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XVIIe Festival du Mariinsky [30 mars - 9 avril 2017]
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sophia



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MessagePosté le: Sam Avr 15, 2017 6:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je l'imagine bien filmé d'ici quelque temps, comme l'avait été Le Cavalier de bronze. En tout cas, l'évolution des distributions sera intéressante à suivre.


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sophia



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MessagePosté le: Lun Avr 17, 2017 12:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

(suite du compte rendu du festival)


Compagnie invitée : le ballet de Perm dans Le Lac des cygnes (musique Piotr Ilitch Tchaïkovsky – chorégraphie Marius Petipa, Lev Ivanov, Alexander Gorsky, Konstantin Sergueïev, Alexeï Miroshnichenko)
5 avril


En 2016, le festival du Mariinsky avait accueilli pour la première fois, dans le cadre de son festival annuel, le ballet de Perm. Rappelons que les deux théâtres, celui du Mariinsky et celui de Perm, entretiennent des relations de longue date et ont une certaine proximité d'école. C'est à Perm, en effet, que les artistes du Kirov s'étaient réfugiés durant le siège de Léningrad, de 1941 à 1944. L'école de Perm a, dans ces circonstances, été fondée par des professeurs de l'école de Léningrad et lui doit en partie sa réputation et son style. Depuis, les échanges n'ont jamais cessé : Perm a fourni une poignée d'artistes au Mariinsky – hier, Lubov Kunakova, aujourd'hui, Oksana Skorik ou Maria Shirinkina -, tandis que l'actuel directeur du ballet de Perm, Alexei Miroshnichenko, est un ancien soliste du Mariinsky.

Venus l'an dernier avec un programme anglais relevant avant tout de la curiosité (il associait des ouvrages de Frederick Ashton, Kenneth MacMillan et Douglas Lee), les artistes de Perm présentaient cette année au Mariinsky Le Lac des cygnes, dans une nouvelle version d'Alexeï Miroshnichenko (la première a eu lieu en 2015), destinée à remplacer au répertoire, en-dehors des tournées à l'étranger, la précédente, signée Natalia Makarova. Pari risqué, tant cette œuvre « carte de visite » apparaît revêtue ici d'un caractère sacré – dans l'intouchable version de Konstantin Sergueïev, datée de 1950. Pour être nouvelle, la version Miroshnichenko sait s'inscrire intelligemment dans la – les - tradition(s) pétersbourgeoise(s), combinant les passages canoniques (le premier acte blanc, le pas de deux du cygne noir) avec une révision de certaines scènes, parfois d'ailleurs à partir d'éléments d'histoire oubliée (voir la longue liste des contributeurs chorégraphiques - certains, qui s'attribuent sans complexe les ballets d'autrui, auraient quelques leçons à recevoir...). La Valse de l'acte I, rechorégraphiée, est ainsi dansée avec, comme accessoire, des petits tabourets, comme c'était le cas dans le texte original de Petipa (on voit d'ailleurs ce détail scénique dans la reconstruction de Ratmansky). Miroshnichenko redonne vie par ailleurs au personnage de Benno, ami de Siegfried et interprète du pas de trois (il était conçu à l'origine pour être la doublure virtuose de Pavel Guerdt, trop âgé en 1895 pour danser), tout en préservant la figure du Bouffon, introduite par Alexandre Gorsky. Les ensembles de l'acte III et le pas de deux/pas de trois final sont de leur côté entièrement redessinés (le beau motif des cygnes noirs est conservé), avec un parallèle intéressant, établi de manière explicite, entre la mort d'Odette et celle de la Sylphide. Les danses de caractère de l'acte II sont quant à elle réarrangées, dans un esprit de relative fidélité à la tradition établie par Sergueïev. Aux danses habituelles, Miroshnichenko leur adjoint la Danse russe, omise dans la version de 1895 et dans la quasi-totalité des versions connues aujourd'hui (celle de Grigorovitch mise à part), et présente ici sous la forme d'un pas de deux – choix plutôt curieux, car c'est un solo à l'origine. Il insère de surcroît un grand ensemble réunissant toutes les danses "nationales" entre les variations du pas de deux et la coda. L'introduction – la réintroduction en fait – d'une variation lente - "andante sostenuto" - pour Siegfried (non, Parisiens, Noureev ne l'a pas inventée!) à la fin de la première scène constitue une autre particularité intéressante.

