Bernard45
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Posté le: Sam Juil 14, 2018 10:41 pm Sujet du message: |
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Sasha Waltz - Kreatur
Sasha Waltz n’est pas une inconnue pour ceux qui fréquentent l’Opéra National de Paris. La chorégraphe allemande y a présenté Roméo et Juliette sur la musique de Berlioz. Elle est aussi une habituée du Festival d’Avignon depuis 1999, et prendra la co-direction du Staatsballett de Berlin en 2019.
Cette année, elle présente « Kreatur » pour 14 danseurs à l’Opéra Confluence, superbe salle au sud de la cité des Papes, utilisée pour la première fois par le Festival. On s’y rend en navette en 15 mn et la climatisation à l’intérieur de la salle est redoutable.
La pièce se subdivise en plusieurs tableaux. D’entrée, des silhouettes blanchâtres errent sur le plateau. Bientôt, lumière oblige, on distingue 7 formes humaines à l’intérieur d’une sorte de cocon descendant jusqu’à mi mollet. Les gestes sont d’une grande lenteur. L’une d’elle, sortie du cocon, se glisse dans celui d’un autre danseur. Peu à peu, les cocons disparaissent, les corps sont en mouvements constants, soit très lents, soient rapides et désordonnés, entrecoupés de courtes pauses. On utilise alors des plaques transparentes flexibles dans lesquelles on s’enroule, métaphore d’une cellule de prison.
Les tableaux se succèdent. Parmi les danseurs, on remarque aisément l’un d’eux, de grande taille, musclé, à la danse désaxée. Les 14 danseurs forment un groupe compact, les bras sont souvent levés dans leur chorégraphie, le groupe éclate, puis se reconstitue pour se dissoudre ensuite.
Côté cour, pour tout décor, un escalier menant à un mur qu’on essaie d’escalader sans grand succès : nouvelle métaphore du Mur de Berlin détruit à la fin du spectacle.
Apparaît alors une forme munie de longs piquants, sorte de porc-épic, qui frappe, jette à terre tel ou tel danseur, probable allégorie du nazisme et des déportés.
On entend alors des mots, «Révolution contre les frontières géographiques, la Liberté, c’est fantastique » dans un univers sonore constitué de cris, de bruits divers… On pense même, à tort, que des frelons ont envahi la salle, qu’un train fonce à toute allure sur l’Opéra Confluence, enregistrements effectués dans plusieurs usines et bâtiments en Italie, Allemagne, Russie, par la Soundwalk Collective.
Le ballet, d’une heure trente-cinq, présente des moments de très grande beauté, toujours en Noir et Blanc. Il a nécessité à n’en pas douter, un travail en amont gigantesque. Certes, le final est un peu plus énigmatique avec des mouvements d’ordre sexuels, voire sadomasochistes. Tout n’est pas compréhensible pour le spectateur. On nous écrit que la visite d’une ancienne prison a confirmé pour SW et ses danseurs, « des points d’appui mémoriels, sensitifs pour travailler le confinement humain, la station debout, le continuel éveil. »
Chaleureux applaudissements de la salle pour un ballet où la chorégraphe ne joue pas dans le domaine de la facilité, mais au contraire travaille l’histoire récente et la situation actuelle de son pays au travers de la chorégraphie. Et tant pis pour celles et ceux qui dénigrent !
Le ballet sera présenté à la Villette du 17 au 20 avril 2019, seule date en France après Avignon.
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