Les Solistes de l'Opéra de Paris et le Ballet Action Danse au Théâtre de Chartres
05 avril 2009 : Gala de danse au Théâtre de Chartres
Christophe Duquenne et Béatrice Martel dans Le Lac des cygnes
Chartres est devenu depuis quelques années un rendez-vous
traditionnel pour les balletomanes. Le gala, organisé par Sylvie
Hermeline, réunit des danseuses de sa propre compagnie, le
Ballet Action Danse, ainsi que des artistes issus de
l’Opéra de Paris. Outre Miho Fujii, Béatrice
Martel, Vanessa Legassy, Ghyslaine Reichert, Alexandre Labrot,
Gréogry Dominiak et Christophe Duquenne, l’affiche
proposait un autre invité de marque, en la personne de
François Mauduit. Cette ancien danseur du Ballet Béjart
à Lausanne s’est, en 2006, lui aussi lancé dans
l’aventure de la création d’une compagnie
professionnelle, installée à Caen.
François Mauduit dans Bim, clown de Dieu
François Mauduit présentait et interprétait deux de ses chorégraphies, Bim, Clown de Dieu,
un hommage appuyé à Maurice Béjart -
présent en voix-off - sur une musique de Wagner, suivi,
après l’entracte, de Et
maintenant, sur la chanson éponyme de Gilbert Bécaud.
C’est le second ouvrage qui aura tout particulièrement
recueilli les faveurs du public, et a d’ailleurs
constitué l’une des principales attractions de cette
matinée de ballet au Théâtre de Chartres.
Et maintenant est un solo spectaculaire, qui fait la part belle
à la virtuosité tout en étant solidement
construit sur le plan formel. Plus encore que dans Bim, Clown de Dieu,
la parenté de style avec le Maître est
flagrante et manifestement voulue. Il en va de même en ce qui
concerne l’interprétation, et la danse de François
Mauduit se situe dans la lignée d’un Gil Roman.
Miho Fujii (Aurore) et Alexandre Labrot (Désiré) dans La Belle au bois dormant
Le
programme de l’édition 2009 du gala de Chartres accordait
une place plus importante au répertoire classique et
néoclassique que celui de l’année
précédente. Symboliquement, le spectacle s’ouvrait
sur la brève mais ô combien difficile variation de
Gamzatti, extraite de la Bayadère, exécutée par
Mahélia Chesneau. Néanmoins, ce sont avant tout les
danseurs de l’Opéra de Paris qui sont ici en terre
d’élection ; après un joli pas de deux de La Belle au Bois
dormant où elle était soutenue par un Alexandre Labrot
élégant et attentionné, Miho Fujii s’est
illustré dans Pasticcio romantico, un solo, pastichant, comme son titre l’indique, le ballet romantique – La Sylphide,
en l’occurrence -, chorégraphié par Jean-Guillaume
Bart. Mlle Fujii s’y est révélée d’une
remarquable légèreté, nous gratifiant de
très belles arabesques et faisant montre de beaucoup de moelleux
dans les ports de bras. De la belle ouvrage.
Miho Fujii dans Pasticcio Romantico
Le pas de deux du Lac des cygnes dansé par Béatrice
Martel et Christophe Duquenne était de la même veine. M.
Duquenne a fort gentiment accepté de prêter son concours
à ce spectacle, et on saura gré à ce danseur
toujours prêt à rendre service d’avoir abordé
cette page célèbre de la danse romantique avec la
même rigueur, la même exigence que s’il avait
été le soliste d’une soirée au Palais
Garnier. Il témoigne ainsi du respect dans lequel il tient tant
le public que sa partenaire du jour, Béatrice Martel ; cette
dernière méritait d’autant plus
d’égards que son rang dans la hiérarchie dans le
corps de ballet de la compagnie nationale lui ôte quasiment toute
possibilité d’incarner Odette/Odile sur l’une des
scènes de l’Opéra de Paris, et que des
représentations telles que celles-ci sont pour la danseuse
l’occasion de faire valoir ses talents de ballerine classique
dans un grand rôle du répertoire.
Béatrice Martel dans Etude d'attitudes
Mlle Martel était aussi présente à Chartes en
qualité de chorégraphe avec Etude d’attitudes, une
parodie leste et drôle de quelque ballet dans le style de
Feuillet ou de Pécourt ; Béatrice Martel
interprétait elle-même cette plaisante pochade aux
côtés d’Alexandre Labrot, qui révélait
ici de réels dons d’acteur comique.
Autre actrice au tempérament facétieux, Ghyslaine
Reichert, qui s’exprimait cette fois dans un registre plus
sévère, en interprétant Vivre avec, une
chorégraphie tourmentée de Bruno Bouché que la
danseuse avait créée en 2007 au Musée Picasso de
Malaga, en Espagne.