Dans le cadre de cette écriture savante et classique, Miroshnichenko propose une relecture en douceur du mythe et du livret original de Vladimir Begichev et Vassili Geltser : l'introduction d'un court prologue, insolite et presque néo-classique, dans lequel Rothbart apparaît à Siegfried endormi, fait du récit tout autre chose qu'un conte de fées au premier degré, plutôt un rêve - ou un cauchemar? - au second degré du Prince, dans l'esprit d'un roman gothique. Comme en témoigne bien souvent la chorégraphie dévolue aux deux protagonistes, construite en miroir, Rothbart est – littéralement - le mauvais génie, le double maléfique du Prince, dont on ne sait jamais vraiment s'il a une existence réelle, objective, ou s'il est une simple projection extérieure des tentations de Siegfried. Pas d'apothéose explicite du reste dans cette réécriture, au dénouement tragique et néanmoins empreint de mystère : Odette dit adieu au Prince, qui a rompu son serment, et disparaît à jamais dans les eaux du lac, tandis que l'esprit maléfique de Rothbart semble devoir triompher. Au terme d'un combat épique entre les deux personnages - les deux forces -, Siegfried est abattu et rend le dernier souffle dans les bras de son ami Benno, qui surgit alors, accompagné de sa suite. Le final esquisse toutefois l'image, aux résonances tristano-wagnériennes, de l'union des amants dans un au-delà mystique.

Réjouissante par sa narration et le savoir chorégraphique qu'elle met en œuvre, cette production l'est aussi par sa scénographie. On peut toujours déplorer ou trouver à redire à certains détails curieux, voire légèrement ridicules, comme les éventails en plumes de cygne, un peu étiques, des Fiancées ou de la Reine (ici, la Princesse Régente), ou au Rothbart, barbu outrageusement maquillé, en simili-jean noir, aux allures de terroriste caucasien, mais ce sont là reproches bien secondaires, histoire de... La production, belle et signifiante, est élaborée dans un style gothique troubadour, aux fortes réminiscences wagnériennes (la référence à Wagner est du reste loin d'être un non-sens s'agissant du Lac en particulier et de Petipa en général). Avec ses détails pittoresques - boiseries, vitraux, chandeliers, arc-boutants gothiques -, sur lesquels se détachent des costumes aux coloris chatoyants, elle s'inspire avec finesse et goût de l'imagerie historique de l'ère romantique. Les Cygnes portent des tutus légèrement rallongés, dans le style propre au ballet impérial de la fin du XIXe siècle, ornés de plumes alla Pavlova, d'un très bel effet. Le corps de ballet est certes sensiblement réduit par rapport à celui du Mariinsky, avec vingt-six cygnes au lieu de trente-deux et des courtisans un peu épars sur le plateau, mais les décors, fastueux sans être prétentieux, ont beaucoup de relief et occupent bien l'espace scénique.

En vedette de cette unique représentation, Inna Bilash et Nikita Chesterikov, dont on rappellera qu'ils avaient été les vainqueurs, avec Kimin Kim et Renata Shakirova, de la saison 2 de "Bolshoi Balet" - victoire non usurpée comme le confirme leur prestation dans ce Lac. Inna Bilash est autant Odette qu'Odile et à vrai dire, on ne se pose même pas la question, tellement tout paraît naturel dans son jeu. Elle propose une interprétation totalement aboutie, en plus d'être techniquement superbe, du personnage. Nikita Chesterikov est à ses côtés un Siegfried aux lignes très nobles, qui combine les qualités du Cavalier traditionnel et de l'interprète d'aujourd'hui, inscrit au cœur d'un drame. Alors oui, sans doute, les danseurs du corps de ballet sont-ils un peu moins glamour, un peu moins uniformément policés que ceux du Mariinsky (on peut noter, ici ou là, chez certains demi-solistes ou corps de ballet, des pieds parfois moins travaillés et l'on pourra arguer que le Rothbart est un tantinet rustique), mais le style magnifique est là, éloquent, poétique, naturellement aérien. Les interprètes du pas de trois (Albina Rangulova, Olga Zagorodnyaya, Kirill Makurin) se montrent remarquables - dans les sauts, les tours ou même la batterie -, notamment le garçon et l'une des deux solistes, et les ensembles de Cygnes sont, sans réserve, superbes d'unité et de musicalité.

