Concours de promotion CDB Opéra de Paris 2016

[Delly]

Très grand merci à vous Haydn pour ce compte-rendu vivant et si bien écrit...

Ma déception est très grande, tant pour Letizia Galloni que pour Héloine Bourdon (et peut-être plus pour L. Galloni vu les circonstances).
J'aimerais dire "ça sera pour l'an prochain", mais je n'ose plus....

Ce sont quand même des gens qui ont commencé à passer des examens éliminatoires chaque année depuis leurs 10 ans à l'école, qui ont passé leur concours tous les ans depuis leur entrée au CdB alors la question du "mental", à ce stade... Même si passer le même concours plusieurs années de suite sans succès rajoute un niveau de pression.

Je pense comme vous que le non-classement des candidates au-delà du "podium" était une manière de ne pas trop en faire autour de la contre-performance d'Héloise Bourdon et de manifester que la confiance reste pour ce qui est des rôles. C'est un geste, (tout comme la 2e place de L. Galloni), dont je suis reconnaissante. C'est aussi à cela que l'ont voit un management exigeant mais respectueux (et intelligent), qui en général produit le meilleur effet sur les "managés". Vraiment, cela est prometteur...

[Alain]

[sophia]

Pour ceux qui aiment et ne sont pas lassés de l'avoir trop entendue...
La Belle au bois dormant (Noureev), Acte II, 2e variation du Prince, par Noureev, Legris, Hilaire, Bolle, Ganio :
https://www.youtube.com/watch?v=VmfCqsF5j7Q

[Bary]

J'espère sincèrement que vous avez raison, delly et haydn, sur le geste du jury concernant Héloïse Bourdon. Mais je partage l'avis de delph' qui compare la situation au cas de Mathilde Froustey. J'ai très peur qu'on lui fasse "payer"ses triomphes lors de ses séries du Lac et de la Bayadère. Elle est depuis 3 ans distribuée dans des grands rôles et a été invitée la saison passée à 2 reprises à danser en Russie. Elle est en train de se "forger" aux grands rôles et ne pas lui avoir donné un seul Lac à danser est difficile à comprendre. Son expérience de l'avoir dansé en Russie lui a sans nul doute permis une évolution artistique certaine et il aurait été intéressant de la revoir dans ce rôle 2 ans après. Puisse faire que l'on ne la "casse" pas, car sa déception doit être grande et il est vrai que pour cette saison elle n'est distribuée dans rien en tant que soliste. Souhaitons lui le meilleur, car elle est à mes yeux une grande artiste.

[haydn]

Cela dit, je ne sais pas si cela changera grand chose, j'espère juste qu'elle saura trouver la place qui lui revient, ici ou ailleurs.

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[Delly]

[Bary]

Tant mieux pour elle si elle s'y sent bien, mais il est clair que son plus grand désir est d'avoir l'opportunité de pouvoir continuer à danser des grands rôles, et vu la ligne directrice, elle n'est pas prête à le refaire vu son rang de sujet. Partir pour s'épanouir ailleurs et mieux revenir, pourquoi pas, mais quelle place lui sera faite à son retour?
Enfin vu le Don Quichotte qu'elle a dansé avec succès reconnu cet été, c'est assez incroyable ce qui lui est arrivée samedi!

[Gimi]

[Ballerina]

C'est triste pour Melle Bourdon mais il aurait été incompréhensible de la nommer samedi dernier après sa contre-performance.
Car ça reste un concours, et dans un concours, il faut être présent.
J'espère qu'elle va très vite surmonter cette déception et qu'elle aura de belles opportunités à saisir, la saison est loin d'être terminée.

[Jonquille]

A quel titre Adrien Couvez et Grégory Dominiak faisaient-ils partie du jury ? Ils ne figuraient pas dans la liste des membres titulaires et suppléants.

[doudou]

[Jonquille]

Peut-être, Doudou, je me posais la question. On a longtemps vu Erwan Le Roux aux mêmes fonctions je crois.

[Alexis29]

Si Germain Louvet est nommé étoile sur Le Lac est-ce que le deuxième au classement devient premier danseur ?

[Ballerina]

Non.
Le deuxième tentera sa chance l'an prochain si:
Il le désire ;
Il n'est pas blessé ;
Il y a au moins un poste à pourvoir.

[Constance]

Retour sur le concours femme, avec un peu de retard.

