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Théâtre de la Ville (Paris)
17 décembre 2011 : tournée d'adieux de la Merce Cunningham Dance Company
Merce Cunningham Dance Company
Paris n’est pas New York : à défaut d’avoir
l’honneur d’abriter la toute dernière représentation de la Merce
Cunningham Dance Company avant la dissolution décidée par son fondateur,
le Théâtre de la Ville peut du moins se vanter d’être la dernière étape
de sa grande tournée finale, avec deux programmes différents. Le
premier programme se présentait comme une sorte de parcours historique
couvrant plus d’un demi-siècle de création, qui est à la fois un
demi-siècle d’évolution créatrice et un demi-siècle de fidélité à des
principes dont la radicalité n’a pas été atténuée par le temps.
Cédric Andrieux et Jeannie Steele dans Suite for Five
Pas
de narration, pas de progression, pas de personnages, pas de
coïncidence entre la musique et la danse : on connaît bien
ces principes, peut-être ne souligne-t-on pas assez à
l’inverse, l’importance d’une virtuosité
particulière à Cunningham, mais dont les racines
classiques, dans la plus ancienne des pièces de la
soirée, paraissent aujourd’hui évidentes.
Cunningham n’aura par la suite de cesse de réinventer
cette virtuosité, au point de recourir à la
modélisation informatique des mouvements corporels pour
l’aider à sortir des cadres hérités –
la virtuosité de la dernière pièce, devant un
décor qu’on aurait peut-être
préféré plus discret, ne ressemble à rien
d’autre.
Jennifer Goggans et Krista Nelson dans Quartet
Toutes les pièces de Cunningham ne vont pas aussi loin dans
l’abstraction que les trois pièces de cette trop courte soirée : les
repères naturels d’autres pièces (la forêt de Rainy Days, les oiseaux de
Beach Birds) ou la jubilation urbaine de Roaratorio n’ont pas
d’équivalent ici. Il est donc difficile de décrire la fascination
qu’exercent ces trois pièces résolument dépourvues de contenu :
serait-ce que, débarrassées du carcan du personnage, les interactions
entre les danseurs n’en sont que plus pures et plus intenses ? Est-ce la
concentration extrême des danseurs, qui évoluent comme coupés des
spectateurs qui les regardent, mais leur transmettent une palette unique
d’émotions en demi-teinte ?
Reste à espérer maintenant que, le moment de l’hommage une fois passé,
ces pièces restent dansées le plus longtemps possible. On sait que
Cunningham avait soigneusement préparé la transmission de son
répertoire, c’est donc aux autres compagnies de reprendre désormais le
flambeau.
Dominique Adrian © 2012, Dansomanie
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Xover
Suite for Five
Chorégraphie : Merce Cunningham
Musique : John Cage
Costumes : Robert Rauschenberg
Lumières : Beverly Emmons
Quartet
Chorégraphie : Merce Cunningham
Musique : David Tudor
Décor et costumes : Mark Lancaster
Xover
Chorégraphie : Merce Cunningham
Musique : John Cage
Décors et costumes : Robert Rauschenberg
Lumières : Josh Johnson
Avec : Brandon Collwes, Dylan Crossman, Emma Desjardins, Jennifer Goggans
John Hinrichs, Daniel Madoff, Rashaun Mitchell, Marcie Munnerlyn, Krista Nelson
Silas Riener, Jamie Scott, Robert Swinston, Melissa Toogood, Andrea Weber
Musique enregistrée
Samedi 17 décembre 2011, Théâtre de la Ville, Paris
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