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XVIIe Festival du Mariinsky [30 mars - 9 avril 2017]
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haydn
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MessagePosté le: Lun Avr 10, 2017 8:00 am    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques mots du gala de clôture du XVIIème festival du Mariinsky, qui avait lieu hier soir, et tout d'abord, le programme détaillé (les divertissement n'avaient pas été précisés sur le site du théâtre, notamment).


    Première partie - création


    The Cat on the tree

    Musique : Nico Muhly, Teitur Lassen
    Chorégraphie : Anton Pimonov
    Lumières : Konstantin Binkin
    Costumes : Arina Bogranova

    Avec : Viktoria Tereshkina, Alexander Serguéïev / Ekaterina Kondaurova, Andreï Yermakov / Nadezhda Batoeva, Alexeï Timofeïev



    Deuxième partie - divertissement


    Tarentella (Louis Moreau Gottschalk / George Balanchine)

    Avec : Anastasia Matvienko, Denis Matvienko


    Spiral Twist (Max Richter / Russell Maliphant)

    Avec : Lucia Lacarra, Marlon Dino


    Diane et Actéon (César Pugni / Agrippina Vaganova)

    Avec : Renata Shakirova, Daniel Camargo (Het Nationale Ballet, Amsterdam)


    Celestial (Thomas Tallis, Antonio Vivaldi / Garrett Smith)

    Avec : Sofia Ivanova-Skoblikova, Valeria Martynyuk, Yekaterina Osmolkina, Yana Selina, Alexander Serguéïev, Vasily Tkachenko, Maxim Zyuzin


    Don Quichotte, pas de deux, Acte III (Ludwig Minkus / Alexandre Gorsky)

    Avec : Nadezhda Batoeva, Cesar Corrales (English National Ballet, Londres)



    Troisième partie - finale


    Symphonie en Ut (Georges Bizet / George Balanchine)

    1. Allegro vivo
    Avec : Yekaterina Osmolkina, Maxim Zyuzin / Viktoria Krasnokutsnaya, Yekaterina Ivannikova, Vasily Tkachenko, Yevgueny Konovalov

    2. Adagio
    Avec : Ekaterina Kondaurova, Yevgueny Ivanchenko / Xenia Ostreikovskaya, Svetlana Ivanova, Yaroslav Pushov, Boris Zhurilov

    3. Allegro vivace (scherzo)
    Avec : Elena Yevseyeva, Philipp Stepin / Elena Androsova, Xenia Dubrovina, Alexeï Nedviga, Andreï Arseniev

    4. Allegro vivace (finale)
    Avec Nadezhda Gonchar, Alexeï Timofeïev / Yuliana Chereshkevich, Zlata Yalinich, Alexander Beloborodov, Roman Belyakov


    Ballet du Mariinsky
    Orchestre Symphonique du Mariinsky, dir. Boris Grouzine
    Lyudmila Sveshnikova, piano solo



[à suivre]



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haydn
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MessagePosté le: Lun Avr 10, 2017 9:55 am    Sujet du message: Répondre en citant

Les photos-souvenir du gala (si quelqu'un à la patience de compter les roses offertes à Ekaterina Kondaurova, dont un amoureux a manifestement fait la fortune des fleuristes de Saint-Pétersbourg) :
















































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haydn
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MessagePosté le: Lun Avr 10, 2017 10:01 am    Sujet du message: Répondre en citant

[Commentaires à suivre]



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Ballerina



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MessagePosté le: Lun Avr 10, 2017 11:05 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ça c'est du bouquet Shocked Very Happy


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haydn
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MessagePosté le: Mar Avr 11, 2017 9:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

En fait il y a au Mariinsky une tradition assez charmante, mais aussi parfois cruelle : les admirateurs / admiratrices des danseurs déposent les bouquets avant le spectacle auprès des ouvreuses (qui disposent d'un imposant stock de vases, pour éviter que les fleurs ne se fanent prématurément), et ils sont ensuite apportés sur scène aux artistes au moment des saluts. Ce qui fait que tout le monde peut mesurer la "popularité" d'un danseur ou surtout d'une ballerine au nombre et au volume de bouquets reçus... Et il y en a qui font parfois une drôle de tête lorsqu'ils se retrouvent avec rien, alors que la voisine croule sous les roses. Mais comme ces messieurs du Mariinsky ont de l'éducation, lorsqu'ils se rendent compte qu'une collègue n'a pas été bien servie, ils lui confient discrètement leur propre bouquet en faisant mine de l'avoir reçu par erreur.



