Dans les pas de Petipa au Ballet de Bordeaux, 08 juillet 2012

Ballet National de Bordeaux

08 juillet 2012 : "Dans les pas de Petipa" au Ballet National de Bordeaux

Paquita

Pour le dernier programme de la saison 2012, Charles Jude a offert au public bordelais une sélection d'extraits de ballets célèbres du répertoire classique. Si Nanette Glushak, à Toulouse, dans le cadre d'une démarche similaire, avait choisi de tracer une route dansée allant d'Est en Ouest, le Ballet de Bordeaux, lui, est demeuré résolument campé sur le rivage de la Mer Baltique, avec une soirée entièrement consacrée à Marius Petipa.

L'ombre de Rudolf Nouréev - dont le directeur du Ballet de Bordeaux fut quasiment l'exécuteur testamentaire - planait également sur la scène du Grand Théâtre, dans la mesure où les chorégraphies du Lac des Cygnes, de Don Quichotte, de la Belle au bois dormant, et surtout de Raymonda, portent, par l'entremise de Charles Jude, la griffe du célèbre danseur russe.

Ce programme a permis aux solistes de la compagnie de briller, qu'ils soient confirmés ou à l'aube de leur carrière, comme c'était le cas de la jeune Giada Rossi. Revers de la médaille, la place dévolue au corps de ballet, qui est l'âme de la troupe, apparaissait un peu trop étriquée.

Yumi Aizawa et Ruslan Savdenov dans Paquita

La soirée s'ouvrait par le Grand pas extrait de Paquita, pièce de virtuosité célèbre s'il en est. Yumi Aizawa a pu y faire valoir ses qualités de virtuose, sa technique brillante, même si l'on aimerait voir parfois un peu plus de moelleux dans ses ports de bras. Certes, Paquita n'est pas le Lac des cygnes, mais quelques abandons n'y sont pas à proscrire. Dans les variations dévolues aux demi-solistes, c'est Diane Le Floc'h qui dominait dans la troisième (qui est en fait identique au solo de Cupidon de Don Quichotte) par son charme et sa vivacité.

Kase Craig et Laure Lavisse dans Le Lac des cygnes

Suivait le Lac des cygnes évoqué plus haut, avec le duo du Cygne blanc extrait du troisième acte. Odette était incarnée par Laure Lavisse, l'une des danseuses les plus expérimentées du Ballet de Bordeaux. Nous avons déjà eu plusieurs fois l'occasion de louer les qualités de cette artiste, qui s'était surtout signalée comme une excellente actrice dans des rôles de caractère. Une fois encore, elle nous aura très favorablement impressionné, dans un emploi pourtant lourd. Mlle Lavisse a su, elle, donner à ses ports de bras l'ampleur et le lyrisme auxquels invite la musique de Tchaïkovski. Elle a par ailleurs été fort bien mise en valeur par Kase Craig, partenaire discret mais efficace, tout entier au service de la ballerine, et dépourvu de velléités cabotines hors de propos.

Igor Yebra et Oksana Kucheruk dans Don Quichotte

Don Quichotte était confié à Oksana Kucheruk et à Igor Yebra, sans doute deux des solistes les plus médiatisés - à juste titre - du Ballet de Bordeaux. Mlle Kucheruk, formée à l'école russe, est une artiste de classe internationale, qui affirme une aisance technique et une présence scénique remarquables. En raison d'une douloureuse blessure au talon - qui l'a d'ailleurs contrainte à annuler les représentations suivantes - elle a dû faire preuve d'un peu plus de retenue que d'ordinaire dans les sauts, mais sa prestation dans cette page brillante n'en est pas moins demeurée spectaculaire.

Roman Mikhalev et Giada Rossi dans La Belle au bois dormant

Giada Rossi - jeune recrue italienne formée au Conservatoire de Paris et à la Royal Ballet School de Londres, se voyait accorder le rôle d'Aurore dans l'extrait de La Belle au bois dormant par lequel se poursuivait le programme. Très tendue dans l'adage, mais bien soutenue par un Roman Mikhalev (le Prince Désiré) aux petits soins, elle s'est par la suite libérée dans la variation soliste, où elle a démontré que la confiance placée en elle par Charles Jude n'était pas usurpée.

Oksana Kucheruk et Igor Yebra dans Raymonda

La soirée s'achevait sur le flamboyant "Grand Pas hongrois" tiré du dernier acte de Raymonda. On y retrouvait Oksana Kucheruk, qui nous a gratifiés d'une "claque" bien envoyée, tandis qu'Igor Yebra a abordé avec panache et assurance la difficile variation masculine introduite par Nouréev dans la chorégraphie de Marius Petipa. Mais le véritable héros de cette fin de spectacle fut sans conteste le corps de ballet (mention particulière pour Alexandre Gontcharouk, doué d'une fort belle petite batterie), dynamique et discipliné, avec une czardas brillament menée par Marie-Lys Navarro et Marc Emmanuel Zanoli. Les garçons du L'orchestre, excellent dans Glazounov, alors qu'il avait entamé la représentation par une Paquita un peu poussive, a contribué à galvaniser les danseurs présents sur scène.

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Marie-Lys Navarro et Marc-Emmanuel Zanoli dans Raymonda

Paquita - Acte III, Grand pas
Musique : Ludwig Minkus
Chorégraphie : Marius Petipa
Décors : Giulio Achilli
Lumières : François Saint-Cyr

Paquita – Yumi Aizawa
Lucien – Ruslan Savdenov
Variation I – Marie-Lys Navarro
Variation II – Stéphanie Gravouille
Variation III – Diane Le Floc’h
Variation IV – Sara Renda

Le Lac des cygnes - Acte III, Pas de deux du Cygne blanc
Musique : Piotr Ilyitch Tchaïkovski
Chorégraphie : Marius Petipa
Lumières : François Saint-Cyr

Odette – Laure Lavisse
Siegfried – Kase Craig

Don Quichotte - Acte III, Pas de deux
Musique : Ludwig Minkus
Chorégraphie : Marius Petipa
Lumières : François Saint-Cyr

Kitri – Oksana Kucheruk
Basilio – Igor Yebra

La Belle au bois dormant - Acte III, Pas de deux
Musique : Piotr Ilyitch Tchaïkovski
Chorégraphie : Marius Petipa
Lumières : François Saint-Cyr

Aurore – Giada Rossi
Désiré – Roman Mikhalev

Raymonda - Acte III, Grand pas hongrois
Musique : Alexandre Glazounov
Chorégraphie : Marius Petipa
Décors : Giulio Achilli
Lumières : François Saint-Cyr

Raymonda – Oksana Kucheruk
Jean de Brienne – Igor Yebra
Czardas – Marie-Lys Navarro, Marc-Emmanuel Zanoli
Pas de dix – Louise Djabri, Alexandre Gontcharouk
Emilie Cerruti,Take Okuda
Aline Bellardi, Austin Lui
Giada Rossi , Ashley Whittle

Ballet National de Bordeaux
Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine, dir. Manuel Jouen

Dimanche 8 juillet 2012, Grand Théâtre de Bordeaux