L'accueil réservé aux artistes de Perm par le public du Mariinsky - loin d'être toujours enthousiaste et généreux en applaudissements - fut formidable et formidablement justifié. De manière assez inattendue, ce Lac fut même l'une des très belles surprises de ce festival. On se dit, une fois de plus, que c'est une honte que la France accueille si mal - quand elle la reçoit - cette compagnie "de province", qui, si on lui offre un cadre décent, n'a rien à envier, en tout cas dans un classique comme celui-ci, à certaines compagnies occidentales, parfois légèment surévaluées.




Dernière édition par sophia le Mer Avr 19, 2017 9:27 am; édité 1 fois
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sophia



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MessagePosté le: Lun Avr 17, 2017 8:13 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Retour au Grand Pas de Paquita, illustré par les vidéos que j'ai trouvées des variations dansées dans la production du Mariinsky (la plupart viennent, évidemment, de la production du Bolchoï, montée par Bourlaka). J'ai ajouté d'autres informations quand j'étais en mesure de le faire. J'espère ne pas avoir fait d'erreurs.


1ère variation :
Andante-Allegro moderato
Musique de Riccardo Drigo pour la variation d'Anna Pavlova dans le ballet Le Roi Candaule (Le Roi Candaule, ballet de Cesare Pugni et Marius Petipa, créé en 1868 pour Henriette d'Or, remonté en 1891 pour Carlotta Brianza, puis en 1903 pour Youlia Sedova, avec des ajouts musicaux de Riccardo Drigo)
Ekaterina Shipulina (version Bourlaka du GP pour le Bolchoï) : https://www.youtube.com/watch?v=MQuXXyyBDH0
Anastasia Lukina (version Bourlaka du GP pour le Mariinsky - fin de la variation) : https://www.instagram.com/p/BSZdKtFFihv/
Variation dansée par Anastasia Lukina les 30/03 et 31/03, Maria Iliushkina le 6/04

2ème variation :
Moderato
Musique d'Albert Zabel pour la variation dansée par Evguénia Sokolova dans le ballet Le Corsaire
Nina Kaptsova (Gulnare) (version Ratmansky du Corsaire pour le Bolchoï) : https://youtu.be/ssOvT89kGu8?t=10m
Variation dansée par Nadezhda Gonchar le 30/03, Valeria Martynyuk le 31/03, Anastasia Nikitina le 6/04

3ème variation :
Allegro
Musique d'Alexeï Barmin pour la variation dansée par Alexandra Shaposhnikova dans le ballet Paquita
Ekaterina Shipulina (version Bourlaka du GP pour le Bolchoï) : https://www.youtube.com/watch?v=DoKzsUWuiyA
Variation dansée par Ekaterina Ivannikova le 30/03, Anastasia Petushkova le 31/03, Shamala Guseinova le 6/04

4ème variation :
Tempo di valse moderato
Musique de Riccardo Drigo pour la variation de Maria Gorshenkova dans le ballet Le Roi Candaule
Anna Antonicheva (version Bourlaka du GP pour le Bolchoï) : https://www.youtube.com/watch?v=lqfvbegOAhM
Variation dansée par Zlata Yalinich le 30/03, Yana Selina le 31/03, Victoria Krasnokutskaïa le 6/04

5ème variation :
Moderato
Musique de Riccardo Drigo pour La Camargo (ballet de Ludwig Minkus et Marius Petipa, créé en 1872 pour Adèle Grantzow)
Mariana Ryzhkina (version Bourlaka du GP pour le Bolchoï) : https://youtu.be/38FVJXrUQXk?t=1m50s
Susan Jaffe (version du GP pour l'ABT) : https://youtu.be/Vx5H-MsNrqo?t=12m40s
Variation dansée par Elena Evsseeva le 30/03, Nadezhda Batoeva le 31/03, Ekaterina Chebykina le 6/04

