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Ballerina
Inscrit le: 01 Juin 2016 Messages: 1586
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Ven Jan 05, 2018 12:45 pm Sujet du message: |
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Don Quichotte - 3 janvier
La qualité de cette représentation tient d'abord au charme superlatif du duo que forment Myriam Ould-Braham et Mathias Heymann. Le couple est apprécié et célébré depuis longtemps, notamment pour ses qualités de style, mais dans cette comédie de caractère, qui mêle virtuosité et théâtralité, leur complicité, plus visible encore, s'épanouit idéalement. Loin de la flamboyance russe, que nous adorons aussi, MOB et Mathias trouvent une beauté à eux, assez unique en son genre (une sorte d'"exception française"?), qui ne fait nullement regretter "l'autre", dans un esprit à mi-chemin du théâtre à l'italienne revisité par Molière et de la pastorale XVIIIe - on pense parfois aux avatars d'une Fille mal gardée qui se serait exilée en Espagne. On est là, en tout cas pour moi, aux antipodes de la représentation qui réunissait Dorothée Gilbert et Paul Marque, où chacun "faisait le job" avec ses moyens, mais où Kitri régnait, à peu près seule, par jeu ou par ennui.
Ensuite, et tout autant, il y a la prestation, époustouflante, de Mathias Heymann en Basilio. Je ne vois pas qui, aujourd'hui, peut danser du Noureev ainsi, avec tant de facilité, d'esprit et je dirais même de sens, dans la compagnie. Cela le place à mon avis, avec son style propre, dans la cour des très grands. Ses débuts, il y a quelques années, dans ce rôle, aux côtés d'Aurélie Dupont, furent pourtant loin d'être glorieux, pour ceux qui s'en souviennent. Aujourd'hui, il emballe la scène comme personne et déroule, avec une autorité qu'on ne lui a pas toujours vue, sa verve de séducteur, son humour de potache et ses variations magnifiques (sans oublier des portés à une main superbement tenus - que MOB était belle tout là-haut!), avec une aisance simplement irrésistible. MOB, bonne fille toujours bon genre, sort de sa réserve, entraînée par la fougue de son partenaire, même s'il est évident - fatigue ou tempérament - qu'elle ne possède pas la même force ni la même virtuosité que lui. On regrette notamment, mais elle est loin d'être seule à procéder ainsi, cette variation du I où l'éventail ne vient pas claquer au sol dans le manège, cette variation de Dulcinée, certes royale dans l'attitude, mais aux petits équilibres, trop étriquée dans la diagonale de ballonnés, cette coda, enfin, qui se termine sur une chute dans les fouettés.
Du côté des seconds rôles, on aura également apprécié le duo que formait, en miroir presque inversé de Kitri et Basilio, la Danseuse de rue d'Hannah O'Neill et l'Espada d'Arthus Raveau. Certes, il n'est pas dans son emploi naturel et il (et elle aussi) n'est pas toujours parfaitement à l'aise avec les pas noureeviens (et la fameuse cape lui donne encore du fil à retordre - ah, ces reprises une fois tous les dix ans avec des danseurs qui ne sont jamais les mêmes...), mais humour et outrance au second degré étaient clairement perceptibles dans leur numéro du premier acte, d'une théâtralité très vivante.
Curieusement, je suis restée un peu à côté de la prestation de Sae Eun Park, au si beau saut pourtant, en Reine des Dryades. J'aime son amplitude de mouvement, son occupation large de la scène, mais elle m'a tout de même paru un peu sèche dans ses équilibres et autres fouettés à l'italienne, et sa froideur contrastait de trop avec le Cupidon, peut-être pas très technique, mais très souriant et joueur, de Lydie Vareilhes. Déception plus vive toutefois avec le Gitan de Paul Marque, à qui il manque le tempérament de feu pour ce type de rôle où l'on attend autre chose que de la propreté, et les Deux Amies, peu de piquant et de gambettes charmantes et pas plus synchros que la dernière fois.
