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Ballet du Capitole de Toulouse
27 juin 2013 : Oyster (Inbal Pinto - Avshalom Pollak) au Casino-Théâtre Barrière
Vanessa Spiteri et Julie Loria dans Oyster
Sous-titré «revue dansée», ce spectacle ne
ressemble à vrai dire à rien de connu. Composé
d’une suite de numéros qui s’enchaînent sans
temps mort, il nous emmène aux frontières de la danse,
vers le monde du cirque, du music-hall, de la pantomime, du
cinéma burlesque, faisant appel à un imaginaire des plus
farfelus.
Le titre (oyster est le mot anglais pour huître) provient d’un conte de Tim Burton, La Triste Fin du petit enfant huître.
Selon les auteurs eux-mêmes, la référence à
l’univers du cinéaste américain
s’arrête au titre. Il est vrai que du côté de
l’impact visuel, les analogies ne sont pas flagrantes.
Néanmoins il n’est pas interdit d’y trouver le
même goût que chez l’auteur d’Edward aux mains d'argent pour les personnages en marge, voire la revendication sous-jacente du droit à la différence.
Shizen Kazama et Julie Loria dans Oyster
Quelle que soit la catégorie dans laquelle on le range, ce
spectacle, dû à l’association de deux
créateurs israéliens, est un témoignage
éloquent de la puissante vitalité de la danse sous toutes
ses formes en Israël. C’est en 1992 que Inbal Pinto et
Avshalom Pollak ont créé la compagnie de danse qui porte
leurs deux noms. Basée à Tel Aviv, elle se compose de
douze danseurs-acteurs et rencontre beaucoup de succès partout
où elle se produit. Auparavant, la chorégraphe Inbal
Pinto avait dansé dans la compagnie Batsheva, fondée par
Martha Graham à Tel Aviv. En 1990, elle a créé,
très jeune, sa première chorégraphie et accumule
depuis les récompenses et les distinctions, nationales ou
internationales. Elle a monté aussi des chorégraphies
pour des œuvres théâtrales comme Les Chaises de Ionesco ou bien Roméo et Juliette.
Julie Loria, Pascale Saurel et Tatyana Ten dans Oyster
Son
complice Avshalom Pollak possède pour sa part une solide
formation théâtrale et l’accompagne dans la
scénographie depuis de nombreuses années. Plus
récemment, tous deux se sont confrontés au monde de
l’opéra en concevant, en plus de la chorégraphie,
la mise en scène, les décors et les costumes
d’opéras de Gluck ou de Janáček. Leur
dernière réalisation cette saison était à
Tokyo pour la mise en scène, la chorégraphie, les
décors et les costumes de la comédie musicale The cat that lived a million times, tirée d’un livre pour enfants très fameux au Japon.
Tatyana Ten dans Oyster
Oyster a
été créé en 1999 à Lyon par la
Compagnie Inbal Pinto et Avshalom Pollak et, après de multiples
reprises, intègre pour la première fois le
répertoire d’une autre compagnie. Kader Belarbi,
lui-même passionné par l’art du cirque et son
imaginaire, y a vu une occasion de plonger ses danseurs du Ballet du
Capitole dans une nouvelle esthétique, tout en clôturant
sa première saison comme directeur d’une manière
festive.
Que voit-on au juste dans ce spectacle proprement extraordinaire? On y
croise une danseuse en équilibre sur une jambe ou bien
dotée d’un bras droit démesurément
allongé, des vieilles dames qui font du culturisme, des
messieurs en habit à rayures sans bras, des pantins
désarticulés en perruque jaune, des acrobates suspendus
dans les airs, un géant à double corps qui nous
dévoilera son mécanisme. Un petit théâtre de
marionnettes s’anime en fond de scène pour mettre en
perspective des personnages encore plus loufoques, sans qu’on
sache bien de quel côté sont les pantins et les
manipulateurs. Tout ce petit monde danse le mambo, le tango, ou bien
exécute de lents pas de deux. On y entend des musiques de
bastringue, à travers un vieux 78 tours qui gratouille, puis
soudain l’intermezzo de Paillasse
ou bien les sons exotiques de Yma Sumac. Les références
visuelles ou sonores sont innombrables et ce serait certainement
réduire le spectacle que de les identifier.
Maria Gutierrez, Takafumi Watanabe, Tatyana Ten, Matthew Astley,
Maki Matsuoka et Shizen Kazama dans Oyster
Les
mouvements jouent savamment de leurs principes mécaniques,
soulignés par les fils qui les contraignent. Mais la
virtuosité n’est pas absente pour autant. Parmi la
douzaine de danseurs qui se sont investis dans cet univers onirique et
déroutant, les individualités émergent sous le
maquillage blanc et les cheveux ébouriffés. Il faut
distinguer notamment Julie Loria et Shizen Kazama pour leur sens de la
scène et leur présence bien à propos.
Le Ballet du Capitole poursuit l’élargissement de son
répertoire. Une compagnie qui présente avec autant
d’aisance la danse de style ancien de La Fille mal gardée pour explorer ensuite avec Oyster les limites de l’art chorégraphique peut sourire résolument à l’avenir.
Jean-Marc Jacquin © 2013, Dansomanie
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Tatyana Ten et Julie Loria dans Oyster
Oyster
Musique : Glen Gray, Huun-Huur-Tu, Harry James, Ruggero Leoncavallo
Limon Limonero, Werner Muller, Astor Piazzolla, Yma Sumac.
Chorégraphie, décors et costumes : Inbal Pinto, Avshalom Pollak
Lumières : Yoann Tivoli
Ballet du Capitole de Toulouse
Musique enregistrée
Jeudi 27 juin 2013, Casino-Théâtre Barrière, Toulouse
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