Giselle [ONP Garnier 27/05 - 14/06/2016]

[haydn]

Visiblement cette représentation tient de la "patate chaude" qu'on essaye d'éviter prudemment. Il est évidemment moins risqué de disserter sur les mérites de Dorothée Gilbert et de Mathieu Ganio, qui ont manifestement signé une prestation qui ne souffre pas la critique. J'attends avec impatience la seconde représentation de Mlle Gilbert, avec Vadim Muntagirov...

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[Ornella]

Il y a eu une critique sur resmusica : http://www.resmusica.com/2016/05/31/giselle-a-lopera-de-paris-a-contretemps/?lrstc=12Z0T

Moi aussi j'y serai ce soir, hâte de retrouver Dorothée Gilbert, vue dans ce rôle en 2009.

[sophia]

A vrai dire, j'avais oublié qu'elle avait déjà dansé Giselle à Paris. Je pense que ce qu'elle nous propose aujourd'hui est différent et d'une tout autre envergure.

L'art du contournement dans la critique de la première par Philippe Noisette est impressionnant!

[paco]

[haydn]

Disons qu'il eut surtout mieux valu les programmer sur la Première. Mais on ne va pas se plaindre d'avoir un invité du standing de Vadim Muntagirov en Albrecht, d'autant que les apparitions de solistes du Royal Ballet à l'Opéra de Paris sont plus que rares...

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[sophia]

[paco]

[Grace]

Petit retour sur cette représentation avec Dorothée Gilbert et Vadim Muntagirov.
Soyez indulgents, je ne commente pas souvent les ballets et je n'ai pas l'oeil acéré de certains d'entre vous !

J'ai trouvé ce couple particulièrement convaincant ce soir, D. Gilbert nous a présenté une Giselle innocente et insouciante dans le premier acte avant d'enchainer avec une Giselle éthérée, aux équilibres superbes et avec un beau jeu. Sa pantomime était très claire et lisible. J'ai particulièrement aimé sa scène de la folie, où l'on pouvait bien lire les différents états psychiques dans lesquels Giselle se trouve.

Vadim Muntagirov est un danseur que je connais très peu, mais je pense que je vais vite me rattraper après cette incroyable représentation ! Lui aussi était très convaincant dans le rôle d'Albrecht, qui rencontre Giselle et décide de "s'amuser" à l'amour avant de se rendre compte des conséquences de ses actes... Je l'ai trouvé joueur et insouciant aussi dans le premier acte, avant d'être vraiment tourmenté en repentant dans le second.. Et quelle virtuosité ! J'ai enfin pu apprécier les fameux entrechats 6 de l'acte 2 que je n'avais pas pu voir lors des 2 premières représentations avec S. Bullion et je dois dire que je comprends les réactions de certains sur ce forum qui regrettaient grandement ce moment de bravoure !

Au niveau des seconds rôles, j'ai trouvé Vincent Chaillet très convaincant en Hilarion, assez ombrageux, ce qui, à mon sens, correspond bien au personnage qui se voit éconduit par sa belle.

Valentine Colasante m'a semblé plus en forme que le soir de la première, peut être plus sûre d'elle, mais je dois dire que je lui préfère Hannah O'Neill que j'ai trouvé merveilleuse de grâce et d'autorité lors de la représentation du 30 Mai.

François Alu égal à lui même, des bonds grandioses, une présence scénique indéniable, j'aimerais beaucoup le voir en Hilarion !


J'ai quelques questions si l'un d'entre vous veut bien m'éclairer :
- dans l'argument, est-ce que Myrtha finit par céder aux suppliques de Giselle et d'Albrecht ou est-ce simplement le lever du soleil qui permet à ce dernier de survivre ?

- petite question de rideau, est-ce que c'est nouveau ce salut devant le rideau des solistes ? Je pensais que c'était seulement le soir des premières, mais cela a été le cas aussi ce soir, est-ce donc "officialisé" désormais à Garnier ?