6ème variation :
Allegro moderato
Musique de Ludwig Minkus (parfois attribuée à Alexeï Barmin) pour la variation d'Anna Johansson dans le ballet Paquita (violon solo)
Viktoria Tereshkina (version Bourlaka du GP pour le Mariinsky) : https://www.instagram.com/p/BSPDpU2hJEA/
Variation dansée par Viktoria Tereshkina le 30/03, Ekaterina Kondaurova le 31/03, Anastasia Kolegova le 6/04

7ème variation (variation masculine) :
Musique de Riccardo Drigo pour la variation d'Enrico Cecchetti dans le ballet La Vestale
Variation dansée par Timour Askerov le 30/03, Andreï Ermakov le 31/03, Xander Parish le 6/04

à compléter...




Dernière édition par sophia le Mar Avr 18, 2017 4:25 pm; édité 5 fois
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sophia



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MessagePosté le: Mar Avr 18, 2017 4:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Résultat (provisoire?) de mes recherches - avec des vidéos de qualités variables. Pas (encore?) mis la main sur la variation masculine.


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céline



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MessagePosté le: Mar Avr 18, 2017 6:18 pm    Sujet du message: festival du mariinski Répondre en citant

Merci beaucoup pour vos efforts, c'est magnifique.


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haydn
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MessagePosté le: Mar Avr 25, 2017 10:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, comme promis, mais avec retard, mes digressions sur Roméo et Juliette au Mariinsky II le 1er avril dernier, avec Nadezhda Batoeva en vedette :


Roméo et Juliette
Musique : Serge Prokofiev
Chorégraphie : Léonide Lavrovski
Argument : Andrian Piotrovsky, Serge Prokofiev, Serge Radlov, Léonide Lavrovski, d’après William Shakespeare
Décors et costumes : Piotr Williams
Lumières : Andreï Ponizovsky, Igor Kartashov

Escalus, duc de Vérone – Nikolaï Naoumov
Lord Capulet – Vladimir Ponomarev
Lady Capulet – Elena Bajenova
Juliette – Nadezhda Batoeva
La Nourrice – Lira Khuslamova
Tybalt – Alexandre Romanchikov
Pâris – Ivan Oskorbin
Roméo – Philipp Stepin
Mercutio – Alexandre Serguéïev
Lorenzo – Andreï Yakovlev
Lord Montaigu – Andreï Yakovlev
Benvolio – Islom Baïmuradov
Le Bouffon – Grigori Popov
Serviteurs des Capulets – Maxim Lynda, Kirill Leontiev, Nikita Lyashchenko
Amis de Tybalt – Alexeï Kuzmin, Alexandre Beloborodov
Le Page de Pâris – Anastasia Shevtsova
Les Serveuse de la taverne – Alisa Petrenko, Olga Belik, Maria Lebedeva
L’Amie de Juliette (Rosalinde) – Svetlana Ivanova
Le Troubadour – Vassily Tkachenko
Les Courtisanes – Irina Prokofieva, Maria Cheviakova, Lioubov Kozharskaïa
Orchestre du Mariinsky, direction Boris Grouzine

Roméo et Juliette est l’un des ouvrages les plus intimement associés à l’histoire du Kirov, aujourd’hui redevenu Mariinsky. Et pourtant, la célèbre institution pétersbourgeoise avait, en 1936, refusé la partition que lui présenta Serge Prokofiev. Elle fut créée en version de concert dans la salle Beethoven du Bolchoï de Moscou, mais la vraie « première » du ballet eu lieu le 30 décembre 1938 à Brno, dans l’actuelle République tchèque, avec une chorégraphie réalisée par Ivo Váňa Psota, ancien danseur des Ballets Russes de Monte-Carlo. Dans le même temps, Prokofiev publia deux suites d’orchestre tirées de Roméo et Juliette, qui rencontrèrent un succès considérable. A tel point que le Kirov revint sur son refus initial, et décida de monter l’ouvrage avec une chorégraphie signée cette fois de Léonide Lavrovski. Cette nouvelle version fut créée à Saint-Pétersbourg –alors Leningrad – le 11 janvier 1940. La chorégraphie de Lavrovski, servie par une distribution de grand luxe (Roméo : Konstantin Serguéïev / Juliette : Galina Oulanova), éclipsa totalement celle de Psota, et fut, dès 1946, reprise également par le Bolchoï, à Moscou.

