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Bayerisches Staatsballett (Munich)
05 juillet 2012 : La Fille mal gardée (Frederick Ashton) au Prinzregententheater
La Fille mal gardée (chor. Frederick Ashton)
«Very british!?» : ainsi s’exclame ou
s’interroge la devise que le Ballet de Bavière avait fait sienne pour la
saison 2011/2012, qui s’achève par cette reprise d’un des grands
classiques du ballet comique. La Fille mal gardée et Munich, c’est une
longue histoire : alors que l’Opéra de Paris a dû attendre ces dernières
années pour le mettre à son répertoire, ce qui était alors le Ballet de
l’Opéra de Bavière avait eu l’occasion de le danser dès 1971, onze ans
après sa création, et Ashton lui-même était venu diriger les dernières
répétitions. Quarante ans après, l’interprète d’Alain lors de cette
création, Ferenc Barbay, est devenu maître de ballet, et la pièce
affiche un total impressionnant de 156 représentations par la troupe de
Munich.
Ilana Werner (Lise) et Cyril Pierre (La Veuve Simone)
Néanmoins,
le ballet ayant connu une assez longue éclipse, les
interprètes de tous les rôles principaux en sont ce soir
à leur prise de rôle. Lise est Ilana Werner, l’un
des grands espoirs de la troupe, à qui Ivan Liška avait
déjà confié le premier rôle dans
Roméo et Juliette de John Cranko, et qui vient récemment
d’être promue «soliste», ce qui équivaut
aux premiers danseurs de l’Opéra de Paris. Sa Lise est
sans reproche du point de vue technique, mais reste un peu timide du
point de vue scénique : de cette fille entre enfance et
âge adulte, on attend un peu plus d’audace, y compris dans
la manière d’occuper la scène dans les moments les
plus techniques.
Ilana Werner (Lise) et Lukáš Slavický (Colas)
Elle a à ses côtés Lukáš Slavický, qui est quant à
lui une des valeurs sûres de la troupe. Son Colas ne manque pas de
qualités, mais c’est à vrai dire à surtout à partir du moment où le rôle
se fait plus technique qu’il parvient vraiment à briller : le
personnage semble ne pas tellement l’inspirer, mais du moins ses
variations solistes et son partenariat avec Ilana Werner remportent
l’adhésion par leur énergie, leur élégance et leur précision. Sa
prestation de ce soir est une assez bonne illustration de ce qu’on peut
attendre d’une soirée de ballet à Munich : on n’y verra jamais la
virtuosité démonstrative que les troupes russes tendent à imposer au
monde, fût-ce au détriment du style, comme un modèle universel, mais des
pièces montées avec un grand respect du style de chacune d’entre elles
et interprétées par des danseurs qui se mettent à leur service et savent
que le style est au moins aussi important que les prouesses gymniques.
Cyril Pierre (La Veuve Simone) et Ilana Werner (Lise)
Ilan Sarkisov est un Alain étonnant, développant
un jeu très efficace et subtil qui dépasse largement le burlesque
convenu qu’on y attend. Alain était, paraît-il, le personnage préféré
d’Ashton, et on le comprend : ce choix d’un Alain par moments sérieux,
où on sent que même le plus grand des naïfs a ses propres objectifs,
n’est pas loin de le rendre parfois inquiétant en même temps
qu’irrésistible. Cyril Pierre confirme avec la veuve Simone que sa
carrière tend à prendre un nouveau tour qui l’éloigne désormais
insensiblement des grands rôles classiques pour lui faire aborder des
rôles de caractère où il excelle, et où il peut encore montrer, après
plus de vingt ans de carrière, des qualités de danse remarquables qui
bénéficient beaucoup plus à ces nouveaux rôles qu’on pourrait le croire.
Ilia Sarkisov (Alain), Ilana Werner (Lise), Peter Jolesch (Thomas), Cyril Pierre (La Veuve Simone)
Il est réjouissant, pour finir, de vivre cette
première représentation après une longue éclipse avec le public de
Munich où, visiblement, beaucoup de spectateurs n’avaient jamais vu le
ballet et semblaient presque incrédules dans l’efficacité comique du
spectacle d’Ashton. Il leur reste désormais à le revoir pour apprendre à
en aimer aussi les éléments les plus subtils.
Dominique Adrian © 2012, Dansomanie
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La Fille mal gardée (chor. Frederick Ashton)
La Fille mal gardée
Musique : Louis-Ferdinand Hérold , arrangement John Lanchbery
Chorégraphie : Frederick Ashton d'après Jean Dauberval
Décors et costumes : Osbert Lancaster
La Veuve Simone – Cyril Pierre
Lise – Ilana Werner
Colas – Lukáš Slavický
Thomas – Peter Jolesch
Alain – Ilia Sarkisov
Premier homme – Dario Franconi
Deuxième homme – Thomas Stuhrmann
Deux dames – Miljana Vracaric, Mariana Zanotto
L'Ouvreur (Usher) – Alban Pinet
Bayerisches Staatsballett
Münchner Symphoniker , dir. Myron Romanul
Jeudi 5 juillet 2012, Prinzregententheater, Munich
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