Roméo et Juliette ONP Bastille 10/06-10/07/2021

[Imtheboy]

Bonjour à tous,

Ayant vu deux fois la distribution Gilbert-Marchand, et une fois Heymann-Ould-Braham, je vais me risquer à un petit comparatif.

J'ai vécu de manière beaucoup plus intense le drame lors de la distribution G-M. Le moindre geste ou regard de l'un ou de l'autre, souligné par la musique, était à fendre l'âme. C'était Roméo et Juliette à 110%, et je ne sais combien de frissons, d'estomac noué, de larme à l’œil.

J'adore le couple formé par Heymann et MOB, mais j'ai trouvé que sur ce ballet précisément, au niveau de la pure tragédie, on n'y était pas. Je n'ai pas retrouvé le souffle des pas de deux de l'autre couple, cette osmose, cette fusion, cette vitalité débordante. J'ai l'impression qu'ils ont dansé R&J comme on danserait Giselle, ou la Belle au bois dormant, avec un fond de romantisme qui, à mon avis, ne colle pas ici. On n'est pas dans la mélancolie, on est dans l'adolescence folle, l'appétit, le jusqu’au-boutisme ; on n'est pas dans la métaphore ou la sublimation, on est dans la chair. Il faut mourir sur scène. Je me suis aperçu que je cherchais dans R&J moins une danse 'parfaite' qu'un engagement émotionnel complet, y compris si cela impactait la qualité chorégraphique ou la recherche de la ligne (typiquement, Marchand a un côté un peu maladroit parfois, un peu relâché, qui ne m'a pas gêné car il était Roméo, il respirait Roméo, il était clair dès le début qu'il allait mourir). Bien sûr, la danse d'Heymann et MOB était magnifique ; d'une certaine manière, ils ont même 'mieux' dansé que Gilbert et Marchand ; c'était plus ciselé, plus net. J'ai découvert grâce à eux des passages chorégraphiques qui m'avaient échappé. Et je ne dis pas qu'ils ont manqué d'engagement émotionnel, bien sûr ils y étaient, mais de manière, j'ai trouvé, plus distante, plus contrôlée, plus 'pro', concentrés avant tout sur la danse. C'était l'esprit "Ballet de l'Opéra de Paris". Quelque chose qui m'a frappé, c'est qu'on avait l'impression que leur couple était 'muet' ; alors que les R&J de Gilbert et Marchand semblaient ne pas arrêter de se parler.

Avec Marchand et Gilbert, on était immédiatement dans la tragédie, dès leurs entrées en scène respectives ; et le fil du tragique était maintenu de manière intense à chaque minute du ballet, même quand ils n'étaient pas présents. C'est étonnant car même en le voyant deux fois, à quelques jours d'écart, avec la même distribution, ça a 'marché' de la même manière. La scène était comme saturée de tragédie. J'étais lessivé à la fin, j'avais vécu le drame avec eux.

J'ai beaucoup aimé Pablo Legasa dans Mercutio, je regrette toutefois qu'Alu n'ait pas été distribué dans ce rôle où il est magnifique. Bullion, quant à lui, est un Tybalt-né. C'est vraiment un danseur qui "assure" dans chaque rôle qu'il tient, et là il est particulièrement bon.

Enfin, je trouve vraiment le rôle de Pâris très ingrat, quel dommage qu'il n'ait pas à un moment donné un passage où briller.

[CatherineS]

La variation de Paris est certes ingrate, mais ça doit être la seule version où Paris danse vraiment et ne se contente pas de faire le pot de fleur. Il est présent naturellement lors du bal, mais aussi dans cette scène qui va braquer Juliette contre ses parents... Alors maintenant c'est vrai que sa variation n'est pas la plus belle du ballet, il n'a pas non plus le trio ou la scène de la route de Mantoue qui permet à Benvolio d'exister réellement. Maintenant Paris a aussi un rôle ingrat dans la pièce, le fiancé trompé qui mourra en plus de la main du bien-aimé !

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[Aventure]

J'ai pu assister à la dernière de Roméo & Juliette, distribution Dorothée Gilbert/Hugo Marchand. C'était, après plusieurs tentatives, mon premier spectacle à l'Opéra de Paris !

Le moins que l'on puisse dire est que j'ai beaucoup apprécié ma soirée, nul doute que je reviendrai ! J'avais très peur de ne pas bien voir, notamment en raison de l'éloignement de la scène, mais finalement j'y voyais très bien et me suis à peine servie de mes jumelles. Certes les visages ne sont pas très visibles mais l'émotion transparaissait très bien de par la chorégraphie et l'intention des danseurs, bravo à eux ! La scénographie, très belle, m'a beaucoup plu.

Etant plus habituée à la version Charles Jude à l'Opéra de Bordeaux, je n'ai pas été trop dépaysée, Jude s'étant apparemment beaucoup inspiré de la version de Noureev, notamment pour le développement des personnages secondaires masculins. Le pauvre Pâris n'est vraiment pas gâté par sa variation ingrate, pas très jolie et qui semble monstrueusement difficile.

J'ai beaucoup aimé les scènes de groupe, les drapeaux, les batailles, le corps de ballet était très investi et en place, rendant les scènes très vivantes.
Le personnage de Mercutio, toujours très applaudi quelque soit les versions j'ai l'impression, m'a laissé une super impression. Pablo Legasa était très drôle et a récolté pas mal de rires de la part du public, et ses variations spectaculaires ont été chaleureusement acclamées. Il formait un trio avec Benvolio (qui, s'il a moins l'occasion de faire montre de ses talents, est un rôle indispensable et qui a été très bien dansé par Fabien Révillion) et Roméo complice et attachant, ça fonctionnait très bien.
Le Tybalt de Mathieu Ganio était formidable, tout en nuances et en subtilité, entre une force presque martiale et beaucoup de tendresse fraternelle envers Juliette. Le combat avec Mercutio était un grand moment où la salle retenait son souffle !

Et que dire des personnages principaux ? J'ai été particulièrement charmée par Dorothée Gilbert, et l'évolution qu'elle donne au personnage de Juliette, qui prend vie sous nos yeux d'une façon très crédible. Les pas de deux avec Hugo Marchand oscillent entre délicatesse et passion et amorcent le drame final, vraiment de grands moments. Hugo Marchand, dont on sent le tragique de son histoire dès le début du ballet, était tout aussi formidable. Leurs solos à l'un et à l'autre étaient très beaux dans l'implication émotionnelle et la beauté de leur danse, j'ai adoré découvrir ces danseurs "en vrai".

Une très belle soirée qui a terminé en standing ovation !

[haydn]

Juliette est un des meilleurs rôles de Dorothée Gilbert. C'est d'ailleurs là que j'ai changé d'avis sur cette danseuse que je n'appréciais pas outre mesure. Dorothée Gilbert a eu, depuis ses débuts au corps de ballet, une technique superlative, mais sa danse était souvent agressive, trop en force. Sa performance dans Roméo et Juliette, qu'elle dansait aux côtés de Josua Hoffalt, m'avait vraiment ébloui, le soir du 13 avril 2011 (c'était la dernière de la série qui avait vu sa prise de rôle).

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[Imtheboy]

Le R&J Hoffalt-Gilbert, l'un de mes plus beaux souvenirs à l'opéra. Encore un spectacle qui aurait pu être filmé.