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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Gimi
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 1927
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Sarra
Inscrit le: 29 Sep 2009 Messages: 263
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Posté le: Lun Déc 23, 2019 11:09 pm Sujet du message: |
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haydn a écrit: |
On n'est plus du temps du docteur Véron |
D'après le bilan comptable évoqué par l'article de presse cité par Sophia, on serait plutôt au temps de Nestor Roqueplan...* ("À la suite de sa gestion inintelligente et désastreuse de l'Opéra (1847-1854)... - Wikipédia)"
Par ailleurs, je voudrais simplement rappeler (même si c'est évident ! et au risque du prêchi-prêcha rasoir) que la gêne occasionnée aux spectateurs -gêne évoquée à bon droit par Marie-A. et par d'autres, plus haut- n'est qu'un effet secondaire de la grève des artistes et des techniciens du spectacle, mais en aucun cas son objectif : celui-ci (comme toujours en cas de grève, finalement) est en quelque sorte de dévoiler la mécanique -et/ou l'illusion artistique- pour montrer l'humain à qui le nie (exécutif, législatif godillot) ou à qui n'en a pas d'emblée forcément conscience**, et appeler à en tirer les conséquences.
Vis-à-vis des spectateurs, loin d'une volonté de gêne, c'est en réalité un appel à la conscience du partage d'humanité, un appel aux "frères humains".
Ce qui en temps normal peut sembler comme "couler de source", sortir soit de mouvements d'êtres éthérés, hors de la condition commune (perception possible de certains spectateurs), soit de rouages bien agencés (telles les poupées de Coppélius -vision de l'exécutif, du législatif godillot), est en réalité le fait d'humains, qui ont des besoins d'humains.
Spectateurs et artistes sont ensemble sur la scène sociale : du fait de besoins homologues ; les spectateurs : besoin du spectacle de l'art chorégraphique ; les artistes-danseurs et les techniciens : besoin de conditions de vie (présentes et futures) décentes...
Quiconque a eu devant lui un groupe d'ados connaît ce mimodrame : à un regard sévère porté sur un présumé "trublion", celui-ci, les yeux ronds, s'auto-désigne des deux index vers sa poitrine ("Moi ?!") puis secoue la tête ("Pas du tout !") et détache de soi l'un des doigts pour désigner le vrai gêneur ("Lui, là-bas !") -Alors, mouvements de tête de tout le groupe vers ce vrai gêneur.
Sur la scène de l'Opéra sans spectacle, actuellement dansée exactement la même pantomime : "La gêne que vous subissez vient de là-bas : Élysée, Matignon, etc. Regardez-donc de ce côté-là avec l'émoji colère."
* Je n'ai jamais lu de lui que Les Coulisses de l'Opéra (facilement accessible sur Gallica, et même en librairie) ; mais à certains passages (en particulier celui sur les "mères", page 40 et suivantes, et sur la Sainte-Catherine chez les rats, pages 47 et suivantes), on comprend que dans son éloge funèbre Théophile Gautier ait salué en lui l'écrivain qu'il aurait pu être...
** Par suite d'une parallaxe compréhensible dans la perception mentale.
J'ai assisté, une fois (une seule fois, hélas), à un spectacle de Bunraku. Le manipulateur des marionnettes (vêtu tout de noir et visage voilé de noir aussi) se fait si bien oublier, qu'au moment où l'héroïne-marionnette se suicide de désespoir (c'était le cas dans cette pièce), on peut "pleurer comme une madeleine" tout comme si elle était une comédienne humaine désespérée d'amour, et être tout soudain stupéfait de la voir réduite à la fin à une dimension de poupée de bois, de tissu et de fils, lorsque le montreur saluant apparaît ce qu'il est : l'humain artiste, c'est lui...
La marionnette n'a besoin que de dépoussiérage et de rangement soigneux. L'artiste -en l'occurrence, il s'agissait de Maître Minosuke Yoshida III- a, en plus des applaudissements à l'artiste, les besoins de l'humain -d'une vie aux conditions dignes.
