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Soirée Yvette Chauviré - 22 avril 2017
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Delly



Inscrit le: 14 Juin 2016
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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 12:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

Le défilé restera quand même, pour ma première fois, un grand moment, très émouvant. Les nouvelles étoiles ont été chaleureusement applaudies, et parmi les anciens Alu (toujours) MAG, Gilbert, Thibault, Heymann, mais aussi Paquette (en tout cas au paradis où j'étais...).

Pour le reste, ce fut un peu inégal, et ce principe d'enchaîner les courts morceaux ne favorise pas l'enthousiasme.

Mathias Heymann qui parvient à me surprendre (et pourtant, on le sait ce moelleux, ce ballon...), malgré la main au sol et une partenaire défaillante.

Les deux Pigeons sont aussi un régal, bravo les jeunes. Mais c'est vrai que si court c'est un peu risible.

Les Mirages, une belle découverte d'un point de vue chorégraphique, un style qui va bien à Amandine Albisson et un partenariat certes léger par la force des choses, mais dont je confirme qu'il gagnerait à être tenté dans des choses plus consistantes.

La mort du Cygne a été très applaudie, je dois dire que les bras de D. Gilbert sont impressionnants, mais depuis mon perchoir, dans la pénombre de la scène, je n'ai pas pu pleinement ressentir cette très brève mais puissante variation.

Avec Ganio/Pagliero on change de registre, enfin une très belle prestation, expressive, harmonieuse, sans accroc et avec l'envie.
Baulac/Louvet se sont plutôt très bien tiré de leur Suite en blanc, ils y ont eux aussi mis du coeur, particulièrement Mle Baulac sur son solo, parfaitement envoyé, avec fougue et présence, un des meilleurs moments pour moi.

Pas mal de petites erreurs ici où là, ça manquait de répétition.

Je venais aussi pour voir ces oeuvres d'une autre époque, dont l'ONP ne cesse de dire combien elles comptent, mais sans jamais les donner, et je n'ai pas été déçue. C'est un style différent, c'est une autre époque et on le sent, mais c'est magnifique. J'espère que ces oeuvres seront retravaillées sérieusement et redonnées, de temps en temps.

Le film enfin, lui aussi très émouvant. L'incident technique de départ est vraiment.... affligeant, dans ce lieu, dans ce contexte... Mais bon ensuite on voit Chauviré, on l'entend, sa danse magnifique, son amour de la pédagogie, son approche spirituelle,... extraordinaire. J'ai découvert aussi le dispositif orchestre avec vidéo et ça marche très bien, c'est même assez touchant ce lien à travers le temps, entre un orchestre d'aujourd'hui qui s'applique à suivre des danseurs d'hier.

Alors pourquoi cette sensation d'une "petite soirée"?
Parce que je n'ai pas vu, et pas senti l'hommage. Certes des images / vidéos et des costumes dans les escaliers et couloirs, une bonne idée. On voit combien le costume a évolué avec le temps dans sa facture et son style.

Pas de discours d'accueil, des oeuvres qui s'enchaînent sans beaucoup de sens, des danseurs investis mais pas très connectés à l'événement, un public glacial (sauf pour le Défilé, et encore : l'extrait du défilé avec Chauviré laissait entendre le public autrement plus déchaîné), des applaudissements scandaleusement rachitiques après le film alors que je m'attendais à une standing ovation qui eut été méritée...

Bref, une soirée mondaine avec des gens apparemment amateurs et relativement connaisseurs mais complètement à côté de la portée historique de l'événement, peu aidés il est vrai par l'organisation. A force de vouloir éviter à tout prix le côté "stade" on oublie que l'état d'esprit d'une soirée ne peut pas reposer sur des artistes et un public laissés à l'abandon. Il faut des humains qui s'impliquent, qui viennent, qui parlent, qui donnent le ton, des gestes symboliques, du rite et un maître de cérémonie. Ainsi va l'humain.