Merci pour vos réponses et au plaisir de lire vos retours

[haydn]

Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio avaient déjà formé un excellent couple dans Psyché, de Ratmansky. Sinon, pour moi, le meilleur partenaire de Mlle Gilbert reste à mon sens Josua Hoffalt.



Mais revenons à la représentation de ce 2 juin, avec en Albrecht Vadim Muntagirov, l'invité-vedette venu du Royal Ballet.

Le danseur a été à la hauteur de sa flatteuse réputation. Bon acteur, il a bien rendu l'ambivalence du personnage d'Albrecht, pas vraiment un prince, pas vraiment un manant, pas vraiment un gentil, pas vraiment un méchant non plus. Faible, vélleïtaire, maladroit parfois. La technique du Russe passé au service de Sa Majesté est excellente, et ses trente-deux entrechats-six enchaînés sans bavure à la fin du second acte ont dû faire pas mal d'envieux (soyons tout à fait exacts, les deux derniers étaient un peu "savonnés", mais cela fait partie du jeu, puisque Albrecht est censé s'écrouler d'épuisement).

Tout chauvinisme mis à part, la grosse surprise aura été la Giselle époustouflante de Dorothée Gilbert. En 2009, elle avait réalisé une prestation honnête, sans toutefois mériter qu'on hurle au génie. Par le passé, je n'ai pas toujours été un inconditionnel de Mlle Gilbert, loin s'en faut. Comme beaucoup de balletomanes, elle m'avait estomaqué lorsqu'elle avait débuté, aux côtés de Julien Meyzindi, dans le Pas de deux des paysans, de Giselle justement, en 2004. Tout le monde ou presque voyait alors en elle une future étoile. Mais, en dépit d'une excellente technique, j'ai été vite irrité par le caractère très agressif, très démonstratif de la danse de Dorothée Gilbert.

Mon opinion sur cette artiste a vraiment changé avec son remarquable Roméo et Juliette de 2010, où elle avait, à mon sens, dominé les distributions (seule Isabelle Ciaravola pouvait plus ou moins arriver à sa hauteur, mais le partenariat était moins heureux).

Le deuxième grand souvenir que Dorothée Gilbert m'a laissé, ce fut Psyché, d'Alexeï Ratmansky, où elle avait formé un duo parfait sur le plan technique, et drôle quant à l'interprétation, avec Mathieu Ganio, lui aussi remarquable dans un rôle où on lui demandait enfin autre chose que d'arborer un sourire éclatant.

Et (re)vint Giselle. La transformation de la danseuse est stupéfiante. Si comme dit, on la savait brillante technicienne, ses aptitudes théâtrales étaient davantage sujettes à caution. J'ignore avec quel professeur Dorothée Gilbert a re-travaillé son jeu, mais le maître et l'élève méritent les plus hauts éloges au vu du résultat obtenu. Finies les mimiques simplistes et les roulement d'yeux qui rappelaient un peu trop Scott Allan Prouty et l'école de danse. Mlle Gilbert s'est muée en une véritable actrice, douée de qualités de tragédienne indéniables. La scène de la Folie, à la fin du premier acte, a été exécutée de manière absolument souveraine.

Et pourtant, c'est tout de même le second acte qui aura été le plus accompli. Il est vrai, que, sur le plan musical, il est bien au-dessus de la première partie, et que la féérie des tutus blancs qui se détachent sur la forêt sombre met immédiatement le spectateur dans un état d'esprit favorable.

On n'insistera pas davantage sur l'excellence technique de l'interprétation : équilibres parfaitement stables, pas un tremblement dans les arabesques, de formidables piétinés (menées sur pointes) en arrière, et surtout - ce qui est nouveau chez Dorothée Gilbert -, une très grande légèreté, des réceptions de sauts si douces qu'on a même du mal a déterminer le moment exact où elle reprend contact avec le sol. Il y a eu aussi, de la part de la danseuse, un gros travail sur les postures (à partir de gravures anciennes?), et le résultat est tout simplement admirable. Mlle Gilbert aurait-elle voulu, alors que le Ballet de l'Opéra de Paris connaît un changement de direction précipité, "marquer son territoire" par un coup d'éclat, qu'elle ne s'y serait pas prise autrement. En tout cas, c'est pour le plus grand bonheur du spectateur.

