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Biennale de la danse
2008 à Lyon (4)
27 septembre
2008 : Del
amor y otras cosas - Rafaela Carrasco
De l'amour et d'autres choses –
c'est avec cette pièce courte pour deux danseurs que la
compagnie Rafaela Carrasco était pour la première
fois au programme de la Biennale de la Danse de Lyon, pour une rare
apparition en France. Le couple central, auquel viennent s'ajouter
quatre musiciens, incarne comme peu l'ont fait l'idée de
transmission que le festival souhaitait mettre en relief ; le flamenco
possède en effet une manière de s'inscrire dans
les corps que ne renierait pas la danse classique, et Rafaela Carrasco
comme Daniel Doña interprètent cette tradition
comme une autorité, l'inépuisable source de
récits à recréer et à
raconter.
Del
amor y otras cosas commence et finit ainsi avec la
répétition et le prolongement constant,
l'extension lente dans l'espace d'une séquence de mouvements
qui ne quitte pas l'avant-scène. Prélude
à une oeuvre qui utilise à merveille l'espace
intimiste du théâtre de la Croix-Rousse
– frappent immédiatement la puissance terrestre de
chaque geste, la richesse de détails venue du flamenco. La
technique, si elle n'est pas nécessairement
familière au spectateur, ne fascine pas moins dans
l'articulation des bras, l'attachement au sol. Equilibres et tours sont
ancrés dans la terre comme dans la musique, poignante.
Daniel Doña évoque la corrida et ses luttes dans
la courbe dessinée par un bassin placé en avant
– quant à Rafaela Carrasco, comment parler d'une
mécanique du geste quand elle est si profondément
intériorisée ? Elle entre en scène
pour incarner (le flamenco, la maturité) et porte la
pièce avec un corps empreint d'histoire, une
autorité grave.

Si la chorégraphie qu'elle signe n'a rien de
particulièrement audacieux, elle développe et
nuance le motif du duo à l'aide de simples accessoires
– une robe de papier blanc couverte de mots que la danseuse
déchire petit à petit, de désespoir,
un décor en forme de forme de colonnes obliques. Un
très long manteau noir passe de l'homme à la
femme, qui se recroqueville dans la traîne, semblable
à la muleta du torero. Plus loin, c'est un cordon ombilical
rouge qui s'établit entre eux, prisonniers de manches
à chaque extrémité. Le mouvement
utilise ces métaphores comme de nouvelles
possibilités d'expression, non sans éviter
certains clichés du couple
méditerranéen, dont Rafaela Carrasco et Daniel
Doña donnent quoi qu'il en soit une
interprétation viscérale, simple mais
incarnée ; de la sensualité de leur
première rencontre à l'abandon avec lequel ils
s'abîment dans les entrelacements du cordon rouge, leurs
corps se rencontrent, se réfugient naturellement l'un
auprès de l'autre. L'arc fragile qu'ils dessinent
jusqu'à la séparation, jusqu'au moment
où Rafaela Carrasco se dégage des manches qui
l'entravaient, est celui d'une histoire.
Jesús Torres, Pablo
Suárez, José Luis López et Nacho
Arimany, les quatre musiciens, sont du voyage, et le flamenco parle
peut-être autant ici de l'amour que de la musique qui le
porte. Il est étonnant de voir, en flânant sur
Internet, à quel point les extraits vidéo ne
rendent pas justice au travail de la compagnie sur scène
– preuve, peut-être, de ce que la danse doit
à la présence entière de ses
interprètes, brûlante, lourde de
passés. En être le témoin justifie
beaucoup de nuits de théâtre.
Azulynn © 2008,
Dansomanie
Del amor y otras cosas
Chorégraphie : Rafaela Carrasco
Biennale de la danse de
Lyon
Mercredi 17 septembre
2008, Opéra
de Lyon
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