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haydn
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MessagePosté le: Mar Avr 11, 2017 10:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et donc, après ces considérations horticoles, retour, comme promis, sur le gala de clôture du XVIIème festival du Mariinsky.



La soirée débutait par une création d'un danseur de la compagnie Anton Pimonov, intitulée étrangement «Кот на дереве» («Le chat sur l'arbre»). Aucune note d'intention n'est venu précisé le sens de ce titre. La musique de l'ouvrage était quand à elle signée Nico Muhly, habituel comparse de Benjamin Millepied.

Malheureusement, la chorégraphie d'Anton Pimonov était elle aussi une parodie (involontaire, évidemment) maladroite des pièces de Benjamin Millepied ; on s'ennuyait ferme devant l'enchaînement de duos vus et revus, et on se demande bien quel intérêt certains jeunes créateurs russes peuvent avoir à reprendre à leur compte les poncifs de la danse contemporaine occidentale, si ce n'est pour "faire moderne". La partition de Nico Muhly - composée de plusieurs chansons américaines "à texte" -, dégoulinante de bons sentiments, n'arrangeait rien à l'affaire et on se dit qu'il est grand temps que les chorégraphes russes développent à nouveau un style, une école personnelle et retrouvent leur place dans l'avant-garde mondiale, comme naguère Fokine, Nijinsky, Lifar ou... Balanchine, formé à Saint-Pétersbourg.

Les capacités de la distribution de grand luxe dont bénéficiait «Кот на дереве» étaient largement sous employées, et il n'était vraiment pas besoin de réunir trois couples formés de - excusez du peu - Viktoria Tereshkina / Alexander Serguéïev, Ekaterina Kondaurova / Andreï Yermakov et Nadezhda Batoeva / Alexeï Timofeïev pour venir à bout de ces vingt minutes de banalités.

Le "divertissement" qui faisait suite s'inscrivait dans la tradition des soirées de ballet du XIXème siècle, avec une alternance de pièces classiques et actuelles. Anastasia et Denis Matvienko ont été les premiers à entrer en piste, avec Tarentelle, de Balanchine. Cette pièce humoristique, souvent donnée dans les galas, a été fort bien dansée, mais il manquait un je-ne-sais quoi de panache, de folie, qui aurait vraiment soulevé l'enthousiasme. Le couple Matvienko est resté un peu trop sage, un peu trop au premier degré.

Après, venait Spiral Twist, de Russell Maliphant, interprété par Lucia Lacarra et Marlon Dino. On n'imaginait pas les anciennes stars du Bayerisches Staatsballett jouir d'une telle popularité à Saint-Pétersbourg : elles reçurent une ovation triomphale, et, lors des saluts finaux, ce furent encore elles qui reçurent l'essentiel des faveurs du public. Il faut dire que la pièce de Maliphant est assez spectaculaire et que les deux ex-artistes munichois formaient un couple très harmonieux.

Le numéro suivant était Diane et Actéon, un pas de deux d'une virtuosité hallucinante créée - cela s'impose à Saint-Pétersbourg - par Agrippina Vaganova afin d'être inséré dans Esmeralda. On retrouvait le couple Renata Shakirova / Daniel Camargo qui avait officié trois jours auparavant dans Don Quichotte. Cette fois, la hiérarchie a été inversé, et c'est le soliste du Het Nationale Ballet qui a, de manière inattendue, pris l'ascendant sur sa consœur du Mariinsky, parfois trop fébrile (la jambe de terre tremblait souvent dans les arabesques, on ne sait pourquoi).

