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critiques et comptes rendus
Stuttgarter Ballett

26 décembre 2014 : Hommage à Sir Kenneth MacMillan à l'Opéra de Stuttgart


requiem
Le Ballet de Stuttgart dans Requiem (chor. Kenneth MacMillan)


Le 26 décembre, jour férié en Allemagne, est une excellente occasion pour les troupes de ballet de proposer une double représentation, facilement remplie par un public largement familial ; pour le balletomane, c’est une aubaine qui permet de voir deux distributions se succéder, cette fois dans un programme qui ne cède rien aux sirènes consuméristes de Noël.

Retour à MacMillan après cinq ans d’absence pour le Ballet de Stuttgart : il est bien naturel que la troupe garde à son répertoire des pièces qui non seulement ont pour auteur l’un des plus proches amis du directeur-fondateur John Cranko, mais ont même été créées pour lui : la direction du Royal Ballet ayant refusé que les musiques choisies par MacMillan puissent être utilisées pour accompagner la danse (par respect pour la musique pour Mahler, par scrupule religieux pour Fauré), c’est Stuttgart qui aura eu le privilège de créer deux pièces qui sont sans doute aujourd’hui les plus célèbres – et justement célèbres – des pièces abstraites de MacMillan. La version du Chant de la terre est d’ailleurs différente de celle qu’on danse ailleurs, au Royal Ballet par exemple : comme le dit Reid Anderson, la version ultérieure n’a pas «cette apparence du off-balance, comme on dit, de l’impression d’être sur le point de tomber ; pour Londres, Kenneth a réalisé une chorégraphie plus rectiligne, presque néoclassique».  

das lied von der erde
Le Cbant de la Terre (chor. Kenneth MacMilan)

Le Chant de la terre, version Stuttgart, ne prévoit pas le rôle si puissant du Messager de la mort, incarné à Londres par l’inoubliable Carlos Acosta ; peut-être n’est ce que l’effet de ce changement de perspective sur le rôle, mais ni Constantine Allen, ni Friedemann Vogel n’ont su donner à leurs «Éternels» une vraie présence sur scène : ce n’est qu’à la toute fin du ballet, lorsqu’ils viennent matérialiser la séparation entre les deux amis dont parle le poème mis en musique par Mahler, que le rôle prend un peu d’ampleur, mais sans atteindre pour autant à l’impression de fatalité qui est celle d’un rôle qui a une fonction de fil conducteur tout au long de la soirée. C’est donc surtout du côté féminin qu’on trouvera les plus grandes satisfactions de cette double représentation : nous avions déjà, lors de précédents spectacles, remarqué Miriam Kucerova, qui se charge en matinée comme en soirée du duo du 4e mouvement, De la beauté, avec deux partenaires différents ; elle a tout à fait le style si séduisant du Ballet de Stuttgart, qui sait allier personnalité scénique et virtuosité discrète sans jamais tomber dans l’ostentation ; le duo des adieux, aussi bien avec Anna Osadcenko qu’avec Myriam Simon, émeut tout autant.


das lied von der erde
Le Cbant de la Terre (chor. Kenneth MacMilan)

Les hommes prennent un peu leur revanche avec la deuxième œuvre au programme : nonobstant son thème religieux et le sérieux de sa dédicace, à la mémoire de John Cranko disparu trois ans plus tôt, Requiem expose aux regards la musculature impressionnante de Jason Reilly ; sa danse puissante et pleine d’enthousiasme séduit, tout comme l’expérience rayonnante de sa partenaire Alicia Amatriain, mais on nous permettra d’avoir pris plus de plaisir avec le couple plus équilibré formé en soirée par Elisa Badenes et Daniel Camargo – peut-être Jason Reilly aurait-il plutôt dû se charger du rôle de l’Éternel du ballet précédent, auquel sa stature et sa présence scénique semble le prédestiner.

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Requiem (chor. Kenneth MacMilan)

On retrouve par ailleurs dans ce second ballet plusieurs danseurs de cette même pièce : Anna Osadcenko et Miriam Kacerova alternent avec le même bonheur dans le solo de l’Agnus Dei ; le corps de ballet, dans une troupe qui compte moins de 60 membres, est naturellement amplement mis à contribution par des pièces aux effectifs assez conséquents et qui ne demandent jamais de leurs danseurs une simple exécution stéréotypée. Peut-être faudra-t-il attendre d’autres reprises pour que la troupe de Stuttgart soit à son meilleur niveau dans ce programme, mais la qualité structurelle de la troupe est telle que le plaisir du spectateur reste assuré.





Dominique Adrian © 2014, Dansomanie

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requiem
Requiem (chor. Kenneth MacMilan)


Das Lied von der Ede

Musique : Gustav Mahler

Chorégraphie : Kenneth MacMillan
Lumières : John B. Read

L’Éternel – Constantine Allen (14h00) / Friedemann Vogel (19h00)
I : Alexander Jones / Roman Novitzky
II
: Myriam Simon / Anna Osadcenko
III
: Angelina Zuccarini / Elisabeth Wisenberg
IV
: Miriam Kacerova, Roland Havlica / Miriam Kacerova, Robert Robinson
VI
: Myriam Simon, Alexander Jones / Anna Osadcenko

Diana Haller, mezzo
Erin Caves, ténor

Requiem
Musique : Gabriel Fauré

Chorégraphie : Kenneth MacMillan
Costumes : Yolanda Sonnabend
Lumières : Mark Pritchard

Avec :  Alicia Amatriain, Jason Reilly, Damiano Pettenella, Anna Osadcenko  (14h00) /
Elisa Badenes, Daniel Camargo, Roland Havlica, Miriam Kacerova
(19h00)

Catriona Smith, soprano
Motti Kastón, baryton



Stuttgarter Ballett
Vokalensemble Fauré
Staatsorchester Stuttgart, dir. James Tuggle

Vendredi 16 décembre 2014,  Opernhaus Stuttgart


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