Et c’est ce Roméo et Juliette qui – moyennant quelques ajustements – figure encore aujourd’hui au répertoire du Mariinsky. Force est de constater que cette production emblématique de l’ère soviétique a bien supporté l’épreuve du temps. Elle ne suscite jamais l’ennui, et la scénographie spectaculaire a conservé toute sa force expressive. La scène finale notamment, où les familles rivales enfin réconciliées, guidées par une Lady Capulet devenue véritable pasionaria, portent au tombeau leurs enfants morts, demeure d’une grande intensité émotionnelle.

La version du Mariinsky telle qu'elle a été donnée le 1er avril dernier comporte tout de même quelques bizarreries, telles le remplacement des mandolines par un xylophone dans la danse éponyme (danse des bannières chez Nouréev), d'un effet un peu malheureux.

La distribution ne réunissait pas les stars les plus médiatisées de la compagnie pétersbourgeoise. Elle se caractérisait cependant par une grande homogénéité, et permettait de retrouver dans le rôle féminin principal Nadezhda Batoeva, qui nous avait ébloui la veille dans le Grand pas de Paquita. Mademoiselle Batoeva n'a pas déçu les espérances qu'elle avait fait naître en nous, et sa Juliette était proche de la perfection. Son physique assez juvénile la rend crédible en adolescente découvrant la passion amoureuse. Elle est non seulement une technicienne irréprochable, mais aussi une artiste engagée. Philipp Stepin incarne un Roméo plus mûr, mais aussi impliqué sur le plan théâtral que sa partenaire.

L'interprète masculin le plus impressionnant fut néanmoins Alexandre Serguéïev, Mercutio explosif, au ballon spectaculaire et à la virtuosité flamboyante. Même s'il ne s'agit pas du personnage principal, Mercutio est un rôle très valorisant pour son interprète, et M. Serguéïev a su en tirer le meilleur profit. Face à ce freluquet bondissant se tenait le Tyblat minéral, brut, d'Alexandre Romanchikov, artiste aux proportions monumentales. Ce même qualificatif de « monumental » pouvait aussi s'appliquer à Elena Bajenova, flamboyante et noire Lady Capulet, qui rappelait quelque peu la Maria d'Ingrid Bergman dans Pour qui sonne le glas. Et – mais ce n'est peut être pas fortuit dans une production née dans la Russie soviétique peu avant le déclenchement de la Seconde guerre mondiale –, la scène de la mort de Tybalt, où Lady Capulet apparaît juchée sur le catafalque soutenant le cadavre du jeune homme , et le grand tableau final de l'acte trois ne sont pas sans évoquer l'iconographie de la Guerre civile espagnole – côté républicain, s'entend – et plus particulièrement de la bataille de Guernica. Quitte à s'éloigner un peu de Vérone.

Troisième monument, Vladimir Ponomarev, entré au Mariinsky en 1964 – alors que Nikita Khrouchtchev dirigeait l'URSS -, et aujourd'hui, après une formidable carrière de plus d'un demi-siècle au sein de la compagnie, doyen du ballet du Mariinsky. A soixante-et-onze ans, il foule encore presque chaque soir la scène, au service de tous les grands rôles théâtraux du répertoire. En Lord Capulet, il n'a pas failli à sa réputation, et sa présence est toujours aussi formidable.

Parmi les « petits » rôles, on signalera l'excellent Vassily Tkachenko en Troubadour – un emploi de pure virtuosité – et la charmante Anastasia Shevtsova, retournée dans le presque anonymat du Page de Pâris (personnage masculin travesti) après avoir connu la gloire en tant qu'héroïne du film Polina réalisé par Valérie Müller et Angelin Preljocaj.
Une belle soirée de danse, et aussi une leçon d'histoire de la chorégraphie donc, magnifiée par un orchestre décent placé sous la direction d'un vieil habitué des représentations de ballet à Saint-Pétersbourg, Boris Grouzine.