Retour au contemporain avec Celestial, de Garrett Smith, un chorégraphe américain natif de Salt Lake City, et dont je découvrais pour la première fois une œuvre. Celestial reprend aussi pas mal de lieux communs de la danse contemporaine occidentale - costumes blancs sur fond blanc pour souligner le "dépouillement" de la musique baroque etc... - mais M. Smith maîtrise mieux son sujet qu'Anton Pimonov, et - Thomas Tallis et Antonio Vivaldi aidant -, Celestial s'est avéré bien plus plaisant que «Кот на дереве». La pièce était de surcroît servie par un beau septuor de solistes (Sofia Ivanova-Skoblikova, Valeria Martynyuk, Yekaterina Osmolkina, Yana Selina, Alexander Serguéïev, Vasily Tkachenko, Maxim Zyuzin), traités à égalité, et dont aucun n'émergeait vraiment au détriment des autres.

Le "divertissement" s'achevait par le grand pas de deux du dernier acte de Don Quichotte, avec Nadezhda Batoeva et Cesar Corrales, le bouillant Cubain venu de l'English National Ballet. Les choses auraient pu très mal se terminer pour Mlle Batoeva, suite à un porté-poisson complètement raté par Cesar Corrales, et on est vraiment passé à deux doigts de l'accident. A la décharge de ce dernier, Nadezhda Batoeva est une partenaire un peu grande pour lui. En même temps, Cesar Corrales n'en n'est pas moins un danseur exceptionnel, et, cet incident mis à part, on a eu droit à du très grand spectacle : sauts incroyables, manèges d'une fougue irrésistible, enfin ce qu'on attend dans Don Quichotte. Cesar Corrales illustre parfaitement le style extraverti de l'école cubaine, et sa danse explosive contrastait fortement avec la sage élégance pétersbourgeoise de Nadezhda Batoeva.


Le gala s'achevait en apothéose par Symphonie en Ut, de Balanchine - décidément à l'honneur cette année au Festival du Mariinsy - dans une production légèrement différente de celle de l'Opéra de Paris, avec des costumes de couleur. Parmi les solistes, on aura surtout apprécié Yekaterina Osmolkina, impériale aux côtés de Maxim Zyuzin - son mari! - dans l'Allegro vivo liminaire, Yekaterina Kondaurova dans l'adagio (avec pour partenaire Yevguény Ivanchenko, insipide mais solide) et les couples Elena Yevseyeva / Philipp Stepin (scherzo) et Nadezhda Gonchar (d'une distinction superbe) / Alexeï Timofeyev (finale).

Mais le vrai héros de cette Symphonie en Ut fut incontestablement le corps de ballet, d'une unité, d'une discipline et en même temps d'une vivacité époustouflantes. Jamais je n'avais vu des lignes si droites, des mouvements si parfaitement synchronisés tant au niveau des ports de bras que des jambes (les entrechats du finale, une vraie merveille), tout en préservant élégance et moelleux. Rien n'apparaissait martial, raide, et il faut remercier la troupe du Mariinsky d'avoir sur conclure ce XVIIème festival sur une telle apothéose, toute à la gloire de l'école pétersbourgeoise de ballet et de sa prestigieuse tradition.



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sophia



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MessagePosté le: Mer Avr 12, 2017 9:18 am    Sujet du message: Répondre en citant

Un jolie galerie de photos, signées Jack Devant, de Paquita (distribution Kondaurova / Ermakov).


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Florestiano



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MessagePosté le: Mer Avr 12, 2017 12:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
Les choses auraient pu très mal se terminer pour Mlle Batoeva, suite à un porté-poisson complètement raté par Cesar Corrales, et on est vraiment passé à deux doigts de l'accident.

