Raymonda [ONP Bastille 3/12-31/12/2019] / Grèves

[Ballerina]

Oui, mais je me demande pourquoi depuis longtemps en fait. J'ai grandi avec ce ballet, je l'ai vu plusieurs fois à Paris et à l'étranger. L'intrigue n'est ni meilleure ni plus mauvaise qu'une bayadère, la musique est très belle, il y a des danses de caractère... bref, pour moi, il n'est pas inférieur aux grands ballets Petipa/Tchaikovski/Minkus.

[sophia]

Non, mais le titre n'évoque rien - un conte par exemple -, ne convoque aucun imaginaire exotique ou féérique... et quelque part, c'est une redite de La Belle au bois dormant, avec l'inflexion "caractère" en plus.

[paco]

Peut-être aussi manque-t-il un "tube" musical comme il y en a tant dans les ballets de Tchaïkovski, repris régulièrement comme fond sonore de publicités ou films. Pourtant la partition de Raymonda est sublime, mais elle ne "marque" pas autant que la Valse des fleurs ou la Fée Dragée ...

[tuano]

Il suffirait d'estampiller chaque année sur les affiches de l'Opéra de Paris "ballet de Noël" pour que ce soit vite complet.

Il y avait un article intéressant dans Le Figaro récemment sur la folie des concerts de Noël. Un programme de musique religieuse dans un église a du mal à se vendre mais dès qu'on met "concert de Noël", les gens s'y précipitent. Radio Classique a donné ce week-end des concerts de Noël joués à guichet fermé au Théâtre des Champs-Elysées et a même dû rajouter une matinée pour répondre à la demande. J'étais au concert d'hier soir et j'ai trouvé que c'était un peu l'arnaque car le programme n'avait presque rien à voir avec Noël : Mon beau sapin en bis complétait Adeste Fideles, un choeur du Messie et deux extraits de Casse-Noisette au milieu d'une sélection sans cohérence de morceaux sans aucun rapport avec les fêtes de fin d'année. Les artistes venaient surtout faire la promo de leur dernier disque (le thème étant l'Amérique pour l'une, les chansons sur Paris pour l'autre). En plus tout le monde ou presque était habillé en noir, ce n'était pas très festif. C'était un concert très agréable mais pas très Noël.

[sophia]

Enfin, il fut un temps où le ballet classique n'était pas forcément donné qu'à Noël... Quant à l'usage du mot Noël, il semble devenir douteux dans notre belle France, le langage commercial lui préférant désormais le très plat et consumériste "fêtes".

Il me revient sinon que, pour une fois, l'Opéra avait fait une belle campagne promotionnelle dans le métro...

[tuano]

Depuis un mois on a quand même sur TF1 et M6 quatre téléfilms par jour ayant le mot Noël dans le titre. Le scénario est le même à chaque fois : une célibataire débordée a un nouveau chef insupportable qui se révèle au final être un prince fortuné au grand coeur qui la demande en mariage... Aucun rapport avec Noël non plus.

[Ballerina]

[Joelle]

[haydn]

[Ballerina]

Ben oui, "nul n'est prophète en son pays"

[rail45]

Je dois bien avouer que le commun des mortels que je suis n'avait jamais entendu parler de ce ballet avant le printemps dernier, quand on a annoncé qu'il serait (ou plutôt aurait dû être) programmé pour ces fêtes de fin d'année.
En dehors du cercle sans doute assez fermé des balletomanes, je crois que le grand public connait de nom au moins Le Lac des Cygnes, peut-être Giselle et Casse-Noisette et sans doute pas grand chose d'autre.
Après ceux qui vont au cinéma ont sans doute déjà vu les bandes annonces pour les retransmissions du Bolchoi pour Pathé Gaumont ou de l'ONP pour UGC, mais je ne sais pas si cela a un impact ou non pour que cela leur donne envie d'aller voir les ballets en question.

[sophia]

La Bayadère et Don Quichotte sont des titres immédiatement lisibles, qui renvoient d'emblée à un imaginaire exotique - l'orientalisme et l'Espagne -, très présent dans la culture du XIXe siècle et qui continue de fasciner l'univers du spectacle. Casse-noisette et La Belle au bois dormant sont des contes connus de tous. Bref, l'impact du titre n'est sans doute pas à négliger dans sa réception, a fortiori dans la société de tourisme massif dans laquelle nous vivons, mais il me semble hasardeux d'expliquer le relatif insuccès de Raymonda - ici et maintenant - par le seul facteur d'un titre qui ne fait écho à rien.
Raymonda est le ballet de la fin d'une ère (Marius Petipa a 80 ans en 1898), une synthèse de l'art du chorégraphe, avec son mélange de virtuosité académique, de danses de caractère, de mise en scène et de grand spectacle fastueux - poussé à son paroxysme? -, mais aussi le ballet qui vient "après", après Tchaïkovski, après La Belle au bois dormant.
Le livret, déjà jugé faible à l'époque, y semble avant tout prétexte à une démonstration "monstre" de virtuosité offerte à la ballerine principale - l'étoile italienne Pierina Legnani à la création -, et à ce titre il a pu être appréhendé comme le ballet du "déclin" du théâtre impérial (à la vérité, il était aussi celui du renouveau, avec notamment son pas de quatre dansé par des hommes - de jeunes danseurs de talent qui allaient faire la gloire des Ballets russes -, quelque chose qui aurait été impossible ailleurs en Europe).
Vous allez me dire que le grand public ignore tout cela et même, pour beaucoup, s'en contrefiche, mais ces caractéristiques ont sans doute joué dans sa diffusion, dans sa transmission, dans sa notoriété, dans le fait qu'il parle ou non, même de loin, à un spectateur lambda. Les tournées des Ballets russes et de Pavlova en Occident nous ont permis de connaître les ballets de Tchaïkovski, de Minkus & co, souvent donnés sous formes d'"extraits", pour des raisons matérielles et techniques. Par la suite, des "versions", plus ou moins exhaustives, en ont été montées par l'entremise des maîtres de ballet russes en exil. Concernant Raymonda, je ne sais pas de quand date la première version intégrale en Occident et où elle a été montée, mais c'est un ballet compliqué, extrêmement lourd et exigeant, sur le plan matériel et humain, et force est de constater que quand il est donné aujourd'hui, on se contente souvent du Grand pas. De fait, je pense qu'il n'y a pas eu le même "suivi" dans les mémoires qu'avec d'autres ballets, qui existent, installés bon gré mal gré dans les programmations, y compris dans des versions modernisées, revues et corrigées, parfois très éloignées de l'original. Comme dit plus haut, même en Russie, il n'est pas aussi souvent programmé que des Lac, Belle, Giselle et autres Don Quichotte.
Bref, si les ballets de Petipa sont difficiles à monter dignement aujourd'hui - en-dehors des grandes compagnies de prestige qui en perpétuent plus ou moins l'héritage -, je pense que c'est encore plus vrai de Raymonda.

[sophia]

Des nouvelles du fameux "bandeau bleu" : messages aux spectateurs prolongés jusqu'au 24 décembre.

[Ballerina]

C'est de la torture à ce stade

[haydn]

Sachons raison garder...

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