******
P.-S., lundi 24/12, 01h00 : La dignité de l'humain n'étant bornée par nulle frontière, qui l'affirme pour lui l'affirme pour tous. Sur la carte de l'humain, pas de solitude enclose de pointillés. Si une confectionneuse lointaine, au bout du monde bafouée par un quasi esclavage, venait à savoir la grève des artistes de l'Opéra de Paris, où elle n'ira jamais, elle en serait solidaire. Car la ballerine en grève, cette "privilégiée" européenne d'un monde développé, au-delà du motif particulier, local, de son action, exalte sa propre dignité d'être humain, qui est celle-là même de cette couturière bafouée -sa sœur en humanité.
Dernière édition par Sarra le Mar Déc 24, 2019 2:01 am; édité 1 fois |
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Ballerina
Inscrit le: 01 Juin 2016 Messages: 1586
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Posté le: Mar Déc 24, 2019 12:30 am Sujet du message: |
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Je me demande comment ces annulations sont perçues par les spectateurs étrangers qui ne sont absolument pas concernés par cette réforme.
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tuano
Inscrit le: 27 Mar 2008 Messages: 1152 Localisation: Paris
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Posté le: Mar Déc 24, 2019 12:46 am Sujet du message: |
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Quand on voit tous les likes sur les images enchantées postées sur les réseaux sociaux par l'Opéra et les articles de presse qui parlent des spectacles comme s'ils avaient lieu, je pense que la plupart des étrangers ne sont absolument pas au courant de cette grève. Je suis sûr que des spectateurs se pointent au théâtre sans savoir... mais peut-être que la grève des transports leur met la puce à l'oreille.
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Ballerina
Inscrit le: 01 Juin 2016 Messages: 1586
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Posté le: Mar Déc 24, 2019 1:07 am Sujet du message: |
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Je parlais bien sur de ceux qui ont des places pour les opéras et ballets de ce mois ci (voir ce que ça donnera dans les mois à venir puisque les discussions devraient durer jusqu'à l'automne 2020.)
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LysNoir
Inscrit le: 18 Déc 2009 Messages: 358
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Posté le: Mar Déc 24, 2019 1:19 am Sujet du message: |
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Sarra a écrit: |
haydn a écrit: |
On n'est plus du temps du docteur Véron |
D'après le bilan comptable évoqué par l'article de presse cité par Sophia, on serait plutôt au temps de Nestor Roqueplan...* ("À la suite de sa gestion inintelligente et désastreuse de l'Opéra (1847-1854)... - Wikipédia)"
Par ailleurs, je voudrais simplement rappeler (même si c'est évident ! et au risque du prêchi-prêcha rasoir) que la gêne occasionnée aux spectateurs -gêne évoquée à bon droit par Marie-A. et par d'autres, plus haut- n'est qu'un effet secondaire de la grève des artistes et des techniciens du spectacle, mais en aucun cas son objectif : celui-ci (comme toujours en cas de grève, finalement) est en quelque sorte de dévoiler la mécanique -et/ou l'illusion artistique- pour montrer l'humain à qui le nie (exécutif, législatif godillot) ou à qui n'en a pas d'emblée forcément conscience**, et appeler à en tirer les conséquences.
Vis-à-vis des spectateurs, loin d'une volonté de gêne, c'est en réalité un appel à la conscience du partage d'humanité, un appel aux "frères humains".
Ce qui en temps normal peut sembler comme "couler de source", sortir soit de mouvements d'êtres éthérés, hors de la condition commune (perception possible de certains spectateurs), soit de rouages bien agencés (telles les poupées de Coppélius -vision de l'exécutif, du législatif godillot), est en réalité le fait d'humains, qui ont des besoins d'humains.
Spectateurs et artistes sont ensemble sur la scène sociale : du fait de besoins homologues ; les spectateurs : besoin du spectacle de l'art chorégraphique ; les artistes-danseurs et les techniciens : besoin de conditions de vie (présentes et futures) décentes...