Cela me rappelle, à Paris, un porté du pas de deux final de Casse-Noisette entre Natalia Osipova et Alessio Carbone (qui remplaçait en dernière minute Mathias Heymann, blessé), lors duquel Osipova avait dû mettre les deux mains par terre pour ne pas se casser le cou Wink


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sophia



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MessagePosté le: Mer Avr 12, 2017 7:56 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Paquita (musique Edouard Deldevez, Ludwig Minkus, Riccardo Drigo – chorégraphie Youri Smekalov, Youri Bourlaka, d'après Marius Petipa)
31 mars (Kondaurova / Ermakov)
6 avril (Kolegova / Parish)


Conformément à la tradition, le XVIIe festival du Mariinsky s'est ouvert sur une grande première. Après la recréation du Cavalier de bronze, qui avait marqué le festival 2016 de son faste quelque peu monumental, c'est à nouveau à Youri Smekalov que la direction du Mariinsky a souhaité confier – dans un registre résolument différent - une nouvelle production, en trois actes, de Paquita. Un certain mystère l'entourait jusqu'à ce que le chorégraphe annonce la couleur, quelques jours avant l'ouverture du festival. Cette Paquita ne serait pas une recréation du ballet chorégraphié pour l'Opéra de Paris par Joseph Mazilier, puis remonté à Saint-Pétersbourg par Marius Petipa, mais bel et bien un ballet nouveau, doté d'un livret propre, inspiré de La Gitanilla (ou La Petite Gitane), tirée des Nouvelles exemplaires de Cervantès. Le Grand Pas, reconstruit par Youri Bourlaka d'après les notations Stépanov, viendrait toutefois rappeler, dans l'acte III, la tradition, mouvante et cependant ininterrompue, du ballet – comme un hommage avant l'heure à Marius Petipa, grand maître incontesté du ballet classique, dont la Russie célébrera, de manière tout à fait officielle, le 200e anniversaire de la naissance en 2018.

Smekalov n'a pas menti. Son ballet n'est ni une stylisation à la Lacotte ni une reconstruction à la Ratmansky, mais un curieux objet chorégraphique, qui mêle, dans ses deux premiers actes, pantomime, gitaneries, danses de caractère et pas d'école, le tout saupoudré de souvenirs du Don Quichotte et de quelques soviétismes (dans certains sauts ou portés), avant de laisser place, dans le dernier acte, au familier : la Polonaise des enfants et le Grand Pas, mis en scène dans tout son lustre académique, avec sa suite de variations féminines ciselées comme des diamants. C'est donc un ballet d'aujourd'hui, qui regarde avec amour – et peut-être un brin d'humour – l'histoire de la danse (comme en témoignent les immenses portraits de Petipa, Minkus ou Kchessinskaïa, costumés en personnages du Siècle d'Or – reflet de l'Âge d'or du ballet -, qui décorent la première scène), sans pour autant renoncer à l'action – et la plus premier degré qui soit. Les grandes premières de ballet, on le sait, sont devenues trop rares dans l'institution dirigée par le tout-puissant Valery Gergiev. Celle-ci témoigne cependant d'une ambition notable, et pourra, sans nul doute, être baladée sans crainte dans les tournées à l'étranger : les décors pittoresques d'Andreï Sverbo manquent peut-être un peu de relief, mais ils ont du charme, et les costumes d'Elena Zaïtseva, lumineux et élégants, sont un plaisir pour les yeux. Le final, qui voit des guirlandes de fleurs multicolores descendre des cintres, est à lui seul une féerie - une splendeur au raffinement simple et naïf, digne de ce théâtre magique.

D'un point de vue narratif, le chorégraphe s'est délibérément affranchi – parce qu'il considérait qu'il n'était plus d'actualité – du livret original de Paul Foucher et de son sous-texte politique (pour ne pas dire propagandiste). Il en a cependant conservé, en se servant de la trame de Cervantès, l'imaginaire, façonné par le romantisme, apte à captiver, encore et toujours, les spectateurs épris de fantaisie : des Bohémiens mystérieux et farouches, voleurs d'enfants comme il se doit, une héroïne principale « folle de danse », femme-fleur à l'identité confuse, une idylle amoureuse, une héroïne seconde en proie à la jalousie façon Gamzatti, un vol de bijoux, une fausse accusation qui mène les amants tout droit en prison, une scène de reconnaissance, des parents ravis, et un mariage en grande pompe, le tout sur fond de confrontation, entre crainte et fascination, des mondes aristocratique et gitan. Certaines transitions, notamment dans la deuxième partie de l'acte II – un brin longuet et confus –, sont un peu faiblardes, mais la réécriture est dans l'ensemble plutôt bien menée, la pantomime ultra-lisible, les relations entre les personnages relativement limpides, et les petites complications du récit s'éclairent tout naturellement lors d'une seconde vision du ballet.

