|




|

 |
|
|
Théâtre du Léman (Genève)
25 mars 2011 : La Belle au bois dormant, par le Ballet-Théâtre de Saint-Pétersbourg
Irina Kolesnikova (Aurore)
La Belle au bois dormant,
chef-d’œuvre de
Tchaïkovsky, est un ballet en trois actes et une apothéose,
d’après le conte de Charles Perrault sur une
chorégraphie de Marius Petipa revue par Konstantin
Serguéïev. Il a été
représenté pour la première fois en 1890 au
Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg. C’est
l’un des ballets les plus
emblématiques et les plus représentés dans le
monde entier du répertoire classique ; il offre, avec Aurore, un
rôle en or aux stars du chausson (Sylvie Guillem,
Maïa Plissetskaïa ou Margot Fonteyn et bien d'autres s'y sont
illustrées).
La salle du Théâtre Léman n’était
malheureusement pas pleine le soir du 25 mars, mais on observe
avec intérêt un public plutôt familial avide de
secrets et la magie de la danse classique. Alors, pari gagné?
Oui et non. Certes, les atouts de ce spectacle ne sont pas
négligeables, avec notamment la présence
alléchante d'Irina Kolesnikova, ainsi que celle de l'orchestre
du Ballet-Théâtre de Saint-Pétersbourg,
placé sous la direction inspirée de Vadim Nikitin. Par
ailleurs, un charme suranné se dégage de tous les
tableaux de la production du Ballet-Théâtre de
Saint-Pétersbourg, où les beaux costumes de Galina
Solovieva, les décors, et les danseurs transportent le
spectateur dans la plus pure tradition de l’école de danse
russe.
Mais l’émotion, le lyrisme et la poésie ne sont
malheureusement pas au rendez-vous. L’ensemble paraît
joli et efficace, mais assez figé. Quant aux danseurs, bien
qu’ils exécutent leurs pas avec brio et professionnalisme,
il leur manque une vraie alchimie entre gestuelle
et caractérisation des rôles, ainsi que l'indispensable magie qui se crée lorsqu’un artiste
dépasse le simple enchaînement de pas, pour incarner réellement un personnage, condition
indispensable pour émouvoir les spectateurs.
Le prologue, où la pantomime domine, est assez réussi. Il
est construit avec intelligence et sensibilité, dans des
décors dont l'aspect féerique se charge vite de
menaces, avec l’arrivée de la terrible Carabosse,
interprétée avec talent.
Irina Kolesnikova (Aurore)
L’arrivée dans le premier acte d’Irina Koleshnikova
change la donne : nous sommes ici en face d’une danseuse
renommée sur le plan international dans le rôle exigeant
d'Aurore. Kolesnikova possède un certain nombre
d’atouts : une présence charismatique sur scène et
un rayonnement certain. Mais le rôle de la princesse ne convient
guère à son tempérament de femme mûre. Il lui
manque l’innocence, la fraîcheur, la naïveté
d’Aurore. Si Irina Kolesnikova arrive à capter
l’intérêt du spectateur par sa technique (qui ne s’avère pas
exceptionnelle ici), elle ne parvient cependant pas à transmettre la
poésie et la magie d’Aurore. Sa danse reste jolie, mais
froide et toujours à la surface de l’émotion. Ainsi, la scène de la vision
d’Aurore dans le deuxième acte, bien que solidement
interprétée, manque-t-elle de lyrisme.
Dans le troisième acte et l’apothéose, où
précisément la
technique et l’entrain l’emportent sur
l’émotion, la troupe du Ballet-Théâtre de
Saint-Pétersbourg fait montre d'une certaine pesanteur, sans atteindre le merveilleux.
Le partenaire d'Irina Koleshnikova, Dmitry Rudachenko, exécute
le
rôle du Prince Florimond avec efficacité. Il manque
toutefois de
charisme et sa danse gagnerait à plus de fluidité. La
Fée Bonté (Fée des Lilas) s'avère
satisfaisante, tandis que le corps de ballet reste solide, mais trop
prosaïque.
On quitte la salle du Théâtre Léman avec une
certaine frustration, comme si l'on était en train de feuilleter
un livre avec de jolies images qui, cependant, n’arrivent jamais
à
nous émerveiller. Un tel spectacle peut-il toucher le large
public qui n’est pas familiarisé avec la danse classique?
Peut-être. Pour
les balletomanes avertis ou les spectateurs
«hermétiques» à la danse classique,
l’enchantement n’est cependant pas tout à fait au
rendez-vous.
Yiannakis Ioannides © 2011, Dansomanie
Le
contenu des articles publiés sur www.dansomanie.net et
www.forum-dansomanie.net est la propriété exclusive de
Dansomanie et de ses rédacteurs respectifs.Toute reproduction
intégrale ou partielle non autrorisée par Dansomanie
ou ne relevant pas des exceptions prévues par la loi (droit de
citation
notamment dans le cadre de revues de presse, copie à usage
privé), par
quelque procédé que ce soit, constituerait une
contrefaçon sanctionnée
par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la
propriété
intellectuelle.
La Belle au bois dormant
Chorégraphie : Marius Petipa
Musique : Piotr Ilitch Tchaïkovsky
Décors : Simon Pastukh
Costumes : Galina Solovieva
Aurore – Irina Kolesnikova
Le Prince Florimond – Dmitry Rudachenko
Ballet-Théâtre de Saint-Pétersbourg
Orchestre du Ballet-Théâtre de Saint-Pétersbourg, dir. Vadim Nikitin
Vendredi 25 mars 2011, Théâtre du Léman, Genève
|
|
|