Le Paris de la Danse : Abbagnato, Pech et le Ballet de Rome

[sophia]

Le Théâtre de Paris lance "le Paris de la Danse".

On ne sait pas encore trop ce ce que c'est, mais une première programmation est annoncée le 18 juin, à 20h, avec Eleonora Abbagnato, Benjamin Pech et les danseurs du ballet de l'Opéra de Rome.
Il s'agira d'une répétition des pas de deux des ballets Le Parc d’Angelin Preljocaj et Carmen de Roland Petit.

Réservations ouvertes sur le site du Théâtre de Paris :
http://www.theatredeparis.com/spectacle/masterclass

Le lieu :
Théâtre de Paris – Salle Réjane
15, rue Blanche
75009 Paris

[LucyOnTheMoon]

Salle Réjane ??? c'est très étonnant : je la connais bien car ils ont une bonne programmation théâtrale, mais la scène est vraiment petite... et ce n'est certainement pas un plancher adapté. Même pour des "pas de deux", ça risque d'être un peu juste.

[paco]

[sophia]

Je ne pense pas que le spectacle ait lieu dans cette salle, mais plutôt sur la scène principale. C'est moi qui ai dû faire un copier-coller sans discernement.

[sophia]

Très agréable rencontre ce soir, dans une salle non moins agréable, avec Eleonora Abbagnato, Benjamin Pech et quatre danseurs du ballet de l'Opéra de Rome.

Notons tout d'abord que le public (un public pas forcément estampillé Opéra de Paris) était largement au rendez-vous pour cette soirée, intitulée un peu pompeusement (et peut-être pas très justement), "master-class", et censée inaugurer, si j'ai bien compris, "le Paris de la danse" (présenté sur le site comme "un rendez-vous annuel de la danse au Théâtre de Paris"). A vrai dire, on n'en a pas vraiment appris davantage sur l'évolution du projet. En tout cas, la salle de ce rutilant théâtre à l'italienne est vaste et la scène de dimension très décente pour un travail de répétition.

A l'ouverture de la salle, le public découvre sur scène quatre danseurs en train de s'échauffer à la barre, accompagnés au piano par Laurent Choukroun. Les lumières s'éteignent et Lisa Martino, comédienne et ancienne danseuse de l'Opéra (c'est Wikipédia qui le dit), apparaît. Elle accueille aussitôt Eleonora Abbagnato (qu'elle a l'air de bien connaître), directrice du ballet de l'Opéra de Rome, et Benjamin Pech, qui l'assiste dans son travail de direction à Rome. Ils évoquent rapidement leur complicité scénique et l'importance qu'ont joué dans leurs carrières respectives les chorégraphes dont ils vont présenter des extraits des ballets, Roland Petit et Angelin Preljocaj. C'est d'ailleurs à eux qu'Eleonora Abbagnato a immédiatement pensé quand on a lui a proposé ce projet de "master-class" avec ses danseurs. Elle insiste, à l'instar de son compère (petite pique assassine à la maison d'à côté?...), sur la nécessité de transmettre, de programmer et de maintenir un répertoire français, représenté notamment par Serge Lifar et par ces deux chorégraphes (tous entrés au répertoire du ballet de l'Opéra de Rome), peu connus du reste en Italie (ça se discute, mais ce n'est pas le débat ici). Le public italien (ou plus particulièrement romain?), très attaché aux "grands classiques", est différent du public parisien, habitué à la "modernité", et, selon elle, "à éduquer".

S'engage alors la première répétition, accompagnée au piano par Elena Bonnay : le pas de deux de la chambre de Carmen avec Sara Loro et Michele Satriano, qui - Eleonora Abbagnaoto le souligne à deux reprises - vient d'être nominé aux Benois de la danse pour le rôle de Don José. Sara Loro, elle, aborde le rôle de Carmen - elle n'a dansé jusque-là que le rôle de la Chef Gitane. La différence d'expérience et de maturité entre les deux danseurs est assez frappante, mais au fond peu importe, ce sont les corrections apportées aux deux danseurs, par le duo bien huilé, et bien rythmé, Abbagnato & Pech, qui sont les plus intéressantes. On peut aimer ou ne pas aimer les ballets de Roland Petit, mais on ne peut pas lui reprocher de ne pas savoir écrire - chorégraphier - ni d'avoir de style (les pieds, par exemple, sont soit en sixième, complètement en-dedans, soit complètement en-dehors, mais jamais de demi-position). Ici, tous les mots - les gestes - ont une signification théâtrale et collent à la musique. Plusieurs fois, Eleonora fait référence à la parole du maître ou à celle de Zizi Jeanmaire pour qui le rôle de Carmen fut créé. Elle cite aussi au passage Claude Bessy, jusque dans sa gouaille - bien imitée ! Elle donne en outre aux danseurs quelques petites clés pour parvenir à surmonter les difficultés techniques du pas de deux. Certaines combinaisons ou poses fameuses (comme le cambré de Carmen sur le corps allongé de Don José) de ce duo paraissent particulièrement éprouvantes et compliquées à réaliser.

Nous assistons ensuite à la répétition du fameux pas de deux du baiser, tiré du Parc d'Angelin Preljocaj, avec Giorgia Calenda et Claudio Cocino (et toujours, au piano, Elena Bonnay). Benjamin Pech évoque rapidement l'histoire du ballet, créé à l'Opéra de Paris et devenu aujourd'hui un "classique" (au passage, confusion regrettable, mais tellement parisienne, entre le Bolchoï, cité deux fois et par Abbagnato et par Pech, alors qu'il n'a rien à faire dans cette histoire, et le Mariinski, où le ballet est au répertoire depuis plusieurs années... Passons.). Il en rappelle aussi la composition - trois grands pas de deux qui miment la rencontre amoureuse, avec le paroxysme que constitue le dernier - celui de l'abandon. Là encore, différence sensible de maturité entre le danseur et sa partenaire. Pour les deux, des corrections passionnantes (toujours en français pour Eleonora, le plus souvent en italien pour Benjamin) apportées à l'exécution de ce morceau de bravoure, dont la beauté réside avant tout dans la fluidité. Une personne du public (le coup était-il préparé à l'avance?) a ensuite pu essayer le fameux "baiser volant" avec Claudio...

Après avoir joué le rôle de répétiteurs, Eleonora Abbagnota et Benjamin Pech ont interprété ce dernier pas de deux dans les conditions "réelles" d'un spectacle (avec costumes et musique enregistrée). On comprend qu'ils aient voulu faire plaisir au public, c'était très beau évidemment, mais je n'ai pas pu m'empêcher de trouver la conclusion un peu curieuse pour une "master-class".

En tout cas, bravo à eux pour leur charisme d'animateurs et de répétiteurs.

[sophia]

[LucyOnTheMoon]

Merci Sophia pour le compte-rendu ! Cela me fait encore plus regretter la disparition des répétitions publiques à l'amphithéâtre Bastille

[sophia]

A mon avis, c'était beaucoup mieux (disons que ce que ces répétitions publiques étaient peu à peu devenues, pour ne pas généraliser). Ce n'était pas "ma chérie, c'est très bien, je sais pas trop quoi te dire, il y a juste ton bras, là, que tu peux ouvrir davantage...", mais de vraies corrections, précises, sur la technique et sur l'interprétation. On avait un peu l'impression de pénétrer dans les "secrets" du pas de deux. J'ai trouvé ça intéressant alors que je ne suis pas forcément passionnée par ce répertoire.
Le public avait payé aussi...

[LucyOnTheMoon]