Enfin, une "information" : à la sortie des artistes j'ai saisi quelques échanges entre un danseuse du CdB et une amie qui l'attendait. La danseuse est sortie assez dépitée, plus gênée qu'autre chose par les félicitations qu'on lui adressait. Elle a dit en gros que "c'était arrivé comme ça" en plus de tout le reste, et que du coup c'était pas top. J'en ai conclu que les danseurs (en tout cas certains) partagent les impressions ici évoquées : impréparation, improvisation, pas à la hauteur...




Dernière édition par Delly le Dim Avr 23, 2017 12:46 am; édité 1 fois
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paco



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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 12:24 am    Sujet du message: Répondre en citant

Delly a écrit:
J'en ai conclu que les danseurs (en tout cas certains) partagent les impressions ici évoquées : impréparation, improvisation, pas à la hauteur...

Ben oui, tout est là... De fait il ne faut pas vous étonner de la froideur du public : il n'y avait vraiment pas de quoi réserver la standing ovation que vous réclamez !

En ce qui me concerne, à quelques exceptions près (Dorothée Gilbert, Ganio/Pagliero, Baulac et bien entendu le Défilé) je n'ai tout simplement pas applaudi devant tant d'impréparation. Et j'ai bien failli mêler mes huées à ceux du public quand le chef d'orchestre est venu saluer, ce soir dans la fosse ce fut tout simplement la catastrophe !

Le sommet fut atteint avec l'extrait tronqué des Deux Pigeons, là on a eu droit à tout : massacre à l'orchestre; coupures dans la partition, tempo soudainement ralenti sans que l'on comprenne pourquoi, extrait d'une brièveté ne permettant pas aux danseurs de dépasser un simple échauffement. C'était à la fois déstabilisant pour les valeureux élèves de l'Ecole - qui s'en sont bien sortis au final-, et insultant pour le public.
Lorsque le rideau s'est refermé après 2 minutes de danse, ma voisine japonaise, n'en croyant pas ses yeux, est partie dans un grand éclat de rire et m'a demandé : "c'est toujours comme ça les soirées de danse à l'Opéra de Paris ?". Je me suis permis de démentir...

Une soirée affligeante de nullité, surtout dans la conception même du programme. On ne s'attendait pas à un miracle avec 35 minutes de danse, mais au final ce fut encore pire que prévu car, en plus, la qualité n'était pas au rendez-vous.

Il est temps que la Direction du Ballet de l'ONP se ressaisisse, là ça devient vraiment n'importe quoi !!


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Delly



Inscrit le: 14 Juin 2016
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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 12:34 am    Sujet du message: Répondre en citant

paco a écrit:

Ben oui, tout est là... De fait il ne faut pas vous étonner de la froideur du public : il n'y avait vraiment pas de quoi réserver la standing ovation que vous réclamez !


La standing ovation à l'issue du film me semble au contraire la seule manière pour le public de rendre hommage à Yvette Chauviré, dont le film venait de montrer un aperçu assez évocateur du talent et de l'intelligence.

Et pour ma part j'ai passé une bonne soirée, avec de très beaux moments, loin du nullissime. Il manquait le supplément d'âme, voilà.




Dernière édition par Delly le Dim Avr 23, 2017 12:52 am; édité 1 fois
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paco



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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 12:39 am    Sujet du message: Répondre en citant

Tiens, en parlant du film, j'ai réalisé que l'extrait de Giselle qui a été projeté correspondait à ses 55 ans (1972). Impressionnant, très franchement on ne se rend absolument pas compte de l'âge dans sa prestation, c'est encore impeccable techniquement.

Cela laisse donc encore de beaux jours à Alessandra Ferri au Royal Ballet (53 ans): pour l'instant elle se contente de rôles comme la Marguerite de Ashton, mais l'an prochain pourquoi ne pas se lancer de nouveau dans Giselle ? Wink


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Florestiano



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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 12:49 am    Sujet du message: Répondre en citant

Alicia Alonso a dansé sa dernière Giselle à l'âge de 72 ans Wink

https://youtu.be/fnT41OOsGd0?t=5m21s

La manière qu'elle a de faire voleter son jupon est magnifique.


