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Bayerisches Staatsballett (Munich)
27 décembre 2013 : Casse-Noisette / Der Nußknacker (John Neumeier)
Ilia Sarkisov (Fritz)
Il n’y a pas qu’à Londres qu’on donne
Casse-Noisette pour Noël, et si à Munich la présence à l’affiche de la
version de Neumeier est loin d’être annuelle, elle est du moins
suffisamment fréquente pour que nous l’y ayons déjà vue et commentée sur
Dansomanie. Rien de surprenant qu’en ce surlendemain de Noël la salle
soit pleine jusqu’à la dernière place, rien de surprenant non plus à ce
que ni Lucia Lacarra, ni Polina Semionova qui est cette saison encore
invitée permanente à Munich ne soient à l’affiche (aucun de ces danseurs
n’atteint l’Olympe des « Premiers solistes », actuellement occupé par 4
danseuses et quatre danseurs) ; outre le plaisir certain de revoir un
ballet qui n’a rien perdu de sa force de fascination, c’est donc
l’occasion de faire le point sur une troupe, qui malgré son défaut
persistant de notoriété internationale a construit au fil des années de
direction d’Ivan Liška, en poste depuis plus de 15 ans, une identité
artistique extrêmement forte.
Toujours plus ouverte depuis quelques années aux
danseurs issus de l’école russe – ou de son ancien arrière-pays –, la
troupe possède néanmoins des solistes de valeur hors de cette aire
culturelle : Javier Amo, né comme Lucia Lacarra au pays basque, passé
par l’école puis la troupe du Ballet de Stuttgart, confirme en
Drosselmeier le poids de sa personnalité scénique, tout en affrontant
avec énergie les parties dansées de son rôle, plus étoffé que dans les
versions traditionnelles du ballet ; Ivy Amista, venue directement de
son école brésilienne à Munich en 2001, a en charge le rôle difficile de
Marie, la petite fille qui découvre la danse et parvient, du moins en
rêve, à égaler sa sœur étoile : sa danse n’est pas en cause, mais on
aura trouvé, en 2011, que Katherina Markowskaja parvenait mieux à saisir
la fragilité enfantine du personnage, qu’Ivy Amista tente de
reconstituer avec des efforts trop visibles.
Norbert Graf (Le consul Stahlbaum) - Zuzana Zahradnikova (Mme Stahlbaum)
Reste, donc, qu’une bonne partie de la
distribution soliste de la soirée ressort de cette aire russe. Ekaterina
Petina en est sans doute l’exemple le plus abouti : passée par l’école
Vaganova, elle aura atteint le grade de soliste au Mariinsky avant de
rejoindre, comme Daria Sukhorukova avant elle, la troupe de Munich. Elle
est ici parfaitement à son aise dans un rôle qui n’est presque que
démonstration académique, sans même exiger de virtuosité particulière :
avec une telle formation, il n’est pas très étonnant qu’elle le domine à
ce point. Son partenaire, Maxim Chashchegorov, lui aussi passé par le
Mariinsky, est un des représentants de l’excellente équipe de solistes
masculins qui sont un des meilleurs atouts de la troupe, comme Javier
Amo, mais aussi comme Ilia Sarkisov qui tient ce soir le rôle du frère
de Marie : pas de Vassiliev ou de Polunin méconnus ici, mais des
danseurs polyvalents au service du répertoire du Ballet de Bavière dotés
d’une réelle personnalité et capables d’un grand engagement, là où
Lucia Lacarra est chez les danseuses l’arbre qui cache la forêt de
solistes compétentes mais plus anonymes.
Les interprètes des «divertissements» qui
constituent une bonne partie du second acte, où Drosselmeier alias
Petipa montre à Marie quelques extraits de ses ballets, en sont un bon
exemple : si Giuliana Bottino séduit en Esméralda, c’est dans un rôle de
caractère en lui-même très payant, mais l’ensemble de la séquence
manque un peu trop de sensations fortes, ce qui n’est pas sans poser
quelques questions sur l’avenir d’une troupe dont on espère qu’elle
saura elle-même produire ses étoiles de demain.
Dominique Adrian © 2013, Dansomanie
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Casse-Noisette (chor. John Neumeier)
Casse-Noisette / Der Nußknacker
Musique : Piotr Ilitch Tchaïkovsky
Chorégraphie : John Neumeier
Décors et costumes : Jürgen Rose
Mme Stahlbaum – Zuzana Zahradnikova
Le Consul Stahlbaum – Vittorio Alberton
Marie – Ivy Amista
Louise – Ekaterina Petina
Fritz – Ilia Sarkisov
Drosselmeier – Javier Amo
Günther – Maxim Chashchegorov
Bayerisches Staatsballett
Orchester der Bayerischen Staatsoper, dir.Aivo Välja
Vendredi 27 décembre 2013, National Theater, Munich
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