Le Lac des Cygnes [ONP Bastille 07/12-31/12/2016]

[Ballerina]

Il y a moins de métier de la part de Melle Baulac.
Être étoile n'est pas une fin en soi, c'est maintenant qu'elle pourra gagner en authenticité d'interprétation et d'expressions.
Melle Ould-Braham a énormément évolué depuis sa nomination, Melle Gilbert également.
Et combien d'autres !

[sophia]

Gilbert et Ould-Braham brillaient d'abord et avant tout dans le répertoire classique - nuance de taille! (et c'est d'ailleurs toujours le cas)
Mais il est vrai, pour prolonger ici une discussion entamée dans un autre fil, qu'on mésestime le hiatus, que ne semble pas vouloir combler notre nouvelle directrice, entre répertoire "rêvé" / répertoire réel, ce que l'on attend d'une étoile de l'ONP / ce qu'ils/elles sont effectivement amenés à danser durant les saisons. De ce point de vue, Léonore Baulac satisfait tout à fait la néo-classi-contemporéinisation (pas nouvelle) de l'Opéra.

[Ballerina]

Exactement.

[Alexis29]

Très bien formulé Sophia

[LucyOnTheMoon]

Ne peut-on pas imaginer que miss Baulac soit tout à fait capable de "briller" en classique d'ici quelques années, quand elle aura eu l'occasion de travailler quelques grands rôles dans des conditions correctes (ie comme titulaire et non comme remplaçante, et sans avoir en plus à réaliser le travail de corps de ballet) ? J'ose imaginer qu'un(e) artiste est capable de progresser, vous devez me trouver bien naïve

[Jules]

Bonne année à tous.

Je lis ces quelques commentaires qui arrivent enfin sur Mle Baulac. Car on en viendrait à oublier ce qui fait l'essentiel de ce Lac : la danse, Odette-Odile, Siegfried (étant entendu que le corps de ballet a été fort brillant, les avis semblent converger). Je m'étonne en effet de tous ces commentaires "annexes" (fouettés, tenue de la Directrice, pas de trois, danse espagnole, durée des applaudissements...) alors que 2 ETOILES viennent d'être nommées sur ce ballet qui fait peur aux plus grand(e)s. Qu'en est-il de leur interprétation, de leur technique, de leur aura finalement dans ce ballet mythique ? Ces nominations sont elles justifiées ? S'il est difficile de juger Mlle Baulac sur UNE seule prestation (mais ce choix curieux est celui de la Direction de la danse), soirée chargée d'émotions sans aucun doute, M. Louvet en revanche a dansé 3 fois Siegfried. Et si peu de commentaires sur le coeur du sujet.

N'ayant vu ni l'un ni l'autre, je serais bien interessé à savoir s'il s'agît de nominations pour un ensemble de raisons, bonnes ou mauvaises, ou si nous avons là 2 artistes hors-normes qui ont, en raison de leurs qualités exceptionnelles, illuminé un Lac des Cygnes ? Si la réponse est non, il faut s'interroger.

Je leur donne le crédit de la jeunesse, certes.
Aussi celui d'une relative inexpérience. Sachant qu'il vaut mieux être précis sur Dansomanie je viens d'aller vérifier sur MemOpera les grands rôles classiques dansés par l'un et l'autre :
Mlle Baulac : 4 Casse-Noisette fin 2014, 2 Paquita en 2015, 6 Juliette au Printemps 2016.
M. Louvet : 4 Casse-Noisette fin 2014, 3 Romeo au Printemps 2016.

Je ne cherche pas à casser l'ambiance; je souhaite le meilleur à ces deux artistes que je connais peu et qui ont l'air charmants. MAIS cela fait tout de même très peu. Pour des danseurs étoiles censés répondre à une volonté de la Direction de restaurer le Ballet de l'Opéra comme compagnie d'abord classique. (je ne reviens pas sur ce faux-débat "meilleure compagnie au monde")

Par pitié, ne me dites pas, comme j'ai lu ici : "comparés à certaines étoiles en poste ce n'est pas gênant". Bien sûr que si c'est gênant, si c'est le cas. Cette forme de pensée porte un nom : le nivellement par le bas. N'a-t-on pas dit et répété que l'on souhaitait redorer le blason de cette compagnie ? Alors. Etoile. ça veut dire quoi exactement, à l'Opéra de Paris, en ce début 2017 ?

D'où ma question, fort simple : oui ou non, chacun à leur tour, M. Louvet et Mlle Baulac ont ils livré des performances brillantes et/ou exceptionnelles dans ce Lac ? Du niveau des grandes étoiles, françaises ou internationales, qui ont dansé ce rôle avec brio, laissant un souvenir vivace, au moins, ou éternel dans certains cas ?
Je suis curieux et très intéressé de lire vos réponses. Pour l'instant je n'ai pas d'avis, seulement des interrogations.

[Bellon]

[paco]

[haydn]

Bonsoir Bellon

Peut-être qu'il y aurait matière à argumenter davantage que des "non" laconiques, car vous ne semblez de toute évidence pas apprécier ces danseurs. Cela dit, c'est votre droit.