On notera également, ce qui ne gâchait rien, des tempi un peu plus rapides dans l'acte blanc que ceux adoptés par le duo Amandine Albisson / Stéphane Bullion. Le résultat : une danse plus fluide, plus aérienne, plus évaporée.

Mais au-delà de toutes ces considérations, Dorothée Gilbert nous a tout simplement livré l'une des plus belles Giselle qu'on ait vues à l'Opéra de Paris au cours des vingt dernières années, et devient de facto dépositaire de l'héritage d'Elisabeth Maurin.

En Myrtha, Valentine Colasante s'est montrée très autoritaire (son maquillage est peut être d'une sévérité un peu exagérée et donne à son visage, naturellement rond, un aspect presque anguleux), et formait un contraste intéressant avec la Giselle évanescente de Dorothée Gilbert.

Le duo des Wilis était dominé par une Sabrina Mallem très hiératique, et dont la stature imposante et minérale convient bien à l'incarnation du spectre d'une femme bafouée, avide de vengeance et attendant que Myrtha les mène, elle et ses comparses, au combat contre les hommes - entendez les individus de sexe masculin - qui ont causé leur mort.

Nous avons déjà eu l'occasion d'évoquer le Hilarion de Vincent Chaillet, tout comme le Wilfried de Sébastien Bertaud, qui méritait bien davantage qu'un emploi si subalterne.

Le Pas de deux des Paysans était à nouveau confié à François Alu, qui dansait cette fois en compagnie de Lydie Vareilhes. Le couple qu'il forme avec cette dernière parait plus harmonieux, plus vivant que lorsqu'il dansait avec Charline Giezendanner, même si sur le plan technique, les deux danseuses sont plus ou moins équivalentes.

Petit regret, le placement parfois approximatif du corps de ballet féminin au premier acte, en dépit des marquages voyants au sol - et qui ont déjà fait gloser les balletomanes. Du point de vue de l’ordonnancement des lignes, le second acte était sensiblement meilleur, à défaut d'être parfait.

Mais ne soyons pas bégueule, Vadim Muntagirov, Dorothée Gilbert et la troupe de l'Opéra de Paris nous ont offert ce soir un spectacle de grande qualité, conforme à ce que l'on est en droit d'attendre d'une compagnie qui se veut du plus haut niveau international.

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[Ornella]

Ah que j’ai bien fait de retourner à Garnier pour cette distribution !
J’ai passé une de mes meilleures soirées à l’Opéra, qui va me marquer un bout de temps.

J’ai remarqué plein de détails de jeu et de pantomime que je n’avais pas décelés samedi, alors que je surplombais la scène ! (Giselle gagnerait-il à ne pas être vu de trop près ?) J’ai l’impression de ne pas avoir vu tout à fait le même ballet.

Dès le départ, Dorothée et Vadim nous font adhérer à leur histoire, l’empathie du spectateur est donc possible et ensuite, l’émotion.

Cette fois, on a tendance à penser qu’Albrecht aime sincèrement Giselle, et que c’est son statut et son devoir qui l’empêchent de l’épouser ; ce n’est pas comme s’il avait juste voulu s’amuser avec une paysanne. Physiquement, Vadim est beau, peut-être plus juvénile et moins sombre que d’autres, mais j’aime bien les danseurs aux cheveux mi-longs. J’ai été conquise également par sa technique, ses sauts, ses entrechats ! N’hésitons pas à le ré-inviter !

L’actrice de la soirée est bien sûr Dorothée Gilbert, effectivement elle joue très bien, ça sonne juste, on est ému. Je ne me souviens pas assez de son interprétation de 2009 (c’était mon tout premier ballet), mais là elle m’a scotchée dans les deux actes, surtout le premier où il faut être expressif avec son visage (scène de la folie).