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haydn
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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 1:42 am    Sujet du message: Répondre en citant

On peut aussi ressortir Carla Fracci de la naphtaline, tant qu'à faire, elle qui a dansé Schéhérazade à 79 ans...

Pour Paco, oui, c'était le film de ses adieux, avec Cyril Atanassoff.

On peut d'ailleurs regretter que l'Opéra de Paris n'ait pas eu l'idée de faire monter sur scène toutes les anciennes stars de la danse française des années 1960-1980, pour qu'elles évoquent au micro leurs souvenirs à propos d'Yvette Chauviré. Il y avait pourtant du beau monde dans la salle : Cyril Atanassoff, évidemment, mais aussi Attilio Labis, Claude Bessy, Jean Guizerix, Pierre Lacotte (lui aussi un ancien partenaire de la Chauviré)... Il y avait de quoi faire une belle photo de famille.



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Ballerina



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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 1:51 am    Sujet du message: Répondre en citant

rothbart a écrit:
Pas d'Emilie Cozette dans le défilé. Qu'arrive t-il avec cette danseuse qu'on ne voit plus du tout depuis déjà longtemps?

Anecdote : réflexion entendue derrière moi pendant le défilé qui prouve l'inculture incroyable d'une partie du public (même dans ce genre de gala) :
"C'est nouveau cette présentation? c'est joli!.."

J'ai eu droit à :"oh regarde! Il y a un orchestre live!" Laughing

Bon, des musiques enregistrées auraient peut-être été meilleures. Et moins chères Twisted Evil


Edit. Fautes grossières


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Delly



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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 2:02 am    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:


On peut d'ailleurs regretter que l'Opéra de Paris n'ait pas eu l'idée de faire monter sur scène toutes les anciennes stars de la danse française des années 1960-1980. Il y avait de quoi faire une belle photo de famille.


Je ne savais pas qui était dans la salle mais j'ai pensé aussi que certains auraient pu être invités à venir saluer avec le ballet à l'issue du défilé. C'eût été beau...


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sophia



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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 10:40 am    Sujet du message: Répondre en citant

L'Opéra de Paris sait marcher, indéniablement, ils adorent ça même, au vu de l'enthousiasme que suscite toujours ce fameux défilé, mais en-dehors des soirées "adieux d'étoiles", encore en prise avec le présent et l'actualité, les photos de famille où les anciens sont honorés, avec applaudissements interminables, fleurs, accolades et public à l'unisson, non, ils ne savent pas faire (ont-ils jamais su d'ailleurs?). Quelle triste image, tellement signifiante aussi quant à l'état de l'Opéra, que celle de Cyril Atanassoff debout au premier rang de la corbeille, applaudissant seul, désespérément seul, dans une salle déjà entièrement rallumée, avec ses spectateurs ne songeant qu'à rentrer ou à aller dîner... Je n'ose imaginer le visage qu'aurait pris ce gala transposé au Bolchoï ou au Mariinsky, où les soirées en hommage à telle ou telle "grande figure" du passé, vivante ou morte, ne sont pas rares et où les trois heures, quatre heures de danse ne font pas peur.

Que dire de plus qui n'ait été dit sur ce gala, sinon que sa réalisation était encore plus désolante que son programme indigent (trente-trois minutes de danse, je crois, c'est pathétique...)? On avait l'impression d'une soirée concoctée pour un public de mondains un peu superficiels, en attente du seul événement vraiment intéressant - le repas - et dont on pense qu'il ne peuvent pas se concentrer plus de cinq minutes sur un même morceau. Pourtant il y avait majorité de balletomanes et professionnels de de la danse dans la salle (le défilé fut d'ailleurs bien plus applaudi que d'ordinaire). "Impréparation", soit, mais cela fait plus six mois que l'on en parle et je n'ai pas l'impression que la compagnie croule sous les spectacles depuis le mois de décembre. Lifar n'est peut-être plus dansé tous les jours, mais le Grand Pas classique, Giselle (qu'on n'a pas daigné programmer), pardon, pardon, mais quand même... Du reste, on avait fait l'effort d'y distribuer "les étoiles (les seules?) les plus aptes à danser le classique".

