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Béatrice Massin et les «Fêtes galantes» au Théâtre de Chaillot (Paris)
22 janvier
2009 : Un air de Folies, par la compagnie «Fêtes galantes»
Au
théâtre de Chaillot, dans la salle Gémier, est
présenté du 22 janvier au 31 janvier, le nouveau
spectacle de Béatrice Massin : Un air de Folies.
Ce spectacle pour gourmets du monde baroque est aussi une invite
à sa découverte; un peu comme on déguste une
saveur inconnue en y cherchant les différents composants.
Il faut dire que Béatrice Massin est passée maitre dans ces
subtiles échanges entre la danse et la musique. Pour elle,
«le corps dansant est un corps musical» et le mouvement est
avant tout synonyme d'énergie et de vitalité.
Formée par Francine Lancelot avec laquelle elle va vivre les
grandes aventures de la compagnie Ris et Danceries et notamment la chorégraphie du superbe Atys
créé en 1986 qui va réhabiliter l'opéra de
Lully non seulement en France mais aussi à Moscou qui reste
encore une terre de mission pour la danse Baroque. Sa troupe, Fêtes galantes, et son atelier font aujourd'hui référence.
Un air de Folies, par la compagnie Fêtes galantes
Un Air de folies
est un menu composé des Folies d'Espagne de Marin Marais et
d'airs de cour, genre vocal bref développé au 17e et 18e
au caractère souvent galant, sérieux ou tendre, chansons
à boire ou à danser : l'ancêtre de la
mélodie française.
La volonté de ne retenir que la danse et la musique se voit par
la simplicité du décor et la présence d'une
lumière changeante et douce, due à des bougies et
à des costumes qui mettent en valeur les déplacements
structurés où le corps est le plus souvent de face, rarement de
dos : corsets acidulés et pantalons pour les danseuses, chemises
de ville et pantalons pour les danseurs et le chanteur.
Un air de Folies, par la compagnie Fêtes galantes
Celui-ci évolue dans la danse un peu comme le violon-chef
d'orchestre évoluait dans ce temps là, dans l'orchestre,
comme pour transmettre à l'oreille attentive du public, à
chaque instant, une variation subtile de la disposition de masses
sonores reprises en strophes.
Philippe Cantor rentre dans l'ouvrage avec beaucoup de naturel, de sa
voix de baryton, accompagné d'une viole de gambe et d'un
théorbe. La danse, elle, est d'une technique mesurée,
précise, aussi bien dans les déplacements que dans les
figures propres à chaque danseur. Il émane d'elle un
mélange paradoxal de raffinement et de grand naturel, dû à
cette recherche de gammes simples, d'un mouvement équilibré.
Au fur et à mesure que la danse s'enhardit, les
répétitions se font plus subtiles et des
dissymétries naissent aussi bien dans la vitesse
d'exécution que dans la reprise du motif à l'unisson en
canon et en fugue. En revoyant Clapping music
de la très contemporaine Anne Teresa De Keersmaeker on est
surpris par la façon dont cette forme de structure était
réinterprétée ; mais les musiciens contemporains
ne délaissent-ils pas la musique romantique au profit du
baroque?
Un air de Folies, par la compagnie Fêtes galantes
L'ornementation, donnée par le haut du corps - plaisir du beau geste lu sur les
visages et mouvements des bras, des mains et des doigts arrondis
comme en offrande - promène le spectateur dans un jardin à
la française dont la recherche aiguise les sens et où la mode ne
semble avoir que peu de part.
Laurence Guez © 2009,
Dansomanie
Un air de Folies
Musique : Marin Marais, Gabriel Bataille, Antoine Boesset, Pierre Guédron
Michel Lambert, Jacques Le Fèvre, Jean-Baptiste Lully, Robert de Visée
Chorégraphie : Béatrice Massin
Avec : Céline Angibaud, Sarah Berreby, Laura Brembilla
Laurent Crespon, Adeline Lerme
Philippe Cantor, baryton
Jay Bernfeld, viole de gambe
André Henrich, théorbe
Dimanche 22 janvier
2009, Théâtre National de Chaillot, Paris
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