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Bayerisches Staatsballett (Munich)
26 avril 2011 : La Mégère apprivoisée / Der Widerspenstigen Zähmung (John Cranko)
La Mégère apprivoisée (chor. John Cranko)
Il y a peu de ballets comiques réussis, on le sait : La Mégère apprivoisée de John Cranko est peut-être le seul avec La Fille mal gardée
à susciter de véritables rires dans le public à
chaque représentation – on se souviendra peut-être
que même le public parisien avait succombé lors de la
tournée du Ballet de Stuttgart en 2007. Pour cette 114e
représentation au Ballet de Bavière, la distribution
n’était pas des plus brillantes sur le papier, surtout
quand on pense que depuis sa reprise en janvier 2011 après 8 ans
de pause il avait affiché notamment Natalia Ossipova, mais cette
modestie apparente n’empêche pas un beau succès
à la fin de la soirée, avec quelques très belles
réussites tempérées par quelques manques.
Karen Azatyan (Hortensio)
Roberta
Fernandes, première soliste souvent cantonnée dans des
rôles secondaires, avait dans le rôle si brillant de
Katharina l’occasion de montrer toutes les facettes de son art :
ce qu’elle a le moins réussi est l’aspect
théâtral du rôle, avec des efforts certains qui,
malheureusement, se voient : sa Katharina est trop extérieure,
trop dépourvue de complexité, trop peu émouvante,
et on sent trop peu l’évolution du personnage – ce
qui fait le personnage, c’est cette grande colère qui
l’anime contre le monde extérieur, et les grandes
interprètes du rôle sont celles qui réussissent
à la fois à faire rire de cette colère et à
faire sentir qu’elle n’est pas forcément
injustifiée. En revanche, on avouera ne pas s’être
attendu de sa part à une telle qualité de danse, avec des
jambes admirables, qui résistent sans broncher aux exigences de
précision terribles de la chorégraphie de Cranko ; on
imagine le travail musculaire qui se cache sous cette précision,
mais on ne fait que l’imaginer, car on est loin d’une
interprétation athlétique, soucieuse de montrer la
virtuosité – ce qui serait, bien sûr, aux antipodes
du travail de Cranko.
Lukáš Slavický, lui, était une distribution
plus attendue dans le rôle de Petrucchio, tant on a
l’habitude de le voir dans ce type de rôles vibrionnants.
Le contrat n’en est pas moins brillamment rempli, avec une
qualité de sauts particulièrement remarquable, même
si l’abondante iconographie publiée dans le programme
rappelle que Richard Cragun, le créateur du rôle à
Stuttgart, comme Peter Breuer lors de la première à
Munich, avaient sans doute plus de noirceur, ce qui
n’enlève pas sa séduction propre à la
jeunesse intrépide de ce Petrucchio.
Ivy Amista (Bianca) - Maxim Chashchegorov (Lucentio)
Le
couple secondaire incarné par Maxim Chashchegorov et Ivy Amista
présente des qualités et des limites bien
différentes. Ivy Amista campe une Bianca discrète,
certainement plus qu’il n’aurait été
souhaitable, et si sa danse est très honorable, on aurait
souhaité qu’elle lui permette de construire un personnage
plus immédiatement attachant. Son partenaire, lui, est depuis
quelques années un des grands espoirs de la compagnie, et si son
Lucentio réussit à briller avec élégance,
on imagine d’ores et déjà ce que sera, certainement
bientôt, son Petrucchio. C’est aussi grâce à
eux et à l’ensemble des seconds rôles et de la
troupe que le Ballet de Bavière continue à être au
même titre que le Ballet de Stuttgart un temple à la
mémoire de John Cranko, qui avait d’ailleurs
partagé la direction des deux troupes entre 1968 et 1972.
Dominique Adrian © 2011, Dansomanie
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La Mégère apprivoisée (chor. John Cranko)
La Mégère apprivoisée / Der Widerspenstigen Zähmung
Musique : Karl-Heinz Stolze d’après Domenico Scarlatti
Chorégraphie : John Cranko
Décors et costumes : Jürgen Rose
Baptista – Vincent Loermans
Katharina – Roberta Fernandes
Petrucchio – Lukáš Slavický
Bianca – Ivy Amista
Lucentio – Maxim Chashchegorov
Gremio – Norbert Graf
Hortensio – Karen Azatyan
Bayerisches Staatsballett
Orchester der Bayerischen Staatsoper, dir. Myron Romanul
Mardi 26 avril 2011, National Theater, Munich
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