Sur les différents numéros de la soirée :

Le Grand Pas classique, ce fleuron des galas de danse classique et du répertoire, chorégraphié par Victor Gsovsky pour Yvette Chauviré, a lancé l'hommage de manière particulièrement gênante et je dirais même problématique. Accumulation de défaillances techniques pour Myriam Ould-Braham, gros déséquilibre pour Mathias Heymann, malgré tout bondissant as usual, dans la pose finale de sa variation... Ils avaient pourtant sorti de fort beaux costumes (d'après ceux de l'époque?).

Suivait un extrait des Mirages, en l'occurrence le final du ballet. Proposer ce ballet sans la fameuse variation dite de l'Ombre, il fallait le faire... et l'Opéra de Paris l'a fait! Difficile du reste d'apprécier le passage hors-contexte, même si les interprètes - Amandine Albisson et Josua Hoffalt - m'ont semblé bien choisis pour officier - un jour? - dans ce registre.

C'est pas tout ça, ma bonne dame, mais ça commence à faire long, il faudrait quand même penser à aller prendre un p'tit verre pour se remettre de tant d'émotions...

Entracte de trente minutes donc.

Deuxième partie entamée par l’École de danse dans l'extrait probablement le plus bref de toute l'histoire des galas à l'Opéra et dans le monde : deux minutes trente - tenez-vous bien - des Deux Pigeons (en l'occurrence il s'agissait principalement du solo que l'on voit enseigné à Pietragalla par Chauviré dans le film de Delouche). On sentait l'engagement des jeunes, la soliste était techniquement solide, mais convoquer un groupe d'élèves pour cela? Était-ce faire déchoir de leur statut les artistes de la compagnie que de leur demander de danser - pour une fois seulement - un passage emblématique, et un peu plus consistant, des Deux Pigeons ?

La Mort du cygne est très rarement dansé à l'Opéra (ou dans les galas de l'Opéra) aujourd'hui et personnellement, je ne pense pas que c'était un cadeau à faire à Dorothée Gilbert, qui n'a certes pas des bras indignes, mais ne possède pas le cambré du dos ni l'amplitude de mouvement que l'on peut en attendre. Elle y donne sans doute tout ce qu'elle peut y donner, mais en-dehors de quelques poses lifariennes très caractéristiques, il me semble qu'elle a plus regardé, dans la forme, du côté de Lopatkina que de Chauviré et c'est dès lors assez frustrant (ce qui m'a d'ailleurs frappée dans le film sur Chauviré qui clôturait le gala, c'est que quand on voit la Mort du Cygne de cette dernière, tellement cohérente au-delà du style d'une époque, on ne se pose jamais, jamais la question de l'école...).

Ce serait un bien grand mot de dire que les (maigres) extraits de Suite en blanc ont "sauvé la soirée", mais ils en ont constitué sans doute la partie la plus décente. Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio étaient superbes dans l'adage et j'aime du reste les voir associés - ce qui n'est pas si courant. Quant à Léonore Baulac, si elle manque pour moi de sensualité dans "la Flûte", avec un haut du corps assez sec, avec Germain Louvet et le corps de ballet (certes approximatif dans certains placements), ils ont, comme on dit, "assuré". Néanmoins, tout cela pris hors contexte manquait singulièrement de spectaculaire et de brillant, et l'apothéose que l'on aurait pu avoir avec un Suite en blanc complet n'eut pas lieu.

Le comble fut de terminer sur un film - montage plaisant mais pas génial dans sa forme -, qu'on aurait plutôt imaginé - logiquement? - ouvrir l'hommage. Abyssal et cruel contraste, par ailleurs, entre Chauviré en gloire, sommet d'esprit, d'élégance et de brio alla francesa, et le piètre, si piètre, gala auquel on venait d'assister.

Seul vrai moment d'émotion de la soirée, lui aussi empreint de nostalgie : une petite fille se faisant photographier avec Patrick Dupond devant l'Opéra. L'une des dernières étoiles, sinon la dernière, dont la notoriété ait réussi à briller au-delà des cercles de balletomanes du 9e arrondissement...