Bien sûr, soyons honnête, toute cette suite d'aventures, aussi naïves que rocambolesques, agrémentées de quelques gags scéniques (le cheval en peluche sous lequel se cachent deux danseurs galopant en rythme), n'est que prétexte à la seule vraie fête qui compte, celle de la danse, assortie dans le présent contexte d'éventails frémissants, d'œillades coquines et de cambrés vertigineux. De ce point de vue, la compagnie est servie, en abondance et jusqu'à plus soif, dans toutes les configurations chorégraphiques que peut permettre un ballet classique, des petits élèves de l'Académie Vaganova, stars de la Polonaise, jusqu'au vétéran Vladimir Ponomarev (entré au Mariinsky en 1964), dans le rôle du Corregidor.

Pour l'apothéose du Grand Pas, maintenu au répertoire du Mariinsky malgré la disparition du ballet après 1926, Youri Smekalov a fait appel à Youri Bourlaka, qui l'avait précédemment monté, en 2009, à la manière d'un divertissement autonome, pour le Bolchoï. La version proposée par le Mariinsky est cependant un peu différente, puisque ce Grand Pas est intégré à l'action et correspond à la scène du mariage. Le fameux pas de trois « en or » - chef d’œuvre petipesque et minkusien - est inséré dans l'acte II (dansé par Paquita - la Gitane vedette -, Andrès – l'amant -, et Cristina – la bonne copine), tandis que les variations - sept au total - sont fixes d'une représentation à l'autre (au Bolchoï, Bourlaka avait autorisé les étoiles distribuées à danser leur variation favorite, ce qui modifiait le déroulé du Grand Pas d'un soir à l'autre). Ce léger regret est compensé par le choix des variations, toutes d'une incroyable difficulté, peu connues de surcroît, en-dehors de la première – présente aussi dans la version Vinogradov –, celle d'Anna Pavlova sur la musique de Drigo, tirée du ballet Le Roi Candaule.