D'abord un mot sur le "tout Noureev" des variations imposées (femme et homme). Bien sûr, si l'on apprécie pas ces chorégraphies, on peut le déplorer, mais c'est alors une affaire de goût et il se trouve que ce sont les versions Noureev qui sont au répertoire à l'ONP. Il me semble que, l'espace d'un concours de promotion, demander au Ballet d'y faire ses preuves n'est pas extravagant, surtout lorsque l'on prône un retour en force de ce répertoire. Que chaque classe soit à ce titre logée à la même enseigne est logique. Les candidats disposent d'une variation libre pour exprimer d'autres versants de leur talent et d'autres goûts.

Les quadrilles pouvaient faire montre de leur musicalité, technique et fluidité dans la ravissante variation de la sixième fée du Prologue de la Belle, hélas prise très lentement. Ce qui ne fut pas à la portée de toutes! Camille Bon, précise, charmante, Ambre Chiarcosso, Claire Gandolfi s'y sont montrées particulièrement à la hauteur. Camille Bon a définitivement pris l'ascendant avec le Grand Pas classique, très assuré. Claire Gandolfi a donné une version vive, charmante de la Nuit de Walpurgis de Balanchine, à mon avis plus juste dans le style que celle de Laetizia Galloni, une classe plus loin. Surtout Ambre Chiarcosso m'a époustouflée dans Raymonda (variation d'Henriette), en vrai soliste, présente, élégante, juste. Concours particulièrement raté pour Victoire Anquetil; si son imposée n'était pas mal, sa variation libre, beaucoup trop difficile pour elle, fut une catastrophe. Une erreur de jeunesse, sans doute. Raté également pour Awa Joannais, de manière peut-être plus inquiétante: après une imposée moyenne, sa variation libre manquait fortement d'énergie, de mordant ; là encore, le choix du Sacre du Printemps de Béjart est cruel. A noter que 4 candidates se sont essayé à W. Forsythe.... Que tout cela était lisse et gentil!

Chez les coryphées, dans la variation d'Aurore au premier acte, il a fallu attendre Alice Catonnet, délicieuse, pour voir vraiment une Aurore. Quelle ligne, quelles arabesques! Certes, comme beaucoup d'autres concurrentes, elle paraissait fatiguée à la fin de la diagonale de ballonnés, mais l'ensemble était d'un haut niveau, le charme en plus. Elle fut plus impressionnante encore dans Emeraudes de Balanchine, maitrisé de bout en bout, avec une élégance irrésistible. C'est très réjouissant de voir cette artiste, souvent crispée et en retrait auparavant dans les concours, s'épanouir aujourd'hui, montrer dans cette circonstance son plaisir de danser et nous le faire partager.
Bien sûr Letizia Galloni, sans sa chute à la fin de la variation imposée, avait de sérieuses chances d'être promue. Sa variation d'Aurore était très aboutie, vraiment très belle, associant maitrise technique, charme et maturité...cependant, j'ai moins aimé sa variation libre, dans laquelle l'esprit de Balanchine ne soufflait pas vraiment. Roxane Stojanov, qui avait fait un très beau concours l'an passé, était moins convaincante. Son Aurore, bien dansée, était un peu ennuyeuse; Bakhti de Béjart pas assez tranchant, pas assez féroce. Juliette Hilaire impressionnait dans les Ombres de Lifar.
L. Galloni n'a pas eu de chance mais la place de Melle Catonnet n'est pas usurpée; le jury pouvait aussi ne pas attribuer ce poste de sujet si il estimait que personne n'avait la valeur ad hoc. Après tout, il n'a pas hesité à le faire d'autres années.

Au vu du concours des sujets, je reste un peu perplexe. L'an dernier, Sae Eun Park avait fait le meilleur concours, et elle ne fut pas promue. Cette année, ce fut l'inverse. Mis à part une technique superlative, implacable et vraiment impressionnante dans sa variation libre (Paquita, Lacotte), elle n'avait pas grand chose à dire. Eléonore Guerineau lui était bien supérieure, plus à l'aise dans l'imposée, et pleine de charme, d'esprit, de piquant dans Robbins, choix très intelligent qui la mettait parfaitement en valeur. Son tour viendra très certainement, mais le vrai problème reste le déficit d'interprétation, d'épaisseur artistique chez Melle Park, qui n'est pas une débutante. Il est possible et souhaitable que sa promotion lui permette d'approfondir cet aspect de son métier.
Marion Barbeau fut charmante, mais la classer avant E.Guérineau me parait curieux. Concours faible d'Héloïse Bourdon ; elle ne pouvait hélas pas prétendre "monter" avec une telle prestation. Belle Esmeralda d'Ida Viikinkovski.

Il me semble que ce fut un concours jugé avec honnêteté, par un jury qui comprenait des personnalités incontestables (Ghislaine Thesmar, Ana Laguna), à qui on ne raconte pas d'histoires.