Ghyslaine Reichert dans Vivre avec
C’est également à l’Opéra de Paris que revenait
l’honneur de conclure ce gala, avec Fado, de Jean-Philippe Dury,
ex-sujet de la troupe, et actuellement soliste des Grands Ballets
Canadiens. La chorégraphie, servie avec conviction par Vanessa
Legassy et Grégory Dominiak, mettait un terme à un
programme copieux dont la durée avoisinait les trois heures.
Mahélia Chesneau dans Inattendue
Les interventions des danseurs de l’Opéra National de
Paris étaient ponctuées de celles des artistes
d’Action Danse. Placées sous le signe de la
féminitude, elles faisaient pour leur part, si l’on
excepte la Gamzatti liminaire de Mahélia Chesneau, appel
à un langage chorégraphique plus résolument
contemporain. Elles offraient, elles aussi, l’opportunité
à Sylvie Hermeline et à ses disciples
d’apparaître à la fois en tant
qu’interprètes et créatrices. Se
succédèrent ainsi, outre les chorégraphies dues
à Sylvie Hermeline elle-même (Précieuses ou
savantes mais sans Dom Juan, Musique plaisir, Climats, Cinq personnages
en quête d’…, Jump with her shoes), …Dans
l’air (de et par Bérénice Mariau), 107 pas
(Angélique Boudier), Inattendue (Mahélia Chesneau) et
Pourquoi l’un et pas l’autre (Aurélie Chicault).
Aurélie Chicault dans Pourquoi l'un et pas l'autre
De ces différentes pièces, on retiendra principalement
Cinq personnages en quête d’…, sorte de paraphrase
dansée d’un film noir des Roaring twenties, dans lequel
s’illustre notamment Caroline Cousin, Pourquoi l’un
et pas l’autre, dans lequel Aurélie Chicault fait montre
d’une indéniable maturité scénique et
Précieuses ou savantes mais sans Dom Juan, qui offre quelques
poses et tableaux d’ensembles bien construits.
R. F ©
2009,
Dansomanie.
Christophe Duquenne et Béatrice Martel dans Le Lac des cygnes
La Bayadère, variation de Gamzatti
Musique : Ludwig Minkus
Chorégraphie : Marius Petipa
Gamzatti : Mahélia Chesneau
Bim, Clown de Dieu
Musique : Richard Wagner
Chorégraphie : François Mauduit
Avec : François Mauduit
Précieuses ou savantes mais sans Dom Juan
Musique : Antonio Vivaldi
Chorégraphie : Sylvie Hermeline
Avec : Ballet Action Danse
Musique plaisir
Musique : Georges Delerue
Chorégraphie : Sylvie Hermeline
Avec : Sylvie Hermeline
La Belle au bois dormant, pas de deux
Musique : Piotr Ilitch Tchaïkovsky
Chorégraphie : Marius Petipa
Aurore : Miho Fujii
Désiré : Alexandre Labrot
Dans l'air
Musique : Erik Satie, Troublemakers
Chorégraphie : Bérénice Mariau
Avec : Bérénice Mariau
107 pas
Musique : Björk
Chorégraphie : Angélique Boudier
Avec : Angélique Boudier
Le Lac des cygnes, pas de deux
Musique : Piotr Ilitch Tchaïkovsky
Chorégraphie : Marius Petipa
Odette : Béatrice Martel
Siegfried : Christophe Duquenne
Climats
Musique : Gabriel Yared
Chorégraphie : Sylvie Hermeline
Avec : Sylvie Hermeline
Cinq personnages en quête d'...
Musique : Franz Liszt
Chorégraphie : Sylvie Hermeline
Avec : Ballet Action Danse
Pourquoi l'un et pas l'autre
Musique : Nino Rota, Ronan Hardiman
Chorégraphie : Bérénice Mariau
Avec : Bérénice Mariau
Pasticcio romantico
Musique : Daniel François Esprit Auber
Chorégraphie : Jean-Guillaume Bart
Avec : Miho Fujii
Vivre avec
Musique : Paris Novembre
Chorégraphie : Bruno Bouché
Avec : Ghyslaine Reichert
Jump with her shoes
Musique : Gabriel Yared
Chorégraphie : Sylvie Hermeline
Avec : Ballet Action Danse
Et maintenant
Musique : Gilbert Bécaud
Chorégraphie : François Mauduit
Avec : François Mauduit
Etude d'attitudes
Musique : Marin Marais
Chorégraphie : Béatrice Martel
Avec : Béatrice Martel
Fado
Musique : Misia
Chorégraphie : Jean-Philippe Dury
Avec : Vanessa Legassy, Grégory Dominiak
Dimanche 5 avril 2009, Théâtre municipal, Chartres