Dernière édition par sophia le Dim Avr 23, 2017 2:42 pm; édité 4 fois
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haydn
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Messages: 26513

MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 11:23 am    Sujet du message: Répondre en citant

Il y avait beaucoup de célébrités du monde de la danse à Paris. Personnellement, j'ai vu Cyril Atanassoff, Jean Guizerix, Claude de Vulpian, Claude Bessy, Elisabeth Platel, Attilio Labis, Pierre Lacotte, Ghislaine Thesmar, Brigitte Lefèvre, Patrice Bart, enfin de quoi faire une jolie photo.

Pour le reste, je suis surpris du grand nombre de réactions que ce gala a finalement suscitées ici, j'avoue que personnellement je n'ai pas énormément de choses à dire, sinon qu'on aurait aimé un programme un peu plus conséquent...

Certains sont tombés à bras raccourcis sur l'orchestre, qui n'était effectivement pas merveilleux - sauf dans l'accompagnement du film des adieux de Chauviré dans Giselle, avec Atanassoff en Albrecht, ou la fosse était bien synchrone avec la vidéo -, et le chef, Maxime Tholance - premier violon solo de l'orchestre de l'Opéra - a été sifflé par une partie du public. Mais il faut aussi dire qu'il sert ici un peu de victime expiatoire et de bouc émissaire pour un gala dont les faiblesses étaient d'abord à chercher dans le programme lui-même. De plus, il n'y a eu aucune répétition avec l'orchestre et les danseurs, et que même le défilé n'avait fait l'objet que d'un raccord avec accompagnement au piano. En soi, ce n'est pas "anormal" pour ce type de gala - il n'y aurait pas eu davantage de répétitions au Mariinsky ou au Bolchoï - mais cela explique tout de même certains problèmes.

On passera vite sur le Grand Pas classique, qui s'est achevé sur une chute malheureuse de Mathias Heymann. Ce danseur vaut bien mieux que cela, mais il a peut-être involontairement sauvé la mise à sa partenaire en rendant ainsi le film inutilisable.

Amandine Albisson et Josua Hoffalt ont servi une prestation honnête dans Les Mirages, mais le pas-de-deux conclusif ne présente pas de difficulté particulière, surtout pour l'Ombre. On aurai aimé que cette belle œuvre due à Serge Lifar et Henri Sauguet soit donnée dans son intégralité - ou au moins le second acte, qui ne dure qu'une vingtaine de minutes environ.

De même, l'extrait des Deux pigeons qui suivait était ridiculement court (2 min 30!!), ce qui était d'autant plus regrettable que les élèves de l'école de danse qui ont interprété la pièce fameuse d'Aveline/Mérante et Messager ont fait preuve d'enthousiasme et de professionnalisme, avec notamment une excellente Gitane. Mais monter un grand décor et mobiliser un orchestre symphonique pour si peu...

Après l'entracte, place à la Mort du cygne. Chauviré elle-même n'avait pu résister à la tentation de se mesurer à la Pavlova. Dorothée Gilbert s'en est plutôt bien sortie, même si elle est restée assez réservée et peu lyrique. En tous cas, on ne pourra pas l'accuser de mauvais goût, ce à quoi la musique larmoyante de Camille Saint-Saëns invite fortement... Il était intéressant de voir ensuite Yvette Chauviré - en vidéo, évidemment - aborder le même rôle de manière beaucoup plus théâtrale, plus "expressionniste". Autre époque, autre style.

Le dernier numéro de danse à l'affiche était Suite en blanc, qui aurait aussi mérité d'être donné en intégralité, ce qui aurait été parfaitement possible dans un gala d'une durée de 3h00 ou 3h30 même. Cela nous aura tout de même valu le meilleur moment de la soirée, avec un très bel adage interprété avec style et lyrisme par Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio.