La maîtrise du personnage est impressionnante, le 2e acte est sublime. Il y a un passage que j’adore, quand Albrecht soulève Giselle et qu’on a l’impression que c’est une plume ; je n’ai vu que très peu de danseuses (en vidéo) le faire comme j’aime, comme Dorothée. En 2009, je n’en croyais pas mes yeux, je me demandais comment c’était possible d’avoir l’air si léger. Je pense que c’est parce qu’elle attend plus longtemps pour faire réapparaître sa jambe et elle l’ouvre plus loin aussi. Si je n’ai pas ça, je suis frustrée ! Dorothée parvient à être fantomatique, mais toujours amoureuse en cherchant désespérément à sauver son Albrecht. Quand elle retourne sous terre, on a envie de la retenir…

Avec un couple pareil, j’ai un peu moins fait attention à Myrtha, d’autant que le début du 2e acte (arrivée des Wilis) m’a été gâché par une personne qui a dégainé plusieurs fois son smartphone dans le noir pour faire des photos/vidéos, dont bien sûr, l’écran dérangeait l’appréciation du spectacle. Elle était deux loges plus loin, mais j’ai dû la rappeler à l’ordre deux fois (personne n’osait autour ?!). Heureusement, j’ai réussi à me calmer pour profiter de la suite de l’acte blanc, donc je suis ressortie chamboulée, mais ce genre d’incident est assez dommageable. Je n’ai pas bien vu le passage des deux Wilis.

Vincent Chaillet m’a de nouveau plu, j’aime le second degré chez ce danseur, et son énergie. Hilarion devrait bien convenir également à François Alu.

Lydie Vareilhes était très bien en vendangeuse avec ce dernier, enjouée et sûre d’elle (un couple peut-être mieux assorti que celui formé avec Charline Giezendanner, que j’apprécie par ailleurs). Dommage, la personne à côté de moi s’est excessivement penchée au moment de sa première variation (j’étais pourtant au premier rang de la loge)… François a tout donné, c’est ce qu’on aime chez lui, il ne s’économise jamais, il est généreux.

Il y a des passages incroyablement saisissants dans le 2e acte de Giselle, par exemple quand toutes les Wilis sont en diagonales et empêchent Hilarion de se sauver, ou même quand elles pourchassent les hommes dans la forêt au tout début, ou quand leur voile s’envole d’un seul coup… En fait, tout le 2e acte est une merveille, le genre de moments qui marquent durablement l’existence et qui, dans mon cas, lui donnent un sens.

Bref, si vous avez une chance de voir la Giselle de Dorothée, samedi ou mardi, courez-y !

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NB : mais que peuvent bien faire tous ces nobles dans la chaumière pendant que les autres s’amusent dehors ?!

[Ritournelle]

L'ONP annonce que Dorothée Gilbert dansera à nouveau avec Mathieu Ganio le samedi 4 juin en remplacement de Myriam Ould Braham.

[sophia]

Quelques photos de Dorothée Gilbert et Vadim Muntagirov en répétition, par Andrej Uspenski, du Royal Ballet : https://www.instagram.com/dancersdiary/?hl=fr

[Skywie]

vous avez réussi à me donner envie d'y aller ! il y a plein de nouvelles places disponibles d'ailleurs sur le site pour le 4, le 5 et le 10 ...
dommage pour moi je voudrais le 8 ...

[Bary]

Bonjour à tous,
j'ai des places en 1ère loge face en 2ème catégorie. Quelqu'un peut-il me dire de quel rang il s'agit, 2ème ou 3ème, et est-ce que la visibilité est bonne? Je n'ai jamais eu ces places et j'emmène une personne qui ira à Garnier pour la 1ère fois. Merci.

[Ornella]

Je dirais que c'est le 3e rang : https://www.operadeparis.fr/informations-pratiques/plans-de-salle-et-tarifs/saison-15-16/palais-garnier