fortes chaleurs de l’été, le bal napolitain, animé par le groupe ASSURD, prolongeait le ballet Cantata, que Mauro Bigonzetti a conçu sur les musiques du groupe. Quatre femmes à la voix rocailleuse, s’accompagnent qui de l’accordéon, qui de tambourins traditionnels de la Campanie ou des Pouilles. Les chansons sont souvent des compositions originales de Cristina Vetrone, l’accordéoniste du groupe, mais inspirées de musiques de siècles anciens.



Cantata
Maksat Sydykov et Maria Gutierrez dans Cantata (chor. Mauro Bigonzetti)

Dans l'ouvrage de Bigonzetti, créé en 2001 par le Ballet Gulbenkian de Lisbonne, l’énergie hors du commun qui se dégage de ces musiques se transmet sans aucun mal aux évolutions des danseurs, qui multiplient portés audacieux et déplacements exigeants. Les tableaux s’enchaînent très vite, faisant apparaître le fourmillement d’une société urbaine où on passe en un clin d’œil de la fraternité à la querelle de voisinage, puis à la liesse générale. A peine un duo apporte-t-il un peu de calme et de sérénité. Il est bientôt emporté par le flot débordant du collectif. Les chanteuses et les dix couples de danseurs, en tenues décontractées aux couleurs chaudes, restent toujours sur scène, parfois assis librement sur les côtés en spectateurs. Cette atmosphère de fête urbaine se communique sans mal aux spectateurs.


Walking Mad
Shizen Kazama et Julie Loria dans Walking Mad (chor. Johan Inger)

Si Cantata nous présente l’humanité dans sa dimension sociale, Walking Mad s’adresse davantage à l’individu. Le ballet de Johan Inger, parsemé de quelques moments dramatiques, semble d’une autre portée métaphysique, malgré ses allures burlesques. Entrée en 2012 au répertoire du Ballet du Capitole, l’œuvre dégage toujours autant de force expressive. La longue palissade grise qui forme le seul décor fascine, repliée, dépliée, s’ouvrant de toutes parts, escaladée, percutée parfois brutalement, ou bien renversée pour servir de tréteau. Les courses désordonnées des danseurs aux chapeaux pointus, puis leurs tremblements nerveux, ne tiennent aucun compte du géométrique Boléro de Ravel, d’ailleurs interrompu sans ménagement, et remplacé à la fin par le  minimaliste Für Alina d’Arvo Part pour un duo à l’érotisme constamment évité. Défendu avec autant d’enthousiasme par les danseurs du Capitole, cet «éloge de la folie» ne peut que convaincre.



Jean-Marc Jacquin © 2015, Dansomanie

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Walking Mad
Demian Vargas et Juliette Thélin dans Walking Mad (chor. Johan Inger)



Walking Mad
Musique : Maurice Ravel, Arvo Pärt
Chorégraphie :
Johan Inger
Décors et costumes :  
Johan Inger
Lumières : Erik Berglund

Avec : Julie Loria, Solène Monnereau, Juliette Thélin, Matthew Astley, Davit Galstyan
Shizen Kazama, Valerio Mangianti, Demian Vargas, Takafumi Watanabe



Cantata
Musique :  ASSURD & Enza Pagliara, musiques traditionnelles d’Italie du sud
Chorégraphie :  
Mauro Bigonzetti
Costumes : Helena de Medeiros
Lumières : Carlo Cerri

Avec : Caroline Betancourt, Sofia Caminiti, Beatrice Carbone, Julie Charlet, Maria Gutierrez
Lauren Kennedy, Kayo Nakazato, Tiphaine Prévost, Tabatha Rumeur, Eukene Sagues Abad
Maxime Bordessoules, Maxim Clefos, Evgueni Dokoukine, Minoru Kaneko, Avetik Karapetyan
Jérémy Leydier, Artjom Maksakov, Andrea Morelli, Nicolas Rombaut, Maksat Sydykov



Ballet du  Capitole de Toulouse
Musique enregistrée -  Ensemble ASSURD (Cristina Vetrone, Lorella Monti , Enza Prestia), Enza Pagliara

Mercredi 24 juin 2015, Halle aux grains, Toulouse


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