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sophia



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MessagePosté le: Mer Avr 26, 2017 6:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Inna Bilash et Nikita Chetverikov dans Le Lac des cygnes dont je parle un peu plus haut : les photos n'ont pas été prises au festival du Mariinsky, mais dans le cadre du festival Diaghilev, à Perm, en 2016.


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MessagePosté le: Mar Mai 16, 2017 8:28 am    Sujet du message: Répondre en citant

Vendredi 19 mai, 15h55, sur TVKultura.
L'émission La Loge du Tsar sera consacrée au dernier festival du Mariinsky.
http://tvkultura.ru/anons/show/brand_id/20874/episode_id/1498581/


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sophia



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MessagePosté le: Ven Mai 19, 2017 9:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

On retrouvera sans doute l'émission sur YT ; en attendant, le lien vers le replay.
Au programme : (beaucoup sur) la première de Paquita, la soirée Jeunes Chorégraphes, Le Lac des cygnes de Perm, Lucia Lacarra et Marlon Dino / Anton Pimonov (gala), Don Quichotte avec Renata Shakirova et Daniel Camargo, le projet Danilian.


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MessagePosté le: Sam Mai 20, 2017 12:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

sophia a écrit:
On retrouvera sans doute l'émission sur YT ; en attendant, le lien vers le replay.
Au programme : (beaucoup sur) la première de Paquita, la soirée Jeunes Chorégraphes, Le Lac des cygnes de Perm, Lucia Lacarra et Marlon Dino / Anton Pimonov (gala), Don Quichotte avec Renata Shakirova et Daniel Camargo, le projet Danilian.

Merci beaucoup, Sophia.


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haydn
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MessagePosté le: Ven Mai 26, 2017 8:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne l'avais pas encore signalé, toutes nos critiques du Festival du Mariinsky 2017 sont en ligne sur le site de Dansomanie avec les illustrations ad-hoc. Voilà un oubli réparé :



    XVII Festival International de Ballet du Mariinsky






    31 mars & 06 avril 2017 : Paquita (Y. Smekalov) au Mariinsky

      Conformément à la tradition, le XVIIe festival du Mariinsky s'est ouvert sur une grande première. Après la recréation du Cavalier de bronze, qui avait marqué le festival 2016 de son faste quelque peu monumental, c'est à nouveau à Youri Smekalov que la direction du Mariinsky a souhaité confier – dans un registre résolument différent - une nouvelle production, en trois actes, de Paquita. Un certain mystère l'entourait jusqu'à ce que le chorégraphe annonce la couleur, quelques jours avant l'ouverture du festival. Cette Paquita ne serait pas une recréation du ballet chorégraphié pour l'Opéra de Paris par Joseph Mazilier, puis remonté à Saint-Pétersbourg par Marius Petipa, mais bel et bien un ballet nouveau, doté d'un livret propre, inspiré de La Gitanilla ou La Petite Gitane, tirée des Nouvelles exemplaires de Cervantès. Le Grand Pas, reconstruit par Youri Bourlaka d'après les notations Stépanov, viendrait toutefois rappeler, dans l'acte III, la tradition, mouvante et cependant ininterrompue, du ballet – comme un hommage avant l'heure à Marius Petipa, grand maître incontesté du ballet classique, dont la Russie célébrera, de manière tout à fait officielle, le 200e anniversaire de la naissance en 2018.

      --> Lire la suite






    01 avril 2017 : Roméo et Juliette au Mariinsky (Saint-Pétersbourg)

      Roméo et Juliette est l’un des ouvrages les plus intimement associés à l’histoire du Kirov, aujourd’hui redevenu Mariinsky. Et pourtant, la célèbre institution pétersbourgeoise avait, en 1936, refusé la partition que lui présenta Serge Prokofiev. Elle fut créée en version de concert dans la salle Beethoven du Bolchoï de Moscou, mais la vraie «première» du ballet eu lieu le 30 décembre 1938 à Brno, dans l’actuelle République tchèque, avec une chorégraphie réalisée par Ivo Váňa Psota, ancien danseur des Ballets Russes de Monte-Carlo. Dans le même temps, Prokofiev publia deux suites d’orchestre tirées de Roméo et Juliette, qui rencontrèrent un succès considérable. A tel point que le Kirov revint sur son refus initial, et décida de monter l’ouvrage avec une chorégraphie signée cette fois de Léonide Lavrovski. Cette nouvelle version fut créée à Saint-Pétersbourg –alors Leningrad – le 11 janvier 1940. La chorégraphie de Lavrovski, servie par une distribution de grand luxe (Roméo : Konstantin Serguéïev / Juliette : Galina Oulanova), éclipsa totalement celle de Psota, et fut, dès 1946, reprise également par le Bolchoï, à Moscou.

      --> Lire la suite






    02 avril 2017 : La Bayadère (Marius Petipa / Vladimir Ponomarev) au Mariinsky

      Voir ou revoir La Bayadère en terre natale - elle fut créée en 1877 au Théâtre Bolchoï Kamenny de Saint-Pétersbourg mais émigra dès 1886 au Mariinsky, qu'elle ne quitta plus dès lors - est toujours une expérience émouvante et impressionnante. L'ouvrage - notamment le célèbre Acte des ombres - et le théâtre au décor vert amande semblent si intimement liés qu'on a peine à imaginer l'un sans l'autre. Aussi belle qu'elle soit, une représentation de La Bayadère sur une autre scène ne dégage pas tout à fait la même magie. Fétichisme?

      A l'occasion de ce dix-septième festival, le Mariinsky recevait, pour les rôles principaux, deux invités moscovites : Olga Smirnova (Nikiya) et Semyon Chudin (Solor). La compagnie pétersbourgeoise ne pourra jamais assez s'en vouloir d'avoir laissé filer chez le «frère ennemi» du Bolchoï une danseuse du calibre de Smirnova - pur produit de l'école Vaganova et d'ailleurs presque trop noble pour le rôle d'une esclave, même amoureuse d'un prince. Cependant, face à elle, la Gamzatti de Yekaterina Osmolkina - qui remplaçait Olesia Novikova, grippée - paraissait bien fragile. La princesse, c'est elle, du moins en théorie, mais ici, Osmolkina se tient davantage en soubrette qu'en aristocrate. Son jeu est velléitaire et contraste singulièrement avec l'assurance, la force maitrisée, que dégage Smirnova. Dans le troisième acte, ces considérations n'ont de toute façon plus lieu d'être, et Olga Smirnova, la transfuge, règne en maîtresse absolue sur la scène historique du Mariinsky.

      --> Lire la suite






    05 avril 2017 : Le Lac des cygnes (A. Miroshnichenko) par le Ballet de l'Opéra de Perm

      En 2016, le festival du Mariinsky avait accueilli pour la première fois, dans le cadre de son festival annuel, le ballet de Perm. Rappelons que les deux théâtres, celui du Mariinsky et celui de Perm, entretiennent des relations de longue date et ont une certaine proximité d'école. C'est à Perm, en effet, que les artistes du Kirov s'étaient réfugiés durant le siège de Léningrad, de 1941 à 1944. L'école de Perm a, dans ces circonstances, été fondée par des professeurs de l'école de Léningrad et lui doit en partie sa réputation et son style. Depuis, les échanges n'ont jamais cessé : Perm a fourni une poignée d'artistes au Mariinsky – hier, Lubov Kunakova, aujourd'hui, Oksana Skorik ou Maria Shirinkina -, tandis que l'actuel directeur du ballet de Perm, Alexei Miroshnichenko, est un ancien soliste du Mariinsky.

      Venus l'an dernier avec un programme anglais relevant avant tout de la curiosité (il associait des ouvrages de Frederick Ashton, Kenneth MacMillan et Douglas Lee), les artistes de Perm présentaient cette année au Mariinsky Le Lac des cygnes, dans une nouvelle version d'Alexeï Miroshnichenko (la première a eu lieu en 2015), destinée à remplacer au répertoire, en-dehors des tournées à l'étranger, la précédente, signée Natalia Makarova. Pari risqué, tant cette œuvre « carte de visite » apparaît revêtue ici d'un caractère sacré – dans l'intouchable version de Konstantin Sergueïev, datée de 1950.

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    07 avril 2017 : Don Quichotte (A. Gorsky) au Mariinsky

      Le 7 avril dernier, c'était Don Quichotte qui figurait à l'affiche du théâtre historique. La production du Mariinsky de cette espagnolade qui ne relève que du pur divertissement est sans doute, parmi celles figurant au répertoire des grandes compagnies internationales, la plus soignée, la moins vulgaire, et à tout prendre, la plus convaincante. On peut, sans exagération, la qualifier de version "princeps", notamment en raison du très beau second acte (scène du rêve de Don Quichotte), qui était toutefois amputé de l'intervention des élèves de l'école Vaganova, soit en vacances, soit retenus pour Paquita ou pour le gala des Ecoles de danse du XXIème siècle à l'Opéra de Paris. En compensation, on aura gagné une variation pour Dulcinée. Renata Shakirova s'est en effet risquée à un redoutable numéro initialement chorégraphié par Petipa pour Pierina Legnani, et repris au Mariinsky par Natalia Dudinskaïa, puis par Viktoria Tereshkina. Il s'agit-là d'une très difficile pièce de virtuosité, que Mademoiselle Shakirova a exécutée avec une bluffante maestria. Renata Shakirova est en effet l'un des jeunes espoirs du Mariinsky, et en moins d'un an, elle s'est imposée comme l'une des meilleurs titulaires du rôle de Kitri. Nul doute qu'elle accédera dans un avenir proche au plus haut grade de la compagnie.

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    08 avril 2017 : Joyaux (G. Balanchine) au Mariinsky

      Tout comme le Bolchoï, le Mariinsky possède Joyaux à son répertoire - depuis 1999 déjà. Cette chorégraphie célèbre, dont la troisième partie constitue, aux dires de son auteur, un hommage à l'école impériale russe (future école Vaganova), dont Mr. B était lui-même issu.

      Repris dans le cadre du XVIIème Festival du Mariinsky, Joyaux valait, en ce 8 avril 2017, surtout par l'exceptionnelle prestation de Sofia Ivanova-Skoblikova. Si nous avions déjà eu l'occasion de souligner les mérites de cette magnifique artiste dans les rôles secondaires de Paquita, la veille au soir, c'est elle qui occupait le devant de la scène dans Rubis. Une vraie bombe, pacifique heureusement celle là. Vive, pleine de tempérament, elle s'est donnée toute entière, avec autant d'énergie que d'humour. Déhanchés aguicheurs, œillades langoureuses - sans jamais outrepasser les limites du bon goût - et surtout, technique impeccable, jamais prise en défaut. Du très très beau travail. Et ce qui ne gâtait rien, la jeune star du Mariinsky était fort bien entourée par Alexandre Serguéïev - dont on avait pu, il y a quelques jours, admirer la virtuosité en Mercutio - et de Ekaterina Ivannikova, dans le rôle de la «grande» - elle l'est, tant par la taille que par le talent. Bref, un trio qui a littéralement «cassé la baraque», alliant le «peps» américain à l'élégance russe.

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    09 avril 2017 : Gala de clôture du Festival international de ballet du Mariinsky

      La soirée débutait par une création d'un danseur de la compagnie, Anton Pimonov, intitulée étrangement «Кот на дереве» («Le chat sur l'arbre»). Aucune note d'intention n'est venu précisé le sens de ce titre. La musique de l'ouvrage était quand à elle signée Nico Muhly, habituel comparse de Benjamin Millepied.

      Malheureusement, la chorégraphie d'Anton Pimonov était elle aussi une parodie (involontaire, évidemment) maladroite des pièces de Benjamin Millepied ; on s'ennuyait ferme devant l'enchaînement de duos vus et revus, et on se demande bien quel intérêt certains jeunes créateurs russes peuvent avoir à reprendre à leur compte les poncifs de la danse contemporaine occidentale, si ce n'est pour «faire moderne». La partition de Nico Muhly - composée de plusieurs chansons américaines «à texte» -, dégoulinante de bons sentiments, n'arrangeait rien à l'affaire et on se dit qu'il est grand temps que les chorégraphes russes développent à nouveau un style, une école personnelle et retrouvent leur place dans l'avant-garde mondiale, comme naguère Fokine, Nijinsky, Lifar ou... Balanchine, formé à Saint-Pétersbourg.

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