Ce ballet, qui mêle, à peu près au même degré, danse de caractère - ou dérivée du caractère -, danse académique - et virtuose - et pantomime, s'avère bien délicat à distribuer, et pas sûr que cette série de représentations de première, aux distributions très « hiérarchiquement correctes », emporte unanimement l'adhésion. Au-delà des questions, récurrentes, de politique interne, qui ne sont certes pas à écarter, il faut dire que le rôle-titre exige, idéalement, une sorte de ballerine absolue et surtout multicarte - phénomène rare! Peut-être Viktoria Tereshkina était-elle celle-là? Ekaterina Kondaurova, si elle assume la chorégraphie malgré sa grande taille et projette sur scène une image toujours intéressante, n'a certes pas toute la vivacité ni tout le piquant que l'on attend de la Gitane. Sa féminité majestueuse et ballerinesque se prête beaucoup mieux au Grand Pas, dans lequel elle peut briller de mille feux. Pour n'avoir pas sa personnalité bouillonnante, Anastasia Kolegova, à la technique affûtée, campe une Gitane pleine de charme, qui se révèle finalement bien plus convaincante que sa collègue étoile dans les deux premiers actes. Son Grand Pas, d'une belle assurance, s'achève par ailleurs sur une formidable série de fouettés. Le manque actuel d'étoiles masculines – Kim blessé, Shklyarov exilé, entre autres – apparaît néanmoins ici comme le problème le plus flagrant. Andreï Ermakov a certes de la prestance, un jeu intelligent - et amusant - et une générosité appréciable avec ses partenaires, mais son gabarit de géant le ralentit et l'empêche un peu trop souvent dans les sauts. Xander Parish est quant à lui un Andrès un peu terne, au brio modeste. Dans les seconds rôles, en revanche, brillent de vraies Paquita en puissance : Nadejda Batoeva, virtuose et subtilement charmeuse dans le rôle de Cristina, et Sofia Ivanova-Skoblikova, Carducha au jeu passionné – ces deux petites merveilles étant réunies dans la seconde distribution menée par Kondaurova. Les demi-solistes masculins ne déméritent pas eux non plus - dans les pas de trois et pas de quatre d'officiers (beaucoup mieux synchronisés à la troisième qu'à la deuxième) ou dans le rôle soliste de Clemente, secrétaire du Corregidor (Ivan Oskorbin, d'une grande classe à la deuxième, Boris Zhurilov, d'un brio remarquable à la troisième). Le Grand Pas, admirablement servi par les élèves de l'Académie Vaganova, ovationnés par le public, et le corps de ballet (approximatif à la deuxième, impeccable à la troisième), permet de faire briller, plutôt que les étoiles, de plus ou moins jeunes talents de la troupe. Les solistes réunies lors de la troisième représentation, si l'on en excepte Ekaterina Chebykina, une Cristina qui s'arrange de manière fort déplaisante avec la chorégraphie, méritent à ce titre une mention particulière : Maria Iliushkina, récente diplômée de l'Académie, merveilleuse de lyrisme dans une première variation agrémentée d'équilibres joliment contrôlés, Shamala Guseinova et Victoria Krasnokutskaïa, vives et d'une impeccable musicalité dans les troisième et quatrième.


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sophia



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MessagePosté le: Jeu Avr 13, 2017 9:51 am    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
On notera une petite facétie du décorateur, qui a suspendu aux cintres quatre tableaux représentant des personnages en costume du Siècle d'or, et qui sont en fait Cervantès (logique), Petipa (!), Téliakovski (!! l'ombrageux directeur du Mariinsky, bête noire de Petipa) ainsi que Minkus (!!!).


Il n'y a pas Teliakovski (le directeur des Théâtres Impériaux, bien après la Paquita augmentée du Grand pas de 1881, et qui a par ailleurs placardé Petipa, ce serait quand même un peu curieux...).
Le programme mentionne Cervantès, Deldevez, Minkus, Petipa chez les hommes (à gauche) et Kchessinskaïa et Guerdt (Elizaveta) chez les femmes (à droite). Il y a un troisième portrait que je n'ai pas identifié.


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sophia



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MessagePosté le: Sam Avr 15, 2017 10:19 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je viens de me rendre compte (mais leurs réseaux sociaux sont actuellement au point mort) que le Mariinsky avait mis en ligne une vidéo de répétition de Paquita, avec une interview de Youri Smekalov (non sous-titrée malheureusement) - et les fouettés de Tereshkina. Smile



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Ballerina



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MessagePosté le: Sam Avr 15, 2017 1:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ah comme j'aime les fouettés ainsi!
Et le "cheval" est tellement drôle. Very Happy
J'avais vu une vidéo de ce cheval (autre que celle-ci), mais pas moyen de remettre la main dessus. Sad


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sophia



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MessagePosté le: Sam Avr 15, 2017 1:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Sans doute cet extrait : https://twitter.com/ntsiskaridze/status/848174588789833728

Pour les fouettés, Kondaurova et Kolegova (d'une propreté impeccable jusqu'à la pose finale pour cette dernière) n'ont pas davantage failli.


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Ballerina



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MessagePosté le: Sam Avr 15, 2017 2:19 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oui!!! Merci Sophia Very Happy


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céline



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MessagePosté le: Sam Avr 15, 2017 6:12 pm    Sujet du message: festival du mariinski Répondre en citant

Tout ça donne envie d'en voir plus, et puis j'aime beaucoup les costumes.


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