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critiques et comptes rendus
Bayerisches Staatsballett (Munich)

16 juillet 2013 : "Exits and Entrances" (Cunningham / Siegal) au Prinzregententheater


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Biped (chor. Merce Cunningham)


L’abstraction comme mot d’ordre : de l’ambition musicale de Choreartium de Massine en 1933 jusqu’aux chorégraphes d’aujourd’hui pour qui l’abstraction n’est qu’une évidence impensée, le Ballet de Bavière aura consacré beaucoup d’énergie au cours de sa saison 2012/2013 à parcourir un siècle de modernité chorégraphique. Ce dernier programme de la saison offre deux nouveaux exemples dans ce domaine – mais le plus moderne n’est pas celui qu’on croit.

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Zuzana Zahradníková et Léonard Engel dans Unixt (chor. Richard Siegal)

Le programme prend un soin extrême à décrire les processus de création de Richard Siegal, ancien danseur de Forsythe et en quelque sorte chorégraphe officiel de la ville de Munich, et à souligner sa volonté de sortir des cadres habituels de la représentation. Il n’en est que d’autant plus gênant de constater que le résultat ressemble à s’y méprendre, y compris dans le travail sur la lumière, à un plagiat de Forsythe, pour qui Siegal a longtemps dansé, avec une petite pincée de Cunningham par moments, dès l’entrée nonchalante et professionnelle des danseurs au début de la pièce, et on aurait envie de conseiller à Richard Siegal de s’épargner tous ses efforts conceptuels préalables pour prendre le chemin plus court de la copie pure et simple, qui a le mérite de la simplicité. Et d’éviter de recourir à la partie la plus pénible de la musique électronique allemande, celle qui a des prétentions intellectuelles – et le programme, là encore, est d’une grande utilité pour tenter de percer les secrets du néant, avec un texte d’une emphase telle qu’on en vient à se demander si Carsten Nicolai n’aurait pas aussi dans son jeune temps inventé la roue, l’imprimerie et l’électricité. On se doute que les costumes ne pouvaient être qu’une œuvre à part entière, d’un designer à la mode.

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Isabelle Sévers, Evgenia Dolmatova et Antonia McAuley dans Biped (chor. Merce Cunningham)

Il faut donc passer l’écueil de l’entracte pour trouver le chef-d’œuvre attendu, le Ballet de Bavière participant à la transmission des œuvres de Cunningham après la disparition de l’artiste et de sa compagnie. Biped, avec ses 45 minutes tout entières consacrées à l’exploration des infinies possibilités du corps humain, par la danse elle-même, mais aussi par son analyse par informatique et les belles projections qui en découlent, abstractions du corps humain se mêlant aux corps matériels des danseurs. Chez Cunningham comme chez Siegal, il y a un processus créatif à l’œuvre dans la naissance de l’œuvre ; mais chez Cunningham, il n’est pas besoin d’un discours conceptuel pour légitimer ce qui est montré au spectateur.

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 Le Bayerisches Staatsballett dans Biped (chor. Merce Cunningham)

Autant le dire sans détour : pour son premier contact avec l’univers de Cunningham, et même après plusieurs représentations, les danseurs du Ballet de Bavière peinent encore à trouver leur marque, tant est radicale l’exigence de liberté que leur impose Cunningham, et cette raideur n’aide pas la pièce à déployer tous ses sortilèges. Le public applaudit frénétiquement les rythmes assénés et les décibels de la musique d’Unitxt et reste froid aux sortilèges de Cunningham : pas grave, Cunningham a après tout quelques décennies d’avance sur Siegal.




Dominique Adrian © 2013, Dansomanie

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Luiza Bernardes Bertho dans Biped (chor. Merce Cunningham)



Unitxt

Musique : Carsten Nicolai

Chorégraphie : Richard Siegal
Dispositif scénique : Konstantin Grcic
Lumières / Projections vidéo : Richard Siegal

Biped

Musique : Gavin Bryars

Chorégraphie : Merce Cunningham
Scénographie : Shelley Eshkar, Paul Kaiser
Costumes :  Suzanne Gallo
Lumières : Aaron Copp


Solistes (non spécifiés) et troupe du Bayerisches Staatsballett
Musique enregistrée

Mardi 16 juillet 2013,  Prinzregententheater, Munich


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