Tree of Codes, McGregor [ONP Garnier 03 - 23/02/2017]

[haydn]

Je recopie ici les messages publiés dans d'autres fils de discussion et concernant Tree of Codes :

[haydn]

Pour Lucy : j'y vais ce soir. Je n'ai pu assister ni à l'avant-première car je fais partie de la catégorie "vieux c..." qui ont passé l'âge, ni à la première, pour cause de Prix de Lausanne. J'ai zappé la seconde pour cause d'horaire bizarre (20h30), et je me suis donc rabattu sur la troisième représentation.

Personnellement, je ne déteste pas du tout McGregor, et j'avais jugé plutôt positivement ses précédents ballets donnés à l'Opéra de Paris. Je verrai bien ce que donne Tree of Codes, même si Paco m'a gentiment averti que mes oreilles allaient morfler...

Si d'autres lecteurs de Dansomanie ont vu Tree of Codes, leur avis est évidemment le bienvenu. Nul n'est besoin d'attendre l'intervention du Webmaster pour connaître le sens du vent!

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[LucyOnTheMoon]

J'attends de pouvoir aller au guichet pour me choisir une place d'un rapport "qualité-prix" correct.
Et pour l'impact auditif, Télérama est du même avis que Paco le reste de la critique étant plutôt positif

http://www.telerama.fr/sortir/au-palais-garnier-olafur-eliasson-sublime-tree-of-codes,153935.php

[sophia]

Paco parlait de Woolf Works.

[Gimi]

[paco]

Oui, pour la musique c'est de Woolf Works dont je parlais (retransmission du Royal Ballet) : la partition est un mélange de mauvaise techno et de sirop holywoodien, le private joke pour Haydn étant que je sais qu'il déteste l'un et l'autre

[haydn]

Bon, je me lance, et je sens que je vais prendre pas mal de monde à contrepied. Je n'ai vraiment pas détesté Tree of Codes, même si on ne tient certainement pas là LE chef-d’œuvre de la danse du XXIème siècle.

J'avais déjà plutôt apprécié les précédentes productions / créations du chorégraphe britannique (enfin écossais, ne relançons pas la guerre des deux roses), Genus, L' Anatomie de la sensation et Alea Sands. Certes, je ne partage pas les goûts musicaux de Wayne McGregor, mais Mozart ou Beethoven auraient été franchement déplacés pour servir de toile sonore à de telles pièces.

Il y a en tout cas chez McGregor un réel sens du spectacle. La danse seule n'est pas grand chose, mais il faut considérer ses ouvrages comme des spectacles complets, où les lumières, la scénographie, la musique et les pas proprement dits sont indissociables. Un opéra de Meyerbeer est insupportable sans tout le dispositif scénique qui va avec. McGregor, c'est, mutatis mutandis, un peu pareil. La danse seule n'est rien. Mais le spectacle pris dans sa globalité, séduit. McGregor n'hésite pas à recourir à tous les artifices de la technologie actuelle. Et alors? Il ne s'agit pas de saboter un Lac des cygnes avec des effets anachroniques, mais bien de mettre ces moyens techniques au service de la création contemporaine. Les effets de miroir, les éclairages, tous ces plans dont on ne sait plus s'ils sont transparents ou opaques, si on a affaire à un reflet ou à des personnages en chair et en os, les déconstructions kaléïdoscopiques, tout ceci est pour moi assez fascinant, et avec Tree of Codes, je n'ai vraiment pas passé une mauvaise soirée. Certes, l'ouvrage s’essouffle un peu en son milieu, lorsqu'on a l'impression que tous les "trucs" et artifices ont été épuisés. Mais le chorégraphe relance l'intérêt à la toute fin. Il y a des longueurs, comme le solo assez creux dévolu à Jéremie Bélingard. En fait, un tel numéro n'a pas vraiment lieu d'être dans une pièce où les individualités comptent peu. Tellement peu d'ailleurs que durant les dix premières minutes, tout se passe dans le noir quasi-complet, avec de petites lumières qui, seules, matérialisent les mouvements des danseurs.

On ne sera pas vraiment surpris que de manière générale, les danseurs de la compagnie de Wayne McGregor - qui connaissent sur le bout des (demi-)pointes les marottes de leur "patron" - soient davantage présents, aient plus d'aisance que leurs homologues de l'Opéra de Paris avec qui ils partagent la scène. Il y a bien sûr l'étonnant duo Marie-Agnès Gillot / Julien Meyzindi, il y a aussi Sébastien Bertaud. mais chez les "parisiens", ou plutôt les parisiennes, celle qui m'a vraiment surpris, c'est Lucie Fenwick. Cette danseuse habituellement reléguée dans les profondeurs du corps de ballet a trouvé, avec Tree of Codes, un langage chorégraphique qui met en valeur son corps long et mince, qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler la morphologie de Wayne McGregor lui-même.