Quiconque a eu devant lui un groupe d'ados connaît ce mimodrame : à un regard sévère porté sur un présumé "trublion", celui-ci, les yeux ronds, s'auto-désigne des deux index vers sa poitrine ("Moi ?!") puis secoue la tête ("Pas du tout !") et détache de soi l'un des doigts pour désigner le vrai gêneur ("Lui, là-bas !") -Alors, mouvements de tête de tout le groupe vers ce vrai gêneur.
Sur la scène de l'Opéra sans spectacle, actuellement dansée exactement la même pantomime : "La gêne que vous subissez vient de là-bas : Élysée, Matignon, etc. Regardez-donc de ce côté-là avec l'émoji colère."
* Je n'ai jamais lu de lui que Les Coulisses de l'Opéra (facilement accessible sur Gallica, et même en librairie) ; mais à certains passages (en particulier celui sur les "mères", page 40 et suivantes, et sur la Sainte-Catherine chez les rats, pages 47 et suivantes), on comprend que dans son éloge funèbre Théophile Gautier ait salué en lui l'écrivain qu'il aurait pu être...
** Par suite d'une parallaxe compréhensible dans la perception mentale.
J'ai assisté, une fois (une seule fois, hélas), à un spectacle de Bunraku. Le manipulateur des marionnettes (vêtu tout de noir et visage voilé de noir aussi) se fait si bien oublier, qu'au moment où l'héroïne-marionnette se suicide de désespoir (c'était le cas dans cette pièce), on peut "pleurer comme une madeleine" tout comme si elle était une comédienne humaine désespérée d'amour, et être tout soudain stupéfait de la voir réduite à la fin à une dimension de poupée de bois, de tissu et de fils, lorsque le montreur saluant apparaît ce qu'il est : l'humain artiste, c'est lui...
La marionnette n'a besoin que de dépoussiérage et de rangement soigneux. L'artiste -en l'occurrence, il s'agissait de Maître Minosuke Yoshida III- a, en plus des applaudissements à l'artiste, les besoins de l'humain -d'une vie aux conditions dignes. |
Allez raconter ça aux personnes qui ont soigneusement préparé leur spectacle, économisé et organisé leur venue...Haydn, censurez-moi si je déborde...mais c'est indécent quand on connaît les difficultés du spectacle vivant non subventionné. J'en ai terminé et Joyeux Noël.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Mar Déc 24, 2019 8:05 am Sujet du message: |
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Le spectacle "non subventionné", en France, ça existe? Soit il est subventionné directement, soit il l'est "par la bande", via le régime des intermittents, qui permet aux organisateurs privés de bénéficier d'une "main d’œuvre" elle-même en large partie financée par l'Etat et donc le contribuable. A mon tour de "déborder" un peu...
Redevenons sérieux, toutes les opinions, pour ou contre la grève, sont ici recevables. La liigne rouge, c'est : pas d'insultes et d'attaques ad-hominem entre membres. |
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Mar Déc 24, 2019 8:22 am Sujet du message: |
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Ballerina a écrit: |
Je me demande comment ces annulations sont perçues par les spectateurs étrangers qui ne sont absolument pas concernés par cette réforme. |
On a - sous prétexte de maximiser les ressources financières - largement découragé le public local pour attirer un public international présumé fortuné qui vole d'une grande maison d'opéra à l'autre. Il ne faut donc pas s'étonner de quelques conséquences "désagréables" pour ces "spectateurs étrangers". Et en France, répétons-le, tous les salariés, régime spécial ou pas, sont eux concernés par ladite réforme, à l'exception de l'armée et de la police.
Ces dernières années, le Staatsballett de Berlin et la Bayerische Staatsoper (à Munich c'était surtout le personnel technique et administratif qui protestait) ont connu de très longues grèves (plus d'un mois, avec annulation de tous les spectacles), et l'on n'a pas entendu de déclarations outrées au sujet des "spectateurs pris en otage" etc... |
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Ballerina
Inscrit le: 01 Juin 2016 Messages: 1586
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Posté le: Mar Déc 24, 2019 10:40 am Sujet du message: |
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Je partage un peu l'avis de LysNoir même si je suis aussi de l'avis de Haydn pour le côté subventionné.
