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Ballet du Capitole de Toulouse
23 avril 2009 : Casse-noisette au Théâtre du Capitole de Toulouse
Le Ballet du Capitole de Toulouse présentait cette saison une nouvelle production de Casse-noisette,
qui vient se substituer à celle que le public toulousain
connaissait depuis une dizaine d’années
déjà. La chorégraphie est signée de Michel
Rahn, maître de ballet de la compagnie, également auteur
de la version précédente au répertoire du
Capitole. Les décors d’Ezio Frigerio et les costumes de
Franca Squarciapino ont pour leur part été
remplacés par une scénographie due à Charles
Cusick-Smith, l’un des collaborateurs réguliers de
l’English National Ballet.
Maria Gutierrez (Clara)
Ce Casse-noisette se veut fidèle à l’esprit d’enfance présidant à l’Histoire d’un Casse-noisette
d’Alexandre Dumas, qui avait directement inspiré le livret
d’Ivan Vsevolojski et Marius Petipa. Cette version
privilégie donc le caractère léger et onirique du
conte de Noël et tourne le dos au côté sombre et
cauchemardesque que développait à l’origine
Hoffmann, davantage exploité dans certaines versions modernes du
ballet, comme celle de Rudolf Nouréev. Tout second degré
ou interprétation pseudo-psychanalytique sont ainsi bannis
d’emblée. Sur le plan chorégraphique, on est ici
plus proche des traditions anglo-saxonnes : au couple
Clara/Casse-noisette qui intervient principalement dans l’acte I
succède dans l’acte II celui formé de la Fée
dragée et du Prince bienfaisant. Ainsi, le Grand Pas de deux et
la valse finale sont-ils dansés par la Fée dragée
et le Prince bienfaisant, et non par Clara et le Prince Casse-noisette.
Si l’acte II est dédié aux traditionnels
divertissements auxquels assistent en spectateurs Clara et
Casse-noisette, en revanche, quelques coupures ont été
pratiquées dans la partition, notamment la Danse de Mère
Gigogne et de ses clowns, souvent sacrifiée du reste.
Maria Gutierrez (Clara) - Breno Bittencourt (Le Prince Casse-noisette)
Sur le plan visuel, l’ouvrage se situe également dans le
fil des productions anglo-américaines, avec une
scénographie qui s’autorise quelques allusions au
music-hall (Valse des flocons), tout en demeurant constamment dans les
bornes du bon goût. Le second acte réserve tout de
même quelques facéties à l’attention des
balletomanes : dans la Danse espagnole déboulent Kitri et
Basilio, tandis que Nikiya et Solor font leur apparition dans la Danse
orientale (originellement Danse arabe). Seule la danse du Grand
père, à l’acte I – essentiellement
dédié à la pantomime -, manquait d’esprit
– plus d’ailleurs en raison de la chorégraphie un
peu atone ici que par la faute des interprètes.
Paola Pagano et Saul Marziali dans la Danse orientale
Compte-tenu de la volonté affichée de respect –
dans les grandes lignes – de la tradition, Maria Gutierrez
(Clara) doit partager le rôle féminin principal avec
Magali Guerry (la Fée dragée), un acte revenant à
chacune.
Maria Gutierrez, au tempérament vif, enjoué, est une
habituée des rôles de demi-caractère – elle
est notamment la Kitri attitrée du Ballet du Capitole. Son
physique juvénile et son expression mutine se prêtent
parfaitement à l’incarnation de la jeune Clara Stahlbaum.
Sa technique nerveuse et propre confère à son
interprétation de Clara beaucoup de tonicité. Le lyrisme
n’est pas pour autant absent de son jeu une fois accomplie la
métamorphose de Casse-noisette en Prince charmant, qui lui
apparaît sous les traits de Breno Bittencourt. Le soliste
charismatique de la troupe du Capitole, d’une prestance
remarquable, doit néanmoins céder la vedette, au second
acte, à Kazbek Akhmedyarov, à qui échoit le
rôle du Prince bienfaisant. Arrivé de fraîche date
à Toulouse, le danseur kazakhe, fait montre d’une
puissance et d’un brio impressionnants qui devraient lui ouvrir
les portes d’une belle carrière internationale. A ses
cotés, Magali Guerry fait valoir ses équilibres
très sûrs et sa belle technique de pointe acquise à
l’Ecole de danse de l’Opéra de Paris, dont elle est
issue.
Kazbek Akhmedyarov (Le Prince bienfaisant) - Magali Guerry (La Fée dragée)
Les danses de caractère (divertissements) ont été
plutôt bien rendues. Les acrobates chinois (Hugo Mbeng et
Raphaël Paratte) se sont taillés un vif succès, mais
on soulignera également l’excellente tenue du trio
féminin des Mirlitons, formé de Juliana Moraes,
Gaëlle Riou et Lucile Robert. La Danse espagnole, traitée
ici en pas de quatre, était pour sa part dominée par la
forte personnalité de Maria Lucia Segalin («Kitri»),
bien secondée par Davit Galstyan («Basilio»).
Pascale Saurel (au premier plan) dans la Valse des flocons
Le corps de ballet a pour sa part affiché une assez belle
coordination d’ensemble ; la célèbre Valse des
flocons a été interprétée avec une
unité parfaite et des lignes tirées au cordeau.
Enfin, l’orchestre du Capitole, emmené par Jiri Petredik,
nous a aussi valu quelques belles satisfactions. Le jeune chef
tchèque – qui avait la dure tache de succéder
à Tugan Sokhiev – a donné une lecture très
«symphonique» de la partition de Tchaïkovsky ; les
riches couleurs de l’instrumentation étaient bien mises en
valeur par d’excellents solistes dans les pupitres de cuivres et
de bois. Les tempi étaient souvent fortement contrastés
– tantôt plus lents, tantôt plus rapides que ceux
qu’on a coutume d’entendre – ce qui a pu causer
quelques soucis à des danseurs habitués à la
baguette de M. Sokhiev – mais ils avaient le mérite de
soutenir constamment l’intérêt de l’auditeur.
De surcroît, les parties intermédiaires (violons II, alti)
ressortaient bien de la masse instrumentale, apportant de
manière opportune des plaisirs nouveaux aux
balletomanes-mélomanes.
R. F. © 2009, Dansomanie
Casse-noisette
Musique : Piotr Illitch Tchaïkovsky
Chorégraphie : Michel Rahn
Décors et costumes : Charles Cusik-Smith
Eclairages : Mark Jonathan
Clara : Maria Gutierrez
Casse-noisette : Breno Bittencourt
Drosselmeier : Luca Masala
La Fée dragée : Magali Guerry
Le Prince bienfaisant : Kazbek Akhmedyarov
Madame Stahlbaum : Frédérique Vivan
Monsieur Stahlbaum : Fabien Cicoletta
Fritz : Jonathan Klein
Les Grands-parents : Lucille Robert - Patrick Segot
Le Roi des rats : Fabien Cicoletta
Danse espagnole : Maria Lucia Segalin - Davit Galstyan
Marina Lafargue - Dimitry Leshchinskiy
Danse orientale : Paola Pagano - Saul Marziali
Danse chinoise : Hugo Mbeng - Raphaël Paratte
Les Mirlitons : Juliana Moraes - Gaëlle Riou - Lucille Robert
Jérôme Buttazzoni - Minh Pham - Henrik Victorin
Ballet du Capitole de Toulouse
Orchestre du Capitole de Toulouse
Direction musicale : Jiři Petrdlik
Jeudi 23 avril 2009, Théâtre du Capitole, Toulouse
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