Le spectacle s'achevait sur un montage vidéo réalisé par Vincent Cordier, qui reprenait quelques extraits notamment de Giselle avec Chauviré et Nouréev d'abord, Chauviré et Atanassoff ensuite. On retrouvait aussi la Prima Ballerina Assoluta pleine de verve lors d'un Grand échiquier avec Jacques Chancel. Yvette Chauviré, archétype de la parisienne élégante, nous rendait nostalgique d'une France à jamais disparue.



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Delly



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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 1:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant

sophia a écrit:

Seul vrai moment d'émotion de la soirée, lui aussi empreint de nostalgie : une petite fille se faisant photographier avec Patrick Dupond devant l'Opéra. L'une des dernières étoiles, sinon la dernière, dont la notoriété ait réussi à briller au-delà des cercles de balletomanes du 9e arrondissement...


Je crois qu'on peut accorder à Aurélie Dupont d'être connue d'un plus large public. Quant à la notoriété de Patrick Dupond, elle fut certes exceptionnelle en son temps, mais pour les petites filles d'aujourd'hui, elle tient sans doute autant à son rôle de jury dans Prodiges qu'à sa carrière ancienne.

J'ai d'ailleurs pensé à cela aussi pendant cet hommage. Yvette Chauviré est décédée très âgée, et donc oubliée hors du cercle des balletomanes. Et pour les plus jeunes elle est certes un nom légendaire, mais avec peu de lien concret, quelques photos. Je crois que cela joue dans l'hommage du public, sa mort a certes été couverte par les médias mais nulle émotion publique et peu de réactions aux articles de ces médias. Car la danse a depuis lors perdu son statut "glamour" au profit du cinéma, et les danseurs connus aujourd'hui sont ceux qui font l'actualité aujourd'hui.

A l'amphithéâtre où j'étais, je ne suis pas sûre que beaucoup de gens venaient pour vraiment rendre hommage, je crois qu'ils venaient voir du ballet, voir leurs danseurs, voir d'autres styles chorégraphiques pour les connaisseurs, découvrir un peu une danseuse dont ils connaissaient le nom mais qui n'évoquait pas grand chose de concret. Yvette Chauviré elle-même n'était pas au coeur de leurs préoccupations.


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haydn
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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 1:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

On peut critiquer Benjamin Millepied pour certains aspects de sa gestion du Ballet de l'Opéra de Paris, mais il a remis la danse à la une des médias, et pas seulement ceux destinés aux balletomanes. Aurélie Dupont a été l'idole des petites élèves des cours de danse, mais aujourd'hui, c'est à une nouvelle génération de prendre le relais. Léonore Baulac a été pas mal médiatisée - ce n'est pas un reproche, car une couverture de Elle ou de Paris-Match va toucher bien plus de monde que celle de Danse ou de Ballroom. Mais il faudrait que cela ne soit pas un feu de paille. Les effectifs des cours de danse classique s'effondrent - je vais encore me faire traiter de vieux réactionnaire, mais cela n'entre absolument pas dans les préoccupations des pouvoirs publics aujourd'hui, ils préfèrent se livrer à un racolage plus rentable en termes électoraux, et apparemment même l’École de l'Opéra a de la peine à trouver de bons éléments en France, et s'ouvre de plus en plus aux étrangers venus d'Asie, qui eux ont le niveau requis. Assez curieusement - si nous avons parmi nos lecteurs des Transalpins bien au fait de la situation de la danse dans leur pays, leurs éclaircissement seront les bienvenus - il y a un afflux significatif de jeunes italiens talentueux, en dépit du faible nombre de compagnies classiques susceptibles de leur offrir un débouché professionnel dans leur pays.



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sophia



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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 2:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bien sûr que ce sont les danseurs d'aujourd'hui qui font l'actualité, c'est un peu une lapalissade, mais l'ignorance, presque cultivée parfois, du passé - quand ce n'est pas le dédain -, est un phénomène tout de même très français. Là, pour la Chauviré, l'institution consent à un gala, mais il faut voir comment... A ce niveau de médiocrité et de désinvolture, c'est impardonnable.
Peu d'entre nous ont vu danser Yvette Chauviré, la question n'est d'ailleurs pas là, mais je me souviens par exemple du retentissement qu'ont eue, en Russie, les décès de Plissetskaïa ou de Maximova, dignement honorées, et j'imagine qu'il en sera de même quand Alonso disparaîtra à Cuba.