A noter qu'un petit incident technique a perturbé la représentation d'hier (jeudi 09/01/2017). Le spectacle s'est arrêté au bout d'une trentaine de secondes, et a été repris du début quelques minutes plus tard, sans anicroche cette fois.

Personnellement, je conseillerai à nos lecteurs de ne pas snober ce spectacle, en dépit des critiques très négatives qui sont déjà parues dans la presse institutionnelle :


« Tree of Codes » : greffe de plantes décoratives au Palais Garnier, par Rosita Boisseau (Le Monde)


Wayne McGregor transforme le Palais Garnier en boîte de nuit, par Ariane Bavelier (Le Figaro)


Certes, les concepteurs du spectacle misent tout sur l'esthétique visuelle (à ce titre, Olafur Eliasson devrait figurer sur l'affiche au moins à la même place que le chorégraphe), mais on a bien le droit de se faire plaisir avec quelque chose qui sort de la grisaille que nous infligent trop de créateurs soucieux de faire montre de leurs capacités intellectuelles , de la profondeur de leur pensée et pour qui, "plus c'est sinistre, le mieux c'est".

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[haydn]

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[paco]

Ah ben si vous avez aimé Tree of codes, Haydn, je vous recommande vraiment Woolf Works, c'est un tout autre sommet ! Il y a une rediffusion au cinéma Arlequin il me semble.
Je vous rejoins tout à fait concernant la comparaison entre McGregor et Meyerbeer, c'est tout à fait ça. La différence pour Woof Works, c'est qu'en plus, là, pour une fois, la ballet est très émouvant, ce qui est insolite chez McGregor.

[tuano]

Est-ce qu'il faut y aller avec des boules quiès ?

[sophia]

Je ne partage pas du tout l'enthousiasme (très relatif, certes) de haydn pour Tree of Codes, mais la musique n'est franchement pas le problème.

[haydn]

Contrairement à ce que la supposée "ambiance de boîte de nuit" pouvait laisser craindre, le volume de la sono est contenu dans des limites plutôt raisonnables, et vous pouvez vous dispenser des boules Quiès...

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[LucyOnTheMoon]

Un "mutatis mutandis" dans une critique sur McGregor, il n'y a vraiment que sur Dansomanie qu'on peut lire ça
Plaisanterie mise à part, je suis contente que ce spectacle ne vous ait pas déplu Haydn (nul besoin de s'en excuser à demi-mot d'ailleurs) et encore plus d'apprendre que mes oreilles y survivront Du coup je suis d'autant plus impatiente d'aller le découvrir ce soir !

[NEOPHYTE]

J'avais envie de voir ce "Tree of Codes", parce que les créations d'Olafur Eliasson que j'ai vues m'ont bien plu (les panneaux jaunes au niveau -1 de la Fondation Louis Vuitton, son expo "Contact" dans cette même fondation et son "Soleil" il y a quelques années à la Tate Modern).

Les effets lumineux de ce "Tree of Codes" sont souvent très esthétiques et en symbiose, à mon avis, avec la musique et la chorégraphie.
Je crois que ce que je préfère, c'est cette synergie entre le chorégraphe, le scénographe et le musicien, c'est une véritable création en plusieurs dimensions, le spectateur en prend plein les yeux (j'y retournerai, mais avec des lunettes de soleil...), plein les oreilles (je n'ai pas eu à sortir mes bouchons d'oreilles.....) et j'imagine que ceux qui ont lu le livre ont leurs neurones qui se sont agités!

Je n'avais jamais vu de chorégraphies de Wayne McGregor, mais j'ai envie de découvrir ses ballets, les mouvements sont musicaux et harmonieux, le corps des danseurs est mis en valeur.

La bande-son de Jamie xx est très sympa, elle transforme Garnier en boîte de nuit, à part quelques passages "poum poum", j'ai trouvé ça très "dansant", ce qui m'étonne car il est indiqué dans le programme qu'il a créé un algorithme en utilisant le livre.

Ce ballet est une succession de tableaux visuels, dont j'ignore s'il existe un fil conducteur, j'ai l'impression que comme avec Peter Greeneway, il ne faut pas forcément chercher une narration logique ou chronologique.

Esthétiquement, j'aurais bien aimé que l'arrière de la scène soit ouvert pour qu'il y ait plus de perspective, avec un soleil aux lumières chaudes dans le fond et des panneaux lumineux pour donner des lignes de fuite et de la profondeur aux effets lumineux.

[eloisa]

Si vous êtes près des haut-parleurs et que vous avez les oreilles sensibles, des bouchons atténuant les décibels vous permettront d'éviter les sifflements d'oreille après le spectacle.
Spectacle un peu déroutant de par le mélange de danseurs de l'Opéra et de la compagnie McGregor. J'ai beaucoup aimé Sébastien Bertaud, à l'aise et très souriant, mais il a peu de danse, ou lors du duo Gillot/Meyzindi.
Finalement, on se demande quelle est l'idée/l'intérêt de faire danser les deux compagnies ensemble.