En ce qui concerne Léonore Baulac, je ne peux disserter sur sa prestation, puisque comme dit, je ne l'ai pas vue, les réveillons de Noël et de Nouvel An étant pour moi réservés à la famille.

Après, Mlle Baulac est une personne à l'intelligence fine, et je pense qu'elle saura choisir les rôles dans lesquels elle a des choses à dire, et refuser ceux qui ne lui conviennent pas.

Pour Germain Louvet, là, je peux répondre, étant donné que j'ai vu deux de ses trois représentations. Celle sur laquelle il a été nommé, le 28, était vraiment très belle, il était un peu moins concentré le 30, mais ça peut se comprendre. Lui est clairement un danseur noble, destiné prioritairement au répertoire classique. Et l'Opéra de Paris manque justement d'étoiles masculines capables d'assurer ce genre de rôles. Mathias Heymann a déjà assuré - et avec beaucoup de brio - 9 représentations de ce Lac des cygnes.

Par ailleurs, ce n'est pas parce que Mlle Baulac et M. Louvet ont été nommés que je pense pour autant que des artistes tels M. Alu, M. Marchand ou Mlle Bourdon, eux, ne doivent pas accéder aux plus hautes fonctions dans la compagnie...

_________________
Un petit "j'aime" sur la page Facebook de Dansomanie : http://www.facebook.com/Dansomanie/

[Imtheboy]

J'ai appris, sur Dansomanie, à tempérer ma manière de dire les choses, d'où le genre de propos que j'ai pu tenir sur le mode : "comparé à d'autres danseuses étoiles...".

Je rejoins Paco, sa Juliette était excellente et je trouve, d'une certaine manière, qu'elle mérite sa nomination. Mais c'est une sorte de pari sur l'avenir (comme dit plus haut).

Si, toutefois, je me place dans une certaine exigence, toutes choses égales par ailleurs, alors Léonore Baulac, avec tout le respect que je lui dois, n'a pas aujourd'hui l'étoffe d'une étoile. Elle ne dégage pas cette espèce de majesté technique que l'on est en droit d'attendre d'un danseur étoile. Pour moi, dans l'idéal, un danseur étoile est quelqu'un qui règne sur la scène, qui affiche une supériorité technique évidente par rapport aux autres, et qu'on est heureux et émerveillé de voir arriver sur scène. A l'ONP, les danseurs de ce type se comptent, pour moi, sur les doigts d'une seule main (ou à peine plus). Est-ce normal ? Pour moi, non.

Je pense qu'il aurait fallu donner plus de temps à Léonore Baulac. Et, surtout, il m'apparaît comme évident que François Alu est le seul "étoilable" indiscutable actuellement. Mais il n'a pas été nommé... Peut-être est-ce aussi le cas d'Héloïse Bourdon, mais je ne peux pas me prononcer, ne l'ayant jamais vue danser un grand rôle.

[Bellon]

[haydn]

[paco]

Je rejoins Haydn sur tous les points évoqués ci-dessus. Si je pense tout à fait normale la nomination de Léonore Baulac, je considère aussi que les seuls talents aujourd'hui incontestablement "Etoilables" à l'ONP, en comparaison de compagnies comme le Royal Ballet, les compagnies russes, l'ABT etc., sont Héloise Bourdon, François Alu et Hugo Marchand. Qu'ils ne soient pas déjà Etoiles fait partie des aberrations de l'ONP, d'ailleurs rien ne dit qu'ils le seront un jour
Ce sont notamment les seuls qui correspondent à ce qu'évoque Imtheboy : lorsqu'ils entrent sur le plateau, "il se passe quelque chose", ils imposent immédiatement un rayonnement et une autorité naturels, la marque d'une Etoile

[sophia]

Léonore Baulac est une danseuse qui heurte les sensibilités balletomaniaques, parce qu'elle se situe un peu hors du champ classique-académique, censé être, dans une compagnie comme l'Opéra, le critère ultime de l'étoilat (critère qui a depuis longtemps subi quelque érosion). Sa difficulté à émerger des concours de promotion, s'il n'y avait eu un Millepied pour l'en sortir, en témoigne suffisamment. J'avoue de mon côté que ses incursions dans les grands rôles classiques, notamment sa Paquita, ne m'ont pas convaincue. En revanche, sa Juliette a séduit - m'a séduite -, car c'est vrai, elle possède un charme, une personnalité magnétique, une capacité à porter des émotions qui n'appartiennent qu'à elle. Et elle a une plasticité qui la rend forcément intéressante dans un registre plus actuel.
Germain Louvet est plus jeune, plus "classique", et s'il ne m'a pas particulièrement impressionnée dans Le Lac, il a sans doute une marge de progression plus grande.
Ces nominations ne sont ni pires ni meilleures que d'autres, quoique trop précipitées à mon goût. Tout dépendra de la manière dont on les distribuera, dont on les "encadrera", dont, in fine, eux-mêmes assumeront la chose.

[tonnelier]