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paco



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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 3:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Delly a écrit:
A l'amphithéâtre où j'étais, je ne suis pas sûre que beaucoup de gens venaient pour vraiment rendre hommage, je crois qu'ils venaient voir du ballet, voir leurs danseurs, voir d'autres styles chorégraphiques pour les connaisseurs, découvrir un peu une danseuse dont ils connaissaient le nom mais qui n'évoquait pas grand chose de concret. Yvette Chauviré elle-même n'était pas au coeur de leurs préoccupations.

C'était aussi le cas de mes jeunes voisines japonaises : elles venaient avant tout pour une soirée de ballet à l'Opéra et ne connaissaient que vaguement le nom d'Yvette Chauviré. Très déçues par l'indigence du programme, elles ont quand même bien aimé le film.


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Constance



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MessagePosté le: Dim Avr 23, 2017 11:21 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Soirée dans laquelle les pigeons étaient surtout dans la salle, plus que sur la scène! Le programme "élaboré" - ridiculement court et inconsistant- était indigne d'Yvette Chauviré, du public et même des danseurs et des élèves de l'Ecole, convoqués pour danser quelques minutes (Germain Louvet dans Suite en blanc! Les élèves!).

Effectivement, il eût mieux valu montrer le film en premier, et clôturer par le défilé, pour un peu de ferveur...

Il faut le répéter, et il faudrait vraiment le faire entendre aux décideurs de l'ONP, le défilé est avant tout un moment de réunion et d'enthousiasme entre le ballet et son public; même s'il est aussi un moment de glamour et de prestige, le réserver au public des galas, plus argenté mais certainement ni le plus fervent ni le plus éclairé, est non seulement idiot mais aussi injuste voire scandaleux, dans la mesure où l'ONP est une institution publique.

Le Grand Pas classique dansé au départ avec esprit par Myriam Ould Braham et Matthias Heymann a tourné au cauchemar. L'esprit s'en est allé au fur et à mesure que les problèmes techniques s'accumulaient. M.Heymann a raté une réception, certes, mais il a tout de même fort bien dansé; MOB est délicieuse mais sa faiblesse de cheville ne lui permettait pas de surmonter la terrible diagonale de la variation, ni ensuite de finir les fouettés, pourtant très bien commencés.

Beau pas de deux des Ombres, Amandine Albisson et Josua Hoffalt y étaient convaincants, inquiétants, malgré la brièveté et le caractère hors sol du morceau choisi. Quelle frustration...

Après un entracte, lui, vraiment consistant, la durée de l'extrait-éclair des Deux Pigeons, avec décors, costumes, maquillage, laissait pantois. Belle gitane de Bleuenn Battistoni, qui promet.

Il fallait vraiment un hommage à Yvette Chauviré pour ressortir la Mort du Cygne, solo kitchissime. Dorothée Gilbert l'a interprété de manière très dépouillée, peut être trop -Ludmila Pagliero y aurait été peut-être supérieure- mais il ne serait plus supportable aujourd'hui de le "jouer" comme on le voit faire à Yvette Chauviré dans le film de clôture.

Suite en Blanc, enfin, nous mit un peu de baume au cœur. Superbe pas de deux par Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio, en pleine maturité technique et artistique, et belle prestation de la nouvelle étoile Léonore Baulac.

Le film de clôture, pas fameux, eut du mal à démarrer, ce qui déclencha les rires; un pépin technique peut arriver dans les institutions les plus sérieuses, mais cela est rare à l’Opéra de Paris. On avait davantage l'impression d'être dans un cinéclub de province dans les années 70. Cela donnait une idée de l'amateurisme, pour ne pas dire de la désinvolture, qui présidait à la soirée.
Entendre Yvette Chauviré parler de la transmission vers la jeune génération était tout de même un beau moment.

On peut espérer pour les convives que la quantité et la qualité des mets servis au diner de gala étaient supérieures au reste de la soirée...


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