Pour la réforme, il manque à mon sens des précisions pour être totalement pour ou contre et...je ne suis pas concernée alors j'avoue qu'en tant que francilienne les grèves me gonflent particulièrement même si dès que j'ai eu connaissance de la date du 5 décembre je savais que c'était parti pour durer histoire d'em...les gens un maximum.
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rothbart
Inscrit le: 09 Avr 2008 Messages: 412
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Posté le: Mar Déc 24, 2019 11:15 am Sujet du message: |
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L'opéra est subventionné, certes, mais il a développé le mécénat très fortement ces dernières années. Allez donc expliquer à tous ces gens qui ont fait un chèque que 12 millions sont partis en fumée ... Je ne sais pas mais j'ai l'impression qu'ils vont avoir un engourdissement probable de l'index au moment de la prochaine signature.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Mar Déc 24, 2019 12:05 pm Sujet du message: |
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Le recours massif au mécénat, encouragé par l'Etat qui essaye de faire des économies, rend des établissements publics comme l'Opéra (mais pas que) beaucoup plus sensibles à des mouvements sociaux d'ampleur qu'auparavant. Le financement desdits établissements provenait il y a encore une vingtaine d'années à plus de 80% des subventions publiques, on est passé aux alentours de 60% vers 2010 et maintenant, seulement 40% environ. Les ressources propres (billetterie, locations de salle, produits dérivés, mécénat etc) représentent donc aujourd'hui 60% du budget de fonctionnement de l'Opéra, ce qui est énorme. Et donc, en cas d'annulation de spectacles (que ce soit en raison de grèves ou de problèmes techniques comme ce fut le cas à l'Opéra Bastille il y a deux ans) fait beaucoup plus mal au portefeuille que dans les années 1970-1980.
Par ailleurs, le développement d'Internet et la possibilité d'acheter instantanément des places à distance, depuis les quatre coins du monde, a poussé à l'internationalisation du public et à la hausse massive des prix des places. Avant, le public étant essentiellement français - surtout parisien même - et le ballet de l'Opéra partait deux ou trois fois par an en mini-tournée en province, histoire que le contribuable non résident dans la capitale puisse aussi profiter un peu de la compagnie qu'il finance avec ses impôts. Tout cela est fini. Les recettes de billetterie ont certes largement augmenté depuis cette "mondialisation" du public, mais la contrepartie, c'est que les pertes sont aussi bien plus considérables lorsque les spectacles ne peuvent pas être assurés.
Pour Rothbart : des mécènes peuvent être effectivement être dissuadés par toute cette agitation, mais il faut relativiser aussi, car lesdits mécènes cherchent souvent, plus qu'à faire œuvre de bienfaisance, à profiter des avantages fiscaux offerts, et ceux-là perdurent, que les spectacles aient lieu ou non. |
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Ballerina
Inscrit le: 01 Juin 2016 Messages: 1586
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Posté le: Mar Déc 24, 2019 1:20 pm Sujet du message: |
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Le bandeau de l'ONP court maintenant jusqu'au 26 décembre, pourquoi ne le font-ils pas courir jusqu'au 31? Car maintenant, je pense que même les plus optimistes conservent peu d'espoir.
Je me demandais s'il y avait une raison, une obligation ?
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Ballerina
Inscrit le: 01 Juin 2016 Messages: 1586
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Posté le: Mar Déc 24, 2019 2:41 pm Sujet du message: |
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Représentation de ce soir annulée.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Mar Déc 24, 2019 6:22 pm Sujet du message: |
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On pouvait s'y attendre, le gouvernement propose quelques arrangements à la marge (pénibilité, grille de rémunération, reconversion), mais ne veut rien céder sur la liquidation des régimes spéciaux (et rappelons-le encore et encore, la retraite à points et l'âge pivot, qui s'appliqueront à tous, fonctionnaires et salariés du privé).
En tous cas, pour Stéphane Lissner, "Il est clair que les danseurs ne danseront pas jusqu’à 62 ans".
https://www.lefigaro.fr/culture/apres-20-jours-de-greve-les-negociations-sur-les-retraites-s-ouvrent-a-l-opera-de-paris-20191224 |
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