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critiques et comptes rendus
Bayerisches Staatsballett (Munich)

26 novembre 2011 : Casse-Noisette / Der Nußknacker (John Neumeier)


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Casse-Noisette (chor. John Neumeier)


Il n’est jamais trop tôt pour offrir au public l’obligatoire cadeau de Noël qu’est Casse-Noisette, surtout quand, comme dans la version de John Neumeier, la fête qui constitue le cadre de la narration n’est plus la Nativité, mais plus égoïstement l’anniversaire de son héroïne principale. Renouant avec l’un des ballets les plus anciens de son répertoire une semaine avant le début de l’Avent, le Ballet de Bavière se trouve donc en terrain conquis, devant un public qui ne demande pas mieux et dans ce qui est stylistiquement sa langue maternelle. Appartenant au style le plus classique d’un chorégraphe dont la carrière aura parcouru tous les genres, ce Casse-Noisette n’a certes plus le charme de la nouveauté, à une époque où toutes les relectures des grands classiques ont été expérimentées, mais il garde un fort pouvoir de séduction, nonobstant une interprétation musicale inhabituellement pataude.

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Katherina Markowskaja (Marie)

Le personnage principal est ici interprétée par une interprète extérieure à la troupe : Katerina Markowskaja, ancienne étoile du Ballet de Kiev ayant pris son indépendance en 2010, est une danseuse expérimentée, ce qui rend d’autant plus stupéfiant sa capacité à entrer dans la peau d’une enfant au seuil de l’adolescence. Sa petite taille est bien sûr un atout, mais cette identification va bien au-delà du gabarit : le visage, la gestuelle, l’énergie font oublier l’expérience pour faire vivre à Marie cette aventure singulière dans le monde du ballet qui va faire d’elle, à la fin du ballet, un peu plus qu’une enfant. Ce naturalisme, cependant, a aussi ses limites : on aurait aimé qu’à côté de cette exubérance gracile se construise un personnage un peu plus complexe, plus confronté à ses doutes et à ses peurs. Pour ce qui est le plus important des rôles véritablement dansés du ballet, Daria Sukhorukova, qui alterne avec Lucia Lacarra, n’est pas mise en difficulté par un rôle qui n’est pas le plus difficile ni surtout le plus long des ballets de Neumeier, mais la trop grande vivacité avec laquelle elle aborde le pas de deux du deuxième acte finit par donner à sa danse un caractère anguleux qui ne convient guère ici.

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Casse-Noisette (chor. John Neumeier)

L’écriture de Neumeier pour le corps de ballet comporte de nombreuses occasions pour que les jeunes solistes masculins puissent être mis en valeur, et ces espoirs qui constituent un des intérêts les plus appréciables de la troupe ces temps-ci ne déçoivent pas, dont Karen Azatyan, Javier Amo Gonzalez ou Wlademir Faccioni. L’expérience, elle, est représentée par le Drosselmeier de Cyril Pierre, dont le rôle est plus central encore que son équivalent dans les versions classiques : c’est par son intermédiaire que Marie quitte l’enfance, par le biais de son monde merveilleux qu’est le ballet, et John Neumeier choisir, comportements fantasques compris, d’en faire un alter ego de Marius Petipa, auquel toute la pièce rend hommage. On sait à quel point Cyril Pierre exerce dans ces rôles remplis d’une autorité parfois austère – son Tybalt, dans le Roméo et Juliette de John Cranko, est une expérience à ne pas manquer. Sans doute le rôle sollicite-t-il ici plus ses qualités d’acteur que sa virtuosité de danseur classique, mais il trouve tout de même toute latitude pour déployer ses talents.

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Marlon Dino (Günther) - Katherina Markowskaja (Marie)

Sans doute ce Casse-Noisette, à mi-chemin entre les versions classiques et les relectures qu’ont pu tenter les chorégraphes contemporains, est-il difficile à situer, quelque part entre le néo-classicisme de son esthétique générale et une modernité dont les ressorts sont sans cesse cachés derrière le respect formel des codes du ballet narratif tels qu’on pouvait les concevoir en 1971. Devenu lui-même, quarante ans plus tard, un classique presque comme un autre, il mérite pourtant bien qu’on aille en quête de tous ces détails qui lui donnent sa saveur et grâce auquel son charme n’est pas uniquement tourné vers le passé.



Dominique Adrian © 2011, Dansomanie

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Norbert Graf (Le Consul Stahlbaum) - Zuzana Zahradníková (Mme Stahlbaum)


Casse-Noisette / Der Nußknacker

Musique : Piotr Ilitch Tchaïkovsky

Chorégraphie : John Neumeier
Décors et costumes : Jürgen Rose

Mme Stahlbaum Séverine Ferrolier
Le Consul Stahlbaum – Norbert Graf
Marie – Katerina Markowskaja
Louise – Daria Sukhorukova
Karent Azatyan – Fritz
Drosselmeier – Cyril Pierre
Günther – Lukaš Slavický

Bayerisches Staatsballett
Orchester der Bayerischen Staatsoper, dir.Valery Ovsianikov

Samedi 26 novembre 2011,  National Theater, Munich


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