Du parterre, les errements du corps de ballet sont moins visibles ou gênants que dans les hauteurs de la salle. Mais au-delà de cela, je n’exonérerais pas, loin de là, cette version Noureev de tout défaut. On assiste là à un spectacle qui, dans les tableaux purement académiques comme dans les tableaux "réalistes" ou de caractère, donne une impression d'inachevé, plus particulièrement du côté des ensembles : en vrac, une bien curieuse occupation de l'espace au I, des scènes de foule complètement désordonnées, des filles de Barcelone et des pêcheurs qui se bagarrent, tels des Montaigu et Capulet des faubourgs, sans qu'on comprenne pourquoi, une scène des Dryades sans magie aucune au II, sise de surcroît dans un décor et des éclairages sinistrissimes (le prologue m'a paru lui aussi sombre à un point inquiétant... Font des économies?...), et jusqu'au Grand pas du III, ouvert par des danseuses costumées en Bavaroises, d'une lenteur ridicule (même si Ovsianikov a considérablement relevé le niveau musical) et déserté de tout spectaculaire - en cause ici, cette triste variation de Basilio que même Heymann n'arrive pas à rendre magique.
A sauver de cette production toutefois : les décors pittoresques du I et du III, inspirés des gravures des voyageurs du XIXe siècle, au dessin raffiné et au relief superbe.
Dernière édition par sophia le Ven Jan 05, 2018 3:20 pm; édité 5 fois |
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Joelle
Inscrit le: 06 Avr 2013 Messages: 882
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Posté le: Ven Jan 05, 2018 1:06 pm Sujet du message: |
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Ayant assisté aux représentations de Don Quichotte des 14, 17, 30 décembre et 3 janvier, j'en suis ressortie (encore plus) subjuguée par la prestation de M. Heymann... Moi qui ne l'avais pas encore vu officier en Basilio, il m'a emmenée quatre fois dans un voyage "céleste", et ce aussi bien avec L. Pagliero qu'avec M. Ould-Braham, ce qui tend à confirmer mon humble impression que ses partenariats (souvent pointés du doigt il y a quelques temps) se sont grandement améliorés.
Les duos ont bien fonctionné dans les deux cas, et son attention envers MOB le 3 janvier était très touchante.
Et puis sa modestie me sidère lors que vous lui adressez des félicitations...
Il est vraiment au top !
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Delly
Inscrit le: 14 Juin 2016 Messages: 603
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3560
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Posté le: Ven Jan 05, 2018 4:41 pm Sujet du message: |
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sophia a écrit: |
Don Quichotteet jusqu'au Grand pas du III, ouvert par des danseuses costumées en Bavaroises, d'une lenteur ridicule (même si Ovsianikov a considérablement relevé le niveau musical) et déserté de tout spectaculaire - en cause ici, cette triste variation de Basilio que même Heymann n'arrive pas à rendre magique. |
Euh... ce n'est vraiment pas le souvenir que j'en ai pour ce qui est du tempo et du spectaculaire, je pense qu'il faudrait aller faire un petit tour du côté des témoignages vidéo de l'époque des Le Riche et Hilaire pour voir que le problème n'est pas Noureev mais plutôt ce que l'on en fait 30 ans plus tard... (et ici ni Ovsianikov ni Heymann ne sont en cause, mais plutôt ceux qui au sein de l'ONP ont en charge la mémoire de cette chorégraphie).
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3560
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Florestiano
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1802
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Posté le: Ven Jan 05, 2018 10:56 pm Sujet du message: |
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Communiqué de l'OnP sur son site :
Citation: |
Hommage à Rudolf Noureev
Cette 222ème représentation de Don Quichotte, entrée au répertoire de l’Opéra national de Paris en 1981, est dédiée à Rudolf Noureev, disparu il y a 25 ans le 6 janvier 1993 à l’âge de 54 ans.
Directeur de la Danse de l’Opéra de Paris de 1983 à 1989, puis chorégraphe principal jusqu’à son décès, le danseur et chorégraphe reste présent au sein de l’Opéra et de la Compagnie. |
Source : https://www.operadeparis.fr/actualites/breves
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Alexander
Inscrit le: 05 Déc 2007 Messages: 19
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Estrée
Inscrit le: 08 Oct 2017 Messages: 23 Localisation: Lyon
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Posté le: Sam Jan 06, 2018 1:48 am Sujet du message: |
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Au-delà de la nomination de Valentine Colasante (félicitations à elle), quelqu'un pourrait-il nous toucher deux mots sur sa prestation ?
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Imtheboy
Inscrit le: 07 Déc 2008 Messages: 89
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céline
Inscrit le: 21 Oct 2016 Messages: 404 Localisation: province
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Posté le: Sam Jan 06, 2018 4:55 pm Sujet du message: Don Quichotte |
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J'ai la même question pour ceux qui ont vu Alice Renavand.
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blaesm
Inscrit le: 11 Oct 2006 Messages: 181
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Posté le: Sam Jan 06, 2018 5:06 pm Sujet du message: |
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Dès que j'ai une minute en fin d'après-midi, je vous en parle, Céline !
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