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critiques et comptes rendus
Ballet du Capitole de Toulouse

11 septembre 2011 : Giselle, chorégraphié par Nanette Glushak


Giselle
Isabelle Brusson (Myrtha)


Le Théâtre du Capitole innove. Deux représentations exceptionnelles de Giselle ouvrent très tôt la saison de ballets. En ces jours de fin d’été où la chaleur toulousaine est encore lourde, après les heures matinales où la ville rose s’arrête pour le rugby, pourquoi ne pas se réfugier dans une salle de spectacle agréablement climatisée? Le public est d’accord puisqu’il est venu en nombre au Casino-Théâtre. Cette programmation inhabituelle renforce aussi le partenariat du Capitole avec la maison Barrière qui peut ainsi proposer tout au long de l’année un large éventail de spectacles tous publics, dans une agglomération à la croissance démographique record.
 
La précédente reprise de Giselle date d’à peine plus d’un an, et pourtant les nombreux mouvements d’effectifs au sein du Ballet du Capitole ont conduit à plusieurs prises de rôles, particulièrement en cette matinée de dimanche. Tatyana Ten, pourtant dans le corps de ballet, aborde ainsi le rôle-titre le plus convoité par les danseuses quelles qu’elles soient. C’est un magnifique défi pour cette jeune danseuse née en Ouzbékistan, mais ayant fait ses classes et ses premières armes au Kazakhstan, et qui commence seulement sa deuxième saison au Ballet du Capitole.

Giselle
Valerio Mangianti (Albrecht) et Tatyana Ten (Giselle)

Peut-être assaillie par le trac au début du premier acte, elle semble trop concentrée sur sa technique et en oublie parfois son partenaire. Le déclenchement du drame, au moment où la trahison de Loÿs / Albrecht devient évidente la voit s’engager totalement dans une scène de la folie hautement convaincante.

Mais si sa conception de la jeune paysanne est encore à approfondir, elle s’épanouit complètement au deuxième acte où elle peut faire valoir les qualités que l’on avait entrevues dans sa variation de la Prière dans Coppélia. Déplacements légers sur pointes, larges développés, longues arabesques, toute la grammaire technique constitutive du rôle est là et tout est artistiquement pensé. Son apparition blanche et vaporeuse au milieu de créatures fantasmagoriques à l’aspect végétal frappe par son évidence.

L’Albrecht de Valerio Mangianti était déjà connu. Ce danseur démontre une fois de plus un grand sens du tragique, qui s’exprime à plein dans ce type de rôle. Si on peut lui reprocher parfois un manque de fluidité dans ses variations, il est en revanche un excellent partenaire, attentif et jamais pris en défaut. De plus il ponctue la terrible coda du deuxième acte d’une formidable série de 32 (!) entrechats-six, parfaitement exécutés, tradition instituée par Serge Lifar.

Giselle
Valerio Mangianti (Albrecht) et Tatyana Ten (Giselle)

Autre prise de rôle : Isabelle Brusson dans celui très difficile de Myrtha. Melle Brusson, qui a dansé Gamzatti à la Scala de Milan  possède toute l’autorité naturelle nécessaire pour diriger la grande scène des Wilis qui ouvre le deuxième acte. Elle aussi gagne en ampleur au fil de ses évolutions.

Dans le pas de deux des vendangeurs, on retrouve avec plaisir Maki Matsuoka. Elle déjoue toutes les difficultés de sa partie avec une aisance déconcertante. A ses côtés Takafumi Watanabe, nouvellement promu soliste, déploie avec enthousiasme sa virtuosité en batteries et pirouettes. Dmitri Leshchinskiy, sans défaut mais sans grand relief, ne fait pas oublier les précédents titulaires du rôle, dramatiquement essentiel, d’Hilarion. Soulignons encore l’émouvante scène de la vision de Berthe, la mère de Giselle, incarnée par Marina Lafargue. Le corps de ballet fait preuve d’une belle vivacité au premier acte et les wilis de l’acte blanc font oublier leur faible nombre de 14 en soignant leurs alignements.

Giselle
Takafumi Watanabe et Maki Matsuoka (Les Vendangeurs)

On regrettera l’absence de l’orchestre, ce qui inévitablement retire un tant soit peu de magie à l’ensemble, en particulier lors des adages du deuxième acte, où les arabesques portées sont tellement plus expressives lorsqu’elles sont soutenues par les musiciens.

De nouvelles recrues ont enrichi le corps de ballet cette année. Gageons que certains d’entre eux nous réservent encore de belles surprises dans une saison au cours de laquelle les occasions de briller seront nombreuses. 
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Jean-Marc Jacquin © 2011, Dansomanie

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Giselle
Chorégraphie :Nanette Glushak, d'après Jules Perrot, Jean Coralli et Marius Petipa
Musique : Adolphe Adam
Décors :
Farouk Ratib
Costumes : Joop Stokvis
Lumières : Allain Vincent

Giselle
Tatyana Ten
Loÿs / Albrecht Valerio Mangianti
Myrtha Isabelle Brusson
Hilarion Dmitri Leshchinskiy
Berthe Marina Lafargue
Bathilde Paola Pagano
Le Prince de Courlande Henrik Victorin
Wilfried Davit Galstyan
Vendangeurs Maki Matsuoka, Takafumi Watanabe

Ballet du Capitole
Musique enregistrée

Dimanche 11 septembre 2011, Casino Théâtre Barrière , Toulouse


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