Mélanie Hurel est Coppélia à Bordeaux

[haydn]

Trois petits souvenirs avant un commentaire plus détaillé sur la magnifique Coppélia de Mélanie Hurel au Grand Théâtre de Bordeaux.









Ceux qui reprochent pafois à Mélanie Hurel une certaine fadeur devraient absolument aller la voir danser un rôle de caractère, comme Coppélia. Le deuxième acte l'a révélée comme une fabuleuse actrice, très drôle, au mime riche d'une immense palette expressive. Cela méritait vraiment le déplacement en Aquitaine.

[haydn]

Le Ballet de l'Opéra National de Bordeaux proposait cette saison une reprise de la fameuse Coppélia de Charles Jude, qui date de 1999 et qui avait remporté un triomphe à Paris lors d'une tournée de la troupe au Théâtre du Châtelet en 2001.

La Coppélia de Charles Jude est transposée dans les années 50-60, dans l'esprit des comédies musicales américaines façon West-side story, du moins pour le premier acte et le second tableau du II. Le premier tableau du second acte est quant à lui hors du temps, totalement onirique et farfelu, agrémenté des tours de magie réglés par Gérard Majax, et qui remportent toujours un vif succès auprés du public, jeune et moins jeune. Du point de vue de la dramaturgie, c'est certainement la partie la mieux réussie de cette Coppélia version Jude, celle qui respecte le mieux, par l'esprit, les intentions du librettiste, Charles Nuitter, et l'univers fantastique et fantaisiste des Contes d'Hoffmann.

Si une partie des ensembles dévolus au corps de ballet ont été revus dans un style proche des shows de Broadway, l'essentiel des soli de Swanilda / Coppélia (rebaptisé "Swanie", histoire de faire "sixties") demeurent tout de même assez classiques et conservent les éléments essentiels de la tradition héritée de Saint-Léon. C'est aussi vrai, dans une moindre mesure, pour le rôle de Franz, devenu "Fonzy".

Le résultat en est un fort joli spectacle, vif, enlevé, et où les balletomanes retrouveront sans difficultés les marques d'une culture chorégraphique tradionnelle, en dépit donc du modernisme affiché de la "relecture" de Charles Jude.

L'Opéra de Paris était fort à l'honneur en ce 20 décembre, puisque le maître d'oeuvre, M. Jude, est une ancienne étoile de la Grande Boutique, que les costumes sont dûs à Philippe Binot, ex-responsable des ateliers du Palais Garnier et que le rôle principal était tenu par Mélanie Hurel, première danseuse au Ballet de l'ONP.

Mélanie Hurel a pu s'exprimer ici dans un registre où on ne l'attendait a priori guère, celui d'un rôle de caractère, où le mime et le jeu de scène comptent au moins autant que la danse pure. Et c'est dans le premier tableau du second acte, le plus théâtral, où le vieux Coppélius et sa poupée mécanique nous entraînent dans leur univers délirant, que Mlle Hurel a été la plus impresionnante, et a révélé des talents d'actrice comique que l'on n'aurait jamais soupçonnés. Avis à la direction du Ballet de l'Opéra de Paris, il y a là une formidable richesse artistique à faire partager au public de la capitale! Seul un équilibre incertain dans le pas-de deux du dernier tableau (acte II, II) peut être "reproché" à Mélanie Hurel - paradoxalement le passage le plus classique de toute la chorégraphie -, le reste fut parfait dès le lever de rideau, et débarassée du stress liés aux grandes productions parisiennes, elle semblait véritablement éprouver une joie intense à interpréter ce rôle taillée pour elle. En starlette des sixties, dans le premier tableau, pour un peu, elle nous aurait fait croire à une réincarnation de Nathalie Wood! De la très belle ouvrage en tout cas.

[à suivre...]

[haydn]

Le commentaire du journal Sud-Ouest sur la production en général et Emmanuel Guizot, soliste du Ballet de l'Opéra National de Bordeaux, qui assurait Coppélia dans les autres représentations, est ICI

[sophia]

L'Opéra de Paris serait bien inspiré de reprogrammer "Coppélia" dans les saisons prochaines, c'est quand même un ballet qui appartient vraiment à son répertoire historique. En feuilletant d'anciens dépliants, j'ai découvert que sa dernière programmation n'était pas si ancienne: mars 2002. Il s'agissait de la version de Patrice Bart datant de 1996, à ne pas confondre avec celle que Pierre Lacotte avait montée en 2001 pour l'école de danse, version raccourcie et simplifiée, et qui est celle du dvd. Savez-vous qui avait interprété le rôle lors de cette série de spectacles? Elisabeth Maurin, me semble-t-il, d'après la photo qui illustre le dépliant, mais les autres...?

[sophia]

Il y a en tout cas une très belle version de "Coppélia" qui existe en dvd: c'est celle du Royal Ballet avec Leanne Benjamin et Carlos Acosta.

[haydn]

Il y avait je crois Clairemarie Osta (pas encore étoile), Delphine Moussin et Karin Averty qui alternaient dans le rôle-